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Programmes pour les délinquantes

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Rapport sur une inspection annoncée
de l'Établissement Grand Valley pour femmes

Section 2 : Environnement et relations

Unités résidentielles
 
Résultats escomptés
Les détenues vivent dans un environnement décent, propre et sûr dans lequel on les encourage à se prendre en charge et à assumer la responsabilité personnelle de leurs biens.




 
2.1 Le milieu ouvert, le logement de qualité et le niveau de responsabilité attribués aux femmes procuraient un cadre de vie relativement normal. Les femmes avaient libre accès aux baignoires, aux douches ainsi qu'aux installations de buanderie et de nettoyage. Elles pouvaient porter leurs propres vêtements, acheter des vêtements neufs grâce au magasinage à l'extérieur, et on fournissait aux femmes devant être mises en liberté un ensemble de vêtements.


  Logement et installations
 
2.2 L'EGVF favorisait un milieu indépendant et ouvert : les femmes vivaient dans des unités résidentielles individuelles pouvant accueillir jusqu'à dix femmes (huit à l'unité en MVS). Neuf unités résidentielles étaient disposées en fer à cheval autour d'un jardin communautaire et d'un kiosque de jardin, face au centre d'administration. Une des unités était conçue pour les nouvelles détenues, une pour y accueillir la mère avec son enfant, et une autre encore était l'unité de soutien intensif. Toutes les autres unités étaient destinées aux femmes classées à sécurité moyenne. Au moment de notre inspection, les neufs unités résidentielles hébergeaient des femmes ayant reçu la cote de sécurité moyenne et de sécurité minimale. La plus récente unité en MVS et deux autres unités n'accueillant que des femmes dites « à sécurité minimale » étaient situées au-delà de l'aménagement en fer à cheval.

2.3 Toutes les unités étaient extrêmement bien conçues, éclairées, meublées et ventilées. La plupart des locaux d'habitation avaient été récemment redécorés et étaient en bon état. Quelques unités résidentielles, y compris celle réservée à la réception, attendaient d'être redécorées. Outre le MVS, toutes les unités étaient conçues selon des plans similaires : aire commune; salle à manger et cuisine; quatre chambres simples et une salle de bain privée à l'étage inférieur; quatre chambres simples et une chambre double (à l'origine, destinée à servir de séjour); et une salle de bain privée à l'étage supérieur. Dans les unités résidentielles à sécurité minimale, les installations d'hygiène ont été conçues pour répondre aux besoins des femmes handicapées. Toutes les unités résidentielles étaient dotées d'une buanderie, et celles à sécurité moyenne comprenaient un rangement supplémentaire à l'étage inférieur. Le MVS était doté d'installations similaires bien conçues, sur un seul niveau, et des installations complètes fournissaient les services à un maximum de quatre femmes de chaque côté de l'unité.

2.4 Dans notre enquête, 76 % de répondantes, contre 61 % du comparateur anglais, ont déclaré que, habituellement, c'était suffisamment calme pour dormir la nuit.

2.5 Toutes les femmes possédaient la clé de leur propre unité résidentielle et chambre. Les panneaux d'observation n'étaient pas obstrués, mais on utilisait un rideau afin que les femmes puissent avoir une certaine intimité.

2.6 Il y avait un téléphone au rez-de-chaussée de chaque unité résidentielle et un de chaque côté du MVS. Leur emplacement procurait une certaine intimité aux appelantes, et les téléphones étaient accessibles durant toute la journée et la soirée. Chaque unité résidentielle générale était dotée d'un téléphone interne (voir paragraphe 1.17) en cas d'urgence, et les sonneries d'appel d'urgence étaient situées dans chaque chambre du MVS. Seulement 44 % des répondantes à notre enquête ont mentionné qu'on répondait aux appels d'urgence dans les cinq minutes.

2.7 Chaque unité résidentielle avait une télévision commune, tandis que le MVS en avait une de chaque côté. Les femmes pouvaient également avoir une télévision personnelle dans leur chambre et pouvaient présenter une demande à la présidente du comité de détenues pour en emprunter une pendant six mois, au besoin. Les télévisions étaient allouées selon l'ordre des demandes.

2.8 Le comité de détenues se réunissait tous les deux mois. On dressait le procès-verbal des réunions, et les points de décision faisaient l'objet d'un suivi à la prochaine réunion. Toutefois, son objet a été remis en question du fait que le comité avait reçu instruction d'obtenir l'accord des gestionnaires avant d'ajouter des points à l'ordre du jour.

  Hygiène, vêtements et biens
 
2.9 Toutes les femmes avaient accès aux installations de la cuisine et des salles de bain privées 24 heures par jour. Il leur incombait de maintenir la propreté de leur propre unité résidentielle, et on leur fournissait les produits de nettoyage. Toutes les installations d'hébergement étaient extrêmement propres, et les femmes s'efforçaient de personnaliser leur aire commune afin de créer une atmosphère plus accueillante.

2.10 Même si seulement 79 % des répondantes à notre enquête — comparativement à 91 % dans les enquêtes effectuées en Angleterre — ont dit qu'elles pouvaient obtenir des produits sanitaires gratuits quand il le faut, on en remettait à chaque nouvelle détenue, et il était possible de se réapprovisionner gratuitement une fois par mois. Chaque femme recevait une allocation de quatre dollars toutes les deux semaines, qu'elle pouvait compléter avec d'autres fonds, pour les articles d'hygiène achetés à la cantine.

2.11 On remettait également aux nouvelles détenues des articles de literie ou elles pouvaient demander leurs propres articles de literie. Les femmes étaient responsables de laver leurs articles de literie. Les matelas étaient généralement en bon état. Des stores étaient installés dans tous les secteurs résidentiels.

2.12 Les femmes pouvaient porter leurs propres vêtements et acheter des articles supplémentaires grâce au magasinage à l'extérieur (voir également la section sur la réception). On remettait aux femmes sur le point d'être mises en liberté un ensemble de vêtements. Les femmes pouvaient utiliser en toute liberté les installations de buanderie à leur unité résidentielle. La lessive (en poudre ou liquide) était fournie, et les femmes pouvaient également acheter de la lessive en poudre à la cantine.

2.13 Les articles que les détenues ne gardaient pas en leur possession étaient entreposés à l'aire d'admission et de libération. Chaque femme se voyait allouer une boîte d'entreposage, et celles purgeant une peine d'emprisonnement à perpétuité, deux. Les demandes relatives à l'accès aux articles entreposés étaient présentées à l'agent d'admission et de libération. Les détenues pouvaient le faire en tout temps, quoique les vêtements saisonniers pouvaient habituellement être changés seulement deux fois par année. Les pressions exercées par le personnel avaient entraîné des retards dans le traitement des biens et des demandes à la fin de 2004 et au début de 2005; seulement 25 % de répondantes à notre enquête ont déclaré qu'elles pouvaient accéder à leurs biens entreposés quand il le fallait. L'affectation plus récente de personnel auxiliaire à l'aire d'admission et de libération a permis à l'agent d'admission et de libération de réduire l'arriéré.

  Point de décision
 
2.14 Les femmes doivent pouvoir échanger leurs vêtements au moins quatre fois par année.

  Bonne pratique
 
2.15 L'hébergement des femmes ayant reçu la cote de sécurité minimale et moyenne, ainsi que la circulation relativement libre dans les limites de l'établissement, offrait un cadre de vie relativement normal et permettait aux femmes d'exercer un certain contrôle sur leur vie quotidienne.

2.16 On remettait des vêtements gratuits aux femmes sur le point d'être libérées, ce qui s'est révélé particulièrement avantageux pour celles n'ayant amassé aucune économie ou qui étaient à l'établissement depuis un certain temps. Ainsi, les femmes conservaient une certaine dignité, et leur fardeau financier immédiatement après leur mise en liberté s'en trouvait allégé.


Mères et enfants
 
 
2.17 Depuis l'ouverture de l'établissement, il y a eu 13 enfants avec leur mère. Tous les enfants avaient quitté la prison au moment où leur mère avait fini de purger sa peine de sorte qu'il n'y a pas eu de séparation projetée. Les procédures d'admission étaient exhaustives et fondées sur l'intérêt de l'enfant, mais ne comportaient pas une évaluation appropriée du milieu concernant la protection de l'enfant. Un travailleur social qualifié offrait un soutien aux femmes avant et après l'arrivée de leur bébé, y compris celles qui n'amenaient pas le bébé en prison.

 
2.18 Les femmes enceintes sur le point d'accoucher durant leur peine et celles qui avaient des enfants avant de commencer à purger leur peine pouvaient présenter une demande pour cohabiter avec leur enfant. Les lignes directrices nationales prévoyaient la cohabitation à temps plein des enfants jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge de quatre ans, et à temps partiel, jusqu'à ce qu'ils aient 13 ans. Les décisions relatives à toutes les demandes accordaient la primauté à l'intérêt de l'enfant. L'EGVF n'avait reçu aucune demande de cohabitation concernant les enfants âgés, et aucune femme ayant accouché avant de purger sa peine n'avait présenté une demande pour cohabiter avec son enfant en prison.

2.19 Depuis l'ouverture de l'EGVF il y a sept ans, on a autorisé 13 enfants à cohabiter avec leur mère. Le nombre le plus élevé d'enfants cohabitant en prison, au cours d'une période donnée, était de deux, et la durée maximale du séjour de l'enfant était de 13 mois. Durant l'inspection, une mère cohabitait avec un bébé de six mois en prison. À notre avis, les installations et les mesures afférentes ne convenaient pas aux enfants d'âge postscolaire, que ce soit à temps partiel ou à temps plein.

2.20 À la prison, les mères et les enfants qui cohabitaient étaient logés dans une des unités résidentielles normales, avec des chambres légèrement plus vastes. Ils utilisaient les mêmes toilettes et la même cuisine que les autres femmes vivant à l'unité. Dans les aires communes, il n'y avait pas de décoration murale convenant à un enfant. Elle se limitait à des affiches sur un babillard dans la chambre qu'ils partageaient et à un mobile au-dessus du lit de bébé. Outre leur chambre, aucune aire spécifique n'était réservée au bébé ou à l'enfant.

2.21 Les femmes enceintes vivaient dans les unités résidentielles normales réparties dans l'ensemble de l'établissement, et les services de soins de santé ou l'hôpital local dispensaient les soins prénataux au besoin. Le gestionnaire responsable du programme mère-enfant les rencontrait pour leur expliquer tous les aspects des critères de sélection et les installations.

2.22 Les bébés naissaient à l'hôpital local, et les femmes y demeuraient jusqu'à ce qu'elles obtiennent leur congé du médecin. Les nouvelles mères retournant à l'établissement pouvaient utiliser les installations réservées aux visites familiales privées pendant quelques jours pour avoir une certaine intimité et tranquillité. Les femmes qui décidaient de ne pas garder leur bébé avec elles en prison bénéficiaient d'un soutien émotif et pratique pour composer avec la séparation.

2.23 Le processus de demande exigeait un ensemble complet de rapports d'évaluation de la part de l'intervenant(e) de première ligne responsable du cas de la mère, de l'agent de libération conditionnelle, de l'agent de libération conditionnelle dans la collectivité et du psychologue ainsi qu'une évaluation médicale. On avait également mandaté les services locaux à l'enfance et à la famille à Kitchener afin qu'ils fournissent un rapport d'évaluation concernant l'intérêt de l'enfant. On s'attendait à ce que ces services assurent la liaison avec les services à l'enfance et à la famille de la localité de la mère avant de fournir cette évaluation. Dans les rapports d'évaluation que nous avons consultés, les services à l'enfance et à la famille de Kitchener ont spécifiquement indiqué que leur évaluation n'allait pas jusqu'à confirmer les dispositions relatives à la protection de l'enfant à l'établissement. On nous a assurés que l'établissement effectuait sa propre évaluation des dispositions relatives à la sécurité de l'enfant.

2.24 Il n'y avait pas d'évaluation des installations ni des mesures de protection en place équivalente à celle qui serait effectuée concernant les autres établissements résidentiels publics pour bébés. Aucun accord local de protection de l'enfant à l'intérieur de la prison n'avait été conclu avec les services locaux à l'enfance et à la famille.

2.25 Un travailleur social qualifié agissait à titre de conseiller en prison; il offrait   un soutien et prodiguait des conseils sur le rôle parental aux femmes enceintes et aux mères. La mère incarcérée a déclaré qu'elle rencontrait la travailleuse sociale chaque semaine et que ses conseils et son soutien étaient très utiles.

2.26 Pendant que l'on prenait des dispositions en vue d'accueillir un bébé à l'établissement, on évaluait l'aptitude des autres femmes qui vivraient dans la même unité résidentielle. Toutefois, il était possible d'amener les bébés dans la plupart des secteurs de l'établissement, sans mesure de protection officielle pour l'enfant.
2.27 Depuis l'ouverture de l'établissement, on a recensé trois renvois aux services à l'enfance et à la famille concernant la protection de l'enfant. Les services locaux ont mené une enquête concernant tous ces renvois, et aucune des préoccupations n'était fondée.

2.28 Un lit de bébé, un matelas, des articles de literie et des sièges appropriés selon l'âge étaient fournis. Tous les autres articles requis pour le bébé devaient être fournis par la mère, qui n'avait pas droit aux prestations de l'État pour le bébé. Après la naissance, les mères pouvaient avoir un congé de 12 semaines au cours duquel elles recevraient leur rémunération normale; on pouvait accepter de prolonger cette période afin que la mère puisse continuer de s'occuper de son bébé. Les vêtements de bébé étaient fournis, mais la mère devait voir à la nourriture, aux articles de toilette et aux vêtements; elle comptait donc fortement sur le soutien de sa famille.

2.29 La mère devait nommer une femme chargée de surveiller son bébé lorsqu'elle se rendait à un rendez-vous ou pour une période pouvant aller jusqu'à deux jours en cas d'urgence médicale. On l'incitait à assumer le contrôle complet de son bébé, y compris décider qui pouvait prendre l'enfant. On a conclu des accords pour que les bébés puissent passer 72 heures par mois avec les membres aptes de la famille rapprochée afin qu'ils puissent entretenir des rapports familiaux et habituer le bébé à des expériences élargies en dehors de la prison. Pour un bébé âgé de plus de neuf mois, on avait pris des dispositions afin qu'il puisse fréquenter la garderie locale en vue d'acquérir des aptitudes sociales et se développer.

2.30 Aucune formation supplémentaire, comme la protection de l'enfance, la réanimation des bébés ou le développement de l'enfant n'était offerte aux intervenant(e)s de première ligne ou au personnel des soins de santé.


  Points de décision
 
2.31 Les installations et les accords relatifs aux soins des enfants à l'établissement doivent faire l'objet des mêmes modalités de vérification et d'inspection que les autres établissements de soins pour enfants dans la collectivité.

2.32 Il y a lieu d'établir des protocoles relatifs à la protection de l'enfance avec les services locaux à l'enfance et à la famille et d'élaborer un plan individuel de soins pour enfants concernant chaque enfant qui se trouve à la prison.

2.33 Les détenues qui s'occupent de leur bébé doivent avoir accès aux mêmes prestations financières de l'État que les mères dans la collectivité.

  Point d'administration interne
 
2.34 Les décorations murales devraient être aptes à favoriser le développement sensoriel des bébés et des enfants.

Rapports entre le personnel et les détenues
 
Résultats escomptés
Le personnel traite les détenues avec respect, pendant la durée de leur peine en milieu carcéral, et on encourage les détenues à assumer la responsabilité de leurs propres gestes et décisions. Les prisons saines doivent démontrer un milieu bien ordonné avec un juste équilibre entre les exigences liées à la « sécurité », au « contrôle » et à la « justice », où tous les membres de la population carcérale sont en sécurité et traités avec équité.




 
2.35 Les femmes avaient des points de vue mitigés quant à la façon dont le personnel les traite, mais les rapports observés étaient généralement respectueux. Il y avait relativement peu de rapports non officiels entre le personnel et les détenues ainsi que des possibilités limitées en dehors des heures d'activité prévues pour que le personnel puisse illustrer des comportements prosociaux. Nous avons remis en question la décision récente selon laquelle les intervenant(e)s de première ligne doivent porter l'uniforme.

 
2.36 Nous avons observé des rapports raisonnablement bons et détendus entre le personnel et les détenues. Toutefois, les femmes en groupe n'avaient pas une opinion aussi favorable à propos de leur traitement par le personnel de première ligne. Des intervenant(e)s (un groupe de représentants des organismes qui collaboraient à l'intérieur de l'établissement) nous ont dit que les rapports s'étaient dégradés depuis quelques années et que les préoccupations du personnel au sujet des problèmes liés aux relations de travail avaient miné les rapports entre les femmes et les agents. Les membres du personnel étaient partagés entre leur rôle en matière de sécurité et celui en matière de soutien, et certains ne possédaient pas les aptitudes de base requises en relations humaines.

2.37 Les femmes elles-mêmes ont mentionné que les agents n'interagissaient pas avec elles lorsqu'ils effectuaient la ronde des unités résidentielles, et, d'après nos observations et les registres des activités, il était clair que, à quelques exceptions près, c'était le cas. Les patrouilles des unités résidentielles prenaient parfois moins d'une minute, et celles pour l'ensemble des unités résidentielles pouvaient s'effectuer en moins d'une demi-heure. Cela laissait peu de latitude pour que puissent s'établir des relations positives. D'après certaines femmes, les membres du personnel n'étaient pas les bienvenus dans les unités résidentielles, et elles ne voulaient pas qu'on les voit en train de leur parler par crainte d'être considérées comme des informatrices. Il y a eu quelques plaintes non fondées concernant des intervenant(e)s de première ligne qui omettent de s'annoncer lorsqu'ils (elles) entrent dans les unités. Toutefois, un cas a fait l'objet d'une enquête officielle et révélé qu'il était facile pour les femmes qui se trouvaient dans leur chambre à ce moment-là de ne pas entendre l'annonce des agents; ces derniers devraient donc s'annoncer lorsqu'ils entrent dans le corridor de l'étage inférieur et dans celui de l'étage supérieur.

2.38 Le nombre plus ou moins élevé d'intervenant(e)s de première ligne de service chaque jour laissait peu de place à la possibilité d'interagir de manière détendue avec les femmes, même si les interactions que nous avons observées étaient amicales et respectueuses. Souvent, les échanges entre les intervenant(e)s de première ligne et les détenues avaient un but   précis. Les femmes entretenaient de bons rapports avec d'autres membres du personnel de la prison, de même qu'avec les gestionnaires, qui se rendaient disponibles pour les femmes et qui les connaissaient bien. La directrice de l'établissement était particulièrement visible et accessible.

2.39 La plupart des membres du personnel utilisaient le prénom des femmes lorsqu'ils s'adressaient à elles, mais n'utilisaient parfois que le nom de famille lorsqu'ils faisaient référence à ces dernières ou rédigeaient un rapport à leur sujet. Les listes et les documents, y compris la feuille du dénombrement officiel à l'intention des intervenant(e)s de première ligne en tournée, étaient souvent imprimés avec le nom de famille seulement, ce qui ne favorisait pas une interpellation respectueuse.

2.40 Dans notre enquête, 79 % des femmes — proportion similaire au comparateur anglais — ont déclaré que la majeure partie du personnel les traitait avec respect, et 77 % ont déclaré qu'elles pouvaient se tourner vers un membre du personnel pour obtenir de l'aide si elles avaient un problème. Toutefois, 35 % (contre 18 % du comparateur anglais) ont mentionné avoir été victimisées par un membre du personnel, et 25 %, (contre 10 %) ont déclaré que les membres du personnel avaient prononcé des remarques insultantes à leur endroit. La conduite du personnel représentait la seule catégorie importante de plaintes. Les femmes nous ont souvent confié que le personnel ne les traitait pas de manière uniforme.

2.41 Les principes du rapport intitulé La Création de choix (contrôle, choix, respect, dignité et responsabilité) étaient conformes à notre attente selon laquelle il convient d'appuyer les femmes afin qu'elles assument la responsabilité de leurs gestes et décisions. La Création de choix considérait également que le personnel doit créer un milieu propice aux relations fondées sur l'exemple, l'aide, la confiance et les décisions démocratiques, mais compte tenu du peu de membres du personnel présents dans les unités résidentielles, les possibilités que le personnel puisse illustrer un comportement prosocial se limitaient principalement aux périodes d'activités programmées. Nous avons assisté, à titre d'observateurs, à une réunion du comité de détenues avec le personnel au cours de laquelle les interactions étaient positives et respectueuses. Toutefois, quelques femmes nous ont dit par la suite que ces réunions étaient « arrangées », sans guère de volonté d'aborder les questions difficiles.

2.42 Depuis peu, les intervenant(e)s de première ligne portent l'uniforme de style militaire. Les femmes nous ont confié qu'elles avaient remarqué une différence nette dans les attitudes du personnel au début, mais elles y sont maintenant habituées. Nous avons constaté que l'incidence sur les relations était peu susceptible d'être positive. Dans La Création de choix , on a souligné que, d'après la recherche, les femmes ne réagissaient pas bien au caractère « d'autoritarisme » des uniformes, même si on nous a dit que, du point de vue courant, le port de l'uniforme n'avait aucun effet. Il était difficile de déterminer pourquoi on avait pris une décision qui semblait contraire au modèle préconisé dans La Création de choix .


  Points de décision
 
2.43 On doit encourager les intervenant(e)s de première ligne à accorder plus de temps à leur patrouille des unités résidentielles et à leurs interactions avec les détenues.

2.44 Il y a lieu d'évaluer l'incidence du port de l'uniforme chez le personnel concernant les rapports entre les détenus et les membres du personnel en tenant compte, à tous égards, de la perspective particulière des femmes et des principes du rapport intitulé La Création de choix .


Intervenant(e)s de première ligne
 
Résultat escompté
Les rapports des détenues avec leur intervenant(e) de première ligne sont fondés sur le respect mutuel, des attentes élevées et le soutien.




 
2.45 Les femmes ne rencontraient pas toutes leur intervenant(e) de première ligne peu après leur arrivée, et d'autres avaient de la difficulté à y accéder. La plupart des femmes estimaient que leur intervenant(e) de première ligne était utile et que les rapports préparés étaient satisfaisants, mais que les familles participaient peu.

2.46 On a donné aux femmes le nom des membres de leur équipe de gestion des cas, y compris leur intervenant(e) de première ligne, le chef d'équipe adjoint et le chef d'équipe, peu après leur arrivée. Les intervenant(e)s de première ligne étaient responsables d'un large éventail de tâches, notamment préparer le suivi du plan correctionnel ainsi que les recommandations relatives à la rémunération et les évaluations en vue, entre autres, de la libération conditionnelle et des permissions de sortir. On voulait ainsi que les intervenant(e)s de première ligne puissent rencontrer les femmes dont le cas leur avait été confié au moins chaque mois et rédiger une inscription structurée au Registre des interventions, chaque mois.

2.47 Tou(te)s les intervenant(e)s de première ligne ont suivi le programme normalisé des agents de correction (11 semaines), la formation pour les agents de libération conditionnelle (deux semaines), une formation axée sur les femmes (dix jours) ainsi qu'une formation sur le Système de gestion des délinquants. La formation axée sur les femmes visait à sensibiliser le personnel à des questions comme le sexisme, le racisme, l'incapacité, l'orientation sexuelle, la violence physique et sexuelle, le comportement suicidaire et la prédisposition à l'automutilation, les dépendances, la santé mentale ainsi que la spiritualité et les traditions autochtones. Elle comprenait également des modules sur le mieux-être et l'établissement de limites. Dans la formation pour les agents de libération conditionnelle, il était question des habiletés requises pour la préparation des évaluations et des rapports. Malgré cela, des interlocuteurs ont mentionné que les intervenant(e)s de première ligne n'étaient pas suffisamment formé(e)s et que les rapports étaient souvent en retard ou préparés sans la participation adéquate des femmes. Nous n'avons constaté aucune preuve actuelle de rapports présentés en retard (même si on a reconnu que la situation avait changé ces derniers temps), mais nous avons relevé des exemples où les femmes n'étaient pas dûment consultées pendant la préparation des rapports importants.

2.48 Dans notre enquête, 62 % des femmes (contre le comparateur anglais de 37 %) ont déclaré que leur intervenant(e) de première ligne était utile ou très utile. Toutefois, seulement 23 % (comparativement à 46 % à l'Établissement Nova) ont mentionné avoir rencontré leur intervenant(e) de première ligne au cours de leur première semaine. Nous avons rencontré un certain nombre de femmes qui n'avaient toujours pas vu leur intervenant(e) de première ligne même si elles étaient à l'établissement depuis quelques semaines.

2.49 À cause du travail par quarts, des congés et des autres engagements, il était parfois difficile pour les intervenant(e)s de première ligne de rencontrer en personne les femmes dont le cas leur avait été confié. Toutefois, les intervenant(e)s de première ligne étaient tenu(e)s de rédiger, chaque mois, une inscription au Registre des interventions faisant état des progrès par rapport au plan correctionnel, de l'utilisation du temps, de l'attitude et d'autres aspects. Certains d'entre eux révélaient les difficultés que les femmes avaient à rencontrer leur intervenant(e) de première ligne. Une intervenante de première ligne a souligné qu'une détenue avait demandé de la rencontrer la semaine précédente afin de discuter d'affaires courantes, mais « à ce jour, l'auteure n'a pas pu la rencontrer en raison des horaires de travail ». Près de trois semaines se sont écoulées avant qu'elle puisse la rencontrer. D'après l'examen de certaines interventions, l'intervenant(e) de première ligne avait rencontré la femme à « quelques occasions spontanées » au cours du mois précédent, et certaines inscriptions indiquaient que les entrevues avaient été menées au téléphone. On a loué les efforts déployés pour la mise à jour des interventions, mais les femmes nous ont dit que, pour y parvenir, les intervenant(e)s de première ligne leur téléphonent à leur unité résidentielle tard le soir ou viennent les rencontrer aussi tard qu'à une heure du matin. Certaines ont accepté que cela se passe ainsi, car c'était la seule manière pour elles de rencontrer leur intervenant(e) de première ligne dans un délai raisonnable, mais c'était là une procédure insatisfaisante.

2.50 Les dossiers que nous avons consultés étaient tous à jour, et la plupart étaient dûment remplis avec des commentaires pertinents, ce qui démontrait que les intervenant(e)s de première ligne connaissaient bien les femmes dont le cas leur avait été confié. On faisait parfois référence à des questions touchant la famille, mais il y avait peu de preuves selon lesquelles les familles étaient directement touchées. Dans d'autres rapports, les commentaires étaient également satisfaisants.


  Points de décision
 
2.51 Au cours de la première semaine, les intervenant(e)s de première ligne doivent se présenter aux femmes dont le cas leur a été confié.

2.52 Les intervenant(e)s de première ligne doivent rencontrer les femmes individuellement au moins une fois par mois, à une heure raisonnable, afin de rédiger une inscription structurée aux Registres des interventions.

2.53 Les intervenant(e)s de première ligne doivent établir des rapports directs avec les familles des détenues dans les cas appropriés afin d'encourager le maintien de liens familiaux destinés à appuyer la réussite de la réinsertion sociale.