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Comment les enseignants en milieu correctionnel perçoivent leur travail
Une enquête menée auprès des enseignants des établissements
fédéraux du Québec a révélé qu'ils avaient une perception
différente de leur rôle selon qu'ils enseignaient au secteur général ou au
secteur professionnel.
Dans le cadre d'une étude réalisée par Louis Toupin, 80 enseignants (95 %) des
pénitenciers fédéraux du Québec ont répondu à un
questionnaire comportant 225 questions. Les réponses aux 53 questions portant sur les valeurs
et les méthodes pédagogiques ont ensuite fait l'objet d'une analyse. Graphique 1 Les questions ont été analysées et regroupées en cinq sujets : le développement personnel, le concept d'utilité, le point de vue pessimiste, le modèle de socialisation et les tendances innovatrices. La grande majorité des répondants reconnaissaient la dimension de développement personnel que comporte toute formation s'inspirant des préceptes suivants :
Dans l'ensemble, les répondants s'accordaient à voir dans la formation en milieu correctionnel un modèle de socialisation, même si on était moins d'accord à ce sujet qu'on ne l'était pour la dimension de développement personnel. La formation en milieu correctionnel propose un modèle de socialisation basé sur les principes suivants :
En ce qui concerne l'utilité de la formation, les enseignants des secteurs
général et professionnel différaient visiblement d'opinion. Les enseignants du
secteur général n'étaient que partiellement d'accord avec l'idée qu'il
fallait d'abord préparer les détenus à satisfaire aux exigences de la
société, ce à quoi les enseignants du secteur professionnel souscrivaient
entièrement. Farouchement opposés à l'idée d'adapter leurs
méthodes aux contraintes du milieu carcéral, les enseignants du secteur
général privilégiaient plutôt des méthodes d'enseignement
traditionnelles. À l'opposé, les enseignants du secteur professionnel estimaient que
les méthodes d'enseignement devaient se modeler sur la réalité du milieu. De
plus, les enseignants du secteur général jugeaient plus ou moins nécessaire
d'établir une relation d'autorité avec leurs élèves tandis que les
enseignants du secteur professionnel valorisaient grandement ce genre de relation.
Cette enquête s'est intéressée aux caractéristiques démographiques,
aux méthodes d'enseignement, aux croyances au sujet de l'enseignement, aux normes
éducationnelles ainsi qu'à la philosophie de l'éducation d'un échantillon
constitué au hasard à partir de la liste de membres de 1988 de la Correctional
Education Association (qui compte également des non-enseignants). Des 320 questionnaires
expédiés, 157 ont été retournés pour un taux de réponse de
49 %. De ce nombre, 39 % provenaient d'enseignants en milieu correctionnel (nombre: 62). Les
répondants devaient indiquer, sur une échelle de 5, jusqu'à quel point la
description fournie dans le questionnaire correspondait à leur méthode d'enseignement
ou à leurs opinions sur l'enseignement. Les répondants étaient invités
à fournir des réponses plus détaillées aux questions portant sur leur
philosophie de l'éducation. Graphique 2 Les répondants ont jugé que leurs méthodes d'enseignement s'apparentent davantage aux deux énoncés suivants : maintenir l'ordre et donner un cours - répéter et évaluer. « Maintenir l'ordre », c'est renforcer les comportements positifs et maîtriser les comportements dérangeants. « Répéter et évaluer », c'est enseigner une matière jusqu'à ce qu'elle soit bien comprise, corriger les travaux des élèves, évaluer et contrôler leur rendement. Les réponses aux questions portant sur les philosophies de l'éducation témoignaient d'une recherche d'activités concrètes et mesurables, menant par exemple à l'obtention d'un diplôme d'études générales équivalent, par opposition à des philosophies et objectifs plus généraux. Conclusion
L'étude canadienne révèle qu'en général les enseignants en milieu
correctionnel favorisent une définition plus large de la formation en milieu correctionnel,
qui va au delà de l'enseignement de métiers, de la lecture, de l'écriture et des
mathématiques. En dépit des différences de perceptions notées entre les
enseignants des secteurs général et professionnel, les répondants donnaient leur
appui aux programmes de formation axés sur l'épanouissement personnel et la
socialisation des délinquants. (Toupin, L. (1988). Practical Experience and Instructional Approach by Teachers in Quebec Federal Penitentiaries, Journal of Correctional Education, 39, n° 3, 108-113.) (Sedlak, R.A. et Karcz, S.A. (1990). Descriptive Study of Teaching Practices and the Efficacy of Correctional Education, dans S. Duguid, éditeur, The Yearbook of Correctional Education, 325-341, Burnaby, Colombie-Britannique: Université Simon Fraser.) |