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Profil des délinquants sexuels sous responsabilité fédérale au Canada
Le Service correctionnel du Canada recueille régulièrement des données démographiques et des données sur les peines au sujet des délinquants sous responsabilité fédérale (c.-à-d., ceux qui purgent des peines de deux ans ou plus). En 1994, le Service a mis en place un processus d'évaluation initiale des délinquants qui permet d'établir une évaluation complète et intégrée de chaque délinquant à son admission dans le système correctionnel fédéral(2) . Ce processus comporte la collecte et l'analyse systématiques de renseignements sur les antécédents criminels et la santé mentale de chaque délinquant, sa situation sociale, son instruction et les facteurs servant à déterminer le risque de criminalité et à cerner ses besoins.Tableau 1
Population carcérale 1994 (effectif) |
Admissions 1995 (mouvement) |
Population carcérale 1995 (effectif) |
Rapport mouvement- affectif |
Variation | |
---|---|---|---|---|---|
Atlantique | 333 |
242 |
321 |
1:1,33 |
-3,6% |
Québec | 468 |
206 |
493 |
1:2,39 |
+5,3% |
Ontario | 724 |
239 |
716 |
1:3,00 |
-1,1% |
Prairie | 766 |
493 |
819 |
1:1,66 |
+6,9% |
Pacifique | 412 |
133 |
417 |
1:3,14 |
+1,2% |
Total | 2703 |
1313 |
2766 |
1:2,11 |
+2,3% |
Les régions des Prairies et du Québec sont celles qui ont enregistré la croissance
la plus marquée du nombre absolu de délinquants sexuels, soit 6,9 % et 5,3 %
respectivement. Il suffit de comparer les rapports mouvement-effectif pour voir que les régions
du Pacifique et de l'Ontario sont celles où le nombre de délinquants sexuels
incarcérés sous responsabilité fédérale est demeuré le plus
élevé par rapport au nombre d'admissions. Mises en liberté de délinquants
sexuels (mouvement) Environ 51 % des délinquants sexuels mis en liberté en 1995 l'ont
été à la date de libération d'office, tandis que 13 % ont
bénéficié d'une semi-liberté et 12 % d'une libération conditionnelle
totale; en outre, 20 % ont été mis en liberté à la fin de leur peine et 5 %
pour d'autres raisons. Dans l'ensemble, 724 délinquants sexuels ont obtenu une forme quelconque
de liberté sous condition : le tiers ont obtenu la semi-liberté ou la libération
conditionnelle totale et les deux tiers, la liberté à la date de libération
d'office.
Le nombre absolu de délinquants sexuels mis en liberté sous une forme quelconque de
surveillance a augmenté de 6,1 % au cours de l'année civile 1995 (voir le tableau 2). Sont
naturellement exclues de ce chiffre près du quart des mises en liberté qui n'ont
été assorties d'aucune forme de surveillance (dans le cas, par exemple, de
délinquants libérés à la fin de leur peine). Encore une fois, pour chaque
délinquant sexuel mis en liberté qui était âgé de moins de 30 ans (20
%), il y en avait un autre âgé de 50 ans ou plus.
Tableau 2
Regional Distribution of the Federal Sex Offender Conditional
Release Population and Releases (1994-1995) |
|||||
Population carcérale 1994 (effectif) |
Délinquants mis en liberté 1995 (mouvement) |
Population carcérale 1995 (effectif) |
Rapport mouvement- affectif |
Variation |
|
Atlantique | 140 |
110 |
161 |
1:1,46 |
+15,0% |
Québec | 266 |
164 |
253 |
1:1,54 |
-4,9% |
Ontario | 256 |
168 |
242 |
1:1,44 |
-5,5% |
Prairie | 231 |
186 |
285 |
1:1,53 |
+23,4% |
Pacifique | 152 |
96 |
168 |
1:1,75 |
+10,5% |
Total | 1,045 |
724 |
1,109 |
1:1,53 |
+5,1% |
Les régions des Prairies et de l'Atlantique sont celles qui ont enregistré la croissance
la plus marquée du nombre absolu de délinquants sexuels mis en liberté sous
surveillance dans la collectivité, soit respectivement 23,4 % et 15 %.
Il suffit toutefois d'examiner les rapports régionaux mouvement-effectif pour constater que la
région du Pacifique a conservé le nombre le plus élevé de délinquants
sexuels en liberté sous condition par rapport au nombre de mises en liberté sous
surveillance dans la collectivité. Durée de la peine La durée moyenne de la peine
pour tous les délinquants sexuels admis dans un établissement fédéral en
1995 était de quatre ans et trois mois (si l'on exclut les condamnés à
perpétuité et les délinquants dont la liberté conditionnelle a
été révoquée), soit cinq mois de plus que la peine moyenne à laquelle
font face les autres délinquants à leur admission. La durée moyenne de la peine
à laquelle font face à leur admission les délinquants sexuels sous
responsabilité fédérale n'a pas changé au cours des cinq dernières
années.
Comme on pouvait s'y attendre, la durée moyenne de la peine imposée aux
délinquants sexuels qui ont été mis en liberté en 1995 était plus
courte que celle de la peine imposée aux délinquants sexuels admis cette
année-là. En effet, elle était de trois ans et 11 mois (si l'on exclut les
condamnés à perpétuité et les délinquants dont la liberté
conditionnelle a été révoquée), soit la même durée que pour
l'ensemble des délinquants qui ont été mis en liberté en 1995. Faute de
données antérieures, nous n'avons pas pu faire de comparaisons historiques pour ce
groupe.
Il n'est pas non plus étonnant de constater que la durée moyenne de la peine des
délinquants sexuels incarcérés (quatre ans et huit mois) était plus longue
que celle des délinquants sexuels admis ou celle des délinquants sexuels mis en
liberté. La population carcérale tend à inclure beaucoup de délinquants qui
purgent des peines plus longues parce qu'ils ne sont pas encore admissibles à la mise en
liberté sous condition.
Toutefois, la durée moyenne de la peine était beaucoup plus courte pour les
délinquants sexuels incarcérés que pour l'ensemble des détenus (six ans et
six mois).
Ce résultat peut être attribuable au fait que les détenus qui purgent des
«restes» de peines (la partie de la peine qui reste lorsque la liberté sous condition
est révoquée) n'ont pas été inclus dans ces calculs. Les délinquants
autres que les délinquants sexuels sont plus susceptibles de purger des «restes» de
peines et des «restes» plus courts que les délinquants sexuels. La durée
moyenne des peines pour l'ensemble des détenus diminuerait probablement si les restes de peines
étaient inclus dans les calculs. Taux de récidive et de réincarcération Une
récente étude de suivi (portant sur une période moyenne de 3,5 ans)(7)
concernant les délinquants sexuels a révélé qu'au cours de la période
de suivi, environ le tiers des sujets avaient été reconnus coupables d'une nouvelle
infraction criminelle, que près du cinquième avaient été condamnés
pour une infraction avec violence et que moins d'un sur 10 avait été reconnu coupable
d'une nouvelle infraction sexuelle. Types d'infractions L'évaluation initiale des
délinquants révèle que la plupart des 808 délinquants admis récemment
dans un établissement fédéral et ayant des antécédents d'infractions
sexuelles (antérieures ou à l'origine de la peine actuelle) avaient commis soit une
agression sexuelle soit des infractions sexuelles «mixtes». La pédophilie
était aussi une infraction courante. Les infractions sexuelles les moins fréquentes
étaient l'inceste et les «autres» infractions d'ordre sexuel (comme
l'exhibitionnisme).
Signalons plus précisément que 50,2 % des délinquants sexuels s'étaient
rendus coupables d'une agression sexuelle, 21,2 %, d'une «infraction mixte», 14,9 %, de
pédophilie, 8,4 % d'inceste et 5,3 % d'une «autre» infraction d'ordre sexuel.
Il ne faut toutefois pas oublier que cette répartition est basée sur la population des
délinquants à leur admission. On obtiendrait probablement une ventilation
différente si l'on examinait la population des détenus puisque celle-ci tendrait à
inclure des délinquants sexuels purgeant des peines plus longues, ayant des
antécédents criminels plus chargés et présentant des niveaux de risque plus
élevés. Antécédents criminels Le processus d'évaluation initiale des
délinquants permet de recueillir des renseignements complets sur les antécédents
criminels des délinquants (affaires entendues par des tribunaux pour adolescents et pour
adultes), la gravité des infractions (caractéristiques des victimes) et les
antécédents d'infractions sexuelles. Au moment de leur admission, les autres
délinquants sont beaucoup plus susceptibles que les délinquants sexuels d'avoir eu des
démêlés avec le système de justice pénale (voir le tableau 3).
Tableau 3
Antécédents criminels des délinquants sexuels au moment de leur admission | ||
Variable |
Délinquants sexeuls (795) |
Autres délinquants (2,726) |
Antécédents de jeunes contrevenants | ||
Infractions antérieures | 25,9% |
41,9% |
Surveillance communautaire | 17,5% |
29,4% |
Garde en milieau ouvert | 11,7% |
21,8% |
Garde en milieu fermé | 12,7% |
24,1% |
Antécédents de délinquants adultes | ||
Infractions antérieures | 76,9% |
84,9% |
Surveillance communautaire | 60,4% |
71,0% |
Période(s) de détention sous responsabilité provinciale |
56,3% |
71,4% |
Période(s) de détention sous responsabilité fédérale |
21,2% |
27,4% |
Antécédents d'infractions sexuelles | ||
Infraction(s) antérieure(s) | 39,3% |
0,0% |
Infraction(s) à l'origine de la peine actuelle |
82,2% |
0,0% |
Pour examiner les différences quant aux antécédents criminels entre les divers types de délinquants sexuels, nous avons subdivisé les délinquants ayant des antécédents d'infractions sexuelles (infractions antérieures ou infractions à l'origine de la peine actuelle) en cinq groupes distingués selon la nature des infractions : agression sexuelle, infractions mixtes, pédophilie, inceste et «autres» (voir le tableau 4). Ce groupement a révélé que les délinquants qui avaient commis une agression sexuelle ou une «autre» infraction avaient de longs antécédents criminels, comme les délinquants autres que sexuels.
Tableau 4
Antécédents criminels
et types de délinquants sexuels |
|||||
Variable |
Agression sexuelle (386) |
Infractions "Mixted" (163) |
Pédophilie (115) |
Inceste (65) |
Autres infractions sexuelles (41) |
Antécédents de jeunes contrevenants | |||||
Infractions antérieures | 34,9% |
14,8% |
20,7% |
9,4% |
22,5% |
Surveillance communautaire | 22,9% |
9,4% |
15,3% |
7,8% |
20,0% |
Garde en milieau ouvert | 17,3% |
5,6% |
5,5% |
4,7% |
17,5% |
Garde en milieau fermé | 18,0% |
6,2% |
9,1% |
1,6% |
17,5% |
Antécédents de jeunes contrevenants | |||||
Infractions antérieures | 83,9% |
68,7% |
73,9% |
58,5% |
82,9% |
Surveillance communautaire | 66,2% |
54,6% |
53,5% |
43,1% |
75,6% |
Période(s) de détention sous responsabilité provincial |
61,3% |
48,7% |
53,9% |
33,9% |
73,2% |
Période(s) de détention sous responsabilité fédérale |
24,6% |
17,2% |
18,3% |
10,8% |
34,2% |
Antécédent d'infractions sexeulles | |||||
Infractions antérieures | 38,1% |
42,9% |
45,2% |
24,6% |
48,8% |
Infractions(s) à l'origine de la peine actuelle |
78,8% |
93,9% |
89,6% |
93,9% |
46,3% |
Alors que les délinquants inclus dans les groupes «infractions mixtes» et
«pédophilie» avaient aussi des antécédents criminels (surtout en tant
qu'adultes), ceux qui avaient commis des actes d'inceste comptaient le moins de
démêlés avec le système de justice pénale. Victimes Le processus
d'évaluation initiale des délinquants permet également de recueillir une
information complète sur les caractéristiques des victimes de chaque délinquant
sexuel (préférences quant à l'âge et au sexe). Pour l'échantillon de
délinquants à l'admission, la victime était un enfant ou un adolescent dans
près des trois quarts des cas d'infractions sexuelles à l'origine de
l'incarcération.
Plus précisément, les victimes comprenaient 302 fillettes et 103 jeunes garçons
(âgés de moins de 12 ans), 322 adolescentes et 66 adolescents (âgés de 12
à 17 ans), 296 femmes et 12 hommes (âgés de 18 à 65 ans) et huit femmes
âgées (âgées de 65 ans ou plus). Besoins au moment de la mise en
liberté sous condition Le Service a également mis au point un moyen automatique de suivre
les niveaux de risque et de besoins des délinquants dans la collectivité. Le
Système de gestion des détenus renferme actuellement toutes les données sur le
niveau général de risque et de besoins, ainsi que sur l'importance des différents
besoins cernés qui ont été recueillies depuis la mise en application de
l'Échelle de d'évaluation du risque et des besoins dans la collectivité. Cette
information peut être récupérée n'importe quand si l'on veut un
instantané des cas.
Un examen national des 12 catégories de besoins (les catégories pour lesquelles on juge
si le délinquant a un «besoin modéré d'amélioration» ou un
«besoin manifeste d'amélioration») pour la population de libérés
conditionnels révèle qu'il existe un écart considérable quant à ces
catégories entre les délinquants sexuels et les autres délinquants (voir le tableau
5). Les délinquants sexuels sont plus susceptibles d'éprouver des besoins dans les
catégories des relations matrimoniales/ familiales, de la stabilité
comportementale/affective, de l'habileté mentale et de la santé. De leur
côté, les autres délinquants sont plus susceptibles de connaître des
problèmes en ce qui concerne les attitudes scolaires/professionnelles, l'emploi, la gestion
financière, les fréquentations, la consommation d'alcool et la consommation de
drogues.
Tableau 5
Besoins des délinquants sexuels
et des autres délinquants au moment de la mise en liberté sous condition |
||
Catégorie de besoins |
Délinquants sexuels (737) |
Autres délinquants (4,534) |
Aptitudes scolaires/ professionnelles | 30,9% |
37,5% |
Situation en matiére d'emploi | 39,0% |
45,0% |
Gestion financiére | 33,4% |
39,5% |
Relations matrimoniales/familiales | 30,9% |
27,1% |
Fréquentations | 14,7% |
30,4% |
Logement * | 9,7% |
11,6% |
Stabilité comportementale/affective | 54,1% |
36,9% |
Consommation d'alcool | 12,5% |
15,5% |
Consommation de drogues | 6,0% |
17,5% |
Habileté mentale | 6,4% |
4,6% |
Santé | 21,6% |
16,3% |
Attitude * | 10,8% |
10,6% |
* = La differance n'est pas statistiquement
significative |
Il ne semble pas y avoir de différences statistiquement significatives entre les
délinquants sexuels et les autres délinquants en ce qui concerne les besoins en
matière de logement et l'attitude générale. Analyse La capacité
d'établir des profils exacts et utiles de l'ensemble de la population de délinquants
sexuels peut servir à mettre en évidence les problèmes particuliers que connaissent
les détenus et les délinquants sous surveillance dans la collectivité.
Cela permet également au Service de recueillir des données de base sur les rapports
antérieurs des délinquants avec le système de justice pénale au moment
où ces derniers sont placés sous détention fédérale, ainsi que sur
les besoins particuliers des délinquants sexuels lorsqu'ils sont mis en liberté sous
surveillance dans la collectivité. Ces données peuvent aider à diriger les
ressources et moyens de contrôle limités dont on dispose vers des segments précis de
la population de délinquants sexuels de manière à réduire le risque.
(2)MOTIUK, L. L., «Le point sur la capacité d'évaluer le risque», Forum ñ Recherche sur l'actualité correctionnelle, vol. 5, no 2, 1993, p. 15-21.
(3)MOTIUK, L. L. et PORPORINO, F. J., Essai pratique de l'Échelle d'évaluation du risque et des besoins dans la collectivité ñ Étude des libérés sous condition, Ottawa, Service correctionnel du Canada, 1989.
(4)Les critères de sélection employés pour définir la population actuelle de délinquants sous responsabilité fédérale excluaient les délinquants dont l'état actuel correspondait à un des codes suivants : décédé; liberté sous caution; peine purgée; suspension (illégalement en liberté); et suspension (en détention provisoire).
(5)PORPORINO, F. J. et MOTIUK, L. L., Résultats préliminaires de l'Enquête nationale sur les délinquants sexuels, Ottawa, Service correctionnel du Canada, 1991.
(6)MOTIUK, L. L. et BELCOURT, R. L., Profil statistique des délinquants condamnés pour un homicide, une infraction sexuelle, un vol qualifié ou une infraction reliée à la drogue dans le système correctionnel fédéral, Ottawa, Service correctionnel du Canada, 1995.
(7)MOTIUK, L. L. et BROWN, S. L., Factors Related to Recidivism Among Federal Sex Offenders, Ottawa, Service correctionnel du Canada, 1996