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Quelle orientation le Service correctionnel du Canada compte-t-il donner à la formation en milieu correctionnel?

Dans le présent numéro de Forum, la chronique Du côté de l'administration traite de deux questions relatives ô la formation en milieu correctionnel, abordées de points de vue différents. Le premier article donne un aperçu du point de vue administratif de la formation au sein du Service correctionnel du canada au cours des prochaines années, tandis que le second traite du personnel et de l'élaboration des programmes d'études, dans l'optique des enseignants.

Depuis la seconde moitié du XIXe siècle, des cours de formation ont été intégrés à la vie des pénitenciers canadiens et semblent avoir contribué à ramener les délinquants dans le droit chemin.

L'instruction est un élément important dans le redressement de l'homme déchu; il faut la dispenser le plus possible, compte tenu des autres objectifs de la prison. L'instruction stimule l'esprit, suscite de nouvelles idées, donne matière à penser, inspire le respect de soi, soutient une juste fierté de caractère, fouette l'ambition, ouvre de nouveaux champs d'action, favorise l'amélioration sociale et personnelle et offre une bonne solution de remplacement aux divertissements vulgaires et vicieux. En conséquence, une école pour l'enseignement profane, où on montre à lire, à écrire et à calculer à ceux qui ont peu de connaissances à cet égard, fonctionne dans chaque pénitencier.

Ainsi s'exprimait l'inspecteur Moylan dans un rapport présenté en 1881 que cite J.T.L. James dans un ouvrage intitulé Un passé plein d'avenir : l'aumônerie en milieu pénitentiaire.

L'esprit du rapport de l'inspecteur Moylan inspire toujours les activités de la Division de la formation et de l'épanouissement personnel du Service correctionnel du Canada :gérer des programmes et des activités qui aident les délinquants à développer leurs habiletés personnelles et sociales, à acquérir des compétences et adopter des comportements responsables. Si l'esprit demeure sans conteste le même, les termes changent : alors que l'inspecteur Moylan parlait de lire, d'écrire et de compter, aujourd'hui nous parlons de formation de base des adultes (alphabétisation), de programmes d'études secondaires, postsecondaires et professionnelles.

En plus de répondre aux besoins de la collectivité, la formation en milieu correctionnel poussera l'examen des répercussions des cours sur la vie des délinquants, tant pendant qu'après leur incarcération, afin de s'assurer de l'utilité à long terme des programmes offerts. Une meilleure harmonisation des programmes favorisera également la réadaptation des délinquants tout en améliorant la formation en milieu correctionnel de façon générale. À titre d'exemple, les cours d'alphabétisation seraient donnés en fonction des compétences requises pour l'exercice d'un métier.

Depuis 1987, la formation de base des adultes est devenue la priorité du Service correctionnel du Canada en matière de formation. La mise en évidence des problèmes de société liés à l'alphabétisation, tant sur la scène nationale qu'internationale, a incité le Service correctionnel du Canada à accroître ses efforts auprès des délinquants dont les connaissances linguistiques et mathématiques sont inférieures à celles des élèves de huitième année. Conscient qu'une proportion élevée des détenus étaient considérés comme analphabètes fonctionnels, le Solliciteur général de l'époque, James Kelleher, avait demandé au Service correctionnel du Canada de se pencher sur les besoins de ces personnes.

Étalé sur trois ans, le projet consistait à aider 4 050 délinquants à acquérir les compétences linguistiques et mathématiques de huitième année. Au total, 4 101 délinquants ont complété avec succès le programme de formation de base des adultes, dépassant les objectifs et éclipsant totalement les résultats obtenus en 1986, alors que 150 délinquants seulement avaient complété le programme. Une méthode axée sur les résultats La méthode d'enseignement axée sur les résultats, introduite dans le cadre de la formation de base des adultes, sera conservée. Le projet de formation de base des adultes a préparé la voie aux programmes axés sur les résultats, tant en termes de participation des détenus que de persévérance dans les études. Pour suivre de près le cheminement individuel des participants aux cours de formation, une première base de données a été créée par la Division de la formation et de l'épanouissement personnel. Au cours des exercices 1990-1991 et 1991-1992, le système sera amélioré afin d'introduire de nouveaux indicateurs de rendement concernant la participation aux programmes et le nombre de cours complétés aux niveaux de la cinquième et de la dixième année. En ajoutant la cinquième année comme indicateur de rendement, nous pourrons ainsi donner priorité aux délinquants qui accusent des retards prononcés dans leur scolarité; d'autre part, le fait d'ajouter la dixième année soulignera notre engagement envers les délinquants qui désirent poursuivre leurs études. Les renseignements ainsi obtenus sur le rendement faciliteront grandement la planification et la gestion des programmes destinés aux délinquants.

Il va de soi qu'au sein du secteur correctionnel, un programme axé sur les résultats est bien plus qu'une question de statistiques. Dans un premier temps, le Service correctionnel du Canada se propose d'offrir aux délinquants des programmes qui les aideront à réintégrer la collectivité. C'est dans ce cadre que s'inscrivait une étude des répercussions de la formation de base des adultes sur la réintégration et la réadaptation sociales des délinquants. Très peu d'études s'étaient intéressées jusqu'alors au présumé rapport entre la formation générale et la réinsertion sociale. Ce projet pilote, placé sous l'égide de la Direction de la recherche et des statistiques du Service correctionnel du Canada, a démontré que la formation de base des adultes avait une incidence favorable sur la réadaptation sociale. Cette recherche prépare donc la voie à des analyses à plus long terme de tous les programmes de formation, analyses dans lesquelles les administrateurs des cours de formation pourront probablement puiser les meilleurs renseignements pour planifier des programmes plus efficaces. L'harmonisation des programmes de formation Certains élèves ne dépasseront pas, en termes d'études, la formation de base des adultes. D'autres y savoureront leur première réussite scolaire, ce qui les motivera à poursuivre des études générales ou professionnelles.

Pour être utile, la formation professionnelle doit tenir compte des réalités du monde que les délinquants devront réintégrer. Son programme d'études doit être axé sur les carrières et sur les exigences du monde du travail des années 1990, tout en veillant à ce que les élèves satisfassent aux normes scolaires requises pour poursuivre leurs études après leur libération.

Cela suppose également une meilleure harmonisation des formations scolaire et professionnelle afin de répondre aux besoins des détenus et les préparer à une société de plus en plus complexe et en évolution constante. Il n'est plus question de dissocier les divers éléments du système d'éducation les uns des autres.

Non seulement le programme de formation générale devra-t-il être intrinsèquement cohérent mais il devra également s'harmoniser avec les autres programmes correctionnels si on veut continuer de le développer et de le faire évoluer. Le programme de formation de base des adultes a fourni au Service correctionnel du Canada une première expérience d'harmonisation des programmes; l'offre des programmes à temps partiel constitue également une première, tout comme le soin mis à rattacher les différents programmes entre eux.

En diversifiant les programmes, on comble mieux les besoins des délinquants et on facilite leur réintégration au sein de la collectivité. Des programmes tels que les programmes de lutte contre l'abus de l'alcool et des drogues, de préparation au travail, d'adaptation à la vie quotidienne, de formation générale ou professionnelle sont tous essentiels et reposent souvent les uns sur les autres pour accroître leur efficacité. La formation déborde du cadre des programmes officiels de chaque province et n'est plus l'exclusivité des enseignants. Tous les programmes de formation doivent s'intégrer à la vie des établissements ainsi qu'à celle de la collectivité.

Au cours des prochaines années, la formation en milieu correctionnel ne pourra plus se satisfaire de répondre aux seuls besoins de formation scolaire et professionnelle des délinquants. Ils devront suivre de plus près le cheminement de chacun. Cette orientation, jointe à une véritable harmonisation des programmes -laquelle va beaucoup plus loin que la formule « un peu d'études, un peu de travail, un peu de développement personnel » - contribuera certainement à faciliter la réintégration des délinquants au sein de la collectivité.