Un examen du programme des Cercles de changement

Contexte

Entre 2001 et 2008, le Service correctionnel du Canada (SCC) a mis en œuvre et donné le programme des Cercles de changement Note de bas de page1 pour répondre aux besoins particuliers des délinquantes autochtones. En tout, 113 délinquantes y ont participé.

Il s’agit d’un programme à intensité modérée axé sur les facteurs criminogènes des délinquantes autochtones. Il favorise une guérison holistique par le recours à la roue de médecine et aux enseignements traditionnels autochtones, combinés au processus de changement, qui comprend la prévention des rechutes. L’objectif du programme est d’aider les participantes à mieux comprendre les aspects suivant : l’histoire et les enseignements des Autochtones du Canada, leurs objectifs personnels, les répercussions personnelles des relations et des injustices sociales, les styles de communication, les émotions et les conséquences des situations familiales ou des conditions de vie qui engendrent un comportement criminel. On prévoit que l’acquisition de compétences cognitives et de stratégies d’adaptation permettra aux femmes de mener une existence exempte de criminalité.

Ce que nous avons fait

Pour la recherche, nous avons fait appel à des employés et à des participantes de six établissements fédéraux pour femmes. On a recueilli les notes des intervenants et des participantes sur les séances, des sondages sur la satisfaction des participantes et les questionnaires qu’elles ont rempli avant et après le programme Note de bas de page2 afin d’obtenir de l’information sur leurs impressions, leurs opinions et leurs intentions en ce qui concerne le fonctionnement du programme, les processus, et les résultats atteints Note de bas de page3 . En raison du faible taux d’achèvement et de problèmes liés à la collecte et à la qualité des données, on ne s’est servi que de 28 cas pour les analyses quantitatives.

Ce que nous avons constaté

Parmi les délinquantes qui ont répondu à un questionnaire sur la satisfaction (n=21), la majorité se sont dites très satisfaites du programme, et elles ont indiqué qu’il était excellent et que les interactions entre le groupe et l’intervenant étaient positives. Il est important de souligner que certaines délinquantes ont aussi remarqué que des participantes ont perdu leur motivation parce que le contexte d’apprentissage était perturbant. Les délinquantes ont indiqué qu’elles aimaient les aspects autochtones du programme et ont suggéré qu’on y accorde plus d’importance. Fait important, certaines femmes ont eu, sur le plan affectif, de la difficulté à aborder les questions concernant la violence et les pensionnats.

En général, les intervenants ont considéré que le matériel didactique utilisé lors des séances aidait vraiment les participantes à atteindre leurs objectifs. Cependant, plusieurs d’entre eux ont signalé qu’il serait moins difficile de couvrir toute la matière s’il y avait moins de répétitions d’une séance à l’autre. Les intervenants ont aussi soulevé des préoccupations liées au soutien apporté par le personnel. Certains ont souligné le besoin d’avoir davantage d’appui de la part des Aînés, pendant les séances et en dehors des heures du programme. Certains intervenants ont également fait remarquer qu’une formation sur l’animation de petits groupes serait un atout.

Une comparaison des scores obtenus par les participants avant et après le programme (n=28) fait état d’une réduction importante pour ce qui est du type d’attachement néfaste, des problèmes interpersonnels et des pensées criminelles proactives. Les scores obtenus après le programme en ce qui a trait à l’estime de soi étaient largement supérieurs à ce qu’ils étaient avant le début du programme. Les scores n’ont pas changé dans les domaines suivants : l’étape du changement, la compréhension des problèmes interpersonnels, l’évitement et les pensées criminelles réactives.

Ce que cela signifie

Dans l’ensemble le programme est considéré comme une expérience positive qui a permis aux participantes de progresser dans leur guérison. À l’avenir, il serait souhaitable que les programmes destinés aux délinquants autochtones contiennent plus de contenu culturel et reçoivent davantage de soutien de la collectivité. En outre, les concepteurs devraient tenter d’utiliser de façon maximale le temps alloué pour les séances en réduisant les répétitions dans le contenu des programmes. Une formation en animation de petits groupes serait utile pour favoriser les types de participation souhaitables chez les délinquantes. Ces résultats devraient être pris en compte dès maintenant dans l’élaboration des programmes pour les délinquantes autochtones.

Préparé par : Jennie Thompson, d’après le travail de Kim Jordan et Jennifer Thake

Pour nous joindre
Direction de la recherche
613-996-3287
recherche@csc-scc.gc.ca

Notes de bas de page

Note de bas de page 1

Les Cercles de changement ont été créés par les Services correctionnels du Manitoba. Le programme comprend 19 modules échelonnés sur cinq semaines. Chaque séance dure deux heures et demie et comprend une pause de 15 minutes.

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Note de bas de page 2

Les questionnaires utilisaient les échelles suivantes : l’Échelle de l’estime de soi de Rosenberg, l’Évaluation du changement de l'Université du Rhode Island, l’échelle de compréhension personnelle des problèmes interpersonnels, le Psychological Inventory on Criminal Thinking Styles [inventaire psychologique sur les styles de pensée criminelle] et le Questionnaire sur les réactions souhaitables.

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Note de bas de page 3

On a également réalisé des entrevues avec un intervenant de programme et 5 participantes du Pavillon de ressourcement Okimaw Ochi.

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