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Faire de son mieux

Un délinquant ahuri par la peine impossible qui lui avait été imposée s'exclama: « Jamais je ne pourrai le supporter! ».

Et le juge de lui répondre, dans toute sa sagesse: « Faites de votre mieux. »

Le nombre croissant de délinquants purgeant une longue peine - et particulièrement de délinquants condamnés à l'emprisonnement à perpétuité - pose un défi au milieu correctionnel, à la collectivité et aux délinquants : faire de son mieux.

Et ce défi est de plus en plus difficile à relever, non seulement parce que le nombre de délinquants purgeant de longues peines croît, mais aussi parce que les peines qui leur sont imposées sont plus longues que jamais.

Le nombre de délinquants purgeant de longues peines n'a cessé d'augmenter tout au long du XXe siècle, et surtout depuis l'abolition de la peine de mort. Avant 1976, les délinquants condamnés à la peine de mort commutée à l'emprisonnement à perpétuité pouvaient demander la libération conditionnelle après sept ans de prison. De nos jours, ces mêmes délinquants doivent purger entre 10 et 25 ans. Il est peu probable que justice soit mieux rendue ou que le public soit mieux protégé pour autant. (Cette constatation ne se veut aucunement un plaidoyer pour le rétablissement de la peine de mort; j'y suis totalement opposé pour toutes les raisons rationnelles habituellement invoquées, en plus de l'empreinte émotionnelle que m'ont laissé mes premières expériences de travail auprès de délinquants condamnés à mort.)

Le défi à relever, c'est de trouver la meilleure façon de gérer les délinquants purgeant une longue peine en milieu correctionnel. Posant en principe que le délinquant est capable de vivre comme citoyen respectueux des lois, comment peut-on pleinement mettre en application l'objectif stratégique 2.3 énoncé dans la Mission du Service correctionnel du Canada:
« Fournir aux délinquants des programmes qui les aident à répondre à leurs besoins individuels en vue d'accroître leur potentiel de réinsertion en tant que citoyens respectueux des lois. »

C'est friser la présomption que d'exposer son opinion dans un numéro qui rend compte du Rapport du Groupe d'étude sur les longues sentences (1991) de Jean-Claude Perron. Les recommandations formulées dans ce rapport sont bien fondées et dignes d'être appuyées par la direction et le personnel du Service correctionnel du Canada, les délinquants et le public. Dans son rapport, qui crée un précédent, le groupe d'étude ne se contente pas de formuler le problème : il propose aussi des solutions.

Avec l'augmentation du nombre de délinquants purgeant une longue peine -27,7 p. 100 des détenus dans les établissements fédéraux purgent une peine de 10 ans ou plus et environ un délinquant sur six est condamné à perpétuité - le besoin de nouvelles perspectives et initiatives n'en est que plus pressant, c'est pourquoi les recommandations avancées dans le rapport Perron devraient être mises en oeuvre. Les nouvelles perspectives et programmes susmentionnés devraient être empreints:
  • D'espoir
    L'espoir - le fait d'attendre quelque chose de mieux et de croire que cette chose se produira. L'espoir fait vivre. Les programmes et les liens doivent nourrir l'espoir chez le délinquant, pour le garder en vie et pour l'empêcher de sombrer dans l'apathie ou l'agressivité. L'espoir est un catalyseur qui permet de s'ajuster à la réalité et au développement personnel.
  • D'occasions
    La valeur d'un programme dépend fréquemment de la personne qui le considère. La participation aux programmes augmenterait probablement si les délinquants purgeant une longue peine jouaient un rôle plus important dans leur élaboration. En effet, bon nombre des programmes en vigueur qui sont innovateurs et axés sur le service communautaire doivent leur longévité et leur succès aux délinquants purgeant une longue peine. De plus, on devrait envisager et explorer de nouveaux rôles ou « professions en milieu correctionnel » pour les délinquants.
  • De participation
    Pour mettre au point des programmes mieux adaptés aux circonstances, il faut que le public, les délinquants réhabilités et les organismes bénévoles comprennent mieux les délinquants qui purgent de longues peines et qu'ils jouent un rôle accrû. La réussite d'un programme, quel qu'il soit, dépend d'une collaboration soutenue et productive entre le délinquant, le Service correctionnel du Canada et la collectivité. À cet égard, le projet Life Line est un excellent exemple de ce type de collaboration et pourtant, c'est à peine si l'on a tiré parti des possibilités qu'il ouvre, comme de ceux qu'il dessert.
  • D'évaluation
    Tandis que l'on cumule innovations, expérimentations et expériences, il faut veiller à consigner les résultats obtenus et à les passer en revue. Les données sans l'expérience n'ont qu'un intérêt didactique, mais l'expérience sans évaluation se solde par la perte de leçons chèrement apprises.

Alors que l'on envisage des façons de relever le défi de plus en plus épineux que posent les délinquants purgeant une longue peine, il faut tirer courage de savoir que les occasions de faire mieux ne manquent pas.

Le défi est de taille : il est actuel, et il se complique. Il faut le relever maintenant. Il faut entretenir l'épanouissement, le développement et l'espoir chez les détenus, cultiver les relations, créer des occasions et assumer les responsabilités.

Il faut concevoir de nouveaux rôles et de nouveaux programmes d'appoint pour donner un sens et un but à la vie, même si celle-ci se déroule à l'intérieur des murs d'un établissement. Tout ceci fait partie du défi à relever.

En revanche, malgré l'importance actuellement attachée à la réinsertion, on ne peut ni ne doit se contenter d'agir uniquement au moment de la révision judiciaire ou de l'admissibilité à la libération conditionnelle. Ce ne sont là que des jalons; elles ne constituent pas le processus comme tel.