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Programmes pour les délinquantes

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Rapport sur une inspection annoncée
de l'Établissement Grand Valley pour femmes

Section 1 : Arrivée en détention

Premiers jours en détention
 
Résultats escomptés
Les détenues se sentent en sécurité à leur réception à la prison et pendant les premiers jours. On cerne leurs besoins individuels, durant et après la détention, et on élabore des plans destinés à les aider. Au cours de la séance d'orientation de la détenue à la prison, la détenue est informée des activités courantes de la prison, de la façon d'accéder aux services offerts et de composer avec l'incarcération.




 
1.1 Les femmes étaient couramment escortées à l'établissement munies de menottes et d'entraves, lesquelles étaient inutiles et humiliantes. La plupart des femmes ont déclaré avoir été bien ou très bien traitées à l'admission; les résultats de l'enquête sont considérablement meilleurs que ceux du comparateur anglais et de l'Établissement Nova pour femmes. Les modalités de réception étaient efficientes et respectueuses, mais le milieu n'était pas accueillant. On a omis d'offrir aux nouvelles détenues un repas, et certaines n'en ont pas eu à leur première nuit. L'évaluation initiale multidisciplinaire, par étapes, comprenait une évaluation approfondie du risque d'automutilation. Les détenues considérées comme présentant un risque étaient habituellement placées en isolement en raison du manque de personnel pour assurer la protection dans les unités résidentielles. Il était difficile d'obtenir de l'aide en toute confidentialité la première nuit. Un programme d'orientation par les pairs était bien administré, et les femmes l'ont apprécié.


  Réception
 
1.2 Même si elles ne relèvent pas de la compétence du SCC, toutes les femmes étaient transportées à l'EGVF munies de menottes et d'entraves, peu importe le risque qu'elles présentaient pour la sécurité. De telles mesures de sécurité étaient extrêmes et inutiles pour la plupart des femmes qui n'avaient pas fait l'objet d'une évaluation individuelle du risque.

1.3 L'EGVF accueillait les nouvelles détenues un vendredi sur deux, la majorité provenant du Centre Vanier, prison provinciale. La plupart des renseignements au sujet des nouvelles détenues étaient envoyés électroniquement de la prison provinciale quelques jours à l'avance. Nous n'avons pas été en mesure d'observer les nouvelles détenues, mais nous avons parlé à un certain nombre de femmes concernant leur expérience. L'aire de réception était petite et peu accueillante. On nous a dit que le personnel des soins de santé donnait aux nouvelles détenues une collation, comme une barre granola, mais on ne leur servait pas un repas ou on ne leur souhaitait pas la bienvenue en leur offrant quelque chose à boire. Selon leur nombre, il n'y avait pas toujours suffisamment de chaises pour elles.

1.4 Suivant les procédures, l'agent de gestion des peines rencontrait toutes les nouvelles détenues et vérifiait leur mandat. Un agent d'admission et de libération à temps plein dirigeait les formalités de réception initiales. On nous a dit qu'on s'efforçait de mettre les femmes à l'aise, malgré le fait qu'on s'attendait à ce qu'elles assimilent un volume important d'information. On leur a remis un grand nombre de formulaires expliquant divers aspects, notamment les effets personnels, les visites et les systèmes téléphoniques avec attribution d'un numéro d'identification personnelle (NIP). On leur a également remis une copie du guide de la détenue ainsi qu'une clé pour leur boîte aux lettres personnelle. Dans notre enquête, 79 % des femmes, contre 56 % à l'Établissement Nova et 67 % du comparateur anglais, ont déclaré avoir été bien ou très bien traitées à l'admission.

1.5 Les femmes n'avaient pas à se dévêtir complètement, mais elles ont fait l'objet d'une fouille à nu en deux étapes : la partie supérieure du corps, puis la partie inférieure. Dans notre enquête, 82 % des femmes (66 % à l'Établissement Nova) ont mentionné qu'on avait fait preuve de délicatesse durant la fouille.

1.6 Les nouvelles détenues ne pouvaient pas prendre de douche à la réception, et elles s'attendaient à pouvoir le faire lorsqu'elles se trouveraient à leur unité résidentielle. Toutefois, seulement 70 % des répondantes à notre enquête ont mentionné qu'on leur avait offert la possibilité de prendre une douche la journée de leur arrivée. Ce qui est beaucoup mieux que le comparateur anglais de 38 %, mais suppose que près d'un tiers des femmes n'ont pas pu prendre de douche.

1.7 On a remis aux nouvelles détenues une trousse comprenant des articles d'hygiène et de literie ainsi que des vêtements de rechange provenant du magasin de la prison pour remplacer l'uniforme violet de la prison provinciale. On a remis aux femmes nouvellement admises à l'EGVF des vêtements neufs, disponibles dans différentes tailles, mais les vêtements destinés aux femmes incarcérées à la suite de la suspension de leur mise en liberté sous condition étaient souvent usagés, sauf les sous-vêtements. Le stock usagé était en bon état, mais nous ne pouvions pas voir pour quelle raison on faisait cette distinction, et la pratique était source de plaintes chez les femmes.

1.8 Les femmes pouvaient échanger les vêtements mal ajustés la journée suivante. Leur boîte d'effets personnels était traitée durant la fin de semaine, et elles pouvaient alors avoir accès à leurs nouveaux vêtements le lundi. Les effets personnels étaient entreposés dans des boîtes, dans une aire protégée à la réception. Il n'y avait aucun effet personnel en attente de traitement au moment de l'inspection, et on nous a dit qu'il y avait rarement des arriérés à cet égard.

1.9 À la réception, on notait les antécédents personnels très élémentaires, on prenait les empreintes digitales et les photos. On s'efforçait d'appliquer les procédures courantes de base aux femmes afin que les modalités plus importantes — comme les entrevues visant à obtenir les antécédents personnels complets et des évaluations complètes concernant le risque d'automutilation — puissent se dérouler séparément et en privé.

1.10 Après les modalités de base, les nouvelles détenues passaient une première entrevue avec l'agent responsable de l'établissement. L'entrevue amorçait la première partie de l'évaluation initiale. À cette étape, l'agent responsable de l'établissement cernait les besoins immédiats, répondait aux questions et donnait suite aux préoccupations. La liste de contrôle de l'agent responsable de l'établissement comprenait des questions au sujet des cas d'incompatibilité et des antécédents d'automutilation. Les nouvelles détenues étaient habituellement logées à l'unité résidentielle 7, mais elles pouvaient également être logées ailleurs si l'évaluation initiale soulevait des préoccupations. Celles considérées comme présentant un risque d'automutilation étaient habituellement placées à l'unité d'isolement. On consignait les motifs justifiant un emplacement différent. L'infirmière effectuait l'examen médical initial des nouvelles détenues avant qu'elles ne passent une entrevue approfondie avec un psychologue en vue de parachever une évaluation approfondie du risque d'automutilation.

1.11 Le processus d'évaluation initiale en trois étapes visait à cerner les besoins immédiats et à rassurer les nouvelles détenues, mais on accordait trop peu d'attention aux angoisses concernant les enfants. Ni la liste de contrôle des admissions ni l'évaluation du psychologue concernant le risque d'automutilation ne renfermait des questions incitatives sur les préoccupations à l'égard des enfants, même si, dans notre enquête, 64 % des répondantes ont déclaré qu'elles avaient des enfants ayant moins de 18 ans. Quatre-vingt trois pour cent ont mentionné avoir eu des problèmes à leur arrivée, et seulement 33 % ont déclaré avoir reçu de l'aide ou un soutien de la part du personnel pour donner suite à ces préoccupations dans les premières 24 heures.

1.12 On a informé les nouvelles détenues à propos de l'équipe d'orientation des détenues et de la résidente conseillère, et des dispositions ont été prises pour qu'elles rencontrent les deux femmes qui composaient l'équipe d'orientation le jour même (voir également la section sur l'orientation). La seule résidente conseillère ayant suivi une formation n'était pas disponible pour les nouvelles détenues à la réception.

1.13 La liste de contrôle de la réception comprenait l'offre d'effectuer un appel téléphonique gratuit de 15 minutes. Dans notre enquête, 78 % des femmes, contre 49 % dans les prisons pour femmes de l'Angleterre, ont dit qu'on leur a donné la possibilité d'effectuer un appel téléphonique gratuit le jour de leur arrivée. Par la suite, elles devaient remplir un formulaire pour obtenir un NIP et soumettre, pour approbation, les numéros de téléphone qu'elles souhaitaient composer.

1.14 Les nouvelles détenues se sont vu offrir un prêt immédiat de 30 $, remboursable à 10 % de leur rémunération hebdomadaire après la première semaine, et elles pouvaient habituellement visiter la cantine la première journée. Dans notre enquête, 90 % des femmes, contre à peine 17 % du comparateur anglais, ont mentionné avoir eu accès au magasin ou à la cantine dans les 24 heures suivant l'arrivée. Toutefois, les femmes qui n'avaient pas d'argent propre ni d'emploi ne possédaient pas suffisamment d'argent pour satisfaire à leurs besoins au cours des premières semaines, et certaines se sont donc endettées.

 
  Premiers jours en détention
 
1.15 Quiconque était évaluée comme présentant un risque de suicide ou d'automutilation ou qui était vulnérable pour toute autre raison était habituellement placée à l'unité d'isolement, seule unité surveillée par du personnel. Autrement, la plupart des nouvelles détenues passaient à tout le moins leurs premiers jours à l'unité résidentielle 7, l'unité résidentielle de réception désignée. L'unité résidentielle 7 n'était pas un environnement de soutien pour les nouvelles détenues et servait également pour les femmes qui ne pouvaient pas s'adapter à d'autres endroits ou qui avaient été déplacées en raison de leur comportement. Dans notre enquête, 31 % de celles qui ont déclaré se sentir menacées ont indiqué que cela se révélait particulièrement vrai dans le cas de leur unité résidentielle.

1.16 Les nouvelles détenues étaient escortées vers l'emplacement où elles devaient passer leur première nuit, mais aucune procédure courante ne garantissait que le personnel effectuait une vérification concernant les nouvelles détenues, à leur première nuit, et elles devaient généralement s'organiser elles-mêmes. Seulement 73 % des répondantes à notre enquête ont déclaré qu'on leur avait offert quelque chose à manger le jour de leur arrivée. On tenait pour acquis que les cuisinières de l'unité résidentielle fourniraient un repas du soir aux nouvelles détenues, mais ce n'était pas toujours le cas. Une cuisinière de l'unité résidentielle nous a dit qu'il n'était pas toujours possible d'établir un budget de façon à ce qu'il y ait suffisamment de nourriture pour les nouvelles détenues le vendredi.

1.17 Deux femmes travaillaient en tant que membres de l'équipe d'orientation des détenues. Elles rencontraient toujours les nouvelles détenues à leur premier jour pour les accueillir et répondre à leurs questions. Une des femmes avait également suivi une formation comme résidente conseillère, mais les personnes en détresse ne pouvaient pas demander l'aide du personnel ou de la résidente conseillère le soir, en toute confidentialité, car le téléphone interne était situé dans l'aire de repos, où les autres femmes pouvaient tout voir et tout entendre (voir le paragraphe 3.6). Dans notre enquête, seulement 19 % des femmes, contre le comparateur anglais considérablement plus élevé de 31 %, ont déclaré avoir eu accès à une oreille attentive, à un bon samaritain ou à une résidente conseillère dans les 24 premières heures.


  Orientation
 
1.18 L'équipe d'orientation des détenues a vu le jour récemment, et nous avons entendu des commentaires positifs à propos du service offert. Les deux membres de l'équipe avaient élaboré un programme très détaillé et prenaient à coeur leur nouveau rôle. Elles nous ont dit que le personnel et la directrice de l'établissement les avaient beaucoup aidées et qu'elles avaient des réunions régulières avec eux.

1.19 Le programme d'orientation commençait immédiatement par la visite de l'établissement le premier soir. Les membres de l'équipe donnaient un aperçu de ce qui allait se passer durant la première semaine en plus d'expliquer les procédures relatives aux demandes. Elles se rendaient disponibles durant toute la fin de semaine au besoin, et poursuivaient ensuite leur programme la semaine suivante. Divers services devaient animer des séances portant sur les finances, la rémunération, les plaintes et griefs, les programmes, la gestion des cas, la chapelle, le comité de détenues et les soins de santé. Toutes ces séances étaient prévues pour le jeudi, de sorte que les nouvelles détenues passaient presque une semaine en détention avant de recevoir une orientation officielle de la part du personnel concernant les spécialités. On nous a également révélé que les membres du personnel n'offraient pas toujours leur séance à l'heure prévue pour diverses raisons organisationnelles. Dans notre enquête, seulement 53 % des femmes ont déclaré avoir bénéficié d'une orientation durant la première semaine. Ce pourcentage est pire que la réponse à l'enquête effectuée dans les prisons d'Angleterre, mais beaucoup mieux qu'à l'Établissement Nova, où le pourcentage correspondant s'établissait à 30 %.


  Points de décision
 
1.20 On doit offrir aux nouvelles détenues, à leur arrivée, de la nourriture et quelque chose à boire.

1.21 L'aire de réception doit disposer d'un nombre suffisant de sièges pour les nouvelles détenues.

1.22 On doit offrir aux nouvelles détenues la possibilité de prendre une douche avant qu'elles soient conduites à leur unité résidentielle.

1.23 Au cours de l'entrevue avec les nouvelles détenues, il faut aborder les préoccupations possibles à l'égard des enfants ou des autres membres de la famille.

1.24 Il convient de prévoir des fonds suffisants pour les nouvelles détenues afin qu'elles puissent se tirer d'affaire durant leurs premières semaines en détention et jusqu'à ce que leur situation financière se soit stabilisée.

1.25 Les nouvelles détenues doivent pouvoir téléphoner pour obtenir l'entraide des détenues ou le soutien d'un « bon samaritain » en toute confidentialité.

1.26 Les résidentes conseillères ayant suivi une formation doivent être disponibles à la réception.

1.27 Les séances d'orientation dirigées par le personnel doivent débuter le jour ouvrable suivant l'arrivée des nouvelles détenues, et le personnel responsable de ces séances doit se présenter à l'heure.