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Que savons-nous des délinquants sexuels?

Les chercheurs canadiens nous ont permis de progresser grandement dans notre connaissance des délinquants sexuels. En fait le Canada est à l'avant-garde de la recherche en ce domaine et a même élaboré des programmes novateurs de traitements à l'intention des délinquants sexuels.

La délinquance sexuelle constitue indéniablement un sujet de préoccupation croissante au sein du public. Les médias attirent notre attention sur les crimes commis par des délinquants sexuels récidivistes et, par conséquent, la population - surtout les femmes - craint de plus en plus pour sa sécurité. D'une part, le public exige d'être mieux protégé contre les agressions sexuelles et, d'autre part, le nombre de délinquants sexuels ayant des démêlés avec le système correctionnel va en augmentant.

Au sein de la population carcérale de nos établissements fédéraux, le pourcentage des délinquants sexuels est passé de 7,4 % en 1984 à 11,4 % en 1988. Dans les pénitenciers, on à répertorié 871 de ces délinquants en 1984. En 1988, leur nombre s'élevait à 1 385 - une augmentation de 37 % en quatre ans seulement. Le nombre de nouvelles admissions pour agression sexuelle connu des augmentations similaires Entre 1978 et 1988, le pourcentage des condamnations pour délits sexuels est passé de 6,5 % à 12,9 %.(1)



Graphique 1

L'accroissement du nombre d'incarcérations pour infractions sexuelles ne signifie pas nécessairement que les agressions sexuelles sont plus fréquentes au Canada. Le fait que la population soit davantage sensibilisée au problème entraîne probablement une augmentation du nombre de plaintes de la part des victimes et du nombre d'accusations portées par les policiers. On a également procédé à des modifications au Code criminel canadien et le fait que le public se préoccupe davantage des agressions sexuelles risque d'entraîner également une modification des peines imposées. Quelles que soient les raisons pouvant expliquer cette recrudescence des délits sexuels, la recherche sur les causes et les traitements de la délinquance sexuelle constitue désormais une priorité au sein du secteur correctionnel.

En dépit de l'avancement considérable de la recherche en ce domaine, les chercheurs n'ont pas encore déterminé avec exactitude les raisons qui poussent certains individus à se montrer agressifs sur le plan sexuel. La plupart des chercheurs admettent que le phénomène est complexe et qu'une théorie de la délinquance sexuelle ne peut en aucun cas se fonder sur une cause unique. Il devient donc de plus en plus évident que plusieurs motifs sont à l'origine de l'agression sexuelle et que les facteurs qui entrent en jeu ne sont pas les mêmes pour tous les délinquants sexuels. Dans la plupart des cas, il faut tenir compte d'une foule de facteurs qui agissent en corrélation complexe les uns sur les autres.

La majorité des études sur la délinquance sexuelle s'intéressent principalement aux agresseurs de sexe masculin. On sait que les femmes se rendent parfois coupables d'agressions sexuelles, mais il s'agit de cas isolés qui n'ont pas encore retenu l'attention des chercheurs. A venir jusqu'à maintenant, la recherche s'est concentrée sur certaines catégories de délinquants sexuels, à savoir, sur les violeurs et les pédophiles et, dans une moindre mesure, sur les exhibitionnistes et les voyeurs. Certains auteurs établissent une distinction entre les pédophiles qui s'attaquent aux petits garçons et ceux qui s'en prennent aux petites filles. On établit également une distinction entre les pédophiles incestueux et ceux qui s'attaquent aux enfants hors de leur famille.

Une question fondamentale préoccupe bon nombre de chercheurs : comment évaluer les probalités de récidive chez les délinquants condamnés pour agression sexuelle. Il semble que la réponse varie selon le type d'infraction sexuelle.(2)

Le plus bas taux de récidive se retrouve chez les hommes trouvés coupables d'agression sexuelle sur leurs propres enfants. Plusieurs études nous indiquent que le taux de récidive s'élève à moins de 10 % chez les personnes trouvées coupables d'agression sexuelle incestueuse. Par contre, les exhibitionnistes et les voyeurs, considérés comme des « cas de nuisance publique », enregistrent le plus grand nombre de nouvelles condamnations. Certaines études révèlent que le taux de récidive dans cette catégorie dépasse les 40 %. Le taux de récidive chez les violeurs varie sensiblement d'une étude à l'autre. Ceux-ci semblent récidiver moins souvent que les exhibitionnistes et les voyeurs mais plus fréquemment que les délinquants sexuels incestueux. Cette même constatation s'applique aux pédophiles ayant agressé des enfants à l'extérieur de leur famille. Les pédophiles homosexuels font toutefois exception à la règle. Ils ont beaucoup plus tendance à récidiver que leurs homologues hétérosexuels.

Les chercheurs avouent que les études actuelles ne fournissent que des estimations incomplètes du nombre de récidivistes chez les délinquants sexuels. La plupart des études font état de nouvelles condamnations pour récidive au cours de la période de deux ou trois ans suivant une condamnation pour infraction sexuelle. Mais les études portant sur des périodes plus longues ont révélé un taux de récidive plus élevé chez les délinquants sexuels. De plus, les statistiques fondées sur les nouvelles condamnations ne nous fournissent des renseignements que sur les délinquants officiellement repérés. Il s'agit bien sûr d'une difficulté qui s'applique à toutes les catégories de crime, mais le fait de sous-estimer le nombre d'infractions peut entraîner des problèmes plus sérieux lorsqu'il s'agit de récidivisme chez les délinquants sexuels. Il n'est pas rare de voir un individu qui s'est tenu tranquille pendant au moins dix ans se retrouver soudainement devant les tribunaux pour une nouvelle infraction sexuelle.

Une enquête sur les victimes, menée conjointement par le Solliciteur général du Canada et Statistiques Canada, a établi que seulement 38 % des femmes agressées sexuellement en 1981 ont porté plainte auprès de la police. D'après cette enquête, qui portait sur une période d'un an, environ 15 100 femmes âgées de 16 ans ou plus - soit environ 6 femmes sur 1 000 dans la population étudiée -ont subi une agression sexuelle dans les sept villes canadiennes couvertes par cette étude.

Dans une recherche portant sur les pédophiles, réalisée à la clinique de comportements sexuels de Kingston (Ontario), on a tenté d'évaluer avec plus de précision le taux de récidive en comparant les taux officiels de récidive avec le nombre approximatif d'agressions sexuelles sur des enfants, agressions qui n'avaient pas donné lieu à des condamnations. En consultant les dossiers officiels des tribunaux, les rapports policiers et les statistiques de la Société d'aide à l'enfance, les docteurs Howard Barbaree et William Marshall, chercheurs à l'Université Queen, ont pu réunir des renseignements sur les taux de récidive chez les agresseurs sexuels. Le groupe de délinquants sexuels comprenait 170 hommes qui avaient déjà été traités pour pédophilie en milieu clinique. Ces hommes avaient été suivis pendant environ quatre ans suite à leur première évaluation. L'information provenant de ces trois sources indiquait que 20,7 % des délinquants sexuels avaient récidivé. Selon les rapports non officiels de la police et de la Société d'aide à l'enfance, on estimait que le taux de récidive en matière d'agressions sexuelles était 2,7 fois plus élevé que ne l'indiquaient les dossiers officiels.

Les chercheurs ont décidé de faire appel à de nouvelles sources de renseignements sur le récidivisme, sources que la recherche sur la délinquance sexuelle n'avait pas encore exploitées. L'utilisation de ces sources officieuses de renseignements a permis de repérer des présumés récidivistes qui, autrement, auraient échappé à l'attention des enquêteurs. Compte tenu de l'importance qu'occupe le récidivisme dans l'étude des agressions sexuelles, des progrès même modestes dans le repérage des récidivistes permettront de mieux comprendre les facteurs qui sont à l'origine de ce type de comportement.

L'excitation sexuelle anormale

Les progrès réalisés dans l'étude de l'excitation sexuelle a grandement profité à la recherche sur les délinquants sexuels. Les agressions sexuelles étant l'objet d'une très forte désapprobation sociale, on a tendance à se méfier des délinquants sexuels qui se disent attirer par des comportements qui dévient de la normalité. On a désormais régulièrement recours à des évaluations physiologiques de l'excitation sexuelle pour l'examen et le traitement de cette catégorie de délinquants. (voir l'encadré)

Certaines expériences réalisées en laboratoire ont permis de comparer le degré d'excitation chez les délinquants sexuels à celui des hommes normaux. Il est devenu tout à fait évident que les délinquants sexuels sont beaucoup plus sensibles aux stimulations sexuelles déviantes que ceux qui n'ont jamais commis d'infractions à ce chapitre.

Les hommes condamnés pour agressions sexuelles sur des enfants sont beaucoup plus stimulés que les hommes normaux par des images sexuelles impliquant des enfants. Des études ont également démontré que certains pédophiles préfèrent avoir des enfants plutôt que des adultes comme partenaires sexuels. Les hommes condamnés pour viol font preuve de beaucoup moins d'inhibition vis-à-vis les images de sexualité violente que les individus normaux. Au cours d'expériences conduites en laboratoire sur l'excitation sexuelle, on a également constaté que certains violeurs préféraient les relations sexuelles violentes aux relations sexuelles avec consentement mutuel. Contrairement aux hommes normaux, les violeurs trouvent difficile d'établir une distinction entre un comportement sexuel acceptable et un comportement sexuel violent.

Il est cependant possible que les penchants sexuels déviants n'expliquent pas à eux seuls toutes les infractions d'ordre sexuel. Plusieurs études ont démontré que le fait d'être attiré par des activités sexuelles déviantes n'impliquait pas nécessairement une préférence pour ce genre d'activités. En ce qui concerne les hommes coupables d'agressions sexuelles sur des enfants, la recherche nous a permis de découvrir que des facteurs importants, autres que les préférences sexuelles, pouvaient expliquer que certains délinquants se rendaient coupables d'inceste alors que d'autres préféraient choisir leurs victimes à l'extérieur de leur famille.

Des théoriciens ont avancé l'hypothèse suivante : l'homme se rend coupable d'inceste lorsqu'il n'a pas la possibilité de satisfaire normalement son appétit sexuel ou lorsqu'il éprouve moins de satisfaction sexuelle avec son épouse.(3) Certains pères profitent alors de l'occasion pour séduire leurs filles, non pas parce qu'ils désirent un enfant comme partenaire sexuel mais simplement pour pallier à leur sentiment de privation. Par contre, certains agresseurs d'enfants, particulièrement ceux qui choisissent leurs victimes en dehors de leur famille, peuvent être animés d'un très fort désir érotique envers les enfants.

Un fait vient étayer cette hypothèse : on a constaté que les agresseurs sexuels qui s'en prennent à des enfants en dehors de leur famille ont un taux de récidive plus élevé que les agresseurs incestueux. On a également découvert que les délinquants sexuels non incestueux sont plutôt des célibataires qui n'ont pas établi de relations durables avec des femmes adultes. Cette constatation donne à penser que le pédophile non incestueux agit selon un ordre de préférence bien établie tandis que le comportement incestueux est davantage relié à des facteurs circonstanciels liés à la situation familiale ou conjugale.

Cette hypothèse est également corroborée par des expériences réalisées en laboratoire. Ces expériences montrent que les pédophiles non incestueux réagissent plus fortement à des stimulations sexuelles impliquant des enfants que les pédophiles incestueux. En fait, d'après les résultats de ces recherches, il existerait différents types de préférences sexuelles chez les individus coupables d'agressions sexuelles sur des enfants.

Au cours d'une étude réalisée à la clinique de comportement sexuel de Kingston, les docteurs Barbaree et Marshall ont établi l'existence de plusieurs modèles d'excitation sexuelle chez un groupe d'hommes qui avaient agressé sexuellement des enfants. Ces délinquants sexuels comprenaient des hommes incestueux et non incestueux et ils étaient mis en comparaison avec un groupe d'hommes normaux qui n'avaient jamais commis de délits sexuels. À la surprise générale, aucun des agresseurs incestueux n'a démontré de préférence sexuelle pour les enfants. Leurs réactions étaient pratiquement les mêmes que celles des hommes normaux. Seuls les agresseurs d'enfants non incestueux manifestaient une nette préférence pour les enfants comme partenaires sexuels.

On a également fait la preuve que tous les violeurs n'éprouvaient pas nécessairement une attirance très prononcée pour les activités sexuelles violentes ou coercitives. On a également découvert que certains violeurs agissaient plutôt sous l'impulsion de la colère plutôt que par recherche d'un plaisir lié à l'acte sexuel violent. Ces violeurs ont un comportement quelque peu imprévisible qui leur est inspiré par les circonstances de leur vie conjugale ou amoureuse. En refusant d'avoir des relations sexuelles, la victime peut provoquer l'irritation de son agresseur et déclencher chez lui un comportement violent. L'abus d'alcool peut également favoriser ce type d'agression.(4)

Le délinquant sexuel impulsif n a donc pas obligatoirement de penchant prononcé pour les relations sexuelles coercitives. Cette constatation vient corroborer la conclusion de plusieurs autres études; bon nombre de violeurs réagissent de la même façon que les hommes normaux à la représentation en laboratoire de rapports sexuels mutuellement consentis. Il est vrai que les hommes condamnés pour viol semblent davantage stimulés que les hommes normaux par les scènes de violence sexuelle, mais ce ne sont pas tous les violeurs qui réagissent ainsi. Une étude récente confirme que seulement 10 % des violeurs préfèrent les relations sexuelles violentes aux relations avec consentement mutuel.(5)

Toutefois, le violeur fortement enclin à la violence sexuelle est capable de planifier un viol dans tous ses détails et de choisir soigneusement sa victime. Contrairement à l'agression sexuelle spontanée, ce genre de délit sera plus vraisemblablement commit par un individu qui manifeste des préférences érotiques très prononcées pour les rapports sexuels imposés. Dans le même ordre d'idées, une autre étude a permis d'établir que les délinquants incarcérés pour agressions sexuelles préméditées avaient un passé de délinquance sexuelle beaucoup plus chargé que les violeurs circonstanciels.(6) En laboratoire, on a pu observer que les hommes les plus stimulés par les représentations de viol se rendent coupables d'un plus grand nombre d'agressions sexuelles et sont davantage susceptibles de malmener leurs victimes.

Les traits de personnalité des agresseurs sexuels

Cherchant à cerner les causes de l'agression sexuelle, des chercheurs se sont demandés si les délinquants sexuels possédaient des traits de personnalité différents de ceux des hommes normaux. Plusieurs études se sont intéressées à cette question, mais nous possédons peu d'éléments nous permettant d'affirmer que les délinquants sexuels possèdent effectivement des traits de caractère qui les prédisposent à commettre des agressions de cet ordre.(7)

Il est possible de déceler certaines différences de personnalité entre les hommes normaux et les délinquants sexuels, mais on retrouve ces mêmes différences lorsqu'on compare ces hommes normaux aux autres types de criminels. Par exemple, plusieurs études nous révèlent que les violeurs enregistrent des résultats plutôt élevés aux tests destinés à mettre à jour les traits « psychopathes » de leur personnalité. On décrit le psychopathe comme un être « insensible », « antisocial » ou « sans scrupule ». Les violeurs partagent cependant ces caractéristiques avec bien d'autres délinquants qui n'ont jamais commis d'infractions sexuelles. C'est pourquoi plusieurs chercheurs estiment que le fait d'expliquer le viol par la notion de personnalité psychopathe ne nous aide pas à comprendre le comportement sexuel agressif.

Une autre des avenues de recherches qui semblaient prometteuses au point de départ reposait sur la théorie voulant que les violeurs souffrent de mésadaptation sociale. Les premières études laissaient sous-entendre que les violeurs étaient mal à l'aise dans leurs rapports avec les femmes, ce qui provoquait chez eux un comportement sexuel inconvenable. Des études plus récentes, utilisant des méthodes qui permettent de mesurer avec plus d'exactitude le degré de mésadaptation, ont quelque peu ébranlé cette hypothèse.

Le docteur Lana Stermac de l'Institut de psychiatrie Clarke et le docteur Vernon Quinsey de l'Université Queen ont tous deux étudié les attitudes sociales des violeurs à qui l'on avait demandé d'interpréter différents rôles. Les délinquants recrutés pour cette étude provenaient de l'hôpital à sécurité maximum de Penetanguishene (Ontario); certains étaient des violeurs, d'autres n'avaient jamais commis d'agression sexuelle. Pour faciliter la comparaison, on leur avait adjoint un groupe d'hommes normaux. Pour ce qui a trait aux attitudes sociales, les violeurs et les autres délinquants ont obtenu de moins bons résultats que les hommes normaux. Les docteurs Stermac et Quinsey n'ont cependant constaté aucune différence marquée entre les attitudes sociales des violeurs et celles des autres délinquants. Une seule exception à cette tendance : les violeurs avaient plus de difficulté à s'affirmer que les participants des deux autres groupes.

En dépit du fait que les violeurs semblent présenter les mêmes caractéristiques que les autres délinquants, il y aurait certainement lieu d'approfondir la recherche dans ce domaine. Il est possible que certains violeurs soient poussés à commettre des agressions sexuelles dans les cas où leurs tendances psychopathes et leur mésadaptation sociale viennent s'ajouter à d'autres caractérisques et facteurs encore mal définis.

Très peu de recherches sur la délinquance sexuelle se sont intéressées à l'opinion et à l'attitude des violeurs à l'égard du viol. Certains chercheurs estiment cependant qu'il s'agit là d'une question très importante qui nécessiterait une étude scientifique beaucoup plus approfondie. L'une de ces études a d'ailleurs révélé que, contrairement aux hommes normaux, les violeurs sont persuadés que les femmes aiment être violentées et que très souvent elles provoquent elles-mêmes les agressions sexuelles.(8)Voilà qui vient confirmer les expériences du personnel médical souvent confronté à ce genre de croyance aberrante lors du traitement des délinquants sexuels. C'est à ce genre d'argumentation que les violeurs ont habituellement recours pour justifier leurs comportements sexuels.

Certains chercheurs s'intéressent également aux traits de personnalité et à la mentalité des agresseurs d'enfants. Le portrait type d'un pédophile nous le présente comme un individu timide, insécure et solitaire. Certains chercheurs doutent cependant de l'exactitude de ce stéréotype. Quelques études réalisées à l'aide de tests de personnalité permettant de mesurer ces traits particuliers ont effectivement confirmé ce portrait du pédophile alors que d'autres l'ont infirmé. D'autres études encore ont permis de déceler certaines ressemblances entre l'agresseur d'enfants et le violeur les deux présentent des traits de personnalité à tendance fortement psychopathe. On constate donc que la recherche fait davantage ressortir la diversité des traits de personnalité chez les pédophiles plutôt que l'existence d'une même personnalité qui permettrait d'expliquer pourquoi certains hommes ont des relations sexuelles avec les enfants.

Plusieurs études ont exploré l'hypothèse que les agresseurs d'enfants soient moins intelligents que les hommes normaux. Les docteurs Stephen Rucker et Ron Langevin de l'Institut de psychiatrie Clarke et leurs assistants ont réalisé une étude comparant les pédophiles à un groupe de détenus auxquels on ne reprochait ni violence, ni agression sexuelle. En plus du test d'intelligence habituelle, les chercheurs ont administré à leurs sujets des tests permettant de mesurer les déficiences neurologiques, y compris une tomographie informatisée. Les résultats de ces tests ont permis aux docteurs Hucker et Langevin d'établir que le pédophile présentait davantage de traits anormaux. L'étude ne permettait cependant pas d'affirmer avec certitude que ces anomalies cérébrales pouvaient expliquer la pédophilie.

Les chercheurs de l'Institut Clark ont constaté que les pédophiles obtenaient de moins bons résultats dans les tests d'intelligence que les délinquants qui n'avaient pas commis d'agression sexuelle. Ces résultats corroborent ceux de plusieurs études antérieures. Mais personne n'a encore avancé de théories pouvant expliquer pourquoi les pédophiles sont moins intelligents. Les chercheurs se demandent maintenant si d'autres caractéristiques communes à l'ensemble des agresseurs d'enfants ne pourraient pas justifier leur quotient intellectuel moins élevé. Ces caractéristiques n'auraient pas nécessairement de lien direct avec leur tendance à la déviation sexuelle.

Tout comme les violeurs, les agresseurs d'enfants entretiennent des idées aberrantes à l'égard de leurs victimes.(9) Les résultats des recherches ainsi que les rapports cliniques confirment tous deux que les agresseurs d'enfants sont convaincus que ces derniers sont tout à fait d'accord pour avoir des relations sexuelles et que plusieurs provoquent même les adultes à ce chapitre. Il n'est pas rare d'entendre des pédophiles affirmer que des relations sexuelles précoces sont propices à l'épanouissement de l'enfant. À défaut de pouvoir corriger ces perceptions erronées, disent les spécialistes, on peut s'attendre à ce que les agresseurs d'enfants récidivent.

Le traitement des délinquants sexuels

La recherche sur les méthodes de traitement les plus efficaces pour la réhabilitation des délinquants sexuels n'en est encore qu'à ses balbutiements. Les chercheurs éprouvent des difficultés à concevoir des expériences qui leur permettraient de déterminer avec précision les éléments du traitement.

On commence cependant à noter quelques progrès à ce chapitre et il semble que les délinquants en traitement soient de moins en moins enclins à la récidive. Selon les plus récentes études réalisées au Canada, le taux de récidive des délinquants sexuels traités serait à la baisse et se situerait présentement dans les environs de 10 %. Si l'on se rappelle que le taux de récidive des délinquants non traités est d'environ 20 %, tout porte à croire que les traitements ont une certaine efficacité.

La recherche sur la délinquance sexuelle a permis d'innover dans les techniques de traitement. Certaines approches s'attaquent directement au problème des déviations sexuelles et font appel aux méthodes des béhavioristes. D'autres utilisent des médicaments pour le traitement des délinquants sexuels. (voir l'encadré)

La méthode béhavioriste part du principe du réflexe conditionné; la démarche consiste à réduire chez le délinquant son intérêt pour la déviation sexuelle ou à stimuler chez lui un comportement sexuel normal. Ces traitements ont recours à des techniques diverses. En laboratoire, le thérapeute peut ainsi mesurer le degré d'excitation du délinquant à qui il présente des scènes de déviations sexuelles. Les réactions indésirables sont alors réprimées par des punitions une légère décharge électrique ou encore une odeur extrêmement nauséabonde. Une autre méthode, qui s'inspire du biofeedback, permet au délinquant de contrôler ses propres réactions : il reçoit un signal d'avertissement dès qu'il commence à se sentir excité par des scènes de déviations sexuelles. Appréhendant l'apparition du signal, le sujet apprend à contenir son excitation devant les stimulations déviantes et à l'accroître devant les stimulations jugées acceptables. Une dernière méthode consiste à inciter le délinquant a se remémorer des pensées ou des expériences pénibles au moment où il commence à se sentir excité par des scènes de comportement sexuel anormal.

Plusieurs études reconnaissent l'efficacité des techniques béhavioristes. Certains experts s'inquiètent cependant du fait que ces méthodes ne corrigent qu'à court terme les déviances sexuelles. Lors d'une expérience réalisée à l'Institut de psychiatrie de Penetanguishene, en Ontario, le docteur Vernon Quinsey et ses collègues ont utilisé simultanément la méthode du biofeedback et les décharges électriques pour traiter un groupe d'agresseurs d'enfants. On a alors noté d'importants progrès chez la plupart des délinquants soumis à ce traitement. Au cours des deux années consécutives au traitement, les délinquants chez qui on avait réussi à réduire le degré d'excitation devant des stimulis sexuels impliquant des enfants ont enregistré des taux de récidive moins élevés. Après cette période de deux ans, les résultats bénéfiques du traitement avaient cependant tendance à s'atténuer.

Certains indices nous portent cependant à croire que l'on peut prolonger les effets de la thérapie initiale en administrant périodiquement aux délinquants un traitement de rappel. Un chercheur de l'Université d'Orégon, le docteur Barry Maletsky, s'est dit enchanté des résultats obtenus avec un programme béhavioriste conçu pour le traitement des pédophiles et des exhibitionnistes. Les délinquants avaient d'abord subi une thérapie hebdomadaire pendant 24 semaines, puis un traitement de rappel à tous les trois mois pendant une période de trois ans. La plupart des délinquants traités ont réussi à maîtriser leur excitation devant des stimulations sexuelles inconvenantes pendant ces trois ans. Et plus important encore, leur taux de récidive s'est avéré inférieur à 10 %.

C'est surtout pour résoudre le problème des déviations sexuelles qu'on a jugé bon de faire appel aux méthodes béhavioristes. Ces méthodes sont cependant peu utiles pour traiter les délinquants dont les attirances sexuelles sont pratiquement normales. C'est ainsi que les agresseurs incestueux ou les violeurs les plus impulsifs peuvent avoir besoin d'une thérapie qui n'a rien à voir avec les penchants sexuels. On a donc modifier certaines techniques de traitement de façon à tenir compte des autres facteurs qui semblent reliés à l'agression sexuelle. Plusieurs programmes canadiens destinés aux délinquants sexuels ont maintenant recours à une approche plus globale incluant souvent certains éléments de l'approche béhavioriste. La plupart des thérapeutes connaissent ce traitement sous le nom de thérapie cognitive du comportement.

Les psychologues utilisent le terme «cognitif» pour désigner les attitudes et les pensées qui influencent le comportement de l'individu. Les thérapeutes qui utilisent les traitements de type cognitif sur les délinquants sexuels s'efforcent de modifier chez eux les attitudes et les idées déformées qui augmentent les risques de récidive.

En sessions de thérapie individuelle ou de groupe, on s'efforce de démontrer aux délinquants sexuels qu'ils entretiennent des idées fausses sur leurs victimes et on les encourage à vivre leur sexualité de manière plus acceptable pour le reste de la société. Un des principaux éléments des programmes destinés aux délinquants sexuels s'inspire de la théorie cognitive béhavioriste et consiste à enseigner aux participants à reconnaître les idées ou les comportements qui risquent de les conduire à l'agression sexuelle. Cette méthode appelée « prévention de la rechute » aide le délinquant sexuel à mieux identifier les facteurs qui risquent de provoquer sa récidive.(10) C'est une méthode très personnalisée qui attire l'attention du délinquant sur ses propres tendances.

La thérapie cognitive du comportement met habituellement l'accent sur les différentes attitudes du délinquant qu'il y a lieu de modifier pour le réhabiliter. Parmi les facteurs reliés à l'agression sexuelle, on retrouve les colères incontrôlées, les abus d'alcool, la mésadaptation sociale, la mauvaise gestion du stress et la méconnaissance des comportements sexuels normaux. Plusieurs programmes offrent donc des sessions spéciales de développement des aptitudes qui permettent aux délinquants sexuels de combler leurs lacunes en ces domaines. Au Canada, la plupart des programmes comportent également des éléments de traitement béhavioristes visant à corriger les déviations sexuelles.

Pour connaître l'efficacité des thérapies cognitives béhavioristes, nous devons attendre les résultats des enquêtes qui nous fourniront des statistiques sur le taux de récidive chez les délinquants traités de cette façon. Les résultats préliminaires provenant des centres de thérapie canadiens semblent très prometteurs. La méthode béhavioriste semble également avoir donné d'excellents résultats pour résoudre d'autres types de problèmes psychologiques.

Le fait que les nouveaux programmes destinés aux délinquants sexuels adoptent une approche plus globale et prennent désormais en considération un large éventail de facteurs nous permet certainement d'être optimistes. Au fur et à mesure que les chercheurs progressent dans leurs démarches et s'intéressent à des questions demeurées jusqu'à présent sans réponse sur la délinquance sexuelle, les personnes chargées d'élaborer les programmes de thérapie peuvent profiter de leurs découvertes.

Pendant ce temps-là, les recherches en cours sur les délinquants sexuels permettent d'isoler les principales questions auxquelles les programmes canadiens de traitement devraient s'attaquer. La plupart reconnaissent qu'il est indispensable d'évaluer soigneusement les délinquants sexuels avant de leur offrir une thérapie. Les résultats des recherches indiquent clairement que les délinquants sexuels constituent un groupe extrêmement diversifié et qu'il faut tenir compte de ces différences commandant l'élaboration de programmes de traitement individualisés. Nos institutions doivent absolument se doter d'installations leur permettant d'évaluer les attirances sexuelles et de repérer par le fait même les délinquants qui souffrent de déviations sexuelles nécessitant un traitement spécial. L'état actuel de la recherche nous incite également à croire que les programmes de type institutionnel, qui offrent très peu de suivi, ne peuvent produire d'effets valables qu'à court terme. Si l'on souhaite obtenir des bénéfices à long terme, toute thérapie destinée aux délinquants sexuels doit, selon toute vraisemblance, s'accompagner de traitements de rappel.

Le centre psychiatrique de la Région du Pacifique

Le programme de traitements offert aux délinquants sexuels admis au centre psychiatrique régional d'Abbotsford est un programme intensif de deux ans sous forme de psychothérapie de groupes. La thérapie comprend un certain nombre d'ateliers de formation touchant, entre autres, aux sujets suivants les aptitudes personnelles, la sexualité, les erreurs de jugement conduisant à la criminalité, les problèmes d'alcool et de drogue et la confiance en soi. Les délinquants sexuels peuvent participer à des psychothérapies de groupes comportant jusqu'à cinq heures de rencontre par jour.

Le centre d'Abbotsford est justement en train d'évaluer l'efficacité de son programme. L'étude porte sur 200 délinquants sexuels de sexe masculin et s'intéresse aux données suivantes leur âge, le type d'infraction, le contexte de l'infraction, le diagnostic psychiatrique, la durée de la peine, la durée du traitement et la date probable de la fin du traitement, et la situation personnelle de chaque délinquant qui fait l'objet d'une réévaluation après une période de deux à six ans. Un tiers des délinquants a suivi une thérapie d'une à deux années, un autre tiers a suivi une thérapie de six à douze mois et les autres ont bénéficié d'un traitement pendant moins de six mois.

Dix des 88 délinquants remis en liberté ont par la suite été trouvés coupables d'une nouvelle infraction. Mais comme la plupart des délinquants purgeaient des peines de plus de dix ans, 56 % d'entre eux n'avaient pu obtenir leur mise en liberté. Pour être en mesure d'établir des comparaisons, on a constitué un groupe contrôle composé de 70 délinquants sexuels non traités et on les a suivis pendant une période de deux à quatre ans après leur élargissement d'un établissement à sécurité moyenne. Les chercheurs se proposent de comparer les comportements des délinquants non traités avec ceux des délinquants sexuels ayant suivi une thérapie.

Pour de plus amples renseignements : W. Carson Smiley, Ph.D.
Directeur des services psychosociaux
Centre psychiatrique régional Région du Pacifique

Le centre psychiatrique de la Région des Prairies

Le centre psychiatrique régional des Prairies est présentement en train d'évaluer son programme de thérapie cognitive du comportement destiné aux délinquants sexuels. Des études antérieures ont déjà démontré que les patients soumis à cette thérapie avaient fait des progrès importants sur le plan psychologique et sur le plan du comportement. Les dernières données recueillies semblent indiquer que les effets bénéfiques de la thérapie ont tendance à se maintenir. Une étude de suivi sur 130 anciens patients remis en liberté depuis en moyenne deux ans (maximum sept ans) indique que seulement 10 % d'entre eux ont été trouvés coupables d'une nouvelle infraction sexuelle. Trente pour cent d'entre eux ont cependant commis des infractions autres que sexuelles. On prévoit effectuer d'autres recherches afin de comparer ces taux de récidive avec ceux des délinquants sexuels non traités et afin de cerner les facteurs expliquant pourquoi les délinquants récidivent même lorsqu'ils ont complété le programme avec succès.

Une seconde série de recherches tente d'évaluer l'utilité des tests d'excitation sexuelle chez les délinquants. Si l'on en croit les données recueillies jusqu'à maintenant, les pédophiles réagiraient de façon particulière aux stimulations sexuelles impliquant des enfants et il serait important d'orienter la thérapie vers un redressement des attirances sexuelles anormales. Contrairement à ce que des recherches antérieures avaient démontré, les présentes études révèlent que les violeurs ne sont pas uniquement excités par des scènes de viol et que le fait d'être stimulé sexuellement par des scènes de viol ne signifie pas nécessairement que l'individu aura tendance à se comporter en agresseur sexuel. Les prochaines recherches porteront sur les liens qui existent entre les inclinations et les agressions sexuelles; ces recherches devraient permettre de mieux comprendre l'agression sexuelle et de mieux la prévoir.

Dans leurs prochaines études, les chercheurs se demanderont si les délinquants sexuels ont besoin de traitements particuliers et si les thérapies offertes au centre psychiatrique régional des Prairies répondent à ces besoins. Le centre psychiatrique s'intéresse également aux rapports que l'on peut établir entre les attitudes que le délinquant entretient à l'égard du viol et de l'agression d'enfants et l'agression sexuelle elle-même. On se demande également si les expériences pénibles vécues en bas âge (par exemple, les mauvais traitements en milieu familial ou le fait d'être victime d'abus sexuels) peuvent inciter à l'agression sexuelle.

Pour de plus amples renseignements : Arthur Gordon, Ph.D.
Chef de la recherche et des services psyhologiques
Centre psychiatrique régional Région des Prairies

Le centre régional de traitements de l'Ontario

Le programme pour les délinquants sexuels du centre régional de traitements de l'Ontario favorise une approche pluridisciplinaire et offre un traitement d'une durée de dix-huit semaines. La thérapie individuelle et une combinaison de thérapies individuelles et de thérapies de groupes sont les deux méthodes utilisées. Les sessions de groupes abordent des questions relatives à l'éducation sexuelle, au contrôle de soi, à la sensibilisation aux victimes, aux aptitudes à vivre en groupe (conversation, affirmation de soi, développement de l'empathie, relations humaines) et aux comportements en public. La thérapie individuelle a recours à la méthode cognitive du comportement. On procède à l'évaluation des effets à court terme du traitement par le biais d'examens psychométriques et phallométriques ainsi que par l'interprétation de jeux de rôles. Les recherches antérieures s'étaient surtout intéressées aux différences de personnalité entre les différents groupes de délinquants (1977), à l'efficacité de la psychothérapie de groupes (1979) et au développement de l'empathie (1986). Les recherches en cours portent principalement sur l'évaluation de l'efficacité à long terme du programme, l'objectif étant de réduire le récidivisme chez les délinquants sexuels.

On tente présentement de recueillir des données de suivi sur les délinquants sexuels qui ont été évalués et traités au centre régional de traitements entre janvier 1977 et décembre 1986. À l'aide des dossiers du centre de traitements, comprenant les rapports d'évaluation et de traitements, les fichiers du service des empreintes digitales et les dossiers du service d'information sur les délinquants, on a tenté de réunir les renseignements suivants : données démographiques générales; renseignements sur l'infraction commise et la peine purgée à l'époque; résultats de l'évaluation préalable au traitement - état mental, quotient intellectuel, problèmes de drogue ou d'alcoolisme, évaluations phallométrique et psychométrique; détails du traitement - résultats et recommandations; circonstances de la mise en liberté - date et type de libération, journées sous surveillance, date et circonstances de la rechute ou de la récidive.

Les premières analyses ont démontré que 8 des 100 détenus qui ne semblaient pas avoir besoin de suivre le programme pour délinquants sexuels et qui avaient été relâchés ont en fait été réinculpés et réadmis dans un établissement carcéral. Deux pour cent d'entre eux ont été accusés d'une nouvelle infraction sexuelle. Environ 70 % des 146 détenus traités et remis en liberté ne sont pas revenus au pénitencier. Dix-huit pour cent d'entre eux ont cependant été emprisonnés pour une nouvelle infraction sexuelle et 12 % se sont vus réinculpés de délits non sexuels. Si l'on répartit les délinquants en fonction du type de délit commis, on constate que chez les violeurs, 67 % ne sont pas revenus en prison, 18 % ont été de nouveau incarcérés pour infraction sexuelle et 14 % pour d'autres types de délits. Chez les pédophiles et les agresseurs sexuels, 74 % sont toujours en liberté, 20 % ont été de nouveau accusés d'agression sexuelle et 6 % ont été inculpés sous divers autres chefs. La majorité des récidivistes ont commis une nouvelle infraction au cours de leurs trois premières années de mise en liberté. Des recherches sont présentement en cours sur le temps qui s'est écoulé entre la fin du traitement et la libération du délinquant, sur les résultats de la thérapie, sur le type de libération accordée, sur le nombre de victimes de ses précédentes agressions sexuelles et sur ses abus de toutes sortes; on espère qu'une meilleure connaissance de ces éléments permettra de mieux évaluer les risques de récidive et les chances de succès de la réinsertion sociale.

Pour de plus amples renseignements :
Jean-Guy Léger, directeur adjoint
Centre régional de traitements (Ontario)
Pénitencier de Kingston

L'institut Philippe-Pinel de Montréal

Les recherches portaient sur un groupe de 18 détenus de pénitenciers fédéraux qui ont participé au programme de traitements pour les délinquants sexuels à l'Institut Philippe-Pinel de Montréal entre août 1981 et septembre 1983. Les chercheurs s'intéressaient tout particulièrement à leurs antécédents psychiatriques et criminels, à leur séjour à l'Institut, à leurs rechutes psychiatriques, à leurs récidives criminelles, à leurs conditions de vie et à leur état mental. Ces données ont été recueillies lors d'une entrevue qui s'est déroulée deux ans après leur départ de l'Institut Pinel.

Parmi les 18 sujets qui ont participé à ce programme de traitements pour les délinquants sexuels, cinq ont suivi une thérapie de trois mois ou moins, dix ont bénéficié d'une moyenne de 456 jours de traitements et seulement trois d'entre eux se sont rendus à la fin du programme.

Trois des cinq sujets qui ont participé au programme pendant trois mois ou moins ont été libérés au cours de la période de suivi. Tous ont récidivé en commettant des infractions avec violence mais un seul d'entre eux a été condamné pour délit sexuel.

Parmi les dix sujets qui ont participé au programme pour une moyenne de 456 jours, aucun n'a satisfait aux prérequis des traitements. Six d'entre eux ont été mis en liberté et aucun n'a récidivé. Deux autres sujets ont cependant récidivé - l'un au cours d'une évasion, l'autre pendant sa période d'incarcération. Dans les deux cas, il s'agissait d'un viol. L'un de ces deux récidivistes s'est d'ailleurs suicidé.

Deux des trois sujets ayant terminé les traitements ont été condamnés pour de nouvelles infractions l'un pour vol avec effraction et agression sexuelle, l'autre pour vols et possession de stupéfiants. Une évaluation plus récente du programme de traitement pour les délinquants sexuels est présentement en cours à l'Institut Philippe-Pinel de Montréal. Les résultats n'étaient cependant pas disponible au moment d'aller sous presse. E

Pour de plus amples renseignements
Hodgins, S. et al. Centre de recherche
Institut Philippe-Pinel de Montréal.



(1)Ces statistiques n'incluent pas tous les délinquants sexuels détenus dans les établissements carcéraux fédéraux. Elles englobent uniquement ceux qui se sont rendus coupables d'un délit sexuel « important ». Un délit important est le délit qui a justifié la condamnation la plus longue. Par conséquent, les délinquants sexuels accusés de plusieurs délits mais dont la plus longue condamnation n'est pas pour infraction sexuelle ne figurent pas dans ces statistiques.
(2)Furby, L., Weinrott, M.R., & Blackshaw, L. (1989). Sex offender recidivism: A review. Psychological Bulletin, 105, 3-30.
(3)Quinsey, V.L. (1986). Men who have sex with children. In D.N. Weistub (Ed.). Law and Mental Health: International Perspectives, (Vol. 2). New York: Pergamon.
(4)Marshall, W.L., & Barbaree, H.E. (1984). A behavioral view of rape. International Journal of Law and Psychiatrt, 7, 51-77.
(5)Buxter, D.J., Barbaree, H.E., & Marshall, W.L. (1986). Sexual responses to consenting and forced sex in a large sample of rapists and non-rapist. Behavioural Research and Therapy, 24, 513-520.
(6)Prentkey, R.A., & Knight, R.A. (1986). Impulsivity in the lifestyle and criminal behaviour of sexual offenders. Criminal Justice and Behaviour, 13, 141-164.
(7)Levin, S.M., & Stava, L. (1987). Personality characteristics of sex offenders: A review. Archives of Sexual Behaviour, 16, 57-79.
(8)Field, H.S. (1978). Attitudes toward rape: A comparative analysis of police, rapists, crisis counselors, and citizens. Journal of Personality and Social Psychology, 36, 156-179.
(9)Langevin, R., & Lang, R. (1985). Psychological treatment of pedophiles. Behavioral Sciences and the Law, 3, 403-419
(10)Pithers, W.D., Marques, J.K., Gibat, C.C., & Marlatt, A. (1983). Relapse prevention with sexual aggressives: A self-control model of treatment and maintenance of change. In J.G. Greer & L.R. Stuart (Eds.), The Sexual Aggressor: Current Perspectives on Treatment. Toronto : Van Nostrand Reinhold.