Déficiences intellectuelles chez les délinquants et les délinquantes sous responsabilité fédérale nouvellement admis : prévalence, profils et résultats

Faits saillants de la recherche

Le Q.I. des délinquants sous la responsabilité du SCC est dans la moyenne. Un Q.I. plus faible est associé à un nombre plus élevé d’infractions disciplinaires et de révocations de la mise en liberté.

Pourquoi nous avons effectué cette étude

La déficience intellectuelle (DI) se définit comme une déficience des aptitudes mentales générales qui affecte l’apprentissage fonctionnel. On considère que les personnes atteintes de DI sont surreprésentées dans le système de justice pénale, mais il est difficile d’estimer des taux définitifs de déficience chez les délinquants. De l’information sur les taux de DI doit être recueillie pour prévoir les services adéquats.

Ce que nous avons fait

La présente étude a permis d’évaluer la prévalence des scores de Q.I. chez 4 396 délinquants de sexe masculin et 292 délinquantes sous responsabilité fédérale à l’aide d’une mesure normalisée (Mesure des capacités cognitives générales pour adultes [General Ability Measure for Adults – GAMA]) et d’examiner l’association entre le Q.I., les caractéristiques clés des délinquants et les résultats correctionnels.

Ce que nous avons constaté

Les résultats ont permis de constater que 2,8 % des délinquants de sexe masculin ont obtenu un score de Q.I. inférieur à 70; des taux à peu près similaires à ceux de la population générale. De plus, 7,3 % des délinquants ont obtenu un score lié à une déficience légère (de 70 à 79). Les délinquantes sous responsabilité fédérale étaient plus susceptibles d’avoir des DI que les délinquants sous responsabilité fédérale. Près de 6 % des délinquantes nouvellement admises ont un Q.I. inférieur à 70, et 12,7 % ont un Q.I. lié à une déficience légère. Deux fois plus de femmes incarcérées dans des établissements du SCC que les femmes de la population générale se trouvent dans les limites de la déficience intellectuelle.

Les résultats établissent un lien entre un Q.I. plus faible et un niveau de scolarité plus faible, un emploi instable, la toxicomanie et des symptômes de THADA tant pour les délinquants que pour les délinquantes. Les délinquants ayant un Q.I. plus faible ont obtenu des cotes globales de risque criminel et de besoins liés aux facteurs criminogènes plus élevées que les groupes n’ayant aucune déficience.

Un Q.I. plus faible était associé à un plus grand nombre de placements en isolement et d’accusations d’infractions disciplinaires tant pour les délinquants que pour les délinquantes. Comparativement aux délinquants ayant un Q.I. moyen ou élevé, ceux ayant un Q.I. plus faible étaient plus susceptibles d’être les instigateurs d’incidents de sécurité, mais ils n’étaient pas plus susceptibles d’en être les victimes. Les délinquantes ayant un Q.I. plus faible étaient tout aussi susceptibles d’être les victimes que les instigatrices de tels incidents. Même si les taux d’achèvement des programmes correctionnels chez les participants ayant des DI étaient plus faibles que ceux ayant un Q.I. moyen ou supérieur à la moyenne, ces taux demeurent plutôt élevés, soit 80 %. Les délinquants ayant un Q.I. plus faible étaient moins susceptibles de se voir accorder une mise en liberté discrétionnaire. Lors de la mise en liberté, le Q.I. était lié aux révocations de la mise en liberté des délinquants même lorsqu’on tenait compte de l’âge, des niveaux de risque et de besoins et de l’évaluation de la toxicomanie. Les taux de révocation étaient faibles pour les délinquantes, mais on a observé la même tendance qui établissait un lien entre un faible Q.I. et des résultats médiocres. Un Q.I. plus élevé était notamment un facteur de protection pour les délinquantes; aucune délinquante ayant un Q.I. supérieur à la moyenne n’a été réincarcérée pendant la période de suivi. Un volet qualitatif (de moindre envergure) de l’étude a mis en évidence les types d’aide fournis aux délinquants ayant les plus faibles Q.I. et les difficultés qu’ils ont éprouvées après la mise en liberté.

Ce que cela signifie

Les délinquants ayant un Q.I. plus faible ont besoin d’aide quant à la formation, à la formation sur l’emploi et à certains aspects du fonctionnement dans la collectivité, tandis que les délinquantes peu fonctionnelles ont besoin d’aide concernant tous les aspects de leur fonctionnement. C’est particulièrement le cas des délinquantes autochtones, dont les taux de déficience étaient beaucoup plus élevés que les délinquantes non autochtones. Les compétences enseignées dans les programmes correctionnels du SCC, et les techniques pédagogiques utilisées, concordent avec des approches efficaces en éducation spécialisée, et les objectifs de ces programmes, qui sont axés sur les compétences de maîtrise de soi, correspondent aux besoins des délinquants ayant un Q.I. plus faible identifiés dans la présente recherche.

Pour de plus amples renseignements

Stewart, Wilton, Kelly, Nolan et Talisman (2016). Déficiences intellectuelles chez les délinquants et les délinquantes sous responsabilité fédérale nouvellement admis : prévalence, profils et résultats. (Rapport de recherche R-367). Ottawa (Ontario) : Service correctionnel du Canada.

Vous pouvez joindre la Direction de la recherche par courriel ou par téléphone au 613-995-3975.

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