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Rapports de recherche

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Résultats d'une étude pilote du Programme d'entraide des
délinquantes


Kelley Blanchette
et
Gordana Eljdupovic-Guzina

Direction de la recherche
Service correctionnel du Canada

Août 1998


Remerciements

Nous tenons à remercier sincèrement Mme Karen Eamon, psychologue à l'Établissement d'Edmonton pour femmes (EEF), pour son aide et sa collaboration dans le cadre de la présente étude. Son profond désir d'améliorer la vie des femmes purgeant des peines au niveau fédéral est devenu apparent dès le début de cette enquête. Nous voulons également souligner les efforts de Michelle Tsutsumi et de Keri Thompson, psychologues adjointes. Le soutien qu'elles nous ont fourni en coordonnant l'exécution de ce projet a été indispensable. Colleen Dell, notre collègue à la Direction de la recherche au Service correctionnel du Canada, nous a fourni de l'aide essentielle durant la phase de collecte des données du projet. Son expérience auprès des délinquantes s'est avérée vitale lorsque nous avons mené des entrevues auprès des participantes à l'étude à l'Établissement d'Edmonton pour femmes. Nous reconnaissons également le précieux travail accompli par Craig Dowden, qui nous a aidés à gérer les données et à effectuer les analyses statistiques. Finalement, nous remercions l'ensemble du personnel et des délinquantes à l'Établissement d'Edmonton pour femmes. Leur disposition à faire connaître leurs points de vue et leurs expériences a contribué énormément au succès de l'étude.

Table des matières

Liste de tableaux

Introduction

Dans un rapport initial portant sur le comportement autodestructeur à la Prison des femmes à Kingston, Jan Heney (1990) a constaté que les délinquantes créaient spontanément un réseau d'entraide les unes pour les autres durant les périodes de crise et lorsqu'elles avaient besoin d'être réconfortées. Pour maintenir et renforcer les avantages de ces interactions où les co-délinquantes s'offrent un tel soutien, elle a recommandé que le réseau d'entraide créé parmi les détenues soit reconnu et rendu légitime. Par conséquent, on a élaboré un protocole et on a sélectionné et formé certaines délinquantes pour qu'elles agissent comme conseillères dans ce contexte sous les auspices des Services de psychologie/santé. Ainsi, en 1990, on a créé l'Équipe d'entraide des délinquantes (EED) à la Prison des femmes.

En réponse à des recommandations contenues dans le document La création de choix (Groupe d'étude sur les femmes purgeant une peine fédérale, 1990), on a modifié et décentralisé les services assurés à la Prison des femmes. En conformité avec les initiatives du Groupe d'étude, on a créé quatre nouvelles installations pour femmes dans les régions1 et un pavillon de ressourcement. C'est à ces endroits que sont incarcérées actuellement la plupart des femmes condamnées à purger une peine sous responsabilité fédérale. On a adopté un modèle de programme innovateur pour les délinquantes au niveau fédéral qui met l'accent sur le besoin d'offrir un traitement qui soit « holistique, axé sur la femme, adapté aux différences culturelles et favorise l'autonomie et l'estime de soi » (Service correctionnel du Canada, 1992).

À mesure que les délinquantes s'adaptent au nouvel environnement et aux nouvelles procédures opérationnelles appliquées au sein des installations régionales, les programmes sont créés et mis en œuvre en conformité avec la nouvelle philosophie sur laquelle reposent maintenant les services correctionnels destinés aux femmes. C'est pourquoi il est primordial de procéder à une évaluation en bonne et due forme des programmes offerts actuellement aux délinquantes.

En août 1997, on a élaboré un cadre d'évaluation en vue de la mise sur pied d'un programme consistant à créer une Équipe d'entraide des délinquantes, ou programme EED (Eljdupovic-Guzina et Blanchette). Pour établir ce cadre, on a étudié les ouvrages pertinents, consulté des conseillers dans le Secteur pour les délinquantes et à la Direction de la recherche (Administration centrale, Service correctionnel du Canada) et mené des entretiens par téléphone avec des employés ou des ex-employés de la Prison des femmes et des installations régionales où sont incarcérées les délinquantes. En bref, le cadre inclut un modèle de la logique du programme, une grille d'évaluation, différents aspects liés à la méthodologie appliquée et des protocoles pour différents instruments d'évaluation proposés.

En octobre 1997, le programme d'entraide des délinquantes était entièrement opérationnel dans un seul établissement régional, à savoir l'Établissement d'Edmonton pour femmes (EEF)2. Toutefois, dans les régions de l'Ontario et du Québec, on avait commencé à former des délinquantes pour qu'elles fassent partie de l'EED (Établissements de Grand Valley et de Joliette), en prévision de la mise en œuvre complète du programme au début de 1998. L'existence du programme EED à l'EEF fournissait donc une excellente occasion de procéder tôt à une analyse du cadre d'évaluation et de mener une enquête pilote sur l'efficacité du programme d'entraide des délinquantes.

Le présent rapport renferme un résumé des conclusions de l'étude pilote du programme EED à l'Établissement d'Edmonton pour femmes. Bien que les résultats de l'enquête indiquent que quelques légères modifications devraient être apportées au cadre d'évaluation proprement dit, ces changements ne sont pas décrits en détail. Le rapport vise plutôt à fournir un aperçu et une évaluation préliminaire du programme EED à l'Établissement d'Edmonton pour femmes.

Le restant du présent rapport se divise en trois grandes parties : méthode, résultats et conclusions. Dans la section décrivant la méthode, on trouve un aperçu des instruments et des procédures utilisés, ainsi qu'une description de l'échantillon obtenu aux fins de l'étude d'évaluation pilote. Dans la section portant sur les résultats, on trouve une description des conclusions auxquelles nous sommes arrivées suite à des analyses des données quantitatives et qualitatives. Finalement, les conclusions montrent certaines des limitations de l'étude et renferment des recommandations concernant les améliorations que l'on pourrait éventuellement apporter au programme EED à l'EEF et concernant son intégration dans d'autres établissements.


1 Ces installations régionales incluent l'Établissement Nova (Région de l''Atlantique), l'Établissement de Joliette (Région du Québec), l'Établissement de Grand Valley et l'Établissement d'Edmonton (Région des Prairies) pour femmes. Le Centre correctionnel de Burnaby (Région du Pacifique) héberge également une certaine proportion des femmes purgeant une peine fédérale en vertu de l'Entente fédérale-provinciale d'échange de services.

2 La Région de l'Atlantique (Établissement Nova) appliquait une version modifiée du programme EED, qui s'appelait 'aide réciproque entre délinquantes' ou 'encadrement mutuel'. Pour plus d'information, voir le document publié par Eljdupovic-Guzina et Blanchette (1997).

Méthode

Cadre d'évaluation

La méthodologie appliquée dans le cadre de l'étude pilote suivait de près celle décrite dans le document « Cadre d'évaluation du modèle de programme de l'Équipe d'entraide des délinquantes » (Eljdupovic-Guzina et Blanchette, 1997). Plus particulièrement, tandis que le cadre offrait trois possibilités d'évaluation (élémentaire, intermédiaire et approfondie), on a choisi la dernière option aux fins de l'enquête. L'option d'évaluation approfondie inclut une évaluation poussée et détaillée de chaque aspect précis du programme, examiné sous différents angles. Elle offre la possibilité à toutes les parties concernées (membres de l'EED, autres délinquantes et personnel) de participer à l'évaluation et d'exprimer leurs points de vue et leurs sentiments à propos du programme. Finalement, cette option d'évaluation, qui est la plus globale, permet d'utiliser une variété d'instruments et de techniques de collecte de données : examen d'ouvrages, sondages, entrevues directes, groupes d'étude, instruments de mesure de l'estime de soi et de la dynamique de groupe et évaluation de la perception qu'ont les délinquantes de l'environnement correctionnel dans lequel elles se trouvent.

Lorsqu'on a commencé l'étude pilote, le programme EED était déjà en cours à l'EEF. Ainsi, il a été nécessaire d'apporter quelques modifications au cadre d'évaluation approfondie. En particulier, du fait que le programme EED avait déjà été lancé à l'établissement, il était impossible de recueillir des données au moyen de prétests. Donc, les instruments de mesure utilisés normalement avant et après la mise en œuvre d'un programme ont servi à réunir des données uniquement après la mise en œuvre du programme à l'EEF. À cause de contraintes de temps et de problèmes liés au calendrier fixé pour l'étude, il a été impossible de compiler les données provenant des groupes de réflexion.

C'est pourquoi on s'est servi d'une version modifiée du cadre original d'évaluation approfondie de l'EED. Le lecteur trouvera une description de son application durant l'enquête dans la section Procédure plus loin.

Instruments

Échelle d'évaluation de l'estime de soi de Rosenberg

Cette mesure (Annexe A) évalue la « perception personnelle qu'a l'individu de sa propre valeur » (Beck, Steer, Epstein et Brown, 1990, p. 191). Cette échelle mesure l'estime de soi de façon générale, et les scores obtenus peuvent servir à prédire le comportement dans toutes sortes de situations (O'Brien, 1985). Au moment de sa conception, l'intention était que cet instrument soit administré avant et après la mise en œuvre du programme aux stagiaires/membres de l'EED. Les données obtenues étaient censées aider à évaluer les changements qui auraient pu survenir dans l'estime de soi suite à l'adhésion à l'Équipe d'entraide des délinquantes.

Tel que mentionné plus haut, il a été impossible d'obtenir de telles données avant la mise en œuvre du programme à l'EEF. Cependant, parce que l'instrument est si facile à administrer et à noter, on a décidé de l'inclure dans une batterie de mesures destinées aux délinquantes participant à l'étude. De plus, plutôt que de se limiter aux membres de l'EED, on a invité toutes les délinquantes à l'EEF à remplir le questionnaire. Ainsi, on a pu se faire une idée générale de l'estime de soi des répondantes à l'EEF et on disposera à l'avenir de données pouvant être comparées à celles fournies par des délinquantes incarcérées dans d'autres établissements régionaux.

Tests sociométriques

Les tests sociométriques (Northway et Weld, 1957) permettent de définir la dynamique personnelle et de groupe qui existe entre des personnes. Dans le cadre de l'étude pilote, le test consistait à demander à chaque délinquante de nommer et de classer, par ordre d'importance, trois individus en réponse à la question : « Vers qui vous tournez-vous lorsque vous avez besoin de soutien moral? ». Le simple test sociométrique qui a été utilisé durant l'enquête figure à l'Annexe B. Les premier et deuxième choix ont été consignés et représentés graphiquement dans un sociogramme (voir la section Résultats). Grâce à ce processus, on peut comprendre la structure d'un groupe, savoir quelle est la popularité de personnes en particulier (plus particulièrement des membres de l'EED), savoir s'il y a des 'cliques' au sein de la population carcérale et définir les interactions particulières entre les membres de l'EED. Par ailleurs, on obtient de l'information à propos du 'statut sociométrique' de délinquantes individuelles à l'EEF.

Dans le cadre d'évaluation approfondie, il était recommandé d'administrer le test sociométrique avant et après la mise en œuvre du programme pour repérer les changements dans la structure de groupe qui auraient été causés par l'EED. À l'EEF, de toute évidence, on a seulement pu administrer le test sociométrique une fois que le programme existait déjà.

Liste d'évaluation de l'environnement correctionnel

La Liste d'évaluation de l'environnement correctionnel (LEEC, Wolfus et Stasiak, 1996; voir l'Annexe C) mesure « "...les perceptions qu'ont les délinquantes de la qualité des environnements que l'on trouve au sein des établissements correctionnels » (p. 2). Il se compose de six catégories, établies suite à une analyse des facteurs significatifs : Cohésion du personnel, Participation du personnel, Priorités du traitement assuré par le personnel, Clarté et organisation, Relations entre les délinquantes et Orientation du traitement des délinquantes. Quatre des six catégories comportent des sous-catégories. La catégorie Participation du personnel inclut les sous-catégories Sensibilité, Bienveillance et Intérêt porté aux délinquantes. La catégorie Priorités du traitement assuré par le personnel inclut les sous-catégories Encouragement et Communication ouverte. La catégorie Relations entre les délinquants résume les réponses à trois catégories : Bienveillance réciproque, Entraide et Absence d'hostilité.

Finalement, la catégorie Orientation du traitement des délinquantes inclut les sous-catégories Résolution des problèmes et Orientation des changements.

L'application de cet instrument d'évaluation avant et après la mise en œuvre du programme peut fournir un indice du changement qui survient dans l'environnement correctionnel suite à la mise en œuvre du programme Équipe de soutien entre délinquantes. À l'EEF, la LEEC a été administrée après la mise en œuvre du programme. Étant donné que cet instrument recueille de l'information qui est reliée directement aux objectifs ou aux effets prévus du programme EED, il a été administré à toutes les délinquantes disposées à y répondre. Les construits subsumés dans les sous-catégories (Relations entre les délinquantes et le personnel, Relations entre les délinquantes, Entraide, Orientation du traitement) étaient censés fournir de l'information pertinente concernant le climat qui existe à l'EEF, tel que perçu par les délinquantes. De plus, on se servira de ces données dans le cadre d'éventuelles recherches futures où elles seront comparées à celles obtenues dans d'autres établissements régionaux pour femmes.

Sondages menés auprès du personnel/des délinquantes

Les sondages (Annexe D) ont été conçus principalement pour savoir si le personnel et les délinquantes étaient conscients du rôle et du fonctionnement de l'EED et quelles étaient leurs perceptions à cet égard.

Entrevues avec le personnel/les délinquantes

On considérait que la tenue d'entrevues avec divers membres du personnel et délinquantes (Annexe E) était essentielle aux fins d'obtention de données pour l'étude. Il y a lieu de noter que toutes les personnes avec lesquelles on s'est entretenu étaient des femmes, que le programme est mené dans une perspective « féministe » et que le cadre avait été conçu dans le but d'évaluer un nouveau programme, qui variait quelque peu d'un établissement à un autre. Les entrevues semi-structurées fournissaient l'occasion aux intéressées d'exprimer leurs propres points de vue, sentiments et idées à propos du programme EED sans imposer une structure particulière à suivre au moment de la formulation des réponses.

Procédure

Pour obtenir l'ensemble des données ayant servi à cette évaluation, on a collaboré avec la psychologue à l'EEF, qui y est la coordonnatrice du programme EED. Tel que mentionné, au moment où l'on a amorcé l'étude pilote, le Programme d'entraide des délinquantes était déjà offert à l'établissement. Deux groupes de stagiaires devant se joindre au programme avaient terminé leur formation, et un troisième groupe était en voie d'être formé en vue de son accréditation éventuelle en décembre 1997. Par conséquent, il a été nécessaire d'apporter quelques modifications au cadre d'évaluation approfondie (Eljdupovic-Guzina et Blanchette, 1997).

Au début d'octobre 1997, plusieurs exemplaires (n = 25 chacun) du test sociométrique, de l'Échelle d'évaluation de l'estime de soi de Rosenberg et des sondages destinés aux employées/délinquantes3 ont été envoyés à la coordinatrice du programme Équipe d'entraide des délinquantes à l'EEF. Dans les instructions décrivant la façon d'administrer les tests, on demandait que tous les instruments soient remplis par quiconque souhaitait participer à l'EEF. Le test sociométrique et l'Échelle d'évaluation de l'estime de soi de Rosenberg ont été administrés ensemble, et le protocole établi exigeait que les sondages soient distribués une journée (au moins) après cela.

En rétrospective, il se peut que l'administration du test sociométrique et de l'Échelle d'évaluation de l'estime de soi de Rosenberg ait réduit le taux de réponse au deuxième test4. Ces instruments d'évaluation ont été administrés d'une façon qui différait de la méthode prévue au moment de leur conception. Plus précisément, pour encourager les délinquantes à participer à l'enquête, on a ajouté une note aux instruments pour expliquer le but de l'étude. Les auteurs du présent document pensent que cette façon de procéder a pu encourager les participantes à répondre d'une certaine façon aux questions de l'Échelle d'évaluation de l'estime de soi et du test sociométrique. Depuis, on a élaboré des directives plus claires sur l'administration des tests en prévision de l'évaluation nationale des EED.

Dans la dernière partie du sondage, on demandait aux répondantes si elles étaient disposées à participer à une entrevue pour parler de leurs expériences de l'EED. Les répondantes au sondage qui se sont dites prêtes à participer à une entrevue directe ont été priées d'inscrire leur nom dans un espace réservé à cette fin dans le sondage (voir l'Annexe D).

Les délinquantes et les employées ont rempli les instruments d'évaluation susmentionnés en l'espace de deux semaines et les psychologues adjointes à l'EEF ont établi un calendrier provisoire des dates d'entrevue avant la dernière semaine d'octobre 1997. Il convient de signaler que de nombreuses personnes faisant partie de notre échantillon qui initialement n'avaient pas rempli les instruments d'évaluation ou qui avaient refusé de participer à une entrevue ont été convaincues plus tard de participer à une entrevue par la psychologue à l'établissement. Ici aussi, on s'est écarté du cadre initial en menant des entrevues avec des délinquantes qui ne faisaient pas partie de l'EED et qui n'avaient jamais fait appel aux services d'entraide des délinquantes. On a procédé ainsi pour donner l'occasion aux délinquantes n'ayant pas eu recours aux services d'exprimer leurs points de vue concernant l'EED et de fournir éventuellement des explications concernant les raisons pour lesquelles elles n'y avaient pas fait appel.

Les entrevues semi-structurées se sont déroulées à l'EEF, à des endroits à l'écart, et toutes les participantes ont signé une « formule de consentement donné en connaissance de cause » avant d'y participer.


3 La Liste d'évaluation de l'environnement correctionnel a été jointe aux sondages destinés aux délinquantes.

4 Le test sociométrique oblige nécessairement le répondant à s'identifier, tandis qu'il n'y aucune exigence de ce genre dans le cas de l'Échelle d'évaluation de l'estime de soi de Rosenberg.

Échantillon

Le nombre des participantes variait d'un instrument d'évaluation à un autre. Par exemple, certaines répondantes au sondage (employées et délinquantes) ont refusé de participer à des entrevues, d'autres délinquantes ont répondu au sondage, mais ont refusé de remplir l'Échelle d'évaluation de l'estime de soi et le test sociométrique et d'autres encore ont participé uniquement à l'entrevue. De même, un certain nombre de membres du personnel ont participé à la fois au sondage et aux entrevues, tandis que d'autres ont décidé de fournir de l'information en réponse à un seul des instruments d'évaluation.

À l'époque de la collecte des données, une cinquantaine de femmes étaient incarcérées à l'EEF, et sur ce nombre quatre étaient des membres de l'EED et deux venaient de s'en retirer. Toutes les délinquantes à l'EEF purgent des peines fédérales (de 2 ans ou plus) et sont classées au niveau de sécurité 'minimale' ou 'moyenne'.

Vingt-cinq femmes ont rempli le sondage mené auprès des délinquantes et la Liste d'évaluation de l'environnement correctionnel. Globalement parlant, les délinquantes ont également rempli vingt Échelles d'évaluation de l'estime de soi et 14 tests sociométriques. Pour les employées, la taille de l'échantillon était de 27 et les répondantes appartenaient à différentes professions à l'EEF (travailleuses de première ligne, dirigeantes d'équipe, psychologue, infirmière, travailleuse sociale, enseignantes et d'autres).

Treize des 25 délinquantes qui ont répondu au sondage ont accepté de participer à une entrevue en inscrivant leur nom à la fin du sondage. Cependant, tel que mentionné, la psychologue à l'établissement a convaincu plusieurs délinquantes d'y participer également après l'arrivée des enquêteuses à l'EEF. Il est à noter que l'on a informé toutes les délinquantes que si elles décidaient de participer à l'étude elles le feraient entièrement de leur plein gré. Tout consentement reposait sur une connaissance complète des faits et on a garanti l'anonymat pour toutes les délinquantes qui ont accepté de participer à l'étude.

Suite à cette procédure, on a mené en tout 24 entrevues avec des délinquantes. Les délinquantes qui y ont participé incluaient 4 membres de l'EED, 2 ex-membres5 de l'EED, 6 délinquantes qui suivaient une formation EED, 10 délinquantes qui avaient bénéficié de l'entraide assurée par les délinquantes et 2 autres délinquantes (qui n'étaient pas des membres et ne recevaient aucune entraide). On a fait preuve de beaucoup de souplesse dans l'application des protocoles d'entrevue. Cela était nécessaire parce qu'aucune méthode officielle n'avait été établie pour les entrevues avec les délinquantes qui : 1) n'étaient pas des membres de l'EED et qui n'avaient pas utilisé le service et 2) suivaient une formation EED, mais n'avaient pas encore terminé celle-ci ou commencé à offrir de l'entraide. En outre, certains membres de l'EED et stagiaires avaient bénéficié du service par le passé. Dans ces cas là, on a posé à ces délinquantes des questions concernant leurs expériences en tant que membres de l'EED et en tant que bénéficiaires de l'entraide.

On s'est entretenu avec douze membres du personnel, à savoir la directrice adjointe, la psychologue (coordonnatrice de l'EED), la psychologue adjointe, la travailleuse sociale, la professionnelle du domaine des soins de santé, la dirigeante de l'équipe, l'adjointe de la dirigeante de l'équipe et 5 travailleuses de première ligne. Cette grande diversité qui caractérisait les employées avec lesquelles on s'est entretenu à propos de l'EED a permis d'obtenir tout un éventail de perspectives du personnel.

Même si obligatoirement le personnel doit être composé de personnes des deux sexes dans toutes les nouvelles installations destinées aux femmes, une ordonnance d'exclusion est en vigueur à l'EEF. Ainsi, il n'y a pas de travailleur de première ligne à l'EEF et toutes les personnes qui ont été interviewées dans le cadre de l'étude étaient des femmes .


5 dont une délinquante qui était en permission de sortir au moment des entrevues.

Résultats

Échelle d'évaluation de l'estime de soi de Rosenberg

Vingt délinquantes ont rempli l'Échelle d'évaluation de l'estime de soi. Sur les 20 répondantes, 5 soit étaient des membres de l'EED, soit en étaient des anciens membres. Pour calculer les scores totaux, chaque item comportait une série de scores possibles allant de 1 (entièrement d'accord) à 4 (pas d'accord du tout). La moitié des items (2, 5, 6 ,8 et 9) comportaient une échelle de cotation inversée, c'est-à-dire que l'option « entièrement d'accord » donnait un score de 4, et « pas d'accord du tout », un score de 1. Ainsi, le fait d'obtenir un score plus faible à un item donné ou pour l'ensemble des items était une indication d'une meilleure estime de soi.

On a procédé à une série de tests T pour évaluer les écarts possibles dans les scores obtenus aux items entre les membres de l'EED et les répondantes n'en faisant pas partie. Les résultats de ces tests apparaissent dans le Tableau 1 ci-après.

Tableau 1: Échelle d'évaluation de l'estime de soi de Rosenberg : scores moyens obtenus par les deux groupes aux différents items
Items : Membres de l'EED Non-membres p
1. Dans l'ensemble, je suis satisfaite de moi-même 1,4 2,1 n s
2. Parfois, je pense que je ne vaux absolument rien 1,0 1,7 n s
3. J'estime que je possède un certain nombre de bonnes qualités 1,0 1,7 ,01
4. Je suis capable de faire les choses aussi bien que la plupart des autres personnes 1,0 1,8 ,006
5. J'ai l'impression qu'il n'y a pas beaucoup dont je peux être fière 1,8 2,0 n s
6. Il est vrai que parfois je me sens complètement inutile 1,4 2,1 n s
7. Je pense que j'ai de la valeur du moins tout autant que les autres 1,2 1,9 ,02
8. J'aimerais pouvoir me respecter davantage 2,8 2,5 n s
9. Dans l'ensemble, j'ai tendance à penser que j'ai échoué 1,2 1,9 n s
10. J'ai une attitude positive envers moi-même 1,2 1,9 n s

Comme le montre le Tableau 1, d'importants écarts sont apparus entre les deux groupes pour trois des dix items qui font partie de l'Échelle d'évaluation de l'estime de soi de Rosenberg. Qui plus est, dans chacun des cas, les membres de l'EED ont obtenu des scores plus faibles, ce qui semble indiquer que ces délinquantes ont une meilleure estime de soi. Pris ensemble, les écarts considérables entre les deux groupes laissent supposer que les membres de l'EED sont plus susceptibles de considérer qu'elles possèdent un certain nombre de qualités positives et qu'elles se comparent favorablement à d'autres personnes.

L'étendue des totaux possibles allant de 10 à 40, le score total moyen obtenu par les participantes faisant partie de l'échantillon était de 18,3 (DS = 5.5). Une comparaison des scores totaux obtenus par les cinq membres de l'EED et les 15 répondantes qui n'en faisant pas partie a confirmé la fiabilité statistique des écarts entre les deux groupes (p<0,05). Plus particulièrement, le score total moyen dans le cas des membres de l'EED (ou anciens membres) s'élevait à 14,0 (DS = 2,5), et le score total moyen obtenu par les non-membres était de 19,7 (DS = 5,5). Donc, il semble que le fait pour une personne d'appartenir à l'EED augmente son estime de soi, telle que mesurée par l'échelle de Rosenberg. L'application du cadre d'évaluation à l'échelle nationale permettra de comparer les scores obtenus à ce chapitre dans les différents établissements. De plus, en soumettant les personnes qui y participent à des prétests et à des post-tests, on sera mieux en mesure de déterminer si les scores relatifs à l'estime de soi sont plus élevés avant ou après l'adhésion à l'EED.

Test sociométrique

Tel que mentionné, quatorze délinquantes, dont deux membres et deux anciens membres de l'EED, ont participé au test sociométrique. Les résultats sont représentés dans le sociogramme (Figure 1) que l'on trouve à la page suivante. La représentation graphique inclut nécessairement plus de 14 femmes, puisque certaines des répondantes ont indiqué que des personnes n'ayant pas participé au test leur fournissent le « soutien moral » nécessaire. Par ailleurs, les enquêteuses estimaient qu'il était important d'inclure tous les membres et anciens membres de l'EED dans le diagramme.

Bien qu'il soit important de tenir compte du fait que seulement environ 30 % des délinquantes ont participé au test sociométrique, la Figure 1 nous permet de tirer certaines conclusions intéressantes. La conclusion principale et la plus apparente est qu'on fait beaucoup plus souvent appel aux anciens membres de l'EED qu'aux membres actuels de l'EED lorsqu'on a besoin de soutien moral. En réalité, une délinquante qui en faisait partie auparavant a été citée comme source de soutien moral par plus de la moitié de ses co-délinquantes (7 sur 13). De plus, cinq délinquantes ont indiqué que l'autre ancien membre de l'EED leur offrait ce genre de soutien.

Il faut se rappeler que la méthode d'administration des tests sociométriques risque d'avoir 'prédisposé' les répondantes. Plus particulièrement, il se peut que l'avis envoyé pour encourager les délinquantes à participer à l'étude et dans laquelle on expliquait la nature de celle-ci ait incité les répondantes à penser tout particulièrement à des membres de l'EED lorsqu'elles ont formulé leurs réponses. Qui plus est, il se peut que les résultats aient été influencés par des sentiments de désirabilité sociale, ce qui se produit lorsque des participants à une étude donnent les réponses qui, d'après eux, plairont aux chercheurs.

En dépit de ces facteurs risquant d'avoir faussé les résultats, seulement deux des quatre personnes membres de l'EED ont été citées par les délinquantes comme leur premier et deuxième choix lorsqu'elles ont besoin de soutien moral. Autre fait intéressant, les deux membres de l'EED qui n'ont pas été choisis comptent sur des anciens membres pour leur fournir le soutien moral dont elles ont besoin.

Même si le but du sociogramme était d'examiner les relations entre les délinquantes, un certain nombre de femmes ont indiqué qu'elles se tournent vers les employées lorsqu'elles ont besoin de soutien. Les membres du personnel qu'elles ont ainsi mentionnés incluaient la psychologue, l'aumônier et trois travailleuses de première ligne (une délinquante a précisé que 2 travailleuses de première ligne représentaient ses deux principaux choix). Il s'agit là d'un aspect prometteur, puisque les installations régionales ont été conçues selon un modèle de 'vie communautaire', où les travailleuses de première ligne offrent un soutien aux délinquantes (plutôt que de mettre l'accent sur l'élément punitif de leur peine).

Finalement, les résultats des tests sociométriques n'ont révélé qu'une seule relation réciproque entre les délinquantes (voir la Figure 1, plus haut). Les conclusions que l'on pourra tirer d'une étude nationale aideront à établir si cela est typique de l'environnement carcéral dans toutes les installations réservées à des femmes ou s'il s'agit d'une anomalie limitée à l'échantillon étudiée à l'EEF.

Liste d'évaluation de l'environnement correctionnel

Vingt-cinq délinquantes ont rempli la Liste d'évaluation de l'environnement correctionnel. Du fait que cette liste était jointe au sondage remis aux délinquantes, on a obtenu quelques renseignements additionnels. Plus particulièrement, les chercheuses ont découvert que 11 répondantes avaient eu recours aux services de l'EED par le passé (14 n'y avaient jamais fait appel) et que 6 répondantes étaient des membres (ou des anciens membres) de l'EED au moment ou le sondage a été rempli.

Pour un certain nombre d'items (1, 3, 8, 19, 25, 48, 56, 60, 61 et 64), le score a été inversé avant le calcul des totaux obtenus pour les sous-catégories. Ainsi, plus les scores obtenus pour chacun des items et des catégories était élevé, plus la perception de l'environnement correctionnel était favorable. L'interrelation des six sous-catégories6 (cohésion du personnel, participation du personnel, priorités du traitement assuré par le personnel, clarté et organisation, relations entre les délinquantes et orientation du traitement des délinquantes) a révélé des relations significatives entre certains des construits mesurés à l'aide de la LEEC. Les résultats de ces analyses apparaissent dans le Tableau 2.

Tableau 2 : Interrelations entre les sous-catégories de la LEEC
Cohésion du personnel Participation du personnel Priorités du traitement assuré par le personnel Clarté et organisation Relations entre les délinquantes Orientation du traitement des délinquantes
(1) (2) (3) (4) (5) (6)
1 -
2 ,50* -
3 ,42* ,74*** -
4 ,61** ,79*** ,62*** -
5 ,42 ,41* ,59** ,51** -
6 ,34 ,11 ,35 ,27 ,33 -

Note: *p<,05; **p<,01; ***p<,001

Le lien étroit entre la participation du personnel et l'orientation du traitement assuré par le personnel laisse supposer que les femmes qui perçoivent le personnel comme sensible, bienveillant et intéressé seront probablement plus portées à voir ce personnel comme accomplissant un rôle de réadaptation (plutôt que punitif). Par ailleurs, l'attribution de cotes plus positives en ce qui concerne le personnel correctionnel, telle que mesurée au moyen de l'échelle portant sur la participation du personnel, s'accompagne d'une perception plus optimiste de l'environnement que l'on trouve à l'établissement, du point de vue de son organisation et de sa clarté. Finalement, lorsque la perception du personnel correctionnel est plus positive, la perception des autres délinquantes l'est également, pour ce qui est de la façon dont elles s'occupent les unes des autres, l'entraide assurée et l'absence d'hostilité.

Par souci d'uniformisation des mesures obtenues au moyen de la LEEC, on a calculé des scores moyens (de 1 à 5) pour toutes les catégories et sous-catégories. Pour ce faire, on a divisé le score total obtenu par chaque répondante à une catégorie (ou sous-catégorie) par le nombre d'items faisant partie de la catégorie. On a ensuite procédé à des analyses statistiques pour comparer les résultats obtenus par les délinquantes ayant bénéficié de soutien de la part de l'EED (n = 11) à ceux obtenus par les autres délinquantes (n = 14) et les scores obtenus par les membres de l'EED (n = 6), à ceux obtenus par les non-membres (n = 19) pour l'ensemble des catégories. Les scores moyens étaient pratiquement identiques pour tout le groupe, à tous les égards. On peut en conclure que les groupes ont plus ou moins la même perception de l'environnement qui existe à l'EEF du point de vue de la participation et de la cohésion du personnel, des priorités et de l'orientation du traitement des délinquantes et des relations entre celles-ci. Cependant, il est important de tenir compte du fait que la taille du groupe était fort restreinte, ce qui a réduit la fiabilité des tests statistiques.

Les scores moyens obtenus à l'ensemble des catégories et sous-catégories, par tous les groupes, apparaissent dans le Tableau 3. Du fait qu'un score plus élevé dénote une perception plus favorable de l'environnement correctionnel, les sous-catégories 'hostilité' et 'absence d'intérêt' (voir l'Annexe E) ont été rebaptisés 'absence d'hostilité' et 'intérêt', respectivement.

Les tailles maximales des échantillons sont indiquées dans le Tableau 3. Quelques participantes n'ont pas fourni de réponse pour certaines des sous-catégories. Par conséquent, la taille des échantillons a fluctué légèrement.

Tableau 3 : Score moyen pour les catégories et sous-catégories de la LEEC : répartition par groupe
Catégorie / Sous-catégorie Bénéficiaires du soutien de l'EED Non-bénéficiaires Membres de l'équipe Non-membres
(n = 11) (n = 14) (n = 6) (n = 19)
Participation du personnel 3,2 3,3 3,2 3,4
Sensible 3,8 3,7 3,1 2,9
Bienveillant 3,5 3,4 2,9 3,6
Intéressé 3,5 3,9 3,8 3,8
Priorités du traitement assuré par le personnel 3,6 3,3 3,6 3,2
Encouragement 3,9 3,6 3,8 3,6
Communication ouverte 3,2 2,9 3,3 2,8
Cohésion du personnel 3,8 3,7 3,6 3,6
Clarté et organisation 3,5 3,7 3,5 3,6
Orientation du traitement des délinquantes 4,2 4,0 3,7 3,6
Résolution des problèmes 4,8 4,3 4,5 4,4
Orientation axée sur le changement 3,7 3,6 3,6 3,6
Relations avec les délinquantes 3,0 3,1 3,2 3,1
Aide réciproque 3,3 3,4 3,1 3,3
Entraide 2,7 2,8 3,1 2,4
Absence d'hostilité 2,7 2,9 2,9 2,8
Orientation axée sur le changement 3,7 3,6 3,6 3,6

Les données provenant d'un échantillon national pourraient révéler des écarts significatifs sur le plan statistique entre les groupes, alors que dans le cas de la présente étude ils étaient négligeables. En outre, les chercheurs se servent actuellement de la LEEC pour recueillir des données préalables à la participation au programme, ce qui permettra de procéder ultérieurement à une analyse des différences éventuelles qui surviennent dans la perception qu'ont les délinquantes de leur environnement correctionnel avant et après leur participation au programme.


6 Les items individuels qui font partie de chacune des sous-catégories figurent à l'Annexe E.

Sondages menés auprès des délinquantes

Tel que mentionné, 25 délinquantes ont répondu aux sondages. Le taux de réponse était de 6 contre 19 dans le cas des membres et non-membres de l'EED et de 11 contre 14 pour les bénéficiaires et non-bénéficiaires du soutien, respectivement. L'âge moyen des répondantes était de 34,5 ans (DS=9,1; âge=21 à 58 ans). La durée des peines variait de 2 ans à l'incarcération à perpétuité, et leur durée moyenne (à l'exclusion des condamnées à perpétuité) était de 5,1 ans. Les répondantes avaient purgé en moyenne 2,2 ans en établissement, la longueur de la période d'incarcération allant de 3 semaines à 17 ans. Toutefois, étant donné que l'EEF est une installation relativement nouvelle, le temps d'emprisonnement moyen à cette installation était seulement de 9 mois.

Chose surprenante, plus de 10 % (3 sur 25) des répondantes ont déclaré ne pas avoir connaissance du programme EED ni de la possibilité de bénéficier de counseling de la part d'autres délinquantes. Qui plus est, il n'y avait aucune raison évidente pour laquelle cette ressource n'aurait pas été connue d'elles. Les chercheuses ont émis l'hypothèse que les femmes qui n'étaient pas au courant des services offerts par l'EED étaient à l'EEF depuis moins longtemps. Cependant, on n'a constaté aucune différence significative dans les moyennes concernant la partie de la peine purgée, le temps d'incarcération à l'EEF, l'âge des délinquantes ou la durée de la peine. Or, pour un grand nombre des questions faisant partie du sondage destiné aux délinquantes, on suppose que celles-ci connaissent le programme EED. Ainsi, les trois participantes qui ont affirmé ne jamais avoir entendu parler du programme EED auparavant ont été exclus d'un certain nombre des analyses.

Les femmes (n= 22) à l'EEF ont appris l'existence des services offerts par l'EED de différentes façons : avis affichés (n= 8), co-délinquantes (n= 8), membres de l'EED (n= 6) et autres sources (n= 7). Il convient de noter que de nombreuses répondantes ont indiqué en avoir appris l'existence de différentes manières. Les 'autres' manières dont elles en avaient pris connaissance incluaient le fait d'en avoir été informé par la psychologue et/ou la professionnelle des soins de santé à l'établissement, d'en avoir entendu parler au moment de l'admission, d'avoir été invitée à suivre une formation pour devenir membre de l'équipe et d'en avoir fait l'expérience auparavant à la Prison des femmes. Une répondante seulement était consciente des services offerts par l'EED sans connaître les noms des membres de l'équipe. Deux des 22 femmes ont déclaré n'avoir aucune idée de la manière d'obtenir du counseling.

Sur les 22 femmes qui connaissaient le programme EED, 50 % ont indiqué qu'elles y avaient eu recours au moins une fois. Celles qui en avaient bénéficié ont signalé qu'elles y avaient eu recours une seule fois (n=2), de deux à cinq fois (n=7) ou plus de cinq fois (n=2). La plupart des femmes (7 sur 11), avaient bénéficié de counseling exclusivement après avoir présenté une demande officielle à cette fin, mais quelques-unes (n=4) ont indiqué avoir obtenu le soutien officiellement et officieusement. Il est intéressant de noter que trois bénéficiaires des services offerts par l'EED ont déclaré qu'à une occasion au moins, elles avaient demandé à obtenir un tel soutien et que le personnel le leur avait refusé. Cependant, d'après l'information obtenue durant les entrevues avec le personnel et les délinquantes (entretiens décrits plus loin), des incidents de ce genre se sont produits uniquement avant l'adoption de l'ordre permanent portant sur les services d'entraide des délinquantes à l'EEF. Cet ordre permanent renferme un protocole précis expliquant aux employés comment appliquer les politiques et les procédures du programme d'entraide des délinquantes.

Tel que mentionné, trois femmes ne savaient pas que les services EED existaient et, par conséquent, n'y avaient jamais fait appel. Onze autres répondantes ont dit connaître l'EED, mais n'y avoir jamais eu recours pour différentes raisons. L'explication la plus courante (7 sur 11) était qu'elles n'en avaient jamais ressenti le besoin. Quelques femmes (n=4) ont affirmé qu'elles n'étaient pas convaincues que l'information communiquée aux membres de l'EED demeurerait confidentielle. Une répondante seulement a fait savoir qu'elle ne se sentait pas à l'aise avec aucun des membres de l'équipe. Finalement, trois répondantes ont déclaré qu'elles n'avaient jamais utilisé les services offerts par l'EED parce qu'elles font partie de l'équipe. Cela laisse entendre qu'il est nécessaire de mieux faire comprendre aux membres de l'EED qu'il est normal et sain de demander de l'aide occasionnellement aux autres délinquantes et que les personnes qui offrent un soutien aux autres peuvent également en recevoir.

Les utilisatrices des services offerts par l'EED ont donné de nombreuses raisons qui les avaient incitées à faire appel à ces services, la raison la plus fréquente étant qu'elle souhaitaient combattre des sentiments de solitude (n=5), de dépression (n=5) et de colère (n=5). Deux femmes ont indiqué qu'elles avaient fait appel à ces services lorsqu'elles avaient des tendances autodestructrices, et une répondante a indiqué qu'elle s'était tournée vers l'équipe lorsqu'elle avait des pensées suicidaires7. Il convient de signaler aussi que deux femmes ont affirmé qu'elles avaient fait appel à l'EED plutôt qu'aux services psychologiques professionnels lorsque ceux-ci n'étaient pas disponibles. Même si les participantes au sondage pouvaient choisir une option précisant qu'elles avaient utilisé le service offert par l'EED après avoir eu une querelle avec des membres du personnel ou d'autres délinquantes, aucune des répondantes n'a indiqué avoir eu recours à l'EED pour cette raison.

Dans le sondage, il y avait également la possibilité de fournir une courte réponse libre à la question « pourquoi avez-vous demandé à obtenir du counseling de l'EED? ». Certaines des raisons étaient fort intéressantes. Un membre de l'EED a signalé qu'elle avait utilisé le service (en faisant appel à un autre membre) pour « faire le point à la suite d'une séance de l'EED qui avait été ardue ». À noter que ce membre de l'EED reconnaît son rôle à la fois comme prestataire de soutien et comme bénéficiaire de l'entraide assurée par des co-délinquantes. Cette attitude favorise la création d'un environnement de coopération qui profite à toutes les délinquantes.

Parmi les autres réponses à cette question ouverte, on lisait les suivantes : « parce qu'elle a vécu ce que je vis actuellement », « parce que je voulais simplement parler à quelqu'un » et « pour voir comment les choses se passent ici [à l'EEF] ». Clairement, les récipiendaires des services offerts par l'EED perçoivent les services comme une occasion de faire connaître leurs problèmes ou leurs angoisses à d'autres délinquantes. Certaines femmes utilisent le service en quelque sorte comme un programme d'orientation officieux à l'établissement. Finalement, trois femmes ont expliqué qu'elles se servaient des services d'entraide des délinquantes pour les aider à régler différents problèmes ayant trait à leurs enfants, ayant trait aux services sociaux ou ayant trait à des questions de tutelle légale et aux médias. Même si généralement, il est plus approprié d'en parler à des professionnels, un grand nombre de délinquantes ont dit ne pas faire confiance au personnel ni à l'autorité.

Les 11 bénéficiaires des services assurés par l'EED ont déclaré qu'elles les avaient trouvés extrêmement utiles. Sur une échelle de 1 (pas utile du tout) à 10 (extrêmement utile), les scores allaient de 7 à 10, le score moyen étant de 9. Les scores pouvant être attribués en réponse à la question « le counseling assuré correspondait-il à vos attentes? » allait de 1 (pas du tout) à 10 (tout à fait). Les scores attribués variaient de 5 à 10, et la moyenne était de 8,7.

Les participantes ont eu l'occasion d'expliquer comment l'EED avait ou n'avait pas satisfait à leurs attentes. Toutes les réponses étaient favorables, ce qui indiquait que les attentes des délinquantes concernant leur expérience auprès de l'EED avaient été satisfaites. Les répondantes ont fourni de nombreuses raisons pour cela, à la fois sur le plan pratique et personnel. Parmi les réponses de nature personnelle fournies aux questions ouvertes, il y avait les suivantes : « [membre de l'EED] m'a donné de nombreux conseils », « c'était bien de pouvoir parler à une autre délinquante qui connaissait et qui connaît bien les employés et les attitudes ici à l'EEF », « [membre de l'EED] m'a laissée parler pendant tout l'entretien », « [membre de l'EED] connaissait ma situation puisqu'elle était passée par là », « [membre de l'EED] m'a été d'un grand soutien », « je me sens mieux », « j'ai vidé mon sac » et « [membre de l'EED] m'a aidée à combattre ma solitude ».

Les répondantes ont également indiqué que l'EED avait satisfait à leurs attentes sur le plan pratique. Voici certains des commentaires faits : « parce qu'elles m'ont expliqué à quoi m'attendre une fois que je quitterais l'Unité à encadrement renforcé8 », « [membre de l'EED] m'a été d'un grand soutien en me permettant d'aller voir la psychologue », et « [membre de l'EED] m'a aidée à me calmer, à obtenir des numéros de téléphone et faire les appels nécessaires ».

En ce qui concerne la vitesse à laquelle le counseling a été assuré par l'EED, les répondantes semblaient très satisfaites. Les cotes attribuées sur une échelle de 10 points (1=pas du tout satisfaite; 10=entièrement satisfaite) étaient de 9 en moyenne (étendue = de 5 à 10). Ainsi, toutes les répondantes ont signalé que le personnel s'est rapidement mis en rapport avec le membre de l'EED choisi, qui a donné suite à la requête de counseling en très peu de temps.

La majorité des bénéficiaires du soutien assuré par l'EED (n=7) ont fait savoir qu'elles avaient été excusées de leurs autres tâches afin de pouvoir recevoir le counseling. Quatre femmes ont signalé qu'elles n'avaient pas été excusées de leurs autres responsabilités à cette fin. Il n'a toutefois pas été confirmé si cette pratique (c.-à-d. le fait d'être excusées des autres activités) était nécessaire. On veillera à ce que cette question du sondage soit formulée plus clairement en prévision de l'étude nationale.

Sur les 22 répondantes qui avaient connaissance des services offerts par l'EED, la moitié avaient le sentiment que l'atmosphère à l'EEF avait changé depuis la mise en œuvre du programme. Fait intéressant, sur les 11 femmes qui pensaient que l'atmosphère avait changé, 5 avaient bénéficié du service et 6 n'y avaient pas eu recours. En réponse à la question ouverte portant sur la nature du changement, trois femmes ont dit que les changements étaient négatifs et huit, qu'ils étaient positifs. Les réponses positives et négatives avaient trait surtout aux relations entre le personnel et les délinquantes.

Les facteurs négatifs signalés incluaient de la résistance au programme de la part du personnel, ce qui avait causé de la tension dans les relations entre les employées et les délinquantes, et du favoritisme flagrant envers les délinquantes qui faisaient partie de l'Équipe d'entraide des délinquantes. Voici certains des commentaires faits par les répondantes qui pensaient que l'atmosphère s'était améliorée grâce à l'EED : « le personnel nous traite comme des êtres humains, et non pas comme des animaux », « lorsque c'est nécessaire, le personnel offre un soutien » et « maintenant le respect est réciproque ». En outre, certaines répondantes trouvaient que les relations entre les délinquantes s'étaient améliorées et mentionnaient dans ce contexte une diminution au chapitre des besoins, une dynamique améliorée, des attitudes plus positives entre les délinquantes et la possibilité (en tant que membre de l'EED) d'agir comme exemple auprès des autres délinquantes.

La majorité des répondantes (19 sur 22) ont signalé que l'EED n'a jamais été utilisée à d'autres fins. Celles qui signalaient des abus du service affirmaient que l'on s'était servi de l'EED pour rendre visite à des amies ou pour passer du temps à l'écart avec elles. Toutefois, deux des trois répondantes qui ont fait de telles affirmations ont noté que de ce genre d'incidents avaient été rares et que les membres de l'EED s'opposent à l'utilisation non appropriée du programme.

En réponse à la question « pensez-vous que, grâce au programme EED, vous comprenez mieux les questions auxquelles font face les femmes? », cinq délinquantes ont déclaré que le programme avait effectivement eu ce résultat. Cependant, les explications fournies par elles concernant les connaissances

acquises n'avaient rien à voir avec les questions auxquelles font face les femmes, ce qui nous amène à conclure que cette question devrait être formulée plus clairement ou éliminée dans le cadre de toute recherche future portant sur le programme EED.

En résumé, les données recueillies au moyen du sondage mené auprès des délinquantes révèlent qu'à quelques exceptions près, les femmes incarcérées à l'EEF appuient entièrement le programme EED. Plus précisément, les répondantes font appel au soutien que peuvent leur donner d'autres délinquantes pour une variété de raisons personnelles et pratiques, les expériences qu'elles ont eues à l'égard du programme sont qualifiées de favorables, et le programme est perçu de façon générale comme améliorant l'atmosphère à l'établissement, du fait qu'il favorise l'amélioration des relations entre le personnel et les délinquantes et entre les délinquantes.


7 Les membres de l'Équipe d'entraide des délinquantes sont censés faire intervenir des professionnels(dans le domaine de la psychologie) lorsqu'une délinquante les informe qu'elle souhaite se suicider.

8 Au moment de l'admission, les délinquantes sont placées dans une unité séparée « à encadrement renforcé » afin d'y être observées et évaluées avant de se joindre à la population carcérale générale. Elles passent en moyenne de 2 à 3 semaines dans cette unité.

Sondage mené auprès du personnel

Vingt-sept personnes ont répondu au sondage mené auprès du personnel, y compris des travailleuses de première ligne (10), des dirigeantes d'équipe et des adjointes de dirigeante d'équipe (4), une psychologue (1), une directrice d'établissement (1), une infirmière (1), une travailleuse sociale (1), une enseignante (1) et d'autres personnes / personnes appartenant à des catégories inconnues (8). En moyenne, ces personnes occupaient leur poste actuel à l'EEF depuis un an et demi. Cependant, elles avaient en moyenne 3 ans d'expérience auprès des délinquantes, la longueur de leur expérience allant de 4 mois à 16 ans.

Toutes les répondantes parmi le personnel étaient au courant de l'existence du programme EED à l'EEF et ont signalé en avoir été informées de différentes façons : correspondance circulant à l'établissement (notes de service, réunions du personnel), avis affichés, psychologue/coordonnatrice de l'EED, et expérience personnelle dans le cadre de la mise sur pied du programme. Fait surprenant, un grand nombre des employées ont également indiqué que c'était des délinquantes qui les avaient informées de l'existence du programme EED. La vaste majorité des employées (25 sur 27) disaient savoir qui étaient les membres de l'EED et quelle est la marche à suivre lorsqu'elles reçoivent une demande de counseling.

Dans le sondage destiné au personnel, on demandait aux répondantes de coter l'EED, sur une échelle allant de 1 (pas utile du tout) à 10 (très utile), pour ce qui était de son efficacité dans le cadre de l'intervention dans les situations de crise dans lesquelles sont impliqués a) des délinquantes individuelles et b) tout l'établissement. Sur les deux plans, l'EED était assez bien cotée, et la cote moyenne attribuée pour son efficacité dans les situations de crise individuelles s'élevait à 7,2 et, dans les situations d'urgence impliquant tout l'établissement, à 6,6. Les scores attribués allaient de 3 à 10 et de 2 à 10, respectivement.

La moitié des répondantes ont indiqué que l'atmosphère à l'EEF avait changé suite à la création de l'EED. Il est à noter que la réponse fournie semblait dépendre de la profession exercée, en ce sens que les travailleuses de première ligne et les dirigeantes d'équipe étaient moins portées que les autres à penser que l'atmosphère à l'établissement avait changé. Excepté une personne, toutes les répondantes trouvaient que les changements qui étaient survenus dans l'atmosphère à l'établissement étaient positifs. Ici aussi, la majorité des réponses avaient trait à l'établissement de liens plus solides et constructifs entre le personnel et les délinquantes et entre les délinquantes. Certaines ont fait valoir que depuis la mise en œuvre du programme d'entraide des délinquantes, les délinquantes semblent mieux capables de faire face à leurs problèmes personnels, ce qui réduit le nombre des situations de crise. Ainsi, une répondante a déclaré que le niveau de stress pour le personnel avait diminué (« réduction du fardeau »). Finalement, un membre du personnel seulement a indiqué un changement (peut-être) négatif à l'EEF depuis la mise en œuvre du programme EED. Elle a affirmé que les « délinquantes parlaient davantage au personnel avant l'instauration du programme ».

Dans le sondage, on demandait aux employées dans quelle mesure elles faisaient confiance aux membres de l'EED, sur une échelle allant de 1 (pas confiance du tout) à 10 (entièrement confiance). Les résultats ont révélé que le degré de confiance dont elles font preuve à l'égard des membres de l'EED est modérément élevé, la moyenne étant de 6,0 (étendue = de 2 à 10). De plus, toutes les répondantes sauf une convenaient que cette confiance variait d'un membre de l'équipe à un autre.

La majorité (75 %) des répondantes au sondage destiné au personnel ont signalé que des changements positifs étaient survenus auprès des membres de l'EED depuis leur admission au programme. Le changement le plus couramment mentionné était la disposition des membres de l'équipe à rendre compte de leurs actes et à en être tenus responsables. On estimait aussi que ces délinquantes étaient plus mûres, étaient mieux capables de réagir aux problèmes, avaient une meilleure estime de soi et étaient plus sûres d'elles-mêmes. Une employée seulement trouvait que l'adhésion à l'EED avait eu un effet négatif, en ce sens que les membres de l'EED avaient fini par se sentir supérieurs aux autres délinquantes.

Au moment de leur évaluation de la question de savoir si le programme EED renforce les effets des autres interventions à l'établissement, le personnel a réagi assez favorablement. Plus précisément, sur une échelle de 1 (pas du tout) à 10 (dans une large mesure), le fait d'adhérer à l'EED était coté en moyenne à 7,2 (étendue = de 3 à 10). Dans le cas des non-membres (c.-à-d. des bénéficiaires ou des bénéficiaires potentielles), la cote moyenne attribuée par le personnel était légèrement inférieure, s'élevant à 6,4 (étendue = de 3 à 10).

Lorsqu'on leur a demandé si le programme EED avait jamais aggravé une situation de crise ou un problème, trois membres du personnel ont indiqué que cela s'était effectivement produit. Deux répondantes ont mentionné des situations ou de l'information personnelle divulguée durant les séances avec l'EED avait fait l'objet d'une 'fuite' et avait été communiquée à la population carcérale à l'établissement, ce qui avait constitué une violation de la confidentialité garantie aux bénéficiaires. Une employée a indiqué que l'EED « était utilisée parfois pour obtenir de la drogue - les 'fouilles par palpation' ne sont pas permises dans le contexte de l'entraide des délinquantes ». Il est à observer que les enquêteuses ont reçu des témoignages contradictoires concernant la 'fouille par palpation' des membres de l'EED. Tandis que certaines employées et délinquantes ont déclaré que les membres de l'EED ne sont pas fouillés avant ou après le soutien accordé, les administratrices du programme EED ont avancé ce qui suit : 1) que les membres de l'équipe sont 'fouillés par palpation' avant et après le soutien accordé aux délinquantes à l'Unité à encadrement renforcé et 2) que lorsque les membres de l'équipe assurent un soutien dans le bâtiment d'administration principal, elles sont 'fouillés' par palpation uniquement après la séance de l'EED.

Même si les employées ont fait état de seulement deux problèmes ou situations de crise causés (éventuellement) par l'EED, ces deux incidents risquent d'avoir de graves conséquences pour les délinquantes impliquées et pour les employées responsables de ces dernières. L'évaluation de l'EED à d'autres établissements pour femmes permettra de savoir si d'autres membres du personnel ont de sérieuses préoccupations de ce genre.

Toutes les répondantes au sondage destiné au personnel ont indiqué qu'à l'occasion le programme EED avait été utilisé à d'autres fins. La vaste majorité (18 sur 22) ont suggéré que, dans ces cas-là, le soutien avait été obtenu « par simple désir de se rendre visite » alors qu'il n'y avait aucune situation de crise réelle. De même, des répondantes ont signalé que certaines femmes qui sont mises en liberté et qui sont ensuite réincarcérées à l'EEF font appel à l'EED pendant qu'elles se trouvent à l'Unité à encadrement renforcé pour « prendre connaissance des nouveaux potins » ou pour « bavarder avec leurs amies ». Finalement, un membre du personnel a suggéré que le service EED avait été utilisé par des délinquantes pour s'absenter du travail ou pour l'éviter.

En dépit de cela, les répondantes au sondage destiné au personnel ont admis que ces utilisations du programme à d'autres fins n'avaient pas eu de graves effets négatifs. Si on examine les résultats du sondage, on peut conclure que les employées à l'EEF appartenant aux différentes professions voient le programme EED d'un œil favorable. Toutefois, comme c'est le cas pour n'importe quel modèle de traitement de délinquantes, il y a quelques légers obstacles qui nuisent au parfait fonctionnement du programme.

Entrevue avec les employées / délinquantes

Les entrevues menées avec des employées et des délinquantes ont joué un rôle extrêmement important dans le cadre de l'évaluation des services d'entraide des délinquantes à l'EEF. Plus particulièrement, les entrevues constituaient la première source de données permettant de répondre aux questions et d'obtenir de l'information relativement aux sujets d'évaluation énoncés dans le cadre (Eljdupovic-Guzina et Blanchette, 1997, p. 47-50). En outre, les employées ont fourni un contexte pour l'interprétation et la compréhension des résultats obtenus par d'autres moyens (sociogramme, LEEC, sondages, Échelle d'évaluation de l'estime de soi). Tout en tenant compte de ces facteurs, nous décrirons les résultats des entrevues avec les employées et les délinquantes dans le contexte des questions et sujets d'évaluation pour lesquels ces entrevues étaient censées fournir des données. Plus particulièrement, les grands thèmes qui se sont dessinés durant les entrevues avec le personnel et les délinquantes seront présentés par rapport à des questions d'évaluation précises. Chaque grand sujet d'évaluation est suivi de trois questions d'évaluation que les chercheuses considéraient comme importantes et pertinentes dans le contexte de l'enquête.

Sujets et questions d'évaluation :

  1. Justification du programme : ce programme est-il nécessaire?

    1. Les activités et les résultats du programme sont-ils reliés de sorte à ce que les effets escomptés soient obtenus d'une manière qui soit valide et logique?

      Peu d'ouvrages ont été publiés sur la question de l'entraide des délinquantes. Or, si l'on examine les ouvrages existants et si l'on consulte les personnes qualifiées (Eljdupovic-Guzina et Blanchette, 1997), on constate que les chercheurs actuels reconnaissent que les activités reliées à l'EED semblent à la fois valides et logiques, du point de la vue de la réalisation des objectifs du programme.

      Lorsqu'on cherche à établir un lien entre les activités du programme et ses effets espérés, il est nécessaire de prévoir une étape intermédiaire, à savoir l'obtention d'extrants ou de résultats. En bref, il faut que les activités s'inscrivant dans le cadre du programme fournissent des résultats tangibles qui peuvent alors clairement être reliés aux impacts immédiats et à long terme. Si l'on se reporte au modèle de logique du programme (Eljdupovic-Guzina et Blanchette, 1997, p. 23), on constate qu'un certain nombre d'extrants sont associés aux activités du programme EED. L'impact immédiat des séances de counseling officielles et officieuses se présente sous la forme d'une intervention dans les situations de crise, c'est-à-dire d'une intervention et d'un soutien assurés aux bénéficiaires du service. Les effets prévus à long terme incluent une gestion plus efficace de l'établissement et la prise en charge de soi chez les femmes qui participent au programme.

    2. Y a-t-il de bonnes raisons d'offrir ce programme à l'établissement?

      D'après l'étude des ouvrages et les entrevues téléphoniques menées en prévision de l'enquête, il semble que la mise en œuvre du programme EED à l'EEF soit tout à fait justifiée. Tel qu'indiqué dans la Stratégie en matière de santé mentale pour les délinquantes, l'EED a sa place dans le cadre des soins de santé mentale de longue durée prodigués aux femmes (Laishes, 1997). Les principes clés de cette stratégie qui sont particulièrement pertinents pour l'EED sont l'accès, l'orientation axée sur les femmes et la participation des clientes. Aussi bien durant les entrevues avec les employées que durant celles avec les délinquantes, on a reconnu le caractère unique du programme, puisqu'on y fait appel aux expériences que partagent les délinquantes pour amener celles-ci à s'entraider.

      Les données fournies par le personnel et les délinquantes dans le cadre des sondages et des entrevues révèlent que les délinquantes et les employées à l'EEF connaissent le programme et les services qu'il offre. En outre, la vaste majorité des répondantes en ont confirmé l'utilité. Si l'on se fonde sur les résultats des entrevues avec le personnel et (l'ancienne) coordonnatrice de l'EED auprès des délinquantes, il semble qu'au début il y ait eu une certaine confusion et que l'on n'ait pas reconnu tout de suite l'EED comme un programme légitime dont l'existence était justifiée à l'EEF. Cependant, tous les autres indicateurs montrent que les problèmes initiaux ont été réglés par l'adoption d'un Énoncé de mission et d'un Ordre permanent pour le programme EED.

    3. Le programme EED dessert-il la population visée?

      Le personnel et les membres de l'équipe estiment que l'on fait appel aux service de l'EED de 4 à 10 fois par mois. Tel que mentionné, les données obtenues durant le sondage auprès des délinquantes suggèrent que près de la moitié des non-membres ont eu recours au soutien assuré par d'autres délinquantes au moins une fois et que les bénéficiaires ont généralement une opinion favorable du programme. Les données obtenues durant les entrevues confirment ces réponses, et les délinquantes ont mentionné une variété de raisons qui les incitent à utiliser cette entraide. Les résultats des entrevues laissent supposer que l'utilité de l'aide offerte par d'autres délinquantes est due au fait qu'il y a inévitablement un manque de confiance entre les délinquantes et le personnel. Une répondante particulièrement perspicace parmi les délinquantes a émis l'opinion suivante : « même si cette installation [créée à l'EEF selon le modèle de la 'vie communautaire'] vise à changer la dynamique entre les délinquantes et le personnel, il y aura toujours un manque de confiance à cause des différences au niveau du pouvoir. Souvent, les délinquantes ont le sentiment qu'elles ne peuvent parler librement de leurs problèmes aux employées par crainte que leur conversation sera transcrite ou fera l'objet d'un rapport négatif versé à leur dossier. »

      Il ressort des résultats combinés des sondages et des entrevues menés auprès des bénéficiaires de l'EED que les délinquantes qui y font appel se sentent généralement mieux, sont moins angoissées et se sentent moins déprimées après avoir obtenu les services de l'équipe. Par ailleurs, la raison la plus courante mentionnée par les personnes n'ayant pas utilisé le service étaient qu'elles avaient le sentiment que ce n'était pas nécessaire.

      Toutes les bénéficiaires interrogées ont attesté de l'utilité de l'entraide assurée par les autres délinquantes, et un commentaire qui est revenu sans cesse est que l'EED est particulièrement utile pour les femmes en isolement ou à l'Unité à encadrement renforcé. Tandis que certaines s'inquiétaient de ce que l'entraide risque d'être utilisée à mauvais escient au sein de ces unités (c.-à-d. qu'on s'en sert pour rendre visite à d'autres délinquantes), d'autres ont fait observer qu'à l'Unité à encadrement renforcé elle aide à apaiser les angoisses causées par l'incarcération récente dans un établissement fédéral ou à combattre des sentiments de solitude. Deux membres du personnel pensaient également qu'à l'Unité à encadrement renforcé ou à l'Unité d'isolement, l'EED pouvait faciliter l'intégration (ou la réintégration) graduelle de la bénéficiaire dans la population carcérale générale.

      Finalement, les données provenant de toutes les sources consultées semblent indiquer également que les stagiaires et les délinquantes ayant terminé leur formation EED profitent également du programme. Il s'agit là d'un facteur absolument primordial en ce sens que ce fait était signalé constamment durant les entrevues et les sondages menés auprès du personnel et des délinquantes. Plus particulièrement, on a fait état de résultats extrêmement positifs chez les femmes ayant participé au programme en tant que stagiaires ou membres de l'EED. Parmi les effets mentionnés fréquemment, il y avait les suivants : formation pertinente portant sur un éventail de sujets, plus grande empathie pour les autres, compétences en matière de médiation des conflits, meilleure confiance en soi, meilleure estime de soi et croissance personnelle. Ainsi, il importe que la 'population ciblée' ne soit pas limitée aux bénéficiaires de l'entraide assurée par des délinquantes. Les femmes qui suivent la formation et obtiennent un certificat représentent peut-être les principales bénéficiaires du programme EED.

  2. Y a-t-il des ressources et un soutien adéquats pour la mise sur pied du programme EED?

    1. La coordonnatrice a-t-elle suffisamment de temps pour accomplir les activités liées au programme, reconnaît-on ses efforts et lui accorde-t-on un soutien?

      Durant l'entrevue avec la coordonnatrice, celle-ci a déclaré qu'elle pensait que le personnel et les délinquantes reconnaissent le temps et les efforts qu'elle a consacrés au programme EED. La direction de l'EEF en particulier lui a été d'un grand secours. L'entrevue avec la sous-directrice et les réponses au sondage fournies par la directrice de l'établissement ont confirmé la justesse de cette opinion. La coordonnatrice du programme a souligné que l'adoption de l'Ordre permanent (OP) relatif à l'entraide des délinquantes avait constitué une mesure importante. L'OP représente une façon pour la direction d'accorder un soutien officiel au programme, soutien qui, à son tour, augmente la probabilité que les autres employées percevront ce programme comme important et utile.

      Le programme ne nécessite que très peu de financement, et la directrice de l'établissement a alloué 5 000 $ à la version initiale du programme EED à l'EEF. Les fonds attribués au programme ont servi à organiser une cérémonie de fin de cours et à obtenir les guides de formation (Service correctionnel du Canada, 1996a; 1996b) et les livres mentionnés dans ces guides. Au moment de la collecte des données dans le cadre de l'étude pilote (automne 1997), un troisième groupe de femmes (n=8) suivaient une formation en vue de se joindre à l'EED. En outre, au sein d'une population comptant une cinquantaine de femmes, il y avait cinq membres de l'EED pouvant offrir des services (c.-à-d. cinq délinquantes qui avaient réussi le cours antérieurement). Cela signifie que l'on trouve à l'EEF suffisamment de ressources humaines pour assurer la continuation des services EED.

    2. La formation assurée aux membres de l'équipe est-elle suffisante?

      En bref, la formation EED se compose de 17 séances de trois heures, faisant chacune l'objet d'un chapitre dans le guide à l'intention des volontaires (SCC, 1996b). Les volontaires sont recrutés dans la collectivité, et on leur demande de donner des exposés dans leurs domaines de spécialité respectifs durant les séances. La thérapie musicale fait également partie de la formation, et une fois par semaine (les vendredis), les stagiaires se réunissent avec un(e) volontaire de la collectivité pour « dialoguer » avec lui ou elle. Les stagiaires et les délinquantes ayant terminé la formation EED ont indiqué qu'à ces occasions, elles pouvaient parler d'un sujet de leur choix.

      Les intervieweuses ont demandé aux membres et stagiaires de l'EED d'évaluer la qualité de la formation qu'elles avaient reçue sur une échelle allant de 1 (pas utile du tout) à 10 (très utile). Elles étaient pratiquement unanimes à évaluer la formation à 9 ou 10. Dans un seul cas, la formation a été cotée à « 8 », bien que la répondante se soit empressée à ajouter qu'elle faisait partie de la première équipe ayant suivi le cours et que deux graves problèmes (c.-à-d. le VIH et le SIDA) avaient été ajoutés depuis à la formation. Durant les entrevues avec les membres et les stagiaires de l'EED, le consensus général était que la formation était excellente sur deux plans : 1) il s'agit d'un apprentissage grâce auquel on acquiert des connaissances sur une variété de sujets et qui aide à offrir de l'entraide à d'autres femmes et 2) il s'agit d'une bonne expérience qui favorise la guérison. Finalement, un certain nombre de répondantes ont également fait observer que les connaissances acquises dans le cadre de la formation EED les aident à avoir de meilleures relations avec leurs enfants, leur partenaire et d'autres personnes dans la collectivité.

      Les cotes globales attribuées par l'ensemble des personnes interviewées au moment de leur évaluation de la formation EED et notamment des sujets traités, du temps consacré à chaque sujet, du guide à l'intention des volontaires de l'EED, de la thérapie musicale et des séances de dialogue étaient très favorables. Parmi les répondantes, il y avait les membres et anciens membres de l'EED et les éventuels futurs membres en formation. On s'est également entretenu avec des femmes qui avaient suivi une partie ou toute la formation EED et à qui l'on avait demandé d'interrompre le cours et refusé l'accréditation. Il est intéressant de noter que même ces femmes-là étaient très positives à propos de la formation EED et affirmaient que cette formation « avait valu valait la peine », en dépit du fait qu'on ne leur avait pas permis de devenir des membres officiels de l'EED.

      Les résultats des entrevues ont révélé que la formation portait sur de nombreux sujets qui sont particulièrement importants et pertinents dans la vie des délinquantes. Les stagiaires qui suivaient le cours au moment de l'étude ont souligné que les discussions qui se déroulaient durant la séance leur offraient l'occasion de parler d'elles-mêmes et de leurs propres problèmes. Par ailleurs, certaines délinquantes ont signalé qu'elles se sont rendu compte que d'autres personnes partageaient des expériences semblables aux leurs. Une délinquante attachait beaucoup d'importance à la possibilité d'en apprendre des autres femmes suivant la formation. À ce titre, la formation EED a fourni à ces délinquantes un moyen de mieux comprendre les problèmes personnels. Par exemple, une femme a déclaré qu'elle avait appris à accepter les choses dans son passé (c.-à-d. l'exploitation sexuelle dont elle avait été la victime) et qu'elle comprenait maintenant que ce n'était pas de sa faute. Il s'agit là d'un fait intéressant quand on sait que cette délinquante est incarcérée depuis un certain nombre d'années déjà et qu'il est fort probable qu'elle a participé à d'autres programmes d'intervention et de counseling individuel. Quoi qu'il en soit, elle attribue ces changements positifs à sa participation à la formation EED.

      En ce qui concerne les sujets abordés durant la formation, toutes les répondantes en étaient satisfaites et un grand nombre d'entre elles ont mentionné des sujets qu'elles avaient trouvés particulièrement intéressants ou instructifs. Ces sujets incluaient le VIH et le SIDA, les (autres) maladies transmises sexuellement, l'hépatite, le suicide et l'exploitation sexuelle. De nombreuses répondantes ont loué les différents conférenciers qui sont venus prendre la parole durant le cours pour les compétences et les connaissances spécialisées qu'ils possédaient. Il semble que le fait que ces animateurs étaient des experts reconnus dans leurs domaines respectifs et qu'ils n'avaient pas été rémunérés9 pour leur participation aux séances de formation ait eu un effet positif sur la confiance en soi des femmes. Plus particulièrement, quelques stagiaires et délinquantes ayant terminé le cours ont signalé que les animateurs volontaires leur avaient donné le sentiment d'être importantes. Les femmes appréciaient le fait que de nombreux groupes paient pour entendre les exposés de ces conférenciers, alors qu'ils n'étaient pas payés pour animer les séances de formation EED. Puisque ces conférenciers se portent volontaires pour participer à la formation EED, cela signifie qu'ils attachent de la valeur aux stagiaires. « Cela montre que nous en valons la peine », a déclaré une femme10.

      La formation était décrite comme « vaste » (c.-à-d. du point de vue la variété des sujets), et l'affirmation d'une répondante selon laquelle « rien n'avait été abordé qui n'aurait pas dû l'être » résume bien l'attitude générale constatée durant les entrevues avec le personnel et les délinquantes. Comparativement à la plupart des programmes offerts en établissement aux femmes, la formation EED était décrite comme « intensive et longue ». La durée et l'intensité de la formation EED étaient considérées comme appropriées par la plupart des répondantes, comme l'a fait remarquer une travailleuses de première ligne : « Les femmes doivent passer beaucoup de temps à étudier les sujets abordés. Ainsi, elles les examinent sous tous leurs angles et vont au fond de leurs problèmes ».

      Certaines personnes ayant participé aux entrevues ont signalé que deux sujets (à savoir le suicide et l'exploitation sexuelle) étaient particulièrement difficiles, sur le plan émotif, pour quelques femmes. C'est pourquoi une répondante a proposé que l'on ajoute une journée tout spécialement pour ces sujets, afin que « les femmes ne soient pas obligées d'analyser leurs sentiments à la va-vite ».

      Les membres de l'EED et les stagiaires avaient une opinion très favorable du guide à l'intention des volontaires de l'EED (SCC, 1996b). D'après elles, il était facile à lire et à utiliser tout en traitant à fond les sujets couverts. Deux répondantes en particulier étaient impressionnées par le fait que chaque chapitre se termine par une section portant sur la façon de prendre soin de soi-même. Certains membres de l'EED ont affirmé se servir du guide comme document de référence et une femme était impressionnée à tel point de faire l'affirmation suivante : « Je garderai ce livre jusqu'à la fin de mes jours. »

      En résumé, chaque aspect de la formation de l'EED a été évalué favorablement par l'ensemble des personnes ayant participé aux entrevues, y compris par les employées appartenant à différentes professions à l'EEF, les membres et anciens membres de l'EED, les délinquantes qui avaient suivi une partie de la formation ou qui n'avaient pas été accréditées et les stagiaires suivant le cours au moment de l'étude. En réalité, la formation était perçue d'une façon tellement positive que certaines répondantes (aussi bien chez le personnel que parmi les délinquantes) estimaient que les femmes qui terminent le cours sont les principales bénéficiaires du programme (plutôt que les délinquantes faisant appel aux services de l'EED).

      On a mentionné souvent, comme effets de la formation EED, une meilleure estime de soi, une plus grande confiance en soi et une impression générale et personnelle d'être davantage maître de sa vie. Une répondante (travailleuse de première ligne) pensait que ce sentiment d'avoir davantage le contrôle de sa vie était dû peut-être à la nouvelle situation des membres de l'EED « de l'autre côté de la barrière en tant que prestataires des soins ». Cette répondante a précisé que la majorité des délinquantes, un groupe marginalisé de la société, a toujours reçu de l'aide venant d'autres (allocations familiales, abris pour femmes). En faisant partie de l'EED après avoir suivi une formation, elles ont la possibilité d'aider d'autres personnes. Une autre travailleuse de première ligne a donné un exemple précis des avantages de la formation EED : elle a parlé du cas d'une femme qui avait suivi la formation sans avoir été accréditée, mais chez qui les « résultats obtenus étaient excellents ». La travailleuse de première ligne a constaté des changements positifs chez cette délinquante, aussi bien sur le plan physique que comportemental. De plus, cette délinquante semblait posséder une plus grande confiance en elle-même et une meilleure estime de soi et « se soignait mieux ».

      En raison de cela, la personne interviewée a proposé que « peut-être, il faudrait indiquer plus explicitement qu'elle [la formation] aide davantage les participantes sur le plan personnel que d'en faire des conseillères ». D'autres employées ont confirmé ce point de vue et ont recommandé que les femmes soient encouragées à envisager de suivre la participation pour sa valeur intrinsèque, plutôt que dans le but d'obtenir un certificat et de faire partie 'officiellement' de l'EED. Or, un facteur qui pourrait empêcher un plus grand nombre de femmes de suivre la formation est que les critères d'admission au programme sont relativement stricts (voir l'Annexe F). Si l'on examine les critères d'admissibilité, on constate qu'ils visaient surtout à établir si une candidate possède les qualités voulues pour faire partie de l'EED (c.-à-d. pour aider les autres) plutôt qu'à évaluer sa disposition ou son aptitude à bénéficier de la formation.


      9 Les conférenciers ont été payés pour leur participation à la formation initiale. Les règles ont changé depuis, et maintenant tous les animateurs qui participent aux séances sont des volontaires non rémunérés venant la collectivité.

      10 À noter que deux autres délinquantes (non-membres de l'EED) se sont dites déçues parce qu'elles n'avaient pas eu l'occasion d'entendre les conférenciers.


    3. La participation des membres de l'équipe à la mise sur pied du programme est-elle reconnue et y a-t-il un juste équilibre entre ce rôle et leurs autres fonctions?

      D'après les résultats des entrevues, on encourage très vivement la participation à la formation EED et l'intégration des activités de soutien aux autres fonctions. On a demandé aux répondantes d'évaluer sur une échelle allant de 1 (pas du tout) à 10 (tout à fait) si le personnel et les autres délinquantes approuvaient leur participation à la formation EED. Toutes les délinquantes ayant terminé la formation EED et les stagiaires ont attribué la cote '9' ou '10' en réponse à cette question, ce qui montre que la participation à la formation EED est très vivement encouragée.

      Fait intéressant, deux des délinquantes (ne faisant pas partie de l'EED) qui ont participé aux entrevues ont soutenu que le programme EED ne jouissait que d'un très faible appui (de la part des délinquantes). L'une de ces répondantes estimait que seulement à peu près la moitié de la population carcérale à l'EEF approuvait le programme. Les deux principales raisons pour le manque d'enthousiasme de la part des délinquantes seraient 1) que des membres de l'EED auraient divulgué des renseignements confidentiels et 2) que le programme EED aurait créé (ou renforcé) à l'établissement une hiérarchie faisant en sorte que certaines délinquantes (qui font partie de l'équipe) sont mieux vues que d'autres (qui n'en sont pas membres). Nonobstant ces importants facteurs, la majorité des délinquantes avec lesquelles on s'est entretenu (c.-à-d. qui avaient bénéficié des services de l'EED) ont fait des commentaires favorables à propos de l'EED à l'EEF.

      Chez les employées, en dépit d'une certaine résistance au début, on reconnaît maintenant généralement que le programme d'entraide des délinquantes constitue un programme légitime et utile. Tel que mentionné plus haut, l'adoption d'un Ordre permanent a permis de confirmer le soutien accordé par la direction au programme et a éliminé le rejet de demandes de soutien soumises par les délinquantes. Certaines travailleuses de première ligne incluent également de la formation EED ou l'adhésion à l'EED dans les plans correctionnels individuels. Deux femmes ont indiqué qu'un motif secondaire qui les avait incitées à participer au programme d'entraide des délinquantes était qu'elles pensaient que leur participation améliorerait leurs chances d'obtenir une libération discrétionnaire. Ici aussi, cela peut nous amener à conclure que les délinquantes perçoivent le programme comme légitime et reconnu par les employées à l'établissement et par d'autres composantes du domaine correctionnel (c.-à-d. à la Commission nationale des libérations conditionnelles).

      Les membres de l'Équipe d'entraide des délinquantes étaient unanimes à affirmer qu'elles n'ont aucun problème à ajouter ce rôle à leurs autres fonctions. Une répondante seulement a fait valoir qu'à un certain moment, elle s'était sentie « épuisée » du fait qu'elle devait combiner l'entraide assurée avec ses autres fonctions. On a demandé aux personnes participant aux entrevues de répondre, en se servant d'une échelle à 10 points (1=très difficile; 10=très facile) à la question suivante : « Combien facile est-ce pour vous d'ajouter le counseling à vos autres fonctions et activités? ». Tout le monde à répondu « 10 », ce qui montre qu'elles n'ont absolument aucune difficulté à établir un équilibre entre le soutien qu'elles assurent et leurs autres activités. Les répondantes ont également indiqué qu'elles étaient capables de dire « NON » lorsqu'elles se sentaient incapables d'assurer de l'entraide ou ne pensaient pas posséder les ressources nécessaires. À vrai dire, une des choses que l'on enseigne durant le cours EED est qu'il faut apprendre à connaître ses propres limites et pouvoir refuser de fournir un soutien lorsque c'est nécessaire. Un autre détail intéressant mentionné par les personnes ayant participé aux entrevues est que la séance d'entraide ne doit pas dépasser une heure. La logique sur laquelle repose ce principe est que si l'on ne peut réduire le désespoir éprouvé par la personne concernée en lui offrant du soutien pendant environ une heure, il se peut qu'il soit nécessaire de faire intervenir un professionnel spécialisé dans le domaine de la santé mentale (psychologue). Ainsi, la prestation d'entraide à n'importe quelle délinquante ne devrait pas représenter une tâche exceptionnellement lourde pour aucun des membres de l'EED.

      Durant les entrevues, on a demandé aux membres de l'EED d'évaluer leur satisfaction en ce qui concerne l'aide qu'elles reçoivent (ou ne reçoivent pas) lorsqu'elles sont appelées à organiser des séances de counseling et doivent tenir compte des autres fonctions dont elles s'acquittent. Sur une échelle allant de 1 (pas du tout satisfaite) à 10 (très satisfaite), la cote moyenne accordée était de « 10 ». Les membres ont signalé par ailleurs que si elles avaient assuré un soutien durant les heures de travail, elles étaient rémunérées pour le temps qu'elles y avaient consacré. Aussi, suite à l'adoption de l'Ordre permanent, le personnel coordonne et facilite constamment les activités d'entraide des délinquantes.

      Une répondante seulement a signalé qu'elle avait été appelée à assurer de l'entraide la nuit. Elle affirmait qu'après ces séances de counseling, le personnel à l'établissement lui avait permis de rentrer chez elle (c.-à-d. dans son unité), de prendre une douche et de se reposer. Ce membre particulier de l'EED était arrivé en retard au travail et cela avait été accepté et elle avait été rémunérée pour une journée de travail complète.

      Prises ensemble, les données montrent que l'EED est bien reconnue et appuyée par le personnel et les délinquantes, aussi bien du point de vue de la formation que de la prestation proprement dite des services d'entraide. Lorsque nécessaire, les employées à l'établissement facilitent le processus, et la participation des membres de l'EED au programme est payée au même tarif que les heures de travail régulières. Bien qu'il semble que ce soit rare que des services d'entraide des délinquantes doivent être assurés la nuit, les membres qui s'en chargent semblent bénéficier d'un tel appui à ces moments-là également. Plus particulièrement, le personnel accorde du temps additionnel aux personnes qui ont assuré du counseling la nuit pour prendre une douche et se reposer.

  3. Mise en œuvre : les activités du programme sont-elles organisées de façon à assurer la réalisation des objectifs?

    1. La communauté carcérale connaît-elle le programme et les activités qui en font partie?

      D'après les résultats des sondages menés auprès du personnel et des délinquantes, qui ont été décrits plus haut, le programme EED et ses activités sont généralement connus. Seulement trois répondantes parmi les délinquantes ont affirmé n'avoir aucune connaissance préalable du programme EED. Cependant, toujours d'après les données obtenues dans le cadre des entrevues, il semble que la règle appliquée à l'établissement par le personnel est d'informer toutes les personnes nouvellement admises de l'existence du programme de l'EED et de la possibilité de bénéficier d'un soutien de la part de co-délinquantes. Il n'est pas clair pourquoi cette petite proportion de femmes n'était aucunement au courant de l'existence du programme.

      Bien que toutes les répondantes parmi le personnel connaissent l'EED, les données recueillies au moyen des sondages laissaient supposer que leurs connaissances quant aux détails de l'entraide assurée par des délinquantes à l'EEF variaient. Toutes les employées, à l'exception d'une, affirmaient connaître les noms des membres de l'EED, et la plupart disaient savoir comment procéder si une délinquante demandait à faire appel à l'EED. Fait peu surprenant, les données révélaient que cette connaissance variait d'une profession à une autre. Plus particulièrement, les employées qui, dans le cadre de leur travail, sont plus proches des femmes (travailleuses de première ligne, dirigeantes d'équipe et professionnelles du domaine de la santé) semblaient mieux connaître les détails du programme EED (fréquence d'utilisation, problèmes antérieurs ou actuels, questions liées à la formation et à l'accréditation).

    2. Le counseling assuré par d'autres délinquantes satisfait-il aux besoins des bénéficiaires?

      En bref, si l'on examine les données obtenues dans le cadre des sondages et décrites dans une des sections antérieures du présent rapport, on peut conclure que l'EED satisfait aux besoins des bénéficiaires des services. Il faut se rappeler qu'à peu près la moitié des femmes ont signalé qu'elles faisaient appel à l'équipe et que la raison la plus fréquemment invoquée pour justifier le fait qu'elles n'y avaient pas recours était qu'elles n'en n'avaient pas besoin. Un nombre minoritaire de femmes ont dit ne pas s'en servir à cause d'un manque perçu de confidentialité et une femme seulement a affirmé qu'elle ne sentait pas à l'aise avec aucun des membres de l'équipe.

      Finalement, quelques membres de l'EED et stagiaires ont affirmé qu'elles ne s'en étaient jamais servi parce qu'elles faisaient partie de l'équipe (ou suivaient une formation et pourraient en devenir membres). Il est ressorti clairement des entrevues avec ces personnes qu'elles se voyaient comme accomplissant un seul rôle, à savoir celui d'une personne qui 'aide les autres'. L'une des femmes a affirmé catégoriquement : « Je n'ai pas besoin d'entraide. C'est moi qui le fournit. » Il se peut donc que certains membres de l'EED et stagiaires aient tendance à penser qu'elles n'ont pas droit à un soutien venant de leurs co-délinquantes ou n'en ont pas besoin du fait qu'elles participent au programme ou suivent la formation. En raison de cela, ces 'bénéficiaires' potentielles renoncent peut-être à un service important, à savoir l'aide formelle que peuvent leur procurer leurs co-délinquantes.

      Les femmes qui ont eu recours à l'entraide assurée par d'autres délinquantes ont indiqué qu'elles s'en étaient servie pour combattre des sentiments d'angoisse, de solitude, de dépression et autodestructeurs. Toutes les bénéficiaires étaient satisfaites du service et ont expliqué que les membres de l'équipe leur avaient fourni des conseils pratiques et personnels, avaient compati à leur sort et leur avaient donné l'occasion de « se défouler ». Les entrevues menées auprès des autres délinquantes qui avaient eu recours au service d'entraide des délinquantes confirmaient ces constatations. De nombreuses délinquantes avec qui on s'est entretenu aimaient la grande variété de personnalités que l'on trouve parmi les membres de l'EED, car elle leur offre un choix quant à la personne avec laquelle elles se sentiront le plus à l'aise. Ainsi, de nombreuses femmes ont signalé qu'elles avaient choisi un membre en particulier de l'EED parce qu'« elle a vécu ce que je vis » ou qu'« elle est passée par où je passe ». Effectivement, certaines des personnes interviewées (aussi bien chez le personnel que chez les délinquantes) étaient d'avis que seules celles qui ont fait l'expérience d'une situation similaire peuvent réellement compatir et comprendre.

      Un certain nombre de délinquantes ont affirmé qu'elles ne faisaient pas du tout confiance au personnel et que l'EED leur donnait la possibilité de discuter de problèmes ou de préoccupations personnelles dans un contexte où les interlocuteurs se font mutuellement confiance. D'autres femmes ont fait savoir que leur choix de la personne à qui parler (un membre du personnel par opposition à un membre de l'EED) dépendait du sujet dont elles souhaitaient discuter. Plus particulièrement, elles estimaient que les membres du personnel étaient mieux placés pour s'occuper de certaines questions et qu'il était plus approprié de discuter d'autres questions avec des co-délinquantes.

      En résumé, les données obtenues aux sondages et durant les entrevues laissent supposer que l'EED satisfait aux besoins des bénéficiaires. Un certain nombre de femmes ont signalé avoir recours au service et être satisfaites des résultats. Le seul facteur apparemment significatif qui risque de nuire à la capacité de l'EED de répondre aux besoins de toutes les bénéficiaires potentielles est le manque de confidentialité perçu par certaines délinquantes. Cependant, les données recueillies durant les entrevues révèlent que les femmes qui s'inquiètent d'un manque de confidentialité ont utilisé d'autres mécanismes de soutien. Deux femmes ont mentionné le service d'encadrement par des conseillers. Essentiellement, ce service consiste à trouver, pour les délinquantes, dans la collectivité, un 'conseiller' ou une 'conseillère' qui se charge de les aider lorsqu'elles sont aux prises avec des problèmes personnels. Une délinquante a fait savoir qu'à cause du manque de confiance qu'elle ressent pour les membres de l'EED, elle parle aux employées (travailleuses de première ligne) ou à la psychologue à l'établissement lorsqu'elle a besoin de soutien. Comparée à l'encadrement assuré par des conseillers et aux services psychologiques, l'entraide assurée par d'autres délinquantes à l'établissement est unique en ce sens qu'il s'agit d'un service offert 24 heures sur 24 aux femmes qui en ont besoin.

      Finalement, il est important de répéter que même s'il y a une tendance de conceptualiser le groupe des 'bénéficiaires' du programme EED comme constitué des personnes qui ont eu recours au service, un deuxième important groupe de 'bénéficiaires' est constitué des personnes qui suivent la formation EED. Tel que mentionné plus haut, la participation à la formation EED semble procurer d'importants avantages sur le plan personnel.

    3. Les consultations entre la coordonnatrice, les autres employées impliquées et les membres de l'équipe permettent-elles d'obtenir un soutien adéquat et d'assurer un échange suffisant d'information?

      À l'EEF, l'Équipe d'entraide des délinquantes compte parmi ses membres une délinquante qui en est la présidente. Le rôle de cette délinquante en tant que présidente de l'EED à l'EEF s'écarte de celui décrit dans le manuel de la coordonnatrice (SCC, 1996a). Plus particulièrement, alors que dans le manuel, on propose qu'une délinquante dirige le comité directeur de l'EED, à l'EEF, la coordonnatrice a confié tout le fonctionnement de l'EED à une délinquante agissant comme présidente. Selon la coordonnatrice de l'EED, la prise de cette décision s'est faite de façon démocratique en ce sens que les membres de l'équipe et la coordonnatrice ont un pouvoir égal lorsqu'il s'agit de décider de questions ayant trait au programme. La présidente et la coordonnatrice se rencontrent officiellement une fois par semaine pour discuter du programme EED et pour prendre des décisions à son égard. Essentiellement, un aspect du rôle que la présidente est appelée à jouer est d'agir comme agente de liaison entre la coordonnatrice et les membres de l'Équipe d'entraide des délinquantes.

      La coordonnatrice de l'EED se réunit surtout avec la délinquante qui agit comme présidente. Il est important toutefois de signaler qu'elle est également à la disposition des autres membres de l'équipe « selon le besoin ». Durant les entrevues, la présidente de l'EED, l'ex-présidente et la psychologue adjointe (et adjointe de la coordonnatrice) ont affirmé que la coordonnatrice de l'EED était facilement accessible pour les questions ayant trait au fonctionnement du programme. Si l'on se fie aux observations faites durant les entrevues, il semble y avoir une bonne relation symbiotique entre la coordonnatrice de l'EED et les autres personnes (employées, délinquantes) impliquées dans le fonctionnement de l'EED. La plupart des sources d'information que l'on a pu consulter étaient d'avis que l'inclusion d'une délinquante agissant comme présidente facilite la discussion entre les autres membres de l'EED et la coordonnatrice et l'obtention du soutien nécessaire. Cependant, deux répondantes trouvaient que les employées faisaient preuve de favoritisme à l'égard de certains membres de l'EED, et surtout envers la présidente.

      Le manuel de la coordonnatrice (SCC, 1996a), précise que les membres de l'EED doivent tenir des dossiers portant sur le counseling assuré par les délinquantes, dossiers qui collectivement fournissent de l'information au sujet de la popularité et l'utilité du service. Puisque le contenu des séances de soutien est nécessairement confidentiel, il faut seulement inclure, dans ces dossiers, de l'information générale comme le nom du membre de l'EED, le moment où le counseling a été assuré, les problèmes qui ont été abordés et les recommandations qui ont été formulées. Malheureusement, ces dossiers ne sont pas transmis à la coordonnatrice de façon régulière, ce qui limite l'échange d'information entre la coordonnatrice et l'ensemble des membres de l'EED. Par conséquent, la coordonnatrice est incapable de communiquer aux membres, de façon constante, de la rétroaction pertinente concernant l'entraide qui a été fournie. Certains membres de l'EED ont exprimé le souhait de discuter avec la coordonnatrice du soutien assuré.

      La participation aux réunions hebdomadaires de l'EED est obligatoire pour les femmes qui souhaitent continuer à agir comme membres de l'Équipe d'entraide des délinquantes. Les membres de l'équipe ont décrit ces réunions comme « utiles et instructives » et certaines d'entre elles ont signalé qu'elles continuaient à apprendre et à se développer personnellement grâce aux séances de 'dialogue'. Durant les entrevues, on a demandé aux membres (et aux anciens membres) de l'équipe d'évaluer la qualité des relations et la confiance qui régnait entre elles et les autres membres de l'EED. À une exception près, les répondantes étaient d'avis qu'il s'agissait de deux questions distinctes et faisaient valoir que la 'qualité d'une relation' était un aspect qu'il fallait différencier de la 'confiance'. En outre, dans chaque cas, les répondantes ont attribué une cote plus élevée à la qualité de leurs relations avec les autres membres qu'à la confiance qui régnait entre elles. Chacune des répondantes convenait également que les cotes variaient d'un membre à l'autre.

      Une caractéristique très unique du programme est que les délinquantes participent activement à la prise de décisions opérationnelles/de procédure pertinentes. Il est intéressant toutefois de noter qu'il n'y avait aucun consensus parmi les répondantes ayant participé aux entrevues en réponse à la question suivante : « Avez-vous l'impression de diriger le programme ou plutôt d'être dirigée dans une large mesure par la coordonnatrice ou par d'autres employées? » Plus particulièrement, à peu près la moitié des répondantes (membres de l'EED et stagiaires) ont répondu que le programme est dirigé par les délinquantes, tandis que l'autre moitié estimait que c'était la coordonnatrice qui en était entièrement « responsable ».

      Les explications fournies par les délinquantes qui ont participé aux entrevues pour justifier leur réponse ont aidé à clarifier leurs perceptions. De toute évidence, la coordonnatrice a une attitude ouverte et accepte les suggestions formulées par les délinquantes à propos de questions pertinentes telles que les sujets à inclure à la formation EED. De plus, la présidente a l'occasion de défendre son point de vue concernant des aspects importants tels que la question de savoir quelles stagiaires devraient pouvoir devenir des membres à part entière de l'équipe et la suspension ou le renvoi, de l'équipe, de certains membres (à cause de la divulgation de renseignements confidentiels ou de découverte de drogue dans le sang). Par ailleurs, la délinquante qui occupait auparavant le poste de présidente a aidé à formuler l'Ordre permanent qui avait pour but de clarifier les politiques et les procédures relatives à l'entraide assurée par les délinquantes. Au comité directeur chargé de l'élaboration du programme ont siégé notamment deux délinquantes, et la présidente et la secrétaire actuelles de l'EED participent à des réunions de ce même comité directeur.

      Autre fait important, plusieurs employées et délinquantes ont souligné durant les entrevues que l'EED « s'autosurveille ». Par exemple, s'il devient apparent qu'une délinquante donnée abuse du service (p. ex. pour prendre connaissance des potins pendant qu'elle se trouve en isolement), le membre de l'Équipe d'entraide des délinquantes est tenu de mettre fin à la séance. De plus, si un membre de l'EED semble encourager l'abus en profitant de sa situation pour commettre des actes irréguliers (p. ex. pour rendre visite à ses amies après les heures), d'autres membres, et particulièrement la présidente de l'EED, lui demanderont des comptes d'une manière raisonnable et rationnelle. D'après les données obtenues durant les entrevues, il semble que la plupart des femmes impliquées dans l'EED souhaitent que le programme soit perçu comme un programme respectable et feront le nécessaire pour en protéger l'intégrité et éviter l'abus par d'autres membres. Finalement, l'une des personnes interrogées a noté que le programme EED n'avait jamais été recommandé formellement dans le plan correctionnel d'une délinquante à moins que cette dernière ait d'abord exprimé le souhait d'y participer. C'est pour toutes ces raisons que de nombreuses répondantes ont émis l'opinion selon laquelle les membres de l'EED et les stagiaires sont « responsables » de leur propre programme.

      D'autres répondantes, cependant, étaient d'avis que la coordonnatrice est entièrement responsable de l'administration du programme. Voici les principales raisons invoquées pour justifier cette affirmation : 1) la coordonnatrice, de concert avec ses adjointes, dirige l'entrevue de sélection des candidates et la formation EED et 2) au bout du compte, c'est la coordonnatrice qui décide des sujets qui seront couverts durant la formation et quelles stagiaires seront accréditées pour faire partie ensuite de l'EED.

      Donc, on fait face à un dilemme assez complexe pour ce qui est de la question de savoir qui dirige le programme. Les principaux objectifs de l'EED consistent notamment à favoriser la prise en charge de soi des délinquantes en augmentant leur sentiment que le programme leur appartient et qu'elles le « contrôlent ». Cependant, de nombreuses répondantes (aussi bien parmi les employées que parmi les délinquantes) ont mis l'accent sur la nécessité de surveiller étroitement le programme (aucune tolérance en ce qui concerne la divulgation de renseignements confidentiels ou la consommation de drogue par les membres de l'EED, 'fouilles par palpation' avant et après les séances). Plus précisément, les résultats des sondages et des entrevues semblent indiquer que certaines délinquantes et employées se sentiraient plus à l'aise si le programme était plus « strict » et faisait l'objet d'un contrôle plus rigoureux.

      Les chercheuses reconnaissent qu'une gestion plus austère de l'EED n'est pas entièrement conforme à la vision originale de l'EED comme un programme « axé sur les femmes », un programme « féministe ». Il est peut-être plus approprié de voir le programme EED à l'EEF comme « appartenant » aux délinquantes et dirigé par elles, sous la direction de la psychologue/ coordonnatrice de l'EED de l'établissement. Les données recueillies dans le cadre des entrevues suggèrent que les délinquantes ont un rôle non négligeable à jouer dans le cadre du fonctionnement du programme EED. Tandis que les opinions des délinquantes impliquées pèsent lourdement dans la balance au moment de la prise des décisions pertinentes, au bout du compte, la coordonnatrice est responsable du maintien et de l'administration de l'entraide assurée par les délinquantes à l'EEF.

  4. Le programme est-il efficace?

    1. Dans quelle mesure le programme aide-t-il à intervenir dans les situations de crise?

      Durant l'entrevue avec la coordonnatrice de l'EED, on a appris qu'elle (la coordonnatrice) ne considère pas que l'EED devrait intervenir dans les situations de crise. Elle voyait plutôt l'EED comme un moyen d'assurer un « soutien au jour le jour » aux délinquantes, tandis qu'il appartiendrait à des membres professionnels du personnel de se charger d'intervenir dans les situations de crise. Cependant, la directrice adjointe a déclaré que « l'EED a peut-être joué un rôle de premier plan en atténuant les conséquences des crises survenues à l'établissement ». On pourrait donc en déduire que l'EED est efficace lorsqu'il s'agit de s'occuper des problèmes avant qu'ils dégénèrent en crises et à atténuer les conséquences des crises. Du point de vue de la coordonnatrice et de la direction à l'établissement, l'EED a un rôle à jouer dans la prévention et dans la résolution des crises, mais ne devrait nullement intervenir dans les crises personnelles ou les crises impliquant tout l'établissement.

      Toutefois, tel que mentionné, d'après les résultats des sondages menés auprès du personnel, le soutien assuré par les délinquantes était perçu assez favorablement, pour sa capacité de réduire la gravité des situations de crise tant sur le plan individuel qu'à l'échelle de l'établissement (attribution d'une cote moyenne de 7,2 et de 6,6, respectivement). Puisque toutes les bénéficiaires de l'entraide assurée par l'EED avec lesquelles on s'est entretenu ont indiqué que ce soutien les avait aidées sur le plan pratique ou émotif ou à ces deux égards, l'affirmation selon laquelle cette entraide devrait viser à prévenir les situations de crise plutôt qu'à intervenir dans celles-ci semble crédible.

      De nombreuses répondantes parmi le personnel ont donné des exemples de manières dont l'EED avait servi à éviter des crises personnelles. Voici deux des exemples fournis : 1) deux délinquantes étaient impliquées dans un rixe et elles ont toutes les deux reçu l'ordre de se rendre à l'Unité à encadrement renforcé. L'une des femmes a obtempéré, mais l'autre a refusé de s'y rendre et « a pratiquement perdu le contrôle ». On a appelé un membre de l'EED, qui est venu parler à la femme et qui l'a persuadée de se rendre à l'unité, sans qu'il soit nécessaire d'utiliser des dispositifs de contrainte ni de recourir à la force; 2) une autre délinquante a appris qu'elle était infectée par le VIH et s'est mise dans tous ses états, ce qui est une réaction tout à fait normale. Un membre de l'Équipe d'entraide des délinquantes est intervenu, « s'est longuement entretenu avec elle » et a empêché une crise personnelle. Après cet entretien, les employées à l'établissement étaient moins inquiètes que la délinquante se ferait du mal et cette dernière a accepté de recourir davantage à l'EED, si elle en ressentait le besoin.

      En résumé, tandis que les délinquantes et les employées attestent que la l'EED peut intervenir efficacement dans les situations de crise, des exemples précis fournis par ces mêmes personnes semblent indiquer que le soutien assuré par les délinquantes est plus efficace lorsqu'il s'agit d'empêcher que des situations de crise ne se déclarent et lorsqu'il s'agit d'intervenir après coup.

    2. L'atmosphère à l'établissement et la gestion de celui-ci se sont-ils améliorés après la mise en œuvre du programme EED?

      Les résultats du sondage mené auprès des délinquantes, décrits plus haut, laissent supposer qu'il n'y a aucun consensus quant à la question de savoir si l'atmosphère à l'EEF avait changé ou non depuis la mise sur pied du programme EED. Dans le cas des répondantes qui ont affirmé que l'atmosphère avait changé, les preuves apportées étaient à la fois positives et négatives. La plupart des changements perçus avaient trait aux relations entre le personnel et les délinquantes.

      Tel que mentionné, les données recueillies dans le cadre du sondage auprès du personnel révèlent qu'à peu près la moitié des répondantes trouvaient que l'atmosphère avait changé depuis la mise en œuvre du programme EED. Ici aussi, les employées (travailleuses de première ligne, dirigeantes d'équipe) qui passent le plus de temps avec les délinquantes étaient moins portées à penser que l'environnement avait changé. Quoi qu'il en soit, parmi toutes les personnes qui étaient d'avis que le climat avait changé, tous sauf une ont dit qu'il s'agissait d'un changement positif. Le plus fréquemment, les changements perçus étaient survenus dans les relations entre le personnel et les délinquantes et entre les délinquantes.

      Les données obtenues durant les entrevues avec les employées et les délinquantes corroboraient les résultats des sondages. De nouveau, à peu près la moitié des répondantes ont indiqué que l'atmosphère avait changé et l'autre moitié trouvait qu'il était resté le même. Il est intéressant de noter que bien que les personnes qui pensaient que l'atmosphère n'avait pas changé aient reconnu que l'EED était un « bon programme », un certain nombre d'entre elles ont exprimé l'opinion qu'aucun programme ne peut à lui seul modifier considérablement le 'climat carcéral' à long terme. Il est important aussi de se rappeler que l'EEF demeure un établissement relativement nouveau et que l'ensemble du personnel et des délinquantes ont besoin d'un certain temps pour s'y ajuster. Une répondante a fait une observation pertinente, à savoir que « l'établissement est en évolution constante depuis son ouverture ». Par conséquent, il est difficile d'établir quels changements, s'il y a en a, sont attribuables à l'instauration de l'EED.

      Il convient de signaler que lorsque les répondantes étaient d'avis que l'atmosphère avait changé perceptiblement en raison de l'existence de l'EED, tous les changements mentionnés étaient positifs. De nombreux membres du personnel et de nombreuses délinquantes parmi les répondantes pensaient que l'« atmosphère ouverte » (modèle de vie communautaire) à l'EEF facilite l'entraide assurée par les délinquantes et que son fonctionnement est facilité par ce soutien. Certaines répondantes trouvaient que les membres de l'EED avaient mûri, étaient mieux en mesure de s'affirmer de façon appropriée et assumaient une plus grande responsabilité pour leurs actes depuis qu'elles jouaient ce rôle. D'autres répondantes ont suggéré que l'EED réduit la tension dans une certaine mesure à l'établissement parce que les femmes « disposent d'une ressource et d'un choix de plus » lorsqu'elles éprouvent des sentiments de détresse.

      Finalement, un certain nombre de répondantes, aussi bien parmi les employées que parmi les délinquantes, ont signalé que les relations entre le personnel et les délinquantes s'étaient améliorées depuis la mise en œuvre de l'EED, ce qui avait eu pour effet d'améliorer l'atmosphère à l'établissement. L'amélioration des relations entre le personnel et les délinquantes était due essentiellement à deux facteurs distincts. Premièrement, il est nécessaire pour les membres du personnel d'intervenir pour prendre les arrangements nécessaires aux fins d'obtention de l'entraide lorsqu'ils reçoivent une requête à cet effet. Depuis l'entrée en vigueur de l'Ordre permanent, rien n'entrave ce processus. Il s'agit d'un effort coordonné entre les employées et les délinquantes, ce qui peut se refléter dans leurs relations (c.-à-d. dans la façon dont elles se traitent mutuellement). La deuxième façon dont les relations entre le personnel et les délinquantes peuvent s'améliorer grâce au soutien assuré est que celui-ci peut favoriser un plus grand respect mutuel (ou créer un tel respect). Un certain nombre de membres et anciens membres de l'EED trouvaient que les employées les respectaient davantage depuis leur participation au programme d'entraide des délinquantes. Certaines trouvaient que les membres du personnel adoptaient un ton plus respectueux quand elles leur parlaient et demandaient à connaître leur opinion à propos de sujets précis. Certaines délinquantes ont également indiqué qu'elles témoignent d'un plus grand respect à l'égard du personnel depuis leur participation à l'EED. Un grand nombre attribuait cela au fait que lorsqu'on est membre de l'EED, il faut donner l'exemple aux autres délinquantes. Une répondante a fait observer qu'en assumant son nouveau rôle de membre de l'EED, elle « a laissé tomber un peu l'attitude du 'nous' contre 'eux' ».

      Dans l'ensemble, les données laissent supposer qu'il n'y a pas eu un changement considérable de l'atmosphère à l'EEF qui serait dû à l'instauration de l'EED. Fait important, l'environnement à l'EEF est en évolution constante, tandis que les employées et les délinquantes essaient de s'ajuster au nouvel établissement. Il est important de noter aussi que de nombreuses répondantes ont fait valoir qu'aucun programme à lui seul ne devrait être perçu comme pouvant modifier, de façon significative, un environnement carcéral. Plus exactement, on a constaté un certain changement, essentiellement positif, depuis la mise sur pied de l'EED : ce changement se limite à la qualité des relations et à la confiance qui règne entre le personnel et des délinquantes particulières (membres de l'EED, stagiaires).

    3. Les délinquantes qui participent au programme ont-elles davantage le sentiment de se prendre en charge?

      Cette question rejoint directement un certain nombre des questions d'évaluation décrites plus haut. Tel que mentionné, toute les sources de données semblent suggérer que les femmes qui suivent et terminent la formation EED ont généralement le sentiment qu'elles ont davantage le contrôle de leur destinée par la suite. De nombreuses femmes ont révélé que la formation qu'elles avaient suivie était pour elles une période de croissance personnelle, de développement et de découverte de soi. D'après les résultats des entrevues menées auprès du personnel et des délinquantes, la formation EED enseigne aux femmes comment faire face aux problèmes et comment aider les autres à y faire face. De plus, ces femmes peuvent appliquer les connaissances qu'elles ont acquises durant la formation pour améliorer toutes leurs relations. Finalement, la participation de professionnels à titre de volontaires pour animer les séances de formation était perçue par certaines femmes comme contribuant tout particulièrement à cette prise en charge de soi. Tel que mentionné, certaines femmes ont l'impression de valoir davantage du fait que les conférenciers ne sont pas payés (ce dont les stagiaires sont conscientes). Ainsi, l'estime de soi et le sentiment d'être importantes contribuent aux sentiments des stagiaires d'avoir davantage le contrôle de leur existence.

      Pour les femmes qui ont terminé la formation, il semble que l'adhésion à l'équipe leur donne le sentiment de se prendre en charge. Ces femmes, qui traditionnellement sont les 'bénéficiaires d'aide' ont appris qu'elles possèdent de précieuses compétences dont elles peuvent se servir pour aider les autres. De plus, les membres de l'EED, et plus particulièrement la délinquante qui agit comme présidente, participent activement à la prise de toutes les décisions ayant trait au programme. De nombreuses répondantes avaient l'impression que l'EED est dirigé par des délinquantes et que le programme « appartient » aux membres de l'équipe. Ainsi, les intervieweuses ont constaté que les membres de l'EED étaient particulièrement fiers d'y appartenir.

      Ce sentiment d'avoir davantage le contrôle de sa destinée peut également être partagé par les 'bénéficiaires' des services assurés par l'EED. Même si les personnes interrogées n'ont fait aucune déclaration explicite à cet effet, un examen des principes et du fonctionnement du programme d'entraide des délinquantes suggère que ce programme peut produire le même effet chez les 'bénéficiaires' que chez les membres de l'EED. La raison pour laquelle on est arrivé à cette conclusion est que les bénéficiaires de l'EED gèrent les soins qu'elles obtiennent. Plus précisément, elles font la demande du soutien offert par l'EED à mesure que c'est nécessaire et quand elles en ont besoin. En outre, celles qui présentent de telles requêtes précisent aussi à quel membre de l'EED elles aimeraient faire appel. Finalement, les bénéficiaires sont autorisées à définir le déroulement de la séance d'entraide. Elles peuvent commencer et conclure la séance comme bon leur semble et elles peuvent décider des questions qui y seront discutées. À ce titre, l'EED peut être considérée comme augmentant le pouvoir des bénéficiaires ainsi que des prestataires du service.

      Pour une petite minorité de femmes, l'existence de l'EED à L'EEF peut avoir l'effet contraire, à savoir réduire le sentiment qu'elles ont le contrôle de leur destinée. Ce groupe inclut a) les femmes qui ne sont pas sélectionnées en vue de la formation et b) les femmes qui terminent le cours mais qui ne sont pas accréditées. Quelques-unes des employées et des délinquantes avec lesquelles on s'est entretenu ont indiqué que des tels incidents étaient démoralisants pour les femmes concernées. Les délinquantes ayant essuyé de tels échecs étaient surprises et ne comprenaient pas pourquoi on leur refusait l'accès au programme ou l'accréditation. Bien que nous ayons tenu compte de cet aspect dans l'étude de sorte que tous les points de vue soient représentés, il est également nécessaire de souligner ce qui suit : il est malheureux qu'il y ait des méthodes de sélection et que l'on refuse l'accréditation à certaines personnes, mais il s'agit d'un mal nécessaire qui fait partie de la réalité des programmes créés pour les délinquantes.

      Les données recueillies dans le cadre des sondages et des entrevues indiquent que l'EED crée peut-être un déséquilibre du pouvoir parmi les délinquantes à l'EEF. Certaines délinquantes étaient d'avis que les employées traitent parfois mieux les membres de l'EED que les délinquantes qui n'en font pas partie. De plus, certaines personnes (parmi le personnel et les délinquantes) ont signalé que certains membres de l'EED 'pensent qu'elles sont supérieures' aux délinquantes qui n'en sont pas membres. Cependant, il faut faire remarquer que certaines délinquantes ayant participé aux entrevues ont suggéré que les délinquantes qui ne sont pas impliquées dans le programme EED sont parfois jalouses des membres de l'EED. Il existe donc la possibilité que les délinquantes qui les perçoivent comme ayant un sentiment de supériorité sont simplement envieuses et projettent leurs sentiments sur des membres de l'EED. Selon toute probabilité, il s'agit d'un phénomène réciproque, en ce sens que certains membres de l'EED donnent l'impression d'être arrogantes tandis que des délinquantes qui n'en font pas partie manifestent des sentiments de jalousie. Quelle que soit la situation, de telles attitudes sont clairement contre-indiquées dans tout cadre de programme axé sur la femme et contraires à la vision de l'EED.

  5. Le programme a-t-il des effets positifs ou négatifs non prévus?

    1. La formation des membres futurs du programme EED renforce-t-elle les effets d'autres programmes auxquels participent les membres de l'équipe? Les aide-t-elle à définir leurs intérêts?

      La plupart des répondantes ont affirmé que le programme EED renforce les effets positifs d'autres programmes. Plus particulièrement, la formation et le programme EED étaient généralement perçus comme ayant un tel effet chez les stagiaires et les membres du programme EED, mais moins dans le cas des autres délinquantes. Deux répondantes parmi le personnel ont noté qu'il y a pas mal de chevauchement dans le matériel présenté dans le cadre de la formation EED et celui utilisé dans le contexte d'autres programmes (celui portant sur les compétences cognitives). Les délinquantes peuvent donc arriver à réellement bien maîtriser les parties répétitives des cours.

      Il y a également des indications selon lesquelles la participation au programme EED aide à définir les intérêts et les buts à long terme des membres d'une façon socialement positive et constructive. Parmi les membres de l'EED, quatre ont signalé que leur plan postlibératoire (cheminement de carrière sélectionné) avait changé ou avait été confirmé après qu'elles eurent participé au programme EED. Chacune de ces répondantes indiquait que l'entraide assurée par d'autres délinquantes les avait aidées à prendre conscience de leurs forces et de leurs aptitudes à travailler avec des personnes qui ont besoin d'aide. Suite à sa participation au programme, une femme termine son baccalauréat à plein temps et espère se spécialiser en psychologie. Une autre a des projets précis et veut obtenir un emploi comme travailleuse sociale : « J'aurai beaucoup à offrir à l'avenir. » Un troisième membre trouvait que l'EED l'avait aidée à être plus patiente avec les autres. Elle envisage de continuer à travailler avec des femmes qui ont besoin d'aide, plus particulièrement avec les femmes incarcérées ou sans abri ou les femmes souffrant d'une dépendance. Finalement, une délinquante faisant partie de l'EED (qui ne sera pas mise en liberté dans la collectivité bientôt) a déclaré qu'elle examine la possibilité d'établir des programmes similaires à l'établissement pour encourager « les gens à s'entraider » ou de participer à de tels programmes. Il semblerait donc qu'il y ait des indications positives que l'EED aide les délinquantes à définir leurs intérêts.

    2. Le counseling assuré en tant que membres de l'EED cause-t-elle de la pression et un risque d'épuisement psychologique chez les membres de l'équipe?

      Quelques femmes, aussi bien parmi les stagiaires que parmi les membres de l'EED, ont indiqué qu'on leur avait demandé de participer au programme EED. Certaines ont expliqué que même si on leur donnait le choix, elles avaient ressenti de la pression pour qu'elles y participent. Cependant, alors que certaines étaient hésitantes au début et ont participé à la formation parce qu'elles se sentaient obligées de le faire, elles ont reconnu au moment de l'entrevue qu'elles avaient « fait le bon choix ».

      La plupart des membres de l'EED avec lesquelles on s'est entretenu ont signalé que depuis qu'elles avaient terminé la formation, leur rôle au sein du groupe des délinquantes avait changé. Voici certaines des explications fournies par les femmes : « [le personnel] vous dit que vous êtes un exemple », « les gens [c.-à-d. le personnel/les délinquantes] vous observent constamment » « vous êtes un leader [en tant que membre de l'EED] », « je suis maintenant un exemple », « les autres me respectent » et « on ne me demande plus [c.-à-d. les autres délinquantes] de participer à des activités qui me causeront des ennuis ». Collectivement, les délinquantes voyaient les changements qui étaient survenus dans leur rôle comme attribuables à une évolution des attentes chez les autres (chez les employées et les délinquantes) qu'elles aient un comportement irréprochable à tout instant.

      De nombreuses membres de l'équipe ont expliqué que des employées à l'établissement leur rappellent constamment de vive voix qu'elles sont censées donner l'exemple aux autres délinquantes. La plupart des femmes voyaient cela comme une expérience positive, leur donnant l'occasion de bien se conduire et d'être reconnues par les autres pour les efforts faits. Une femme toutefois a fait observer que « le personnel s'en sert contre nous. Je n'aime pas la pression additionnelle [d'être obligée de donner l'exemple]. Si nous commettons une erreur, c'est deux fois plus grave ou deux fois plus important ».

      On s'attend à ce que les membres de l'EED se conduisent de façon appropriée et donnent l'exemple aux autres délinquantes, et cette exigence était perçue à la fois comme positive et négative par les membres de l'équipe. Tandis qu'un grand nombre de répondantes voyait cette exigence comme leur offrant la possibilité de 'se prouver' et d'être reconnues pour leur bonne conduite, d'autres la voyait comme de la pression indue et comme un traitement injuste de la part du personnel.

      D'après les témoignages des membres de l'EED, l'incidence d'« épuisement psychologique » causé par les fonctions d'entraide des délinquantes était très limité ou inexistant. Il existe des mécanismes à la fois officiels et officieux pour éviter ce genre de problème chez les membres de l'EED. En premier lieu, tel que mentionné, les séances d'entraide ne sont pas supposées dépasser une heure et les situations de crise doivent être renvoyées au personnel professionnel spécialisé dans le domaine de la santé mentale à l'établissement. En deuxième lieu, les membres ne sont jamais ou rarement appelés à offrir un soutien la nuit. Le membre de l'équipe d'entraide des délinquantes qui a signalé qu'elle avait travaillé la nuit a expliqué qu'elle avait été compensée adéquatement en ayant du temps libre le lendemain. Les membres ont le droit de refuser les demandes d'entraide si elles ne se sentent pas à la hauteur (à cause de fatigue ou parce qu'elles sont tendues). Finalement, les membres de l'équipe peuvent interrompre temporairement leurs fonctions EED sans avoir à justifier leur requête.

    3. Le programme EED a-t-il des effets secondaires négatifs?

      Il y a deux aspects fondamentaux qui ont été perçus par certaines comme constituant des 'effets secondaires' négatifs du programme EED. Le premier est que, d'après certaines délinquantes, l'EED encourage l'apparition d'une hiérarchie au sein de la population carcérale à l'établissement. Cette notion est renforcée par le fait que des membres particuliers se donnent des airs de supériorité et du fait que certaines employées accordent un traitement de faveur aux membres de l'EED en leur octroyant des privilèges supplémentaires. Bien que ce ne soit pas toutes les répondantes qui ont formulé ces préoccupations, il est important de noter que quelques personnes les ont exprimées (parmi le personnel et parmi les délinquantes).

      Il s'agit d'une inquiétude importante, et les prestataires du programme EED ont essayé d'y remédier dans une certaine mesure. Par exemple, lorsque le premier groupe de femmes a terminé la formation EED à l'EEF, on a organisé une grande fête de fin de cours à laquelle toute la population carcérale a été invitée. Durant cette fête, on a servi de la nourriture et on a remis des cadeaux aux délinquantes ayant réussi le cours (T-shirts et tasses portant la mention EED) en la présence des autres délinquantes, du personnel et des animateurs. Les membres avec lesquelles nous nous sommes entretenues ont indiqué que cet événement avait été une grande source de fierté pour elles. En dépit de cela, on a fortement réduit l'ampleur des deux cérémonies qui ont suivi. Les prestataires du programme ont expliqué qu'après la première cérémonie de fin de cours, on a changé le protocole pour éviter de donner l'impression que le programme EED est plus important que les autres programmes à l'EEF. De plus, contrairement à ce qui s'est produit pour le premier groupe de stagiaires, par la suite, certaines des délinquantes n'ont pas été accréditées et n'ont pas pu faire partie de l'EED. En organisant une importante cérémonie pour celles qui avaient terminé le cours, on risquait de renforcer les sentiments d'infériorité des autres.

      Un problème connexe est que le programme EED peut faire naître des sentiments de jalousie parmi les délinquantes. Plus particulièrement, certains membres de l'Équipe d'entraide des délinquantes et membres du personnel ont indiqué que d'autres délinquantes (n'appartenant pas à l'EED) sont jalouses de celles qui y participent et ont essayé de le détruire en faisant circuler des rumeurs négatives (selon lesquelles les membres de l'EED consomment ou transmettent de la drogue et ne respectent pas la confidentialité des renseignements). Il s'agit d'un grave problème, étant donné que ces sentiments risquent de créer deux camps chez les délinquantes. Tel que mentionné, une telle situation est contre-indiquée dans tout cadre de programme 'féministe', et est opposée aux principes de l'entraide des délinquantes. Ici aussi, même si ces préoccupations ont été formulées par seulement deux ou trois répondantes, cela vaut la peine de continuer à y prêter de l'attention pour protéger l'intégrité du programme.

Conclusions

Résumé des résultats

Dans l'ensemble, l'EED a été évaluée très favorablement par le personnel et les délinquantes aussi bien du point de vue de son fonctionnement que des résultats obtenus. Il y a un lien valable et logique entre les activités et les objectifs du programme, et il semble que celui-ci ait sa place et accomplit un rôle précis à l'EEF. Ce qui est important est que le programme satisfait aux principes clés de la continuité des soins de santé mentale prodigués aux femmes : accès, orientation axée sur les femmes et participation des clientes.

On peut déduire des résultats de l'évaluation que le programme sert généralement bien la clientèle visée. Cependant, trois des répondantes (sur 25) on déclaré qu'elles n'avaient pas été officiellement mises au courant de l'existence de l'EED et du service qu'elle offre. En outre, deux délinquantes ont fait savoir qu'elles ne feraient pas appel aux services assurés par l'Équipe d'entraide des délinquantes par crainte qu'on ne respecte pas la confidentialité des renseignements communiqués. En dépit de ces préoccupations, un certain nombre de délinquantes utilisent les services d'entraide des délinquantes de 4 à 10 fois par mois à l'EEF, d'après les estimations. Les bénéficiaires de ce soutien ont fourni différentes raisons pour justifier le recours à ces services et semblaient généralement satisfaites de l'aide obtenue.

Certaines participantes aux entrevues ont souligné que l'EED n'aide pas à désamorcer les situations de crise, ni était censée le faire. Cependant, on dispose de solides preuves que l'entraide assurée par les délinquantes peut aider à réduire la gravité de ces situations de crise et aider à les résoudre. Tandis que certaines répondantes maintiennent que l'EED a favorisé une amélioration de l'atmosphère qui règne à l'EEF, les changements observés semblent se limiter aux relations entre des personnes particulières.

En ce qui concerne la question de savoir si l'EED satisfait aux besoins des personnes auprès de qui elle intervient, il est important d'inclure les membres de l'EED et les stagiaires qui suivent la formation EED comme 'bénéficiaires' du service. Effectivement, les résultats ont révélé que les femmes qui suivent la formation sont peut-être les principales bénéficiaires du programme. La formation a été décrite, par différentes personnes et à différents points de vue, comme exceptionnelle, tant sur le plan de la qualité de l'enseignement que de la formation en tant qu'expérience. La formation et l'appartenance à l'EED étaient généralement perçues comme encourageant les participantes à mieux se prendre en charge et comme comportant des éléments qui renforcent les effets des autres programmes à l'établissement. Finalement, pour un certain nombre de membres de l'EED, la participation au programme a aidé à définir leurs intérêts d'une façon constructive et socialement positive.

Tandis que les avantages et la participation au programme sont clairs et concluants, un possible effet non prévu mérite également qu'on s'y attarde. L'appartenance à l'EED peut empêcher certaines femmes d'obtenir de l'entraide d'autres délinquantes. Plus précisément, certains membres de l'EED ont exprimé l'opinion que leur rôle en tant que personnes « qui aident les autres » est incompatible avec le rôle de « bénéficiaires » d'un tel soutien. En réalité, elles se voient comme offrant de l'entraide aux autres sans reconnaître qu'elles aussi peuvent à l'occasion en avoir besoin.

Un problème connexe est que l'EED risque de créer un déséquilibre du pouvoir parmi les délinquantes. La dichotomie « prestataire-bénéficiaire » crée une hiérarchie, où les délinquantes 'fortes' s'occupent des délinquantes 'ayant des besoins'. Qui plus est, certaines données révèlent que des employées particulières empirent peut-être la situation en traitant les membres de l'EED différemment des autres et en leur accordant des privilèges spéciaux. Bien qu'il y ait certaines indications que les employées impliquées dans le programme aient essayé de réduire ces effets imprévus, il est essentiel de continuer à surveiller le déroulement du programme.

À part cela, les résultats de l'évaluation indiquent qu'il ne semble n'y avoir aucun autre effet négatif significatif causé par le programme EED. Il n'y a aucun signe d'« épuisement psychologique » parmi les membres de l'EED. Les demandes d'entraide présentées par les délinquantes ne sont pas si abondantes qu'elles causent de la fatigue ou de la tension parmi les membres. En outre, des requêtes sont rarement présentées tard le soir et on a adopté un certain nombre de mécanismes pour éviter un tel « épuisement psychologique » chez les membres de l'EED.

Quelques répondantes ont fait observer que le programme EED est utilisé à l'occasion par les délinquantes pour rendre visite les unes aux autres. Certaines répondantes voyaient cela comme une utilisation abusive du service, un 'effet secondaire' négatif du programme EED. Cependant, lorsque les intervieweuses ont cherché à approfondir la question, d'autres répondantes ont expliqué que ces 'visites' étaient plutôt rares. Par ailleurs, les personnes interrogées avaient parfois de la difficulté à faire la distinction entre des 'visites' et l'entraide assurée. Par exemple, deux répondantes ont admis qu'elles s'étaient servies du programme EED simplement pour rendre visite à leur amie (qui était membre de l'EED). Lorsque les intervieweuses ont cherché à savoir pourquoi les femmes avaient agi ainsi, elles ont souvent répondu qu'elles se sentaient seules, qu'elles avaient besoin de se défouler ou (lorsqu'elles se trouvaient à l'Unité à encadrement renforcé) qu'elles étaient angoissées par la perspective d'avoir à réintégrer la population carcérale. À ce titre, on pourrait interpréter ces 'visites' comme des situations où un véritable soutien a été accordé par d'autres délinquantes.

Limites de l'étude

Avant de passer aux recommandations concernant les améliorations à apporter au programme, il est nécessaire de parler de quelques-unes des limites de l'évaluation que nous avons effectuée. À cause de la taille restreinte de notre échantillon, nous n'avons pas pu cerner les écarts (éventuels) entre différents groupes, mais nous avions prévu cette lacune. Cette enquête a été menée comme une étude pilote et, à ce titre, les conclusions statistiquement significatives auxquelles nous sommes arrivées et les recommandations que nous avons formulées concernant la façon d'améliorer le programme sont superficielles. Ce qui est important toutefois est que cette enquête donne une idée préalable des méthodes et analyses que l'on pourrait appliquer pour étudier un échantillon national.

Tel que mentionné, le test sociométrique et l'échelle d'évaluation de l'estime de soi de Rosenberg ont été administrés en même temps. En outre, une note a été ajoutée aux mesures pour expliquer le but de l'étude. Il se peut que cette façon de procéder ait influencé le taux de réponse et les résultats de l'étude. Dans les instructions, on ne demandait pas aux répondantes de s'identifier dans le cas de l'Échelle d'évaluation de l'estime de soi, mais on leur demandait de le faire dans le cas du test sociométrique. Il se peut que chez les femmes qui souhaitaient rester entièrement anonymes (y compris les chercheuses), l'administration des deux instruments de mesure ensemble aient réduit le taux de réponse en ce qui concerne l'Échelle d'évaluation de l'estime de soi.

Par ailleurs, en décrivant le but de l'étude, il se peut qu'on ait prédisposé les répondantes et que l'on ait favorisé le choix d'un membre EED en réponse à la question : « Vers qui vous tournez-vous lorsque vous avez besoin de soutien moral? » Cependant, les données obtenues au moyen du test sociométrique semblent contredire cela. Plus précisément, le sociogramme (page 15) montre que les délinquantes étaient plus portées à obtenir un soutien d'anciens membres de l'EED ou de délinquantes qui n'en faisaient pas partie.

Les participantes n'ont pas toutes reçu des enveloppes dans laquelle placer les instruments de mesure remplis à la main. Il se peut que cette omission ait également réduit le taux de réponse ou ait faussé les résultats. La procédure d'administration des instruments de mesure à remplir à la main obligeait les répondantes à soumettre la liste remplie aux Services de psychologie à l'EEF. Cette obligation ait pu réduire le taux de réponse chez les délinquantes qui craignaient qu'elles ne puissent garder l'anonymat. En outre, étant donné que la psychologue à l'établissement est impliquée directement dans le programme EED, il se peut que les répondantes aient adapté leurs réponses en conséquence. Plus précisément, si les répondantes pensaient que les Services de psychologie évalueraient leurs réponses, il se peut qu'elles aient choisi de répondre plus favorablement et d'une manière socialement plus acceptable.

Un problème connexe est le fait que la psychologue à l'établissement ait demandé que des délinquantes se portent volontaires pour participer aux entrevues. Il s'agit là d'un dilemme auquel on fait couramment face lorsqu'on fait appel à des participants volontaires. Il est probable que les femmes dont la participation au programme est plus positive fussent davantage portées à participer à l'étude d'évaluation. Aussi, celles qui ont des relations plus étroites avec la psychologue ont eu plus de chances que les autres d'être priées d'y participer et davantage tendance à accepter d'y participer. Là aussi, le désir d'être acceptée socialement risque d'avoir influencé les résultats de l'étude.

Finalement, la méthode d'évaluation (Eljdupovic-Guzina et Blanchette, 1997) ne prévoyait pas d'entrevue pour les stagiaires ayant suivi la formation EED ni pour les délinquantes ne participant pas au programme (c.-à-d. les non-bénéficiaires). Ainsi, la méthode d'entrevue à utiliser durant les entretiens avec les membres de l'EED a été modifiée pour qu'on puisse s'en servir auprès des stagiaires du programme EED, et certaines des questions n'étaient pas pertinentes dans le cas de ce dernier groupe. On ne s'est servi d'aucune méthode normalisée pour s'entretenir avec les non-bénéficiaires et on leur a généralement posé des questions pour savoir ce qu'elles pensaient de l'entraide des délinquantes, la raison pour laquelle elles n'avaient pas eu recours au service et, si elles se trouvaient dans cette situation, si elles utiliseraient le soutien assuré par les délinquantes, etc. Des règles précises sur le déroulement des entrevues seront élaborées pour ces groupes avant que soit menée une évaluation nationale portant sur le programme EED.

Recommandations concernant les améliorations à apporter éventuellement au programme

Les résultats de l'enquête pilote semblent indiquer que la formation EED à l'EEF est incomparable. Tant les employées que les stagiaires suivant la formation EED, les délinquantes ayant été accréditées et celles n'ayant pas été accréditées estimaient que la formation profitait à toutes celles qui y avaient participé. Fait important, les données révèlent que les 'bénéficiaires' du programme EED incluent trois groupes de femmes (qui ne sont pas mutuellement exclusifs) : 1) celles qui ont recours aux services d'entraide des délinquantes, 2) celles qui suivent la formation et 3) celles qui suivent la formation et deviennent des membres de l'EED. Ainsi, il est suggéré que la formation sur l'entraide des délinquantes soit 'présentée' ou 'vendue' différemment.

Actuellement, les critères d'admission (Annexe F) utilisés pour décider qui suivra la formation EED ont pour but de sélectionner les femmes qui seront le mieux en mesure d'assurer un soutien à leurs co-délinquantes. On reconnaît que des critères de sélection sont nécessaires pour tous les programmes afin de maximiser les effets du traitement. Cependant, en modifiant les critères de sélection des participantes au programme EED, on pourrait offrir celui-ci à un plus grand nombre de personnes. En particulier, il semble qu'il y ait un certain nombre de femmes à l'EEF qui pourraient suivre la formation EED pour les avantages qu'il procure, même si elles ne représentent pas nécessairement les meilleures candidates possibles pour le programme EED.

Cette façon de procéder augmenterait la proportion de femmes qui suivent la formation sans devenir des membres 'officiels' de l'EED. Par conséquent, il est proposé que l'on adopte un processus comportant deux phases, où la première phase consisterait à suivre la formation (et à finir le cours) et la deuxième phase, à se joindre officiellement à l'EED. Il y aurait peut-être lieu d'adopter des critères de sélection plus rigoureux, semblables à ceux inclus à l'Annexe F, pour la phase deux du processus EED. Ces stratégies auraient pour effet de réduire les sentiments d'infériorité chez les femmes qui suivent la formation mais qui ne sont pas admises à l'EED en tant que membres officiels.

Ce que nous recommandons donc est ceci : plutôt que de mettre l'accent sur le counseling, la formation EED mette l'accent sur l'autogestion de la santé. Même si les données obtenues durant les entrevues semblent indiquer que l'on met déjà l'accent sur cet aspect, certains membres de l'EED se voient clairement comme des 'conseillères'. De nombreuses répondantes percevaient également l'EED comme jouant un rôle semblable à celui de la psychologue et pensaient que les membres de l'équipe devraient intervenir (et interviennent déjà) dans les situations de crise. Cela crée un lourd fardeau pour les membres de l'équipe, qui de toute évidence n'ont pas suivi une formation à cet égard.

Nous suggérons donc que le rôle de l'EED soit clarifié, surtout pour les femmes qui en font partie. Tandis que quelques membres de l'EED reconnaissent les paramètres de leur rôle en tant que membres de l'équipe, d'autres ont fait des affirmations comme « Je suis une conseillère qualifiée; j'en ai la preuve noir sur blanc {en faisait allusion au certificat EED } », ou « je n'ai pas besoin d'entraide, c'est moi qui le fournit ». Il est particulièrement important de souligner que la fonction première des membres de l'équipe consiste à offrir de l'entraide et non pas à offrir du counseling ou à intervenir dans les situations de crise. Aussi, il est primordial de faire comprendre aux membres de l'équipe qu'il est tout à fait acceptable et sain pour elles, en tant que membres de l'EED, de demander de l'aide à d'autres délinquantes. Cela pourrait réduire l'impression qu'il existe un hiérarchie, où les femmes 'fortes' prennent soin des femmes 'qui ont besoin d'aide'.

Même si cela semble contraire aux modèles des programmes destinés aux femmes, nous recommandons également que l'EED soit davantage structurée. La plupart des répondantes (aussi bien parmi le personnel que parmi les délinquantes) étaient d'accord pour dire que le fait d'appartenir à l'équipe devrait être considéré comme un privilège et qu'on ne devrait nullement tolérer certains comportements (divulgation de renseignements confidentiels, consommation de drogue). Il semblait aussi y avoir une certaine confusion entourant la question de savoir si les membres de l'EED font l'objet de fouilles par palpation avant et après les séances de soutien. Certaines femmes en particulier se sont dites inquiètes de ce que les femmes membres de l'EED n'étaient pas assujetties aux mêmes règles à l'établissement que les non-membres. Donc, même si des politiques interdisant tout écart et prévoyant des fouilles par palpation s'appliquent peut-être aux membres de l'EED, ni les employées ni les délinquantes sont bien informées de ces procédures.

Au début de l'évaluation dont il est question ici, il n'y avait aucune procédure permettant de communiquer de façon régulière de la rétroaction aux stagiaires du programme EED. Ainsi, deux femmes qui n'avaient pas été accréditées à la fin du cours ont affirmé ne pas savoir pourquoi on leur avait refusé le certificat. En outre, les délinquantes ayant terminé le cours ne savaient pas quelles étaient leurs forces et faiblesses personnelles dans certains domaines. Or, récemment, on a créé une formule d'auto-évaluation/de rétroaction devant permettre aux stagiaires de procéder régulièrement à des évaluations du rendement durant leur formation (Annexe G).

Brièvement, après chaque séance de formation, une autoévaluation et une évaluation par la psychologue interne et l'animateur sont remplies. Tous les stagiaires doivent rencontrer la psychologue interne trois fois au cours des 17 séances pour examiner ces évaluations. Une évaluation finale du rendement est fournie à chaque participante à la fin de la formation. Il s'agit d'un excellent moyen pour les stagiaires d'évaluer leur propre rendement et de comparer les résultats de l'auto-évaluation à ceux de l'évaluation faite par les administrateurs du cours.

Par conséquent, nous recommandons que les membres de l'EED se voient aussi offrir la possibilité de discuter de l'entraide qu'elles assurent et de recevoir de la rétroaction à ce sujet. Dans cette optique, la psychologue à l'établissement (la coordonnatrice du programme EED) pourrait procéder à des évaluations du rendement à des intervalles réguliers. Étant donné que les requêtes visant à obtenir du counseling de la part des délinquantes sont relativement peu fréquentes, ces rencontres pourraient se tenir rien qu'une fois par mois et seulement dans le cas des membres qui ont fourni de l'entraide durant la période écoulée. Ces stratégies permettraient aux membres de l'EED de discuter des questions et problèmes qui se sont présentés lorsqu'elles ont assuré ce soutien et fourniraient l'occasion à la psychologue/coordonnatrice de surveiller leurs interventions. Il y aurait lieu d'assurer l'anonymat de la bénéficiaire durant toutes les séances de rétroaction, et le membre de l'EED fournirait uniquement de l'information de base à propos de la séance et de son déroulement, sans divulguer le nom de la bénéficiaire.

Pour faciliter la communication régulière de rétroaction, nous suggérons aussi que l'on encourage davantage les membres de l'EED à tenir des dossiers au sujet de leurs séances de soutien et qu'on leur rappelle de le faire. Tel que mentionné plus haut, il faudrait uniquement inclure de l'information générale dans ces dossiers, qui seraient dressés en 10 à 15 minutes tout au plus. On y inscrirait le nom du membre de l'EED, la date et l'heure de la séance, le type de problème dont il a été question et toute recommandation (le cas échéant). Cette procédure permettrait aussi de contrer le problème perçu selon lequel certaines délinquantes se servent uniquement de l'EED pour rendre visite à d'autres délinquantes ou pour bavarder avec elles. Les membres de l'EED devraient rendre compte de chaque séance d'entraide.

Documents de référence

Beck, A., Steer, R., Epstein, N., & Brown, G., Test du concept de soi de Beck. Psychological Assessment: A Journal of Consulting and Clinical Psychology, 2 (2), 191-197, 1990.

Service correctionnel du Canada, Les établissements régionaux pour femmes purgeant une peine fédérale : Ébauche no 4 du Plan opérationnel, Ottawa, 1992.

Service correctionnel du Canada, L'Équipe de soutien par les pairs : Guide de la coordonnatrice, Ottawa, 1996a.

Service correctionnel du Canada, Guide à l'intention des volontaires de l'équipe de soutien par les pairs, Ottawa, 1996a.

Eljdupovic-Guzina, G., & Blanchette, K., Cadre d'évaluation du modèle de programme de l'Équipe d'entraide des délinquantes, Document non publié soumis au Service correctionnel du Canada, Ottawa, 1997.

Heney, J., Report of Self-Injurious Behavior in the Kingston Prison for Women, Service correctionnel du Canada, Ottawa, 1990.

Laishes, J. Stratégie en matière de santé mentale pour les délinquantes, Service correctionnel du Canada, Ottawa, 1997.

Northway, M. L. & Weld, L., Sociometric Testing, University of Toronto Press, Toronto, 1957.

O'Brien, E., Global self-esteem scales: unidimensional or multidimensional?, Psychological Reports, 57, 383-389, 1985.

Groupe d'étude sur les femmes purgeant une peine fédérale. La création de choix : Rapport du Groupe d'étude sur les femmes purgeant une peine fédérale, Service correctionnel du Canada, Ottawa, 1990.

Wolfus, B., & Stasiak, E., The Correctional Environment Status Inventory: A Tool for Measuring the Quality of Correctional Environments. Rapport de recherche 96-8, Institut correctionnel de l'Ontario, Ministère du Solliciteur général et des services correctionnels, Brampton, 1996.

ANNEXE A :

Échelle d'évaluation de l'estime de soi de Rosenberg

Instructions:


Veuillez indiquer dans quelle mesure vous êtes d'accord avec chacune des affirmations qui suivent en encerclant l'option qui correspond à votre choix sous chaque affirmation.


EV = Entièrement vrai

V = Vrai

F = Faux

EF = Entièrement faux


  1. Dans l'ensemble, je suis satisfaite de moi-même.

    EV
    V
    F
    EF


  2. Parfois, je pense que je ne vaux absolument rien.

    EV
    V
    F
    EF


  3. J'estime que je possède un certain nombre de bonnes qualités.

    EV
    V
    F
    EF


  4. Je suis capable de faire les choses aussi bien que la plupart des autres personnes.

    EV
    V
    F
    EF


  5. J'ai l'impression qu'il n'y a pas beaucoup dont je peux être fière.

    EV
    V
    F
    EF


  6. Il est vrai que parfois je me sens inutile.

    EV
    V
    F
    EF


  7. Je pense que j'ai de la valeur du moins tout autant que les autres.

    EV
    V
    F
    EF


  8. J'aimerais pouvoir me respecter davantage.

    EV
    V
    F
    EF


  9. Dans l'ensemble, j'ai tendance à penser que j'ai échoué.

    EV
    V
    F
    EF


  10. J'ai une attitude positive envers moi-même.

    EV
    V
    F
    EF


ANNEXE B :

Test sociométrique

Nous aimerions mieux comprendre les relations entre les femmes à l'établissement. Pour cette raison, vous pouvez nous être d'une grande utilité en répondant à la question ci-dessous. Vos réponses sont entièrement confidentielles!



Nom
________________________________
Date
_____________________________


Vers qui vous tournez-vous lorsque vous avez besoin de soutien moral?

Veuillez fournir le prénom et le nom de famille des personnes, si possible.



Premier choix :
___________________________________________________


Deuxième choix :
___________________________________________________


Troisième choix :
___________________________________________________


ANNEXE C :

Liste d'évaluation de l'environnement correctionnel


Établissement :
________________________________
Date(jj/mm/aa) :
_____
/
_____
/
_____


Ce questionnaire vous est transmis dans le cadre d'une évaluation de routine de l'établissement où vous vous trouvez. Ce document contient des affirmations à propos de votre unité, à propos du personnel correctionnel à l'établissement et à votre sujet. Veuillez prendre le temps de remplir le questionnaire. Il n'est pas nécessaire pour vous d'y inscrire votre nom. Ainsi, les résultats demeureront confidentiels.

Une fois que vous l'avez rempli, veuillez glisser le questionnaire dans l'enveloppe fournie et sceller celle-ci. Puis, remettez cette enveloppe au personnel. Nous vous prions de nous retourner le tout dans les 5 jours.


(A) Êtes-vous : (encerclez 1 ou 2)

  1. de sexe masculin
  2. de sexe féminin

(B) Quel est votre âge?____________


(C) Êtes-vous autochtone? (encerclez 1 ou 2)

  1. oui
  2. non

(D) Quelle est la longueur de votre peine d'incarcération actuelle? (encerclez 1 ou 2)

  1. de 2 ans à 4 ans
  2. de quatre ans ou plus

(E) Avez-vous déjà été incarcérée? (encerclez 1 ou 2)

  1. oui
  2. non

À la page suivante, vous trouverez des affirmations décrivant certaines choses qui peuvent se produire à votre établissement et d'autres affirmations qui correspondent peut-être à vos sentiments ou pensées. Chaque affirmation est suivie de chiffres allant de 1 à 5. Après avoir lu chaque affirmation, encerclez l'un des chiffres.

Encerclez '1' si ce que décrit l'affirmation ne se produit jamais

Encerclez '2' si ce cela se produit à l'occasion

Encerclez '3' si cela se produit souvent

Encerclez '4' si cela se produit la majorité du temps

Encerclez '5' si cela se produit toujours

N'encerclez pas un chiffre si vous n'êtes pas sûr du sens de l'affirmation ou si elle ne s'applique pas à votre établissement. N'encerclez pas plus d'un chiffre pour une affirmation donnée. Veuillez également noter que l'expression « personnel correctionnel » désigne principalement les travailleuses de première ligne, même si ce terme peut inclure aussi les dirigeantes d'équipe, le personnel des services de santé mentale et la direction.

1=JAMAIS
2=À L'OCCASION
3=SOUVENT
4=LA MAJORITÉ DU TEMPS
5=TOUJOURS


  1. Le personnel correctionnel ne fait pas attention à moi.

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  2. Le personnel correctionnel tient compte des explications fournies par les résidentes lorsque quelque chose se produit à l'établissement.

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  3. Le personnel correctionnel ne fixe pas immédiatement les rendez-vous demandés.

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  4. Le personnel correctionnel donne suite aux suggestions des résidents.

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  5. Le personnel correctionnel s'excuse auprès des résidentes lorsque des employés ont commis une erreur.

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  6. Lorsque les membres du personnel correctionnel sont en désaccord, ils arrivent à une entente.

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  7. Si je suis traitée injustement par une travailleuse de première ligne, on me donne l'occasion d'exposer mon point de vue

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  8. Le personnel correctionnel change d'avis en ce qui concerne nos activités.

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  9. Le personnel correctionnel aide les résidentes à résoudre les désaccords.

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  10. Lorsque le programme auquel participe une résidente est modifié, une travailleuse de première ligne explique pourquoi.

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  11. Le personnel correctionnel m'encourage à essayer de nouvelles façons d'accomplir ce que je cherche à accomplir.

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  12. Le personnel correctionnel et les résidentes se disent honnêtement ce qu'ils pensent les uns des autres.

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  13. Avant que le personnel correctionnel nous réprimande, il essaie de savoir ce qui s'est passé.

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  14. Les résidentes plus mûres à l'établissement aident à prendre soin des résidentes moins mûres.

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  15. Les réunions organisées à l'établissement commencent à temps.

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  16. Les membres du personnel correctionnel me le font savoir lorsque j'ai accompli quelque chose de très bien.

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  17. Le personnel correctionnel prête attention aux résidentes.

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  18. Les membres du personnel correctionnel s'entendent bien entre eux.

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  19. Certaines résidentes sont très impolies envers d'autres personnes à l'établissement.

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  20. Je m'adresse au personnel correctionnel avec respect.

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  21. À l'établissement, nous sommes autorisées à dire ce que nous pensons.

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  22. Lorsque les résidentes sont en désaccord avec les travailleuses de première ligne, elles peuvent le dire ouvertement.

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  23. Le personnel correctionnel partage la même opinion quant aux comportements qui sont acceptables.

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  24. Je n'hésite pas à indiquer au personnel correctionnel comment je me sens.

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  25. Je cache mes sentiments réels aux autres résidentes.

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  26. Les résidentes à l'établissement s'insultent entre elles.

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  27. J'aime le fait que le personnel correctionnel participent à nos activités.

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  28. Je n'hésite pas à intervenir lorsque des résidentes font quelque chose qu'elles ne sont pas censées faire.

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  29. J'essaie d'aider les autres résidentes à l'établissement à résoudre leurs problèmes.

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  30. Lorsque les résidentes ont des ennuis, c'est assez évident pourquoi.

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  31. Le personnel correctionnel fonctionne comme une seule équipe.

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  32. L'établissement est assez bien organisé.

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  33. Si une résidente ne veut pas prendre une douche régulièrement, les autres résidentes à l'établissement interviennent auprès d'elle.

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  34. Le personnel correctionnel m'aide à mieux faire face à la colère que je ressens.

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  35. Le personnel correctionnel encourage les résidentes à réfléchir à leurs objectifs.

    1
    2
    3
    4
    5


  36. L'établissement est propre.

    1
    2
    3
    4
    5


    Pour la prochaine série d'affirmations, il s'agit d'indiquer dans quelle mesure vous êtes d'accord avec chacune d'elles. De nouveau, encerclez un chiffre allant de 1 à 5 et de nouveau, l'expression « personnel correctionnel » désigne principalement des travailleuses de première ligne, même si le terme peut inclure des dirigeantes d'équipe, des membres du personnel de santé mentale et des membres de la direction.



    1=PAS DU TOUT D'ACCORD
    2=PAS ENTIÈREMENT D'ACCORD
    3=LÉGÈREMENT D'ACCORD
    4=GÉNÉRALEMENT D'ACCORD
    5=TOUT À FAIT D'ACCORD



  37. On s'attend à ce que les résidentes se parlent entre elles de leurs problèmes personnels.

    1
    2
    3
    4
    5


  38. Le personnel correctionnel essaie de m'aider.

    1
    2
    3
    4
    5


  39. À l'établissement, nous sommes autorisées à dire ce que nous pensons.

    1
    2
    3
    4
    5


  40. Les autres résidentes à l'établissement m'aident à me comprendre.

    1
    2
    3
    4
    5


  41. Je sais qu'elles seront les prochaines étapes que je me fixerai au moment de la ma libération.

    1
    2
    3
    4
    5


  42. Le personnel correctionnel s'intéresse à mes progrès.

    1
    2
    3
    4
    5


  43. Il est important pour moi de participer à des programmes de traitement.

    1
    2
    3
    4
    5


  44. Je respecte les membres du personnel correctionnel.

    1
    2
    3
    4
    5


  45. Le personnel correctionnel s'inquiète de moi.

    1
    2
    3
    4
    5


  46. Les résidentes savent quel est le travail à accomplir et quand le faire.

    1
    2
    3
    4
    5


  47. Le personnel correctionnel m'aide à sentir que je pourrais éviter de retourner en prison à l'avenir.

    1
    2
    3
    4
    5


  48. Les membres du personnel correctionnel préfèrent rester dans leur bureau plutôt que de passer du temps avec les résidentes.

    1
    2
    3
    4
    5


  49. Les règles à l'établissement sont claires.

    1
    2
    3
    4
    5


  50. Je suis en train de résoudre les problèmes qui m'ont amenée ici.

    1
    2
    3
    4
    5


  51. Je sais quels genres de comportement m'apportent des ennuis.

    1
    2
    3
    4
    5


  52. Je veux changer qui je suis.

    1
    2
    3
    4
    5


  53. Le personnel correctionnel aimerait savoir comment je me porte une fois que j'aurai été mise en liberté.

    1
    2
    3
    4
    5


  54. Je fais l'apprentissage de meilleures façons de résoudre mes problèmes.

    1
    2
    3
    4
    5


  55. Les résidentes sont encouragées à planifier leur avenir.

    1
    2
    3
    4
    5


  56. Les autres résidentes à l'établissement n'ont rien à m'offrir.

    1
    2
    3
    4
    5


  57. Je suis concernée par ce qui arrive aux autres résidentes.

    1
    2
    3
    4
    5


  58. Je sais très bien ce qu'il y a lieu de faire et de ne pas faire ici.

    1
    2
    3
    4
    5


  59. Lorsque je suis arrivée, les autres résidentes m'ont aidée a savoir comment les choses se passent ici.

    1
    2
    3
    4
    5


  60. Les membres du personnel correctionnel sont plus intéressés par leur chèque de paye que par moi.

    1
    2
    3
    4
    5


  61. Le personnel correctionnel pense que les problèmes à l'établissement sont entièrement la faute des résidentes.

    1
    2
    3
    4
    5


  62. Mon agent de liberté conditionnelle s'intéresse à mes progrès.

    1
    2
    3
    4
    5


  63. J'aime la plupart des résidentes à l'établissement.

    1
    2
    3
    4
    5


  64. À l'établissement, chaque résidente est laissée à soi-même.

    1
    2
    3
    4
    5


  65. Il faudra que je règle mes problèmes si je veux éviter d'être réincarcérée.

    1
    2
    3
    4
    5


  66. Le personnel correctionnel m'aide à sentir que je peux mieux gérer ma vie que je ne l'ai fait par le passé.

    1
    2
    3
    4
    5


Veuillez vérifier votre questionnaire pour vous assurer que vous n'avez oublié aucune affirmation. Au verso, sentez-vous libre d'inclure tout aspect de l'environnement carcéral qui a été omis dans le présent questionnaire.

ANNEXE D :

Formats des sondages

SONDAGE AUPRÈS DES DÉLINQUANTES

L'Équipe d'entraide des délinquantes (EED) est une équipe formée de délinquantes qui offrent des services de counseling à toutes les femmes incarcérées à l'établissement. Les volontaires qui font partie de l'EED ont suivi une formation sur le counseling et sur l'intervention dans les situations de crise. Si vous vous sentez déprimée, fâchée, suicidaire ou bouleversée, l'EED peut vous aider. Les séances de counseling sont entièrement confidentielles.

Pour nous aider à mieux savoir quelle est l'utilité de l'équipe et de trouver des façons de l'améliorer encore davantage, nous vous saurions gré de remplir ce questionnaire et de nous dire ce que vous pensez de l'entraide assurée par d'autres délinquantes.

Vos réponses seront entièrement confidentielles et vous garderez l'anonymat.

  1. Quel est votre âge? ______

  2. Quelle est la longueur de la peine que vous purgez actuellement? ______

  3. Depuis combien de temps êtes-vous incarcérée? ______

  4. Depuis combien de temps vous trouvez-vous à l'établissement? ______

  5. Aviez-vous connaissance de l'existence du programme EED et de la possibilité de recevoir de l'entraide et du counseling d'autres délinquantes (de membres de l'EED)?

    ________
    Oui
    ________
    Non


  6. Si oui, comment avez-vous appris son existence?

    ______ j'ai vu des avis, des affiches

    ______ une autre délinquante me l'a dit

    ______ un membre de l'équipe m'a abordée et m'en a parlé

    ______ autre (préciser)________________________________________



  7. Savez-vous qui fait partie de l'équipe?

    ________
    Oui
    ________
    Non


  8. Savez-vous comment présenter une demande de counseling?

    ________
    Oui
    ________
    Non


  9. Combien de fois avez-vous demandé à voir un membre de l'EED?

    _____ Jamais

    _____ Une fois

    _____ De 2 à 5 fois

    _____ Plus de 5 fois



  10. Si vous n'avez PAS demandé à voir un membre de l'EED, c'était parce que :

    _____ vous ne connaissiez pas l'EED

    _____ vous n'en avez pas eu besoin

    _____ vous ne vous sentez pas à l'aise avec aucun des membres de l'EED

    _____ vous vous inquiétez du manque de confidentialité de l'information

    _____ vous avez peur de ce que vont penser les autres

    _____ vous êtes membre de l'EED

    _____ autre raison (préciser)

    _______________________________________________________________


    _______________________________________________________________


    _______________________________________________________________


  11. Vous est-il déjà arrivée de demander à voir un membre de l'EED et que l'on ait refusé d'accéder à votre requête?

    ________
    Oui
    ________
    Non


  12. Y a-t-il quelque chose qui vous rendrait plus disposée à demander à voir un membre de l'EED? (Si oui, veuillez préciser)

    _______________________________________________________________



  13. Si vous AVEZ DEMANDÉ à obtenir du counseling de l'EED, votre demande était-elle(cocher ces deux options si cela est approprié):

    _____ Formelle (vous avez soumis votre requête à un membre de l'EED ou un membre du personnel et une rencontre a été fixée)

    _____ Formelle (vous avez soumis votre requête à un membre de l'EED ou un membre du personnel et une rencontre a été fixée)



  14. Pourquoi avez-vous demandé à obtenir du counseling de l'EED? (veuillez cocher toutes les réponses qui s'appliquent)

    ___ la psychologue ou une autre professionnelle n'était pas disponible

    ___ vous vous êtes disputée avec le personnel

    ___ vous vous êtes disputée avec une autre délinquante

    ___ vous vouliez vous faire du tort (comportement autodestructeur)

    ___ vous étiez déprimée

    ___ vous étiez suicidaire

    ___ vous étiez bouleversée/en colère

    ___ vous vous sentiez très seule

    ___ autre (préciser) ______________________________________________

    _______________________________________________________________



  15. Combien utile était le counseling assuré par l'EED? (veuillez encercler un chiffre)

    1.........
    2.........
    3.........
    4.........
    5.........
    6.........
    7.........
    8.........
    9.........
    10


    Aucune utilité
    Quelque peu utile
    Très utile


  16. Le counseling assuré correspondait-il à vos attentes?

    1.........
    2.........
    3.........
    4.........
    5.........
    6.........
    7.........
    8.........
    9.........
    10


    Pas du tout
    Quelque peu
    Entièrement


  17. Si oui, de quelle façon?

    _______________________________________________________________


    _______________________________________________________________


    _______________________________________________________________


  18. Si non, pourquoi pas?

    _______________________________________________________________


    _______________________________________________________________


    _______________________________________________________________


  19. Combien satisfaite étiez-vous de la rapidité à laquelle la séance de counseling a été organisée une fois que vous aviez présenté votre requête?

    1.........
    2.........
    3.........
    4.........
    5.........
    6.........
    7.........
    8.........
    9.........
    10


    Pas du tout
    Quelque peu
    Tout à fait


  20. Combien longtemps avez-vous dû attendre avant que le personnel se mette en rapport avec le membre de l'EED?

    1.........
    2.........
    3.........
    4.........
    5.........
    6.........
    7.........
    8.........
    9.........
    10


    Pas longtemps
    Très longtemps


  21. Combien longtemps avez-vous dû attendre avant que la conseillère réponde à votre requête?

    1.........
    2.........
    3.........
    4.........
    5.........
    6.........
    7.........
    8.........
    9.........
    10


    Pas longtemps
    Très longtemps


  22. Vous a-t-on 'excusé' de vos autres fonctions, afin que vous puissiez bénéficier du counseling assuré par l'EED?

    ________
    Oui
    ________
    Non


  23. Si le counseling n'a pas aidé, pourriez-vous nous expliquer pourquoi?

    _______________________________________________________________


    _______________________________________________________________


  24. Avez-vous remarqué des changements dans l'atmosphère générale qui règne à l'établissement ou dans les relations entre le personnel et les délinquantes et parmi les délinquantes qui seraient dus au programme EED?

    ______ Non

    ______ Oui Quel genre de changements?

    _______________________________________________________________


    _______________________________________________________________


  25. Pensez-vous que le counseling assuré par d'autres délinquantes (ou dans le cadre du Programme d'entraide des délinquantes) est parfois utilisé à d'autres fins (p. ex., pour bavarder, pour éviter de travailler, etc.)?

    ______ No

    ______ Yes

    De quelle façon?_______________________________________________



  26. Pensez-vous que, grâce au programme EED, vous comprenez mieux les questions auxquelles font face les femmes? (Si oui, veuillez expliquer)

    ______ Non

    ______ Oui- Comment?__________________________________________

    Si vous avez reçu du counseling d'autres délinquantes, seriez-vous disposée à en discuter davantage avec la chercheuse? Si oui, veuillez inscrire votre nom ci-dessous et nous nous mettrons en rapport avec vous. Nous vous garantissons que notre conversation restera entièrement confidentielle.



    _______________________________________________________________


    Oui, je suis disposée à parler de mes expériences du counseling assuré par d'autres délinquantes.



    Nom
    ________________________________
    Date
    _____________________________


SONDAGE DESTINÉ AU PERSONNEL

Le présent questionnaire vise à évaluer l'efficacité du programme d'entraide des délinquantes à votre établissement. Comme vous le savez, ce programme offre, à toutes les délinquantes, un service de counseling assuré par d'autres délinquantes ayant suivi une formation à cette fin. Les volontaires appartenant à l'EED suivent une formation sur la façon d'assurer du counseling à leurs co-délinquantes et sur l'intervention dans les situations de crise. Si une délinquante se sent déprimée, fâchée, suicidaire ou bouleversée, il se peut qu'elle ait besoin de l'aide d'un membre de l'EED ou qu'un tel membre puisse lui fournir de l'aide simplement en se trouvant en sa présence sans qu'elle présente une requête officielle de counseling.

Nous vous serions reconnaissantes de bien vouloir répondre aux questions que vous trouverez ci-dessous. Vos perceptions et sentiments concernant ce programme sont d'une grande importance dans le cadre de son évaluation. Il n'est pas nécessaire de divulguer votre identité, et vos réponses seront entièrement confidentielles.

Nous aimerions également discuter avec vous de ce programme, puisque nous estimons qu'une entrevue nous permettra de mieux comprendre vos opinions personnelles à son sujet. Si vous êtes disposée à participer à une entrevue, veuillez l'indiquer au bas du questionnaire.

  1. Comment avez-vous appris l'existence du Programme EED?

    ______ La psychologue m'en a parlé

    ______ J'ai vu des affiches

    ______ Autre (expliquer) __________________________________________

    _______ Je n'en avais pas connaissance



  2. Savez-vous qui sont les membres de l'équipe?

    ________
    Oui
    ________
    Non


  3. Connaissez-vous la marche à suivre lorsqu'une délinquante demande à obtenir du counseling d'une autre délinquante?

    ______ Non

    ______ Oui Comment? _____________________________________________

  4. Quelle est d'après vous l'efficacité du Programme EED dans le cadre de l'intervention dans les situations d'urgence?

    1. Lorsqu'il s'agit de problèmes auxquels font face des délinquantes individuelles

      1.........
      2.........
      3.........
      4.........
      5.........
      6.........
      7.........
      8.........
      9.........
      10


      Aucune utilité
      Quelque peu utile
      Très utile


    2. Lorsqu'il s'agit d'empêcher une crise à l'établissement ou d'en faciliter la résolution

      1.........
      2.........
      3.........
      4.........
      5.........
      6.........
      7.........
      8.........
      9.........
      10


      Aucune utilité
      Quelque peu utile
      Très utile


  5. Avez-vous remarqué des changements dans l'atmosphère générale qui règne à l'établissement ou dans les relations entre le personnel et les délinquantes ou encore parmi les délinquantes, suite à l'instauration du programme EED?

    ______ Non

    ______ Oui Quel genre de changements? ___________________________



  6. Dans quelle mesure faites-vous confiance aux membres de l'EED?

    1.........
    2.........
    3.........
    4.........
    5.........
    6.........
    7.........
    8.........
    9.........
    10


    Aucunement confiance
    Entièrement confiance


    Cela varie-t-il selon les membres de l'équipe?



    ________
    Oui
    ________
    Non


  7. Avez-vous remarqué des changements chez les membres de l'EED depuis leur participation au programme (façon dont elles font face à leurs problèmes individuels; à l'incarcération; le rôle qu'elles jouent au sein de la population carcérale; les relations avec le personnel et leur comportement vis-à-vis de celui-ci)?

    _____ Non

    _____ Oui Comment cela?

    _______________________________________________________________


    _______________________________________________________________


  8. Pensez-vous que le Programme EED renforce les effets positifs des autres programmes :

    1. Pour les membres de l'équipe?

      1.........
      2.........
      3.........
      4.........
      5.........
      6.........
      7.........
      8.........
      9.........
      10


      pas du tout
      énormément


    2. Pour l'ensemble des délinquantes?

      1.........
      2.........
      3.........
      4.........
      5.........
      6.........
      7.........
      8.........
      9.........
      10


      pas du tout
      énormément


  9. Le counseling assuré par l'EED a-t-il déjà créé une situation de crise ou un problème qui était pire que la crise ou le problème original? (Si oui, veuillez expliquer comment)

    _____ Non

    _____ Oui Pourquoi et quand? _____________________________________

    _______________________________________________________________


  10. Avez-vous le sentiment que les séances de counseling sont parfois utilisées par les femmes pour d'autres raisons? (Si oui, veuillez expliquer)

    _____ Non

    _____ Oui Comment? _____________________________________

    _______________________________________________________________


Veuillez répondre aux questions qui suivent si vous vous sentez suffisamment à l'aise pour y répondre, sinon, sentez-vous libre de les sauter.

Quel poste occupez-vous à l'établissement? _______________________

Depuis quand occupez-vous ce poste? ___________________

Depuis combien de temps travaillez-vous avec des délinquantes? ______

Seriez-vous prête à participer à une entrevue avec nous à propos du programme?

La durée de l'entrevue serait de 20 à 40 minutes.

Oui
Nom
__________________________


MERCI BEAUCOUP POUR VOTRE COOPÉRATION!

ANNEXE E :

Affirmations apparaissant dans les catégories et sous-catégories de la LEEC

Catégorie : participation du personnel

Sous-catégorie : sensibilité du personnel


Le personnel correctionnel tient compte des explications fournies par les résidentes lorsque quelque chose se produit à l'établissement

Le personnel correctionnel donne suite aux suggestions des résidentes

Le personnel correctionnel s'excuse auprès des résidentes lorsque des employés ont commis une erreur

Si je suis traité injustement par une agente correctionnelle,

Lorsque le programme auquel participe une résidente est modifié, une travailleuse de première ligne explique pourquoi

Avant que le personnel correctionnel nous réprimande, il essaie de savoir ce qui s'est passé


Sous-catégorie : bienveillance du personnel


Le personnel correctionnel s'intéresse à mes progrès

Le personnel correctionnel s'inquiète de moi

Le personnel correctionnel aimerait savoir comment je me porterai une fois que j'aurai été mise en liberté

Mon agent de liberté conditionnelle s'intéresse à mes progrès


Sous-catégorie : manque d'intérêt de la part du personnel


Le personnel correctionnel ne fixe pas immédiatement les rendez-vous demandés

Les membres du personnel correctionnel préfèrent rester dans leur bureau plutôt que de passer du temps avec les résidentes

Le personnel correctionnel ne fait pas attention à moi

Les membres du personnel correctionnel sont plus intéressés par leur chèque de paye que par moi

Le personnel correctionnel pense que les problèmes à l'établissement sont entièrement la faute des résidentes


Catégorie : priorités du traitement assuré par le personnel


Sous-catégorie : encouragement


Le personnel correctionnel prête attention aux résidentes

Le personnel correctionnel m'aide à mieux faire face à la colère que je ressens

Le personnel correctionnel encourage les résidentes à réfléchir à leurs objectifs

Le personnel correctionnel essaie de m'aider

Le personnel correctionnel m'aide à sentir que je peux éviter les ennuis

Les résidentes sont encouragées à planifier leur avenir

Le personnel correctionnel m'aide à sentir que je peux mieux gérer ma vie que je ne l'ai fait par le passé


Sous-catégorie : communication ouverte


Le personnel correctionnel aide les résidentes à résoudre les désaccords

Le personnel correctionnel m'encourage à essayer de nouvelles façons d'accomplir ce que je cherche à accomplir

Le personnel correctionnel et les résidentes se disent honnêtement ce qu'ils pensent les uns des autres

Les membres du personnel correctionnel me le font savoir lorsque j'ai accompli quelque chose de très bien

Lorsque les résidentes sont en désaccord avec les agentes correctionnelles, elles peuvent le dire ouvertement

Je n'hésite pas à indiquer au personnel correctionnel comment je me sens


Catégorie : Cohésion du personnel


Lorsque les membres du personnel correctionnel sont en désaccord, ils arrivent à une entente

Les membres du personnel correctionnel s'entendent bien entre eux

Je m'adresse au personnel correctionnel avec respect

Le personnel correctionnel partage la même opinion quant aux comportements qui sont acceptables

J'aime le fait que le personnel correctionnel participent à nos activités

Le personnel correctionnel fonctionne comme une seule équipe

Je respecte les membres du personnel correctionnel


Catégorie : clarté et organisation


Les règles à l'établissement sont claires

Les réunions organisées à l'établissement commencent à temps

Lorsque les résidentes ont des ennuis, c'est assez évident pourquoi

Je sais très bien ce qu'il y a lieu de faire et de ne pas faire ici

Le personnel correctionnel change d'avis en ce qui concerne nos activités

L'établissement est propre

Les résidentes savent quel est le travail à accomplir et quand le faire

L'établissement est très bien organisé


Catégorie : orientation du traitement des délinquantes


Sous-catégorie : résolution des problèmes


Je suis en train de résoudre les problèmes qui m'ont amenée ici

Je sais quels genres de comportement m'apportent des ennuis

Je fais l'apprentissage de meilleures façons de résoudre mes problèmes

Il faudra que je règle mes problèmes si je veux éviter d'être réincarcérée

Je veux changer qui je suis


Sous-catégorie :orientation axée sur les changements


À l'établissement, nous sommes autorisées à dire ce que nous pensons

J'essaie de m'améliorer

Je sais qu'elles seront les prochaines étapes que je me fixerai au moment de la ma libération

Il est important pour moi de participer à des programmes de traitement

On s'attend à ce que les résidentes se parlent entre elles de leurs problèmes personnels


Catégorie : relations entre les délinquantes


Sous-catégorie : bienveillance réciproque


Les membres du personnel correctionnel s'entendent bien entre eux

Les autres résidentes à l'établissement m'aident à me comprendre

Les autres résidentes à l'établissement n'ont rien à m'offrir

Je suis concernée par ce qui arrive aux autres résidentes

Lorsque je suis arrivée, les autres résidentes m'ont aidée a savoir comment les choses se passent ici

J'aime la plupart des résidentes à l'établissement

À l'établissement, chaque résidente est laissée à soi-même


Sous-catégorie : entraide


Les résidentes plus mûres à l'établissement aident à prendre soin des résidentes moins mûres

Je n'hésite pas à intervenir lorsque des résidentes font quelque chose qu'elles ne sont pas censées faire

J'essaie d'aider les autres résidentes à l'établissement à résoudre leurs problèmes

Si une résidente ne veut pas prendre une douche régulièrement, les autres résidentes à l'établissement interviennent auprès d'elle


Sous-catégorie : hostilité


Certains résidentes sont très impolies envers d'autres personnes à l'établissement

Je cache mes sentiments réels aux autres résidentes

Les résidentes à l'établissement s'insultent entre elles

ANNEXE F :

Entrevue de sélection des candidates pour la formation sur l'entraide des délinquantes à l'EEF

Nom : ______________________________________________

Date : ______________________________________________

Interviewée par : ________________________________________

  1. Pourquoi cela vous intéresse-t-il de faire partie de l'Équipe d'entraide des délinquantes?
  2. Quelles sont les compétences que vous possédez qui selon vous feraient de vous un excellent membre de l'Équipe d'entraide des délinquantes?
  3. Nous avons tous nos problèmes. Si nous faisons face à un gros problème, nous risquons de ne pas pouvoir « être là » pour quelqu'un d'autre ou bien nous devons interrompre notre propre cheminement. Quels sont les problèmes personnels auxquels vous faites face en ce moment?
  4. Quels sont vos sentiments personnels et croyances sur le plan moral en ce qui concerne l'avortement?
  5. Que pensez-vous des femmes qui ont des liaisons sexuelles avec d'autres femmes?
  6. Comment vous sentiriez-vous si vous deviez intervenir auprès d'une femme qui a essayé de se suicider par le passé ou qui a des pensées suicidaires?
  7. En général, comment vous SENTEZ-vous lorsqu'une autre personne est très en colère, tient des propos injurieux et crie?
  8. Que faites ou dites-vous?
  9. Que faites-vous lorsque vous ressentez du stress?
  10. Avez-vous de la difficulté à dire « Non »?
  11. Expliquez comment vous vous sentez lorsque vous dites « Non ».
  12. Les membres de l'EED doivent pouvoir établir de bonnes relations de travail avec les employées chargées de la sécurité à l'établissement. Comment vous vous y prendriez-vous pour établir de telles relations?
  13. Il se pourrait que vous soyez appelée à travailler avec des groupes particuliers de femmes (p. ex. des femmes en isolement protecteur). Quels sont vos sentiments à cet égard?
  14. Nous savons qu'il arrivera que des membres de l'EED consomment de la drogue ou de l'alcool. Si un membre se trouve dans cette situation, elle doit demander un congé temporaire de l'EED jusqu'au moment où elle arrête d'en consommer. Le congé pourrait durer une fin de semaine ou plusieurs semaines, ce qui dépendra du temps dont elle a besoin. Elle n'est pas obligée de dire pourquoi elle souhaite ainsi interrompre sa participation au programme. Si un membre de l'EED accomplit n'importe quelle fonction au sein de l'EED pendant qu'elle se trouve sous l'influence d'alcool ou de drogue, elle sera forcée à quitter l'équipe.

    Si vous consommez de l'alcool ou de la drogue pendant que vous faites partie de l'équipe, seriez-vous capable de quitter l'équipe temporairement?

  15. Avez-vous des questions au sujet de l'Équipe d'entraide des délinquantes ou à propos des programmes de formation?

ANNEXE G :

Formule d'auto-évaluation/de rétroaction - Séances de l'EED

Nom
Date


Sujet de la séance
Nom de l'animateur


Comment évaluez-vous votre rendement en ce qui concerne les aspects indiqués ci-après?

Pensez-vous que les efforts que vous avez faits pour chacun de ces aspects étaient satisfaisants ou insatisfaisants?

Veuillez encercler la réponse qui s'applique et expliquez pourquoi vous vous êtes évaluée ainsi.

Capacité d'écouter :

J'ai compris le sujet présenté et je suis capable d'en parler une fois la séance terminée.

Satisfaisant
Insatisfaisant


Participation :

J'ai participé au début et à la fin de la séance, j'ai fait des commentaires ou j'ai posé des questions, j'ai participé aux activités de l'animatrice (s'il y en avait).

Satisfaisant
Insatisfaisant


Observations pertinentes :

J'ai fait des observations concernant le sujet qui ont été utiles aux autres ainsi qu'à moi-même.

Satisfaisant
Insatisfaisant


Comportement approprié :

Je n'ai pas lu de revues ou je n'ai pas bavardé avec d'autres personnes lorsque l'animateur ou les membres du groupe discutaient, je n'ai pas interrompu les autres, je me suis concentré sur le sujet présenté et faisant l'objet de discussion. - Il s'agit aussi d'évaluer la manière dont vous avez assuré l'interaction avec les autres.

Satisfaisant
Insatisfaisant


En ce qui concerne l'effort que vous avez fait, votre productivité et votre attitude, trouvez-vous que votre rendement était élevé, modéré ou faible, sur une échelle allant de 1 à 5?

Veuillez encercler le numéro qui représente le mieux quel était votre rendement aujourd'hui.

Effort :

J'étais à l'heure et présente durant toute la séance (je ne me suis pas absentée).

1
2
3
4
5


Faible
Modéré
Élevé


Productivité :

J'ai lu et étudié à fond le chapitre; j'ai fait des commentaires et j'ai posé des questions durant la séance

1
2
3
4
5


Faible
Modéré
Élevé


Attitude :

Je n'étais pas centrée sur moi-même, je n'ai pas fait de commentaires désobligeants, je n'étais pas agressive et je n'ai pas monopolisé la séance.

1
2
3
4
5


Faible
Modéré
Élevé


Commentaires à propos de la séance d'aujourd'hui et à propos de l'animateur ou de l'animatrice :

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