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Lawrence A. Ellerby, Ph.D., et Paula MacPherson, M.Ed.
Forensic Behavioural Management Clinic
Native Clan Organization
Janvier 2002
La Forensic Behavioral Management Clinic (FBMC) de la Native ClanOrganization, qui est située à Winnipeg, au Manitoba, offre des servicesdévaluation et de traitement aux délinquants autochtones et non autochtonesayant commis des infractions sexuelles.
Afin de déterminer et de mieux comprendre la composition et les caractéristiquesde sa clientèle, la FBMC a créé une base de données sur les délinquants ayantparticipé à son programme de traitement. Pour déterminer les variables àétudier, elle a passé en revue les travaux de recherche sur la question etconsulté les membres de son équipe de traitement, formée de psychologues, detravailleurs sociaux, de conseillers ou guérisseurs spirituels autochtones etdagents de liaison avec la collectivité. La base de données renferme235 variables se rapportant notamment aux caractéristiques générales desdélinquants, aux caractéristiques propres aux délinquants autochtones, auxantécédents développementaux, aux antécédents criminels, aux schémascriminels ainsi quà la participation au traitement et à la réponse à celui-ci. Grâceà cet examen des caractéristiques des hommes ayant suivi le traitement offert, laFBMC voulait améliorer son programme afin de mieux répondre aux besoins desdélinquants évalués et traités, et recueillir de linformation susceptible decontribuer au fonds de connaissances dans ce domaine. Au total, on a examiné303 dossiers de traitement qui ont été fermés entre 1987 et 1999.
Parmi les 303 délinquants sexuels dont le dossier a été examiné, 40 % étaientautochtones (Indiens de lAmérique du Nord, Métis et Inuits) et 60 % étaient nonautochtones. Les divers groupes autochtones ont été réunis dans une mêmecatégorie parce que le nombre de Métis (n = 21, 7 %) et dInuits (n = 1, 0,3 %)nétait pas assez élevé pour quon puisse former des catégories distinctes. Ilsagit dun aspect important quil faudra examiner ultérieurement, car il nestprobablement pas suffisant de supposer quil y a homogénéité parmi cesgroupes. La majorité des délinquants autochtones inclus dans notre échantillonavaient langlais comme langue maternelle. Par ailleurs, la langue maternelleautochtone la plus courante était le cri. La majorité des délinquants autochtonesont été élevés dans une réserve, mais la plupart dentre eux étaient venushabiter dans un centre urbain. Seulement un très faible pourcentage dedélinquants autochtones ont déclaré avoir été élevés dans la culture autochtonetraditionnelle, avec ses enseignements et ses cérémonies.
Des différences importantes sont observables entre les Autochtones et les non-Autochtones inclus dans léchantillon de la FBMC en ce qui touche lesantécédents développementaux et sociaux. Bon nombre de non-Autochtones etdAutochtones ont vécu des expériences difficiles et traumatisantes pendant leurenfance, mais ces derniers sont plus nombreux à avoir vécu de tellesexpériences. Bien que la majorité des délinquants aient déclaré avoir été élevéspar leurs père et mère, une plus grande proportion dAutochtones que denon-Autochtones ont été élevés par un membre de leur famille élargie et ont étéséparés de leurs parents ou abandonnés par eux. En outre, les délinquantsautochtones ont plus souvent perdu un membre de leur famille en raison dun suicide ou dun meurtre. Un plus grand pourcentage dentre eux ont déclaré quedes membres de leur famille avaient des problèmes de toxicomanie ou desantécédents criminels. De plus, une plus grande proportion dAutochtones ontété témoins de violence conjugale, ou savaient quune telle violence existait, etont déclaré que les limites sexuelles au sein de leur famille étaient inappropriées.Une plus grande proportion dAutochtones que de non-Autochtones ont déclaréavoir été victimes de négligence ou de violence sexuelle. Toutefois, aucunedifférence nest observable entre les deux groupes quant à la violence physiqueou psychologique subie pendant leur enfance : tant les Autochtones que lesnon-Autochtones affichent à cet égard un pourcentage élevé.
Un plus grand pourcentage dAutochtones que de non-Autochtones avaient déjàconsommé des substances intoxicantes (alcool, drogues et solvants). En outre,les Autochtones étaient désavantagés par rapport aux non-Autochtones pour cequi est du niveau dinstruction et des antécédents professionnels.
Aucune différence significative nest observable entre les Autochtones et lesnon-Autochtones quant au nombre de condamnations, que ce soit avant lâgeadulte ou à lâge adulte. Toutefois, les Autochtones ont avoué avoir commisavant lâge adulte un plus grand nombre dinfractions avec violence pourlesquelles ils nont jamais été condamnés. Ils ont aussi avoué avoir commis àlâge adulte plus dinfractions avec violence. En revanche, les non-Autochtonesont déclaré avoir commis un plus grand nombre dinfractions sexuelles, à lâgeadulte, pour lesquelles ils nont jamais été condamnés.
En ce qui concerne leur comportement sexuel déviant, les Autochtones semblentplus susceptibles de commettre des viols que toute autre infraction sexuelle,alors que les non-Autochtones semblent avoir plus tendance à commettre desinfractions sexuelles contre des enfants, particulièrement linceste.
Des différences intéressantes sont observables entre les deux groupes en ce quitouche les caractéristiques de leur comportement délinquant et leurs schémascriminels. Par exemple, les Autochtones étaient plus susceptibles de choisir desvictimes de sexe féminin, alors que les non-Autochtones étaient plus portés àsen prendre à la fois à des personnes de sexe féminin et de sexe masculin. Lesnon-Autochtones semblent en outre avoir plus tendance à sen prendre à desenfants en bas âge, prépubères ou pubères, On nobserve aucune différencesignificative entre les deux groupes en ce qui a trait aux victimes parmi lesadolescents, les adultes ou les personnes âgées, ou les victimes de différentsgroupes dâge. Les Autochtones ont choisi plus souvent des victimesautochtones et les non-Autochtones sen sont pris plus souvent à des victimesnon autochtones. Cependant, les non-Autochtones étaient plus portés que lesAutochtones à sen prendre à des victimes dorigines ethniques diverses. Peu dedifférences sont observables entre les deux groupes en ce qui touche leur lienavec les victimes, mais on remarque que les non-Autochtones étaient plus portésà sen prendre à des victimes vis-à-vis desquelles ils étaient en situationdautorité ou de confiance (par exemple à titre de médecin, de chef religieux,denseignant, dentraîneur). Une dernière constatation intéressante concernantles différences observables quant au profil des victimes est que par rapport auxvictimes des délinquants non autochtones, les victimes des délinquantsautochtones avaient plus souvent consommé de lalcool ou à la fois de lalcool etde la drogue au moment où linfraction a été commise.
Aucune différence nest observable entre les deux groupes en ce qui concerneune foule de distorsions cognitives qui sont souvent entretenues afin de faciliteret de justifier le comportement sexuel déviant. Il y a une seule distorsion pourlaquelle on remarque une différence entre les Autochtones et les non-Autochtones : une plus forte proportion dAutochtones croyaient quils nauraientpas commis linfraction sils navaient pas été sous linfluence dune substanceintoxicante.Des différences ont été observées entre les Autochtones et les non-Autochtonesquant aux moyens utilisés pour sapprocher des victimes. Dans le cadre duprocessus de planification et de préparation de linfraction, les Autochtones ontplus souvent donné de lalcool ou de la drogue à leur victime. En revanche, lesnon-Autochtones étaient plus portés à donner des cadeaux ou à présenter dumatériel pornographique. Ils étaient en outre plus susceptibles davoir eu recoursà la ruse ou à la manipulation à légard de leur victime afin dobtenir un contactsexuel.
Alors quaucune différence nest observable entre les deux groupes en ce qui atrait au recours aux menaces au cours de lagression sexuelle, les Autochtonesétaient plus susceptibles davoir agressé physiquement leur victime.
Lorsquon examine les différences entre les deux groupes quant aux intérêtssexuels déviants, on remarque quun plus grand pourcentage de non-Autochtones ont manifesté de tels intérêts. Par exemple, un plus grand nombredentre eux ont déclaré avoir eu des pensées de nature sexuelle ou desfantasmes à légard de leur victime ou des fantasmes de violence sexuelle, ousêtre masturbés en regardant des photos denfants. Les non-Autochtonesétaient en outre plus susceptibles de déclarer des paraphilies telles quelexhibitionnisme, le ligotage ou le sadisme sexuel (comme entretenir des idéesdhomicide de nature sexuelle et se masturber en entretenant de telles idées).Fait intéressant à noter, malgré ces différences, aucune différence significativena été observée quant aux préférences sexuelles des délinquants autochtoneset non autochtones, qui ont été déterminées au moyen dune évaluationphallométrique (test physiologique servant à établir le profil de lexcitationsexuelle).
Quant à la réponse au traitement et les améliorations observées, selon les cotesdonnées par les thérapeutes, on observe peu de différences entre lesAutochtones et les non-Autochtones. Un plus grand pourcentage dAutochtonesont déclaré, après le traitement, se souvenir des détails concernant linfraction,alors quils avaient initialement déclaré quils navaient aucun souvenir parcequils étaient sous linfluence de lalcool ou de la drogue lorsquils avaientcommis linfraction. Aucune différence nest observable entre les deux groupesen ce qui touche la révélation de soi et la responsabilité pour ce qui est de lafréquence et la durée du comportement délinquant, de son caractère intrusif ou de la violence exercée. En outre, on ne remarque aucune différence entre lescotes données par les thérapeutes aux deux groupes en ce qui touche lesaméliorations observées quant aux remords et à lempathie à légard de lavictime.
Avant la mise en place du programme mixte combinant une approche deguérison traditionnelle et un mode de traitement contemporain à lintention desAutochtones, le taux dachèvement du traitement était plus élevé chez lesnon-Autochtones. Toutefois, lorsque les délinquants autochtones ont puparticiper à un programme adapté à leur culture, la différence entre les tauxdachèvement est disparue. Un pourcentage élevé dAutochtones et denon-Autochtones ont continué de suivre le traitement offert par la FBMC après lapériode obligatoire (par exemple après la date dexpiration de leur peine). Aprèsla mise en place du programme mixte à lintention des délinquants autochtones,le nombre dAutochtones qui ont continué de fréquenter la clinique aprèslexpiration du mandat sest encore accru. Enfin, aucune différence significativenest observable entre les Autochtones et les non-Autochtones ayant participé auprogramme de la FBMC quant au taux de récidive sexuelle. Cependant, les deuxgroupes ont affiché un taux de récidive beaucoup plus faible que celui du groupede comparaison formé de délinquants autochtones et non autochtones.
Ces résultats montrent que même sil existe de nombreuses similitudes entre lesAutochtones et les non-Autochtones ayant participé entre 1987 et 1999 auprogramme de traitement des délinquants sexuels offert par la FBMC, on peutobserver des différences dont il faut tenir compte. En effet, celles-ci influent surle processus dévaluation des délinquants, sur lélaboration et la prestation deprogrammes visant à réduire la récidive sexuelle et sur notre compréhension dela dynamique du comportement sexuel déviant des délinquants appartenant àces deux groupes.
Plusieurs personnes ont participé à la création de la base de données de laForensic Behavioral Management Clinic (FBMC) et à la réalisation de ce projetde recherche. Je tiens à remercier Heather Cherewick, Marlow Gal etPaula MacPherson pour leur participation à lélaboration, à la mise en place et àlamélioration de la base de données. Je les remercie en outre davoir passé enrevue les nombreux dossiers réunis en plus de dix ans ainsi que davoir entré etanalysé les données, ce qui représente une tâche énorme.Jaimerais aussi remercier les membres de léquipe de traitement de la FBMC,qui ont contribué à déterminer les variables à étudier et qui ont vérifié lexactitudedes données relatives à leurs clients. Je remercie donc Jacqueline Bedard,Shirl Chartrand, Bill Christian, Brenda Ellerby, Arthur Fourstarr, Lori Grant,Patricia Harper, Ervin Hilts, Jaye Miles, Karina OBrien, Daniel Rothman,Don Smith et Todd Smith.
Je suis en outre reconnaissant à Terry Nicholaichuck et à Deqiang Gu pour leursconseils et leur aide en ce qui touche une partie de lanalyse.Ce projet naurait pu être réalisé sans lencouragement et le soutien de laDirection de la recherche du Service correctionnel du Canada. Je remerciesincèrement Larry Motiuk, Roger Boe et Shelley Trevethan pour leur appui.Lawrence Ellerby
Depuis 1987, la Forensic Behavioral Management Clinic (FBMC) de la NativeClan Organization fournit au Manitoba des services dévaluation et de traitementà des Autochtones et à des non-Autochtones ayant un comportement sexueldélinquant. Son principal rôle étant doffrir un programme clinique, la FBMC, àlinstar de nombreux organismes offrant des programmes de traitement, nedisposait ni du temps ni des ressources nécessaires pour procéder à des travauxde recherche. Nous savions toutefois que nos dossiers de traitementconstituaient une riche source de données inexploitées qui nous serait utile pourorganiser et évaluer nos services. Nous avons vu dans la création dune base dedonnées et lanalyse de variables dignes dintérêt une excellente occasiondacquérir une meilleure compréhension de la situation et de développer uneorientation afin daméliorer nos stratégies dévaluation et de traitement, ainsi quedapporter notre contribution au fonds de connaissances sur les délinquantssexuels. Le présent rapport de recherche, qui est le fruit de cette entreprise,fournit des renseignements tirés de nos dossiers de traitement fermés pour lapériode allant de 1987 à 1999.
Dans ce rapport, qui porte sur les délinquants sexuels adultes de sexe masculinqui ont suivi un programme de traitement dans la collectivité ou en établissementoffert par la FBMC, nous examinons en particulier les similitudes et lesdifférences entre les Autochtones et les non-Autochtones. Ce faisant, notreintention nest pas de comparer les délinquants autochtones et non autochtonesjuste pour le plaisir détablir des comparaisons ou pour conclure quun groupe estsupérieur à lautre. Grâce à cette étude, nous espérons au contraire enapprendre davantage sur le profil des hommes ayant été traités par la FBMC etaméliorer nos méthodes dévaluation et de traitement afin de mieux traiter nosclients et répondre à leurs besoins. Si nous parvenons à cerner et à comprendreles similitudes et les différences entre les Autochtones et les non-Autochtones,nous serons mieux en mesure daider les délinquants qui suivent un traitement àgérer leurs risques et à vivre leur vie de façon saine, équilibrée et prosociale.
Le questionnaire denquête de la FBMC, rempli pour chaque délinquant qui reçoitun traitement, renferme actuellement 235 énoncés (qui sont reproduits àlAnnexe A). Pour déterminer les variables auxquelles ont trait ces énoncés, nousavons passé en revue les questionnaires denquête dautres programmes detraitement ainsi que des travaux de recherche sur les délinquants sexuels, etconsulté les membres de léquipe de traitement, formée de psychologues, detravailleurs sociaux, dun technicien dévaluation phallométrique, de conseillersou guérisseurs spirituels autochtones (Aînés et chefs spirituels, gardiens ducalumet, thérapeutes autochtones) et dagents de liaison avec la collectivité. Lequestionnaire porte sur divers sujets, dont les suivants :
En outre, une section se rapporte expressément aux caractéristiques desdélinquants autochtones. Elle porte notamment sur les sujets suivants :
Pour recueillir les données, nous avons passé en revue les dossiers detraitement fermés, y compris différents rapports (tels que les rapports du Servicecorrectionnel du Canada, les rapports des services correctionnels provinciaux,les rapports de police et les rapports remplis par la FBMC), les notes serapportant au traitement suivi et les résultats de tests psychométriques (parexemple, instruments autoévaluation, dévaluation des risques, dévaluationphallométrique). En outre, le thérapeute principal du délinquant a vérifiélexactitude de linformation fournie sur les fiches de données remplies. De plus,bien quil ne sagisse pas dun procédé méthodologique idéal, les thérapeutesont été invités à coter chacun des délinquants dont ils sétaient occupés enfonction dun certain nombre de changements observés après le traitement.Nous voulions ainsi recueillir de linformation préliminaire relative auxchangements et aux résultats du traitement. À lavenir, nous établirons unprotocole de collecte des données plus valable sur le plan méthodologique.
La base de données comportait 303 dossiers fermés se rapportant à desdélinquants sexuels adultes de sexe masculin ayant été dirigés vers la FBMCpour recevoir un traitement en établissement ou dans la collectivité. La majoritéde ces délinquants ont été dirigés par les établissements et bureaux de libérationconditionnelle du Service correctionnel du Canada (82 %). Les autres (18 %) ontété dirigés notamment par le ministère de la Justice du Manitoba Services deprobation, les Winnipeg Child and Family Services et les ministères provinciauxde la Santé mentale et des Services à la famille. Sur lensemble de léchantillon,40 % des délinquants (n = 121) étaient autochtones et 60 % (n = 182) étaientnon autochtones.
Afin de mieux comprendre les antécédents des hommes ayant participé à notreprogramme, nous nous sommes intéressés à leur famille dorigine et à ce quilsont vécu sur le plan développemental et social au cours de leur petite enfance.Nous considérons quil sagit dexpériences importantes parce quellesdéterminent lexistence dune personne et ont probablement contribué à lamésadaptation et au déséquilibre que manifestent les hommes participant ànotre programme. Nous avons abordé des aspects tels que les dispensateurs desoins, la séparation et la perte, lexposition à des styles dadaptationdysfonctionnels et à des comportements inappropriés de la part dadultes qui enavaient la garde (criminalité, toxicomanie, violence physique ou sexuelle, limitessexuelles inappropriées). Nous nous sommes également intéressés à ce que lesdélinquants ont vécu eux-mêmes en tant que victimes. Enfin, nous nous sommespenchés sur des aspects susceptibles de refléter lincidence de ces expériencessur les délinquants. À cet égard, nous avons examiné les actes autodestructeurs,la toxicomanie et les antécédents scolaires et professionnels.
Délinquants | Mère et père | Mère | Père | Membre de la famille élargie | Personne autre quun membre de la famille | |||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
n | % | n | % | n | % | n | % | n | % | |
Autochtones | 63 | 52,1 | 25 | 20,1 | 2 | 1,7 | 20 | 16,5 | 11 | 9,1 |
Non-Autochtones | 121 | 68,4 | 29 | 16,4 | 1 | 0,6 | 13 | 7,3 | 13 | 7,3 |
Total | 184 | 61,7 | 54 | 18,1 | 3 | 1,0 | 33 | 11,1 | 24 | 0,8 |
Lorsquon examine qui étaient les principaux dispensateurs de soins, il estintéressant de constater que la majorité des délinquants (62 %) ont été élevéspar leurs père et mère. Si on compare les Autochtones et les non-Autochtones,les analyses du khi carré montrent une différence significative entre ces deuxgroupes en ce qui touche le principal dispensateur de soins pendant lenfance(X2 = 15,477, p < 0,05). Une plus grande proportion dAutochtones que de non-Autochtones ont eu un membre de leur famille élargie comme principaldispensateur de soins pendant lenfance (17 % contre 7 %), alors quun nombreproportionnellement plus élevé de non-Autochtones ont eu leurs père et mèrecomme principal dispensateur de soins (68 % contre 52 %).
Délinquants | Moyenne |
---|---|
Autochtones | 3,9 |
Non-Autochtones | 3,5 |
Total | 3,7 |
Nous nous sommes intéressés au nombre de dispensateurs de soins déclaréspar les délinquants afin de déterminer combien dentre eux ont été élevés pardes personnes autres que leurs parents biologiques, ou placés en familledaccueil, en foyer collectif, etc. Dans lensemble, le nombre total moyen dedispensateurs de soins se chiffre à 3,7 pour tous les délinquants. Les tests t nerévèlent aucune différence significative entre les Autochtones et les non-Autochtones (t(286) = 0,871, ns), ce qui laisse supposer que même si denombreux délinquants ont déclaré avoir été élevés par leurs parents, ils semblentavoir eu dautres dispensateurs de soins à certains moments au cours de leursannées dapprentissage.
Délinquants | Séparation/Abandon | Divorce des parents | ||
---|---|---|---|---|
Oui | Oui | |||
n | % | n | % | |
Autochtones | 82 | 68,9 | 56 | 49,6 |
Non-Autochtones | 92 | 52,0 | 65 | 37,6 |
Total | 174 | 58,8 | 111 | 40,9 |
On observe quun fort pourcentage de délinquants ont déclaré avoir été séparésdun de leurs parents ou abandonnés par lui (59 %), ce qui va peut-être de pairavec la constatation précédente. Un certain nombre dentre eux, dans unpourcentage moindre mais tout de même élevé (41 %), ont aussi déclaré avoirvécu le divorce de leurs parents. Bien que les taux soient élevés pour les deuxgroupes, les Autochtones sont beaucoup plus susceptibles que les non-Autochtones davoir été séparés de leurs parents ou abandonnés par eux (69 %contre 52 %; X2 = 8,418, p < 0,05). Ils sont aussi plus nombreux à avoir vécu ledivorce de leurs parents (50 % contre 38 %; X2 = 4,023, p < 0,05). Il sagit duneconstatation très importante, car il arrive souvent que les délinquants qui suiventun traitement affirment avoir développé des sentiments de colère et deressentiment, une attitude insensible et des stratégies dadaptation consistant àse montrer sur la défensive, à ne pas faire confiance et à passer à lacte parcequils ont été abandonnés et quils ont manqué daffection dans leur enfance.
Délinquants | Criminalité au sein de la famille | |
---|---|---|
n | % | |
AAutochtones | 57 | 48,3 |
Non-Autochtones | 41 | 23,4 |
Total | 98 | 33,4 |
En ce qui touche la criminalité au sein de la famille, les Autochtones et les non-Autochtones affichent une différence importante. En effet, une plus grandeproportion dAutochtones (48 % contre 23 %) ont déclaré que des membres deleur famille avaient commis des actes criminels (X2 = 19,583, p < 0,001).
Délinquants | Suicide au sein de la famille | Homicide au sein de la famille | ||
---|---|---|---|---|
n | % | n | % | |
Autochtones | 19 | 16.7 | 15 | 12,9 |
Non-Autochtones | 10 | 5,7 | 6 | 3,4 |
Total | 29 | 10,0 | 21 | 7,2 |
Bien que le pourcentage de délinquants ayant subi la perte tragique dunmembre de leur famille en raison dun suicide (10 %) ou dun meurtre (7 %) soitfaible, il convient de noter la différence significative observable entre lesAutochtones et les non-Autochtones. Les Autochtones ont plus souvent perdu unmembre de leur famille en raison dun suicide (17 % contre 6 %; X2 = 9,276,p < 0,005) ou dun meurtre (13 % contre 3 %; X2 = 9,498, p < 0,005) que les non-Autochtones.
Délinquants | Violence physique | Violence sexuelle | Limites sexuelles inappropriées | Abus d’alcool, de drogue ou de solvant | ||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
n | % | n | % | n | % | n | % | |
Autochtones | 66 | 56,9 | 22 | 19,0 | 49 | 42,2 | 96 | 81,4 |
Non-Autochtones | 73 | 41,7 | 24 | 13,7 | 49 | 28,2 | 99 | 56,6 |
Total | 139 | 47,8 | 26 | 16,8 | 98 | 33,8 | 195 | 66,6 |
Afin détudier les conséquences de traumatismes vécus pendant lenfance, nousavons voulu savoir si les délinquants traités avaient observé leurs parentsadopter des comportements abusifs ou sils savaient que leurs parents avaientde tels comportements. Il peut sagir de comportements destructeurs (parexemple, labus de substances intoxicantes) ou dautres formes de passages àlacte de la part des parents entre eux (comme la violence conjugale) ou contredautres personnes (telles que les frères et surs du délinquant). Lepourcentage de délinquants ayant vécu une telle situation est élevé en général,mais il lest encore plus dans le cas des Autochtones. Par rapport aux non-Autochtones, une plus grande proportion dAutochtones ont été témoins deviolence physique entre leurs parents lorsquils étaient enfants, ou savaientquune telle violence existait (57 % contre 42 %; X2 = 6,445, p < 0,05). Ils ontaussi été plus nombreux à déclarer que les limites sexuelles au sein de la familleétaient inappropriées (42 % contre 28 %; X2 = 6,168, p < 0,05). Aucunedifférence significative nest observable entre les deux groupes en ce qui touchela violence sexuelle exercée par un parent contre un autre membre de la famille(X2 = 1,445, ns). Le pourcentage de délinquants qui savaient que leurs parentsconsommaient des substances intoxicantes est élevé en général (67 %), mais onobserve une différence significative entre les deux groupes (X2 = 19,449,p < 0,001); en effet, par rapport aux non-Autochtones, les Autochtones affichentun pourcentage plus élevé à cet égard (81 % contre 57 %).
Délinquants | Violence physique | Violence sexuelle | Violence psychologique | Négligence | ||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
n | % | n | % | n | % | n | % | |
Autochtones | 80 | 69,0 | 77 | 65,3 | 80 | 68,4 | 60 | 51,3 |
Non-Autochtones | 109 | 61,9 | 92 | 51.7 | 107 | 60,5 | 33 | 18,6 |
Total | 189 | 64,7 | 169 | 57,1 | 187 | 63.6 | 93 | 31.6 |
Dans lensemble, un fort pourcentage de délinquants ayant participé à notreprogramme ont déclaré avoir subi des mauvais traitements lorsquils étaientenfants, que ce soit de la violence physique (65 %), de la violence sexuelle(57 %), de la violence psychologique (64 %) ou de la négligence (32 %). Aucunedifférence significative nest observable entre les Autochtones et les non-Autochtones en ce qui touche la violence physique (X2 = 1,515, ns) oupsychologique (X2 = 1,911, ns). Toutefois, un pourcentage plus élevédAutochtones ont déclaré avoir été victimes de négligence (51 % contre 19 %;X2 = 34,696, p < 0,0001) et de violence sexuelle (65 % contre 52 %; X2 = 5,333,p < 0,05). Comme on peut le constater, la proportion de délinquants ayant étévictimes de violence sexuelle est élevée tant chez les Autochtones que chez lesnon-Autochtones. Lorsque nous avons examiné plus en détail les expériences deviolence sexuelle vécues pendant lenfance, nous navons relevé aucunedifférence significative entre les groupes en ce qui touche lâge au moment de lapremière agression sexuelle (t(147) = -0,579, ns). Une différence significative(t(150) = 2,173, p < 0,05) est toutefois observable entre les Autochtones et lesnon-Autochtones pour ce qui est du nombre moyen dagresseurs sexuels, qui sechiffre à 2,91 dans le cas des Autochtones et à 2,13 dans le cas des non-Autochtones.
Délinquants | Membre de la famille immédiate | Membre de la famille élargie | Membre de la famille sans lien biologique | Divers membres de la famille | ||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
n | % | n | % | n | % | n | % | |
Autochtones | 9 | 15,8 | 23 | 40,4 | 6 | 10,5 | 9 | 15,8 |
Non-Aboriginal | 25 | 32,1 | 15 | 19,2 | 8 | 10,3 | 10 | 12,8 |
Total | 34 | 25,2 | 38 | 28,1 | 14 | 10,4 | 19 | 14,1 |
Lorsque nous avons examiné le lien entre lagresseur sexuel et le délinquant,nous avons tenu compte des liens familiaux et non familiaux. Les analyses du khicarré révèlent des différences significatives entre les deux groupes dedélinquants en ce qui touche le lien familial entre lagresseur sexuel et ledélinquant (X2 = 9,857, p < 0,05); toutefois, aucune différence significative nestobservable entre les groupes dans les cas où lagresseur sexuel est un inconnuou un ami, ou encore un ami de la famille. Il semble que les Autochtones soientproportionnellement plus nombreux à avoir été agressés par un membre de leurfamille élargie (40 % contre 19 %), alors quune plus grande proportion de non-Autochtones ont été agressés par un membre de leur famille immédiate (32 %contre 16 %). Cette constatation peut être reliée à lidentité des principauxdispensateurs de soins du délinquant (se reporter au Tableau 1).
Délinquants | Automutilation | Tentative de suicide | Idées suicidaires sans tentative | |||
---|---|---|---|---|---|---|
n | % | n | % | n | % | |
Autochtones | 6 | 5,0 | 23 | 19,0 | 34 | 28,1 |
Non-Autochtones | 10 | 5,5 | 42 | 23,3 | 37 | 20,6 |
Total | 16 | 5,3 | 65 | 21,6 | 71 | 23,6 |
En examinant les mécanismes autodestructeurs utilisés dans le but de faire faceà la douleur, nous avons noté avec intérêt que près du quart des délinquants(24 %) ont déclaré avoir déjà eu des idées suicidaires et quun certain nombredentre eux (22 %) ont tenté de se suicider. Seulement un faible pourcentage dedélinquants (5 %) ont déclaré sêtre automutilés (taillades sans but suicidaire,brûlures, etc.). Les analyses du khi carré ne montrent aucune différencesignificative entre les groupes de délinquants en ce qui touche lautomutilation(X2 = 0,713, ns (p = 0,713)), les tentatives de suicide ou les idées suicidairessans tentative (X2 = 2,361, ns (p = 0,307)).
Délinquants | Alcool | Drogue | Solvant | |||
---|---|---|---|---|---|---|
n | % | n | % | n | % | |
Autochtones | 115 | 95,0 | 80 | 66,1 | 31 | 25,6 |
Non-Autochtones | 111 | 61,3 | 77 | 42,5 | 8 | 4,4 |
Total | 226 | 74,8 | 157 | 52,0 | 39 | 12,9 |
Il semble que de nombreux délinquants aient tenté de faire front en consommantdes substances intoxicantes, particulièrement lalcool (75 %) et la drogue (52 %).Les analyses du khi carré montrent des différences significatives entre les deuxgroupes de délinquants en ce qui touche la consommation dalcool, de drogue etde solvant respectivement (X2 = 43,773, X2 = 16,147 et X2 = 28,98, p < 0,0001dans les trois cas). Par rapport aux non-Autochtones, les Autochtones affichentun pourcentage plus élevé relativement à labus dalcool (95 % contre 61 %), dedrogue (66 % contre 43 %) et de solvant (26 % contre 4 %).
Délinquants | Moins d’une 8e année | De la 8e à la 11e année | Diplôme d’études secondaires | GED | École de métiers | Université ou collège | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
n | % | n | % | n | % | n | % | n | % | n | % | |
Autochtones | 45 | 37,2 | 66 | 54,5 | 5 | 4,1 | 1 | 0,8 | 3 | 2,5 | 1 | 0,8 |
Non-Autochtones | 24 | 13,3 | 93 | 51,7 | 31 | 17,2 | 5 | 2,8 | 11 | 6,1 | 16 | 8,9 |
Total | 69 | 22,9 | 159 | 52,8 | 36 | 12,0 | 6 | 2 | 14 | 4,6 | 17 | 5,6 |
Le niveau dinstruction est un élément important à examiner, car une instructionlimitée peut être attribuable à des expériences difficiles vécues pendant lenfancequi peuvent faire en sorte que la personne na pas accès à linstruction ou nestpas en mesure de rester au sein du système scolaire. En outre, un faible niveaudinstruction peut se traduire ultérieurement par des problèmes dadaptationpersonnelle et avoir une incidence notamment sur lestime de soi, la vieprofessionnelle et la stabilité financière. Dans lensemble, les délinquants ayantparticipé à notre programme avaient un faible niveau dinstruction; peu dentreeux avaient terminé leurs études secondaires (12 %), ou avaient fréquenté uneécole de métiers (5 %) ou une université (6 %). Un pourcentage élevé dentreeux (23 %) ont déclaré avoir moins dune 8e année. Les analyses du khi carrérévèlent une différence significative entre les groupes de délinquants en ce quitouche le niveau dinstruction (X2 = 40,207, p < 0,0001). Notamment, lesAutochtones semblent avoir un niveau dinstruction moins élevé; ils sont plusnombreux à avoir moins dune 8e année (37 % contre 13 %) et moins nombreuxà avoir terminé leurs études secondaires (4 % contre 17 %). De plus, lesAutochtones sont proportionnellement moins nombreux à avoir fréquenté uneécole de métiers (3 % contre 6 %) ou une université (1 % contre 9 %). Unedifférence significative est également observable entre les groupes dedélinquants au chapitre de linadaptation scolaire; 49 % des Autochtones ontdéclaré avoir eu des problèmes de cet ordre, contre 28 % des non-Autochtones(X2 = 13,522, p < 0,0001).
Délinquants | Aucun antécédent | Emplois sporadiques | Emplois stables | Total | ||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
n | % | n | % | n | % | n | % | |
Autochtones | 31 | 25,6 | 67 | 55,4 | 23 | 19,0 | 121 | 100 |
Non-Autochtones | 12 | 6,7 | 92 | 51,1 | 76 | 42,2 | 180 | 100 |
Total | 43 | 14,3 | 159 | 52,8 | 99 | 32,9 | 301 | 100 |
Les antécédents professionnels sont également considérés comme un indicateurimportant déléments tels que le mieux-être, les perspectives davenir, lestime desoi, la stabilité émotionnelle et la sécurité financière. Dans lensemble, lesantécédents professionnels des hommes ayant participé au programme sontplutôt limités, seulement 33 % dentre eux ayant déclaré avoir occupé desemplois stables. Les analyses du khi carré montrent une différence significativeentre les groupes de délinquants en ce qui touche les antécédentsprofessionnels (X2 = 30,526, p < 0,0001). Les Autochtones semblent plusdésavantagés sur ce point et sont plus susceptibles de navoir aucun antécédentprofessionnel (26 % contre 7 %), alors que les non-Autochtones semblentafficher une plus grande stabilité demploi (42 % contre 19 %). Cela étant dit, ilreste quun pourcentage élevé de non-Autochtones (58 %) navaient pas desemplois stables.
Délinquants | Emploi à temps plein ou à temps partiel | Chômage | Études | Retraite/Invalidité | Total | |||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
n | % | n | % | n | % | n | % | n | % | |
Autochtones | 40 | 33,1 | 76 | 62,8 | 3 | 2,5 | 2 | 1,7 | 121 | 100 |
Non-Autochtones | 113 | 62,8 | 57 | 31,7 | 6 | 3,3 | 4 | 2,2 | 180 | 100 |
Total | 153 | 50,8 | 133 | 44,2 | 9 | 3,0 | 6 | 2 | 301 | 100 |
Nous avons également examiné le statut professionnel des délinquants aumoment où ils ont commis linfraction à lorigine de la peine. Cet examen ne nousen apprend pas beaucoup sur le lien entre lemploi et la délinquance, puisqueenviron la moitié (51 %) dentre eux avaient un emploi et quun peu moins de lamoitié dentre eux (44 %) étaient en chômage. Les analyses du khi carré révèlentune différence significative entre les groupes de délinquants en ce qui touche lestatut professionnel au moment où linfraction a été commise (X2 = 28,751,p < 0,0001); en effet, les Autochtones étaient plus susceptibles dêtre enchômage que les non-Autochtones (63 % contre 32 %), ce qui concorde avec laconstatation faite ci-dessus concernant les antécédents professionnels.
Lorsque nous avons établi le profil de nos clients, nous avons voulu enapprendre davantage sur certaines caractéristiques des Autochtones ayantparticipé à notre programme. Nous nous sommes intéressés à descaractéristiques telles que lappartenance ethnique, la langue, les collectivitésdattache ainsi que le séjour dans un pensionnat et les expériences vécues danscet environnement. Nous nous sommes également penchés sur les contacts queles délinquants ont eus avec la culture autochtone traditionnelle (enseignements,cérémonies, etc.) pendant leur enfance ainsi que sur la pertinence etlimportance doffrir un programme adapté à la réalité culturelle.
Appartenance ethnique | n | % |
---|---|---|
ndiens de l’Amérique du Nord | 99 | 32,7 |
Métis | 21 | 6,9 |
Inuits | 1 | 0,3 |
Non-Autochtones | 182 | 60,1 |
Total | 303 | 100 |
La majorité des clients traités à la FBMC au cours de la période à létudenétaient pas autochtones (60 %), alors que les Autochtones représentaient 40 %de la clientèle. Au sein de cette clientèle autochtone, on comptait une majoritédIndiens de lAmérique du Nord (33 %), un petit pourcentage de Métis (7 %) etseulement un Inuit (0,3 %).
Langue | n | % |
---|---|---|
Cri | 26 | 22,8 |
Ojibway | 13 | 11,4 |
Seaulteaux | 7 | 6,1 |
Déné | 4 | 3,5 |
Inuktitut | 1 | 0,9 |
Total | 63 | 55,2 |
La langue est une variable importante dont il faut tenir compte tant pour leprogramme dévaluation que pour le programme de traitement. Pour être enmesure de répondre à une évaluation et dy participer, ainsi que de suivre untraitement et den retirer des bienfaits, il faut être capable de comprendre lesconcepts abordés et de communiquer les éléments pertinents. La langue nestpas simplement liée à la compréhension générale, mais elle constitue un aspectimportant en raison des différences dans la syntaxe des langues autochtones parrapport à langlais.
La majorité des Autochtones ayant participé à notre programme au cours de lapériode à létude ne parlaient que langlais (55 %) et navaient aucune languematernelle autochtone. Parmi ceux qui avaient une langue maternelleautochtone, la majorité parlaient le cri (23 %), suivi de lojibway (11 %) et duseaultaux (6 %). Bien quil semble que lutilisation de langlais dans le cadre duprogramme nait pas constitué un problème pour de nombreux Autochtones, lefait que 45 % des hommes avaient une langue maternelle autochtone montrequil importe dêtre plus attentif aux questions linguistiques et de se pencher surces questions.
Collectivité | Réserve | Rurale | Urbaine | Diverses | Total | |||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
n | % | n | % | n | % | n | % | n | % | |
D’origine | 73 | 61,3 | 22 | 18,5 | 24 | 20,2 | - | - | 121 | 100 |
De résidence au moment où l’infraction a été commise | 48 | 39,7 | 14 | 11,6 | 59 | 48,8 | - | - | 121 | 100 |
Où l’infraction a été commise | 47 | 38,8 | 13 | 10,7 | 59 | 48,8 | 2 | 1,7 | 121 | 100 |
Lexamen des collectivités dattache des clients sest révélé intéressant; il sagitnotamment de lendroit où ces hommes ont grandi, où ils résidaient au momentoù linfraction a été commise et où ils ont commis linfraction. Pour la majoritédes délinquants autochtones, la collectivité dorigine est une réserve (61 %).Toutefois, la collectivité de résidence au moment où linfraction a été commiseest le plus souvent une collectivité urbaine (49 %). Les délinquants sont plussusceptibles davoir commis linfraction dans la collectivité où ils résidaient plutôtque dans une autre collectivité. À cet égard, 39 % des clients ont commislinfraction dans une réserve, où 40 % dentre eux résident; 11 % ont commislinfraction dans une collectivité rurale, où 12 % dentre eux résident et 49 % lontcommise dans une collectivité urbaine, où vivent 49 % dentre eux.
Violence sexuelle | Violence physique | Violence psychologique | |||
---|---|---|---|---|---|
n | % | n | % | n | % |
4 | 36,4 | 10 | 90,9 | 9 | 81,8 |
Très peu dAutochtones ayant participé à notre programme ont séjourné dans unpensionnat (9 %, n = 11), probablement parce que la majorité dentre eux étaienttrop jeunes pour avoir vécu dans un tel établissement. La majorité des hommesayant séjourné dans un pensionnat ont été victimes de violence physique (91 %)ou psychologique (82 %), alors que plus du tiers dentre eux (36 %) ont subi desviolences sexuelles.
Éducation traditionnelle | Éducation non traditionnelle | ||
---|---|---|---|
n | % | n | % |
19 | 15,5 | 102 | 84,5 |
Il est intéressant de voir si les clients ont reçu ou non une éducationtraditionnelle, car cela peut être révélateur de lincidence de la colonisation, dudegré dacculturation et de la nécessité doffrir aux Autochtones des programmesadaptés à leur culture ainsi que le rôle de ces programmes. Parmi les121 Autochtones inclus dans notre échantillon, un petit pourcentage (16 %) ontété élevés dans le contexte des cérémonies et des enseignements culturels etspirituels autochtones, contrairement à la majorité dentre eux (84 %). Cetteconstatation peut donc laisser supposer que les Autochtones ne seront peut-êtrepas tous à laise avec un programme adapté à la culture ou quils nen verrontpas tous la pertinence. Elle peut aussi souligner lutilité des programmes de cegenre pour donner aux délinquants la possibilité de sinitier à des modes de vietraditionnels importants qui étaient perdus pour eux pour diverses raisons et quipeuvent leur être utiles pour définir leur identité.
Afin dexaminer les antécédents des délinquants et les divers styles dadaptationdestructifs, nous nous sommes intéressés au comportement criminel. Nousvoulions plus particulièrement examiner les infractions avec violence et lesinfractions sexuelles quils ont commises aussi bien lorsquils étaient mineursquà lâge adulte. Pour ce faire, nous avons tenu compte des condamnationsenregistrées dans le casier judiciaire du délinquant ainsi que des infractions quila dit avoir commises mais nayant entraîné aucune mise en accusation nicondamnation.
Parmi les 303 délinquants, 25 % (n = 77) avaient été condamnés avantdatteindre lâge adulte. Parmi eux, 8 % (n = 23) avaient été condamnés pour desinfractions avec violence et 6 % (n = 18) pour des infractions sexuelles.
Délinquants | Nbre total moyen de condamnations | Nbre moyen de condamnations pour des infractions avec violence | Nbre moyen de condamnations pour des infractions sexuelles |
---|---|---|---|
n | n | n | |
Autochtones | 4,2857 | 1,6667 | 1,1667 |
Non-Autochtones | 3,2286 | 1,2500 | 1,0833 |
Aucune différence nest observable entre les Autochtones et les non-Autochtones en ce qui touche leurs antécédents criminels avant lâge adulte. Lesanalyses du chi carré ne montrent aucune différence significative entre lesgroupes de délinquants en ce qui touche le nombre total de condamnations(X2 = 11,076, ns), de condamnations pour des infractions avec violence(X2 = 1,477, ns) ou de condamnations pour des infractions sexuelles (X2 = 0,281,ns) avant lâge adulte. Des tests t sur un échantillon indépendant ne révèlentaucune différence significative entre les groupes de délinquants quant aunombre moyen de condamnations pour des infractions sexuelles (t(16) = 0,504,ns), au nombre moyen de condamnations pour des infractions avec violence(t(21) = 0,480, ns) ou au nombre total moyen de condamnations (t(75) = 1,016,ns) avant lâge adulte.
Fréquence | Autochtones | Non-Autochtones | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Infractions sexuelles | Infractions avec Fréquence violence | Infractions sexuelles | Infractions avec Fréquence violence | |||||
n | % | n | % | n | % | n | % | |
0 | 85 | 71,4 | 38 | 31,9 | 121 | 67,2 | 110 | 61,5 |
1-2 | 18 | 15,1 | 17 | 14,3 | 26 | 14,4 | 16 | 8,9 |
3-5 | 7 | 5,9 | 24 | 20,2 | 20 | 11,1 | 29 | 16,2 |
6-9 | 2 | 1,7 | 0 | 0,0 | 2 | 1,1 | 3 | 1,7 |
10+ | 6 | 5,0 | 40 | 33,6 | 9 | 5,0 | 21 | 11,7 |
La seule différence observable entre les Autochtones et les non-Autochtones ence qui touche les infractions quils ont avoué avoir commises avant lâge adulteest que les Autochtones ont avoué avoir commis un plus grand nombredinfractions avec violence pour lesquelles ils nont jamais été condamnés(X2 = 33,734, p < 0,001). Alors que 62 % des non-Autochtones ont indiquénavoir jamais commis une infraction avec violence pour laquelle ils nont pas étéaccusés, seulement 32 % des Autochtones ont fait une déclaration similaire.Aucune différence significative nest observable entre les groupes de délinquantsen ce qui touche les infractions sexuelles quils ont avoué avoir commises avantlâge adulte (X2 = 2,602, ns). Des tests t sur un échantillon indépendant nerévèlent aucune différence significative entre les groupes de délinquants quantau nombre moyen dinfractions avec violence (t(148) = 1,808, ns) ou dinfractionssexuelles (t(88) = -0,066, ns).
Délinquantsr | Nbre total moyen de condamnations | Nbre moyen de condamnations pour des infractions avec violence | Nbre moyen de condamnations pour des infractions sexuelles |
---|---|---|---|
n | n | n | |
Autochtones | 9,1858 | 3,0278 | 2,0982 |
Non-Autochtones | 7,8373 | 2,6885 | 2,6524 |
Comme dans le cas des antécédents criminels avant lâge adulte, aucunedifférence nest observable entre les Autochtones et les non-Autochtones quantau nombre total de condamnations (X2 = 39,119, ns), de condamnations pourdes infractions avec violence (X2 = 12,052, ns) ou de condamnations pour desinfractions sexuelles (X2 = 7,798, ns) à lâge adulte. Des tests t sur un échantillonindépendant ne révèlent aucune différence significative entre les groupes dedélinquants quant au nombre moyen de condamnations pour des infractionssexuelles (t(274) = -1,874, ns), au nombre moyen de condamnations pour desinfractions avec violence (t(131) = 0,734, ns) ou au nombre total moyen decondamnations (t(277) = 1,165, ns) à lâge adulte.
Fréquence | Autochtones | Non-Autochtones | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Infractions sexuelles | Infractions avec Fréquence violence | Infractions sexuelles | Infractions avec Fréquence violence | |||||
n | % | n | % | n | % | n | % | |
0 | 81 | 68,6 | 28 | 23,7 | 98 | 54,1 | 77 | 42,5 |
1-2 | 20 | 16,9 | 10 | 8,5 | 34 | 18,8 | 19 | 10,5 |
3-5 | 9 | 7,6 | 16 | 13,6 | 18 | 9,9 | 31 | 17,1 |
6-9 | 1 | 0,8 | 5 | 4,2 | 4 | 2,2 | 9 | 5,0 |
10+ | 6 | 5,1 | 59 | 50,0 | 26 | 14,4 | 45 | 24,9 |
En ce qui concerne les infractions que les clients ont avoué avoir commises àlâge adulte, les Autochtones affichent une plus grande fréquence que les non-Autochtones quant aux infractions avec violence dont ils nont jamais étéaccusés (X2 = 21,139, p < 0,0001). En revanche, les non-Autochtones ontdéclaré avoir commis plus dinfractions sexuelles dont ils nont pas été accusésque les Autochtones (X2 = 9,701, p < 0,05). Des tests t sur un échantillonindépendant révèlent des différences significatives entre les groupes dedélinquants quant aux infractions avec violence avouées (t(297) = 4,533,p < 0,0001), les Autochtones en ayant déclaré un plus grand nombre. Unedifférence significative est également observable entre les groupes en ce quitouche les infractions sexuelles avouées (t(295) = -3,332, p < 0,05), leur nombreétant moins élevé dans le cas des Autochtones. Par exemple, une moins grandeproportion de non-Autochtones ont déclaré navoir commis aucune infractionsexuelle pour laquelle ils navaient pas été mis en accusation ou condamnés(54 % contre 69 %). De plus, une plus grande proportion de non-Autochtones ontindiqué avoir commis au moins 10 infractions sexuelles dont ils navaient jamaisété accusés (14 % contre 5 %).
Délinquants | Oui | Non | Appartenance présumée | Total | ||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
n | % | n | % | n | % | n | % | |
Autochtones | 10 | 8,3 | 108 | 89,3 | 3 | 2,5 | 121 | 100 |
Non-Autochtones | 7 | 3,8 | 175 | 96,2 | 0 | 0,0 | 182 | 100 |
Total | 17 | 5.6 | 283 | 93.4 | 3 | 0.9 | 303 | 100 |
Malgré le peu dinformation dont nous disposions sur lappartenance à un gang,nous avons examiné cette variable étant donné lattention accrue qui estaccordée aux problèmes associés aux gangs. Il est important de déterminerlappartenance à un gang dans le cas des délinquants sexuels, car les membresdun gang qui ont commis une infraction sexuelle font face à un dangereux
dilemme. Ces individus risquent des représailles de la part des membres de leurgang (tant en milieu carcéral que dans la collectivité) étant donné laversion quela sous-culture criminelle entretient à légard des délinquants sexuels. Lesanalyses du khi carré révèlent une différence significative entre les groupes dedélinquants en ce qui touche lappartenance à un gang (X2 = 7,411, p < 0,05).Bien que les chiffres soient peu élevés, il semble quun plus grand nombre dedélinquants autochtones appartiennent à un gang comparativement auxdélinquants sexuels non autochtones (8 % contre 4 %).
Offender | Incest | Child Molester | Pedophile | Rapist | Rapist/Pedophile | Hands Off | Adult Fondler/Hands On | Sexual Murder | Total | |||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
n | % | n | % | n | % | n | % | n | % | n | % | n | % | n | % | n | % | |
Autochtones | 26 | 21,5 | 9 | 7,4 | 17 | 14,0 | 57 | 47,1 | 10 | 8,3 | 1 | 0,8 | 1 | 0,8 | 0 | 0,0 | 121 | 100 |
Non-Autochtones | 55 | 30,2 | 20 | 11,0 | 36 | 19,6 | 46 | 25,3 | 15 | 8,2 | 5 | 2,7 | 4 | 2,2 | 1 | 0,5 | 182 | 100 |
Total | 81 | 26,7 | 29 | 9,6 | 53 | 17,5 | 103 | 34,0 | 25 | 8,3 | 6 | 2,0 | 5 | 1,7 | 1 | 0,3 | 303 | 100 |
Nous avons comparé les deux groupes de délinquants afin de déterminer sil y ades différences entre les Autochtones et les non-Autochtones quant au typedinfractions sexuelles commises. Les analyses du khi carré révèlent unedifférence significative entre les groupes de délinquants en ce qui touche lanature des infractions (X2 = 17,434, p < 0,05). Les Autochtones semblent plussusceptibles de commettre des viols (47 %) que toute autre infraction sexuelle,alors que les non-Autochtones semblent avoir plus tendance à commettrelinceste (30 %). De plus, les non-Autochtones semblent avoir plus tendance queles Autochtones à commettre des infractions sexuelles contre des enfants (61 %contre 43 %).
Afin détablir le profil des clients, nous nous sommes intéressés aux schémascriminels ainsi quaux similitudes et aux différences observables dans ladynamique des délinquants autochtones et non autochtones. Ce faisant, nousavons porté notre attention sur un certain nombre daspects : les caractéristiquesdes victimes (par exemple, le sexe, lâge, lappartenance ethnique, le lien avec ledélinquant et la consommation de substances intoxicantes au moment oùlinfraction a été commise), les distorsions cognitives entretenues par ledélinquant pour laider à commettre linfraction (comme la minimisation, larationalisation ou la justification et la projection de la responsabilité), les actes deplanification et de préparation de linfraction (manipulation afin daccéder auxvictimes), la coercition et, enfin, les intérêts sexuels déviants ainsi que les formesdéviantes dexcitation sexuelle.
Délinquants | Victimes de sexe masculin | Victimes de sexe féminin | ictimes des deux sexes | Total | ||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
n | % | n | % | n | % | n | % | |
Autochtones | 3 | 2,5 | 109 | 90,1 | 9 | 7,4 | 121 | 100,0 |
Non-Autochtones | 8 | 4,4 | 133 | 73,1 | 41 | 22,5 | 182 | 100,0 |
Total | 11 | 3,6 | 242 | 79,9 | 50 | 16,5 | 303 | 100,0 |
Une différence est observable entre les délinquants autochtones et nonautochtones quant au sexe de leurs victimes, les Autochtones étant beaucoupplus susceptibles de choisir des victimes de sexe féminin (X2 = 13,395,p < 0,005). Il est toutefois évident que les deux groupes de délinquants senprennent plus souvent à des personnes de sexe féminin (Autochtones 90 %,non-Autochtones 73 %). Une plus grande proportion de non-Autochtones sensont pris à la fois à des personnes de sexe féminin et de sexe masculin (23 %contre 7 %).
Délinquants | Enfants en bas âge (de la naissance à 5 ans) | Enfants prépubères (6 à 9 ans) | Enfants pubères (10 à 13 ans) | Adolescents (14 à 17 ans) | Adultes (18 ans et plus) | Personnes âgées (65 ans et plus) | Âges multiples | |||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
n | % | n | % | n | % | n | % | n | % | n | % | n | % | |
Autochtones | 21 | 17,4 | 37 | 30,6 | 35 | 28,9 | 39 | 32,2 | 59 | 48,8 | 4 | 3,3 | 70 | 57,9 |
Non-Autochtones | 48 | 26,2 | 87 | 45,9 | 81 | 44,3 | 61 | 33,3 | 75 | 41,0 | 7 | 3,8 | 119 | 65,0 |
Total | 69 | 22,7 | 121 | 39,8 | 116 | 38,2 | 100 | 32,9 | 134 | 44,1 | 11 | 3,6 | 189 | 62,2 |
Comme nous lavons déjà observé, les délinquants non autochtones sen sontpris plus souvent à des enfants que les délinquants autochtones. Les analysesdu khi carré montrent une différence significative entre les groupes dedélinquants pour ce qui est de lâge des victimes (X2 = 3,269, p < 0,05,X2 = 7,138, p < 0,005, X2 = 7,260, p < 0,05, pour les enfants en bas âge, lesenfants prépubères et les enfants pubères respectivement). Par rapport auxAutochtones, les non-Autochtones avaient plus souvent choisi leurs victimes ausein de chacun de ces groupes dâge. Aucune différence significative nestobservable entre les deux groupes de délinquants en ce qui concerne lesadolescents, les adultes, les personnes âgées ou la catégorie des victimes dâgedifférent.
Délinquants | Raceblanche | Origine autochtone | Origine diverses | |||
---|---|---|---|---|---|---|
n | % | n | % | n | % | |
Autochtones | 9 | 7,8 | 92 | 79,3 | 14 | 12,1 |
Non-Autochtones | 90 | 51,1 | 7 | 4,0 | 79 | 44,9 |
Total | 99 | 33,9 | 99 | 33,9 | 93 | 31,8 |
Les deux groupes de délinquants affichent une différence significative quant àlappartenance ethnique des victimes choisies (X2 = 182,243, p < 0,0001). Leplus souvent, les délinquants sen sont pris à des victimes ayant la mêmeappartenance ethnique queux. Cest particulièrement vrai pour les Autochtones :dans 79 % des cas, la victime était autochtone elle aussi. Bien que la majoritédes non-Autochtones soient aussi portés à choisir des victimes non autochtones(dans 51 % des cas), ils étaient beaucoup plus portés que les Autochtones àsen prendre à des victimes dorigines ethniques diverses (49 % contre 12 %).
Délinquants | Membre de la famille immédiate | Membre de la famille immédiate | Membre de la famille sans lien biologique | Divers membres de la famille | Personne autre qu’un membre de la famille | |||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
n | % | n | % | n | % | n | % | n | % | |
Autochtones | 35 | 40,7 | 15 | 17,4 | 3 | 3,5 | 13 | 15,1 | 20 | 23,3 |
Non-Autochtones | 68 | 50,4 | 19 | 14,1 | 2 | 1,5 | 29 | 21,5 | 17 | 12,6 |
Total | 103 | 46,6 | 34 | 15,4 | 5 | 2,3 | 42 | 19 | 27 | 16,7 |
Quils soient autochtones ou non autochtones, les délinquants sen sont souventpris à des membres de leur famille (64 %), quil sagisse de membres de lafamille immédiate, de membres de la famille élargie ou de membres de la famillesans lien biologique (par exemple les enfants dun autre lit). Cependant, dans laplupart des cas (47 %), les victimes étaient des membres de la familleimmédiate. Aucune différence significative nest observable entre les groupes dedélinquants en ce qui touche le type de lien familial avec les victimes(X2 = 7,065, ns).
Offender | Family Friend(s) | Non-Familial Position of Trust & Authority | Friend(s)/Acquaintance(s) | Stranger(s) | ||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
n | % | n | % | n | % | n | % | |
Autochtones | 15 | 12,4 | 3 | 2,5 | 62 | 51,2 | 22 | 18,2 |
Non-Autochtones | 31 | 16,9 | 16 | 8,7 | 75 | 41,0 | 51 | 27,9 |
Total | 46 | 15,1 | 19 | 6,3 | 137 | 45,1 | 73 | 24,0 |
Lorsquelles nétaient pas des membres de la famille, les victimes étaient le plussouvent des amis ou des connaissances (45 %) ou encore des inconnus (24 %).Les analyses du khi carré ne révèlent aucune différence significative entre lesgroupes de délinquants quant à leur lien avec les victimes, sauf pour la catégorie«Personne autre quun membre de la famille en situation dautorité ou deconfiance» (X2 = 4,877, p < 0,05). Cette catégorie comprend les cas où ledélinquant est en situation davoir un lien de confiance ou dautorité vis-à-vis dela victime (par exemple, à titre de médecin, de chef religieux, denseignant,dentraîneur). Les non-Autochtones étaient plus portés que les Autochtones àsen prendre à des victimes vis-à-vis desquelles ils étaient en situation dautorité.
Délinquants | Oui | Non | Total | |||
---|---|---|---|---|---|---|
n | % | n | % | n | % | |
Autochtones | 60 | 50,8 | 58 | 49,2 | 118 | 100,0 |
Non-Autochtones | 114 | 63,7 | 65 | 36,3 | 179 | 100,0 |
Total | 174 | 58,6 | 123 | 41,4 | 297 | 100,0 |
Fait intéressant à noter, de nombreux délinquants (59 %) choisissaient desvictimes ayant différents liens avec eux plutôt quau sein dune seule catégorie(par exemple, uniquement des membres de la famille immédiate). Toutefois, parrapport aux Autochtones, les non-Autochtones avaient davantage tendance àchoisir leurs victimes dans plus dune catégorie (par exemple, un membre de lafamille et un ami de la famille) (X2 = 4,832, p < 0,05, 64 % contre 51 %).
Délinquants | Alcool | Drogue | Alcool et drogue | Aucune substance intoxicante | Total | |||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
n | % | n | % | n | % | n | % | n | % | |
Autochtones | 46 | 38,0 | 1 | 0,8 | 11 | 9,1 | 63 | 52,1 | 121 | 100,0 |
Non-Autochtones | 25 | 13,7 | 1 | 0,5 | 15 | 8,2 | 141 | 77,5 | 182 | 100,0 |
Total | 71 | 23,4 | 2 | 0,7 | 26 | 8,6 | 204 | 67,3 | 303 | 100,0 |
Lorsquon compare les Autochtones et les non-Autochtones, on remarque unedifférence significative en ce qui touche la consommation de substancesintoxicantes par la victime au moment où linfraction a été commise (X2 = 25,399,p < 0,0001). Par rapport aux victimes des délinquants non autochtones, lesvictimes des délinquants autochtones avaient plus souvent consommé de lalcool(38 % contre 14 %). Les victimes des délinquants non autochtones étaient plussusceptibles de navoir consommé aucune substance (78 % contre 52 %). Il nefaut aucunement voir dans le fait que les victimes des délinquants autochtonesétaient le plus souvent des femmes autochtones adultes (se reporter auxTableaux 25, 26 et 27) que ces victimes ont une part de responsabilité. Il fautplutôt y voir la conséquence du fait, comme nous le verrons à la section sur laplanification et la préparation, que les délinquants autochtones ont probablementsoit profité de létat dintoxication des victimes, soit contribué à les rendre danscet état afin de commettre linfraction.
Les distorsions cognitives sont des perceptions ou des croyances fausses queles délinquants sexuels entretiennent afin de minimiser la gravité de leurcomportement déviant et leur degré de culpabilité, de rationaliser et de justifierleur comportement et de rejeter la responsabilité sur autrui, le plus souvent surleurs victimes. Ces distorsions les aident à commettre des infractions sexuelleset à continuer de le faire sachant que leur comportement est déviant et nuisible.Nous avons voulu savoir si les délinquants sexuels autochtones et nonautochtones utilisent ou entretiennent les mêmes types de distorsions. Pour cefaire, nous avons comparé les hommes compris dans léchantillon par rapport àun certain nombre de distorsions courantes chez les délinquants sexuels. LeTableau 32 présente le pourcentage dhommes qui entretenaient ces distorsionsavant de commencer leur traitement. Nous avons tenu compte des perceptionsantérieures au traitement, puisque lun des objectifs du traitement est daider leshommes à avouer quils ont des comportements sexuels déviants et à enassumer la responsabilité. Il sagit notamment de changer ces perceptionsfausses en aidant les hommes à voir la réalité de leurs comportements déviantstelle quelle est.
Distorsion cognitive | Autochtones | Non-Autochtones | ||
---|---|---|---|---|
n | % | n | % | |
La victime était consentante | 76 | 62,8 | 114 | 63,0 |
Offender was providing sex educationLe délinquant faisait l’éducation sexuelle de la victime | 8 | 6,7 | 34 | 18,4 |
Le délinquant blâme la victime | 76 | 62,8 | 107 | 58,5 |
Le délinquant croit que la victime y a pris plaisir | 38 | 31,7 | 76 | 41,8 |
Le délinquant croit que la victime n’a pas été blessée physiquement ni psychologiquement | 45 | 37,5 | 88 | 48,4 |
Le délinquant croit que ce ne serait pas arrivé s’il n’avait pas été sous l’influence de l’alcool ou de la drogue | 66 | 62,3 | 40 | 22,0 |
Le délinquant est la véritable victime | 63 | 52,5 | 103 | 56,6 |
Dans lensemble, les Autochtones et les non-Autochtones entretenaient lesmêmes types des distorsions cognitives avant le traitement. Les analyses du khicarré ne révèlent aucune différence significative entre les groupes de délinquantsquant aux perceptions suivantes : la victime était consentante (X2 = 0,001, ns); lavictime y a pris plaisir (X2 = 3,134, ns); cest la faute de la victime sil y a eucontact sexuel (X2 = 0,414, ns); la victime na pas été blessée (X2 = 3,456, ns).De plus, il ny a pas de différence entre les deux groupes quant aux distorsionssuivantes : le contact sexuel a été fait dans un contexte déducation sexuelle(X2 = 8,719, p < 0,005, la victime étant habituellement un enfant); le délinquantest la véritable «victime» de la divulgation de linfraction sexuelle (X2 = 0,390,ns). Les Autochtones comme les non-Autochtones ont souvent été portés àindiquer que leur victime était consentante (63 % dans les deux cas), à blâmercelle-ci (Autochtones 63 %, non-Autochtones 59 %) et à se considérer commeles véritables victimes (Autochtones 53 %, non-Autochtones 57 %).Il y a une distorsion pour laquelle une différence significative est observableentre les Autochtones et les non-Autochtones. Une plus forte proportion dedélinquants autochtones croyaient quils nauraient pas commis dinfraction silsnavaient pas été sous linfluence de lalcool ou de la drogue (X2 = 34,618,p = 0,000, 62 % contre 22 %). Cette différence est compréhensible étant donnéque lalcool constitue plus souvent un facteur important associé aux infractionscommises par les délinquants autochtones (se reporter au Tableau 33).
Les infractions sexuelles sont rarement commises sans préméditation niplanification, même si les délinquants affirment souvent que «cest arrivé commeça». La planification peut être faite de façon très méticuleuse et réfléchie, ou ellepeut être plus spontanée et opportuniste. Dans un cas comme dans lautre, il y aquand même une certaine forme de réflexion ou de planification. Dans certainscas, cette planification est appelée «préparation». Il sagit dun processusgraduel, généralement utilisé pour sapprocher des enfants, dans le cadre duquel
le délinquant adopte différents comportements visant à établir des liens deconfiance avec la victime, à la mettre à laise et à éliminer des barrières. Enétablissant le profil de notre clientèle, nous avons voulu cerner les similitudes etles différences observables dans la façon dont les Autochtones et les non-Autochtones manuvrent pour sapprocher des victimes et commettre leursinfractions.
Délinquants | Alcool ou drogues | Cadeaux | Présentation de matériel pornographique | Ruse ou manipulation (victime) | Ruse ou manipulation (autres personnes) | |||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
n | % | n | % | n | % | n | % | n | % | |
Autochtones | 39 | 32,5 | 30 | 25,0 | 6 | 5,0 | 111 | 92,5 | 89 | 74,2 |
Non-Autochtones | 31 | 17,0 | 77 | 42,3 | 27 | 14,8 | 178 | 97,8 | 151 | 82,5 |
Total | 70 | 23,2 | 107 | 35,4 | 33 | 10,9 | 289 | 95,7 | 240 | 79,2 |
Il existe des différences intéressantes dans la façon dont les Autochtones et lesnon-Autochtones sy sont pris pour sapprocher de leurs victimes. Bien quil soitprobable que ces méthodes dapproche soient en grande partie fonction de lavictime choisie, elles peuvent aussi mettre en lumière des différences quant auxschémas criminels et aux facteurs liés à la motivation et aux précurseurs delinfraction.
Par rapport aux non-Autochtones, les Autochtones ont beaucoup plus souventdonné de lalcool ou de la drogue à leur victime au moment de linfraction afin depouvoir lapprocher ou la rendre docile (X2 = 9,716, p < 0,005, 33 % contre17 %), ce qui est conforme à la constatation faite plus tôt, selon laquelle lesvictimes de délinquants autochtones avaient plus souvent consommé dessubstances intoxicantes au moment où linfraction a été commise (se reporter auTableau 31).
En revanche, les délinquants non autochtones étaient plus susceptiblesdadopter des comportements préparatoires, ce qui va dans le même sens que laconstatation selon laquelle ils sen prennent plus souvent à des enfants que lesdélinquants autochtones (se reporter aux Tableaux 24 et 26). Par rapport auxAutochtones, les non-Autochtones étaient beaucoup plus portés à donner descadeaux afin détablir un lien de confiance et de se rapprocher de leur victime(X2 = 9,469, p < 0,005, 42 % contre 25 %). Ils étaient en outre plus susceptiblesque les Autochtones de présenter du matériel pornographique à leur victime afinde supprimer les barrières, de sexualiser le contact et dillustrer les actes sexuelsquils voulaient poser (X2 = 7,187, p < 0,05, 15 % contre 5 %). Bien que lamajorité des délinquants aient reconnu après le traitement avoir eu recours à laruse ou à la manipulation à légard de la victime (Autochtones 93 %, non-Autochtones 98 %), lanalyse du khi carré montre une différence significativeentre les groupes de délinquants, les non-Autochtones étant proportionnellementplus nombreux à avoir adopté de tels comportements (X2 = 4,935, p < 0,05).
Bien que toute forme dagression sexuelle comporte toujours un élément decoercition, nous nous sommes intéressés plus précisément au recours à desmenaces et à la violence physique à lendroit de la victime. Nous voulions ainsimieux comprendre comment les délinquants peuvent parvenir à leurs fins enrecourant à lintimidation et voir comment la colère et lagressivité peuvent semanifester au cours dune agression sexuelle. En ce qui touche la coercition,nous voulions examiner les similitudes et les différences entre les Autochtones etles non-Autochtones quant au recours aux menaces et à la violence, ainsi quà lafaçon dont le type dinfraction peut être relié à lutilisation de menaces, de laforce et de la violence.
Délinquants | Menaces verbales | Agression physique | Menaces avec une arme | |||
---|---|---|---|---|---|---|
n | % | n | % | n | % | |
Autochtones | 92 | 76,0 | 65 | 53,7 | 21 | 17,4 |
Non-Autochtones | 131 | 72,0 | 70 | 38,5 | 38 | 20,9 |
Total | 223 | 73,6 | 135 | 44,6 | 59 | 19,5 |
La majorité des délinquants (74 %) ont reconnu avoir menacé verbalement leursvictimes au cours de lagression sexuelle. Aucune différence significative nestobservable entre les groupes de délinquants quant aux menaces verbales(X2 = 0,615, ns), les deux groupes ayant souvent menacé leurs victimes(Autochtones 76 %, non-Autochtones 72 %). Lutilisation dune arme pour menacerla victime est moins fréquente, mais mérite tout de même dêtre mentionnée,puisque 20 % des délinquants ont utilisé une arme. Encore là, il ny a aucunedifférence significative entre les groupes de délinquants (X2 = 0,576, ns;Autochtones 17 %, non-Autochtones 21 %).
Une différence significative est observable entre les groupes de délinquants ence qui touche la violence physique exercée pendant lagression sexuelle(X2 = 8,713, p < 0,05). Les Autochtones étaient plus susceptibles que les non-Autochtones davoir agressé physiquement leurs victimes (54 % contre 39 %).
Délinquants | Menaces verbales | Violence physique | Menaces avec une arme | ||||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Autochtones | Non-Autochtones | Autochtones | Non-Autochtones | Autochtones | Non-Autochtones | ||||||||
Nature de l’infraction | n | % | n | % | n | % | n | % | n | % | n | % | |
Inceste | 18 | 14,9 | 34 | 18,7 | 9 | 7,4 | 7 | 3,8 | 2 | 1,7 | 4 | 2,2 | |
Agression d’enfants | 5 | 4,1 | 12 | 6,6 | 2 | 1,7 | 2 | 1,1 | 2 | 1,7 | 2 | 1,1 | |
Pédophilie | 10 | 8,3 | 23 | 12,6 | 3 | 2,5 | 7 | 3,8 | 1 | 0,8 | 2 | 1,1 | |
Viol | 50 | 41,3 | 40 | 22,0 | 45 | 37,2 | 40 | 22,0 | 13 | 10,7 | 22 | 12,1 | |
Viol/Pédophilie | 8 | 6,6 | 15 | 8,2 | 5 | 4,1 | 11 | 6,0 | 3 | 2,5 | 5 | 2,7 | |
Infraction sans contact | 0 | 0,0 | 4 | 2,2 | 0 | 0,0 | 0 | 0,0 | 0 | 0,0 | 1 | 0,5 | |
Infraction avec contact/Attouchements sur des adultes | Adult Fondler/Hands On | 1 | 0,8 | 2 | 1,1 | 1 | 0,8 | 2 | 1,1 | 0 | 0,0 | 1 | 0,5 |
Meurtre sexuel | 0 | 0,0 | 1 | 0,8 | 0 | 0,0 | 1 | 0,5 | 0 | 0,0 | 1 | 0,5 |
Lorsquon examine le recours aux menaces et à la violence selon le type dedélinquant ou dinfraction, il nest pas étonnant de constater que les violeursétaient beaucoup plus portés que les autres types de délinquants à menacerverbalement leurs victimes (X2 = 25,941, p < 0,005), à les agresserphysiquement (X2 = 118,086, p < 0,005) et à les menacer avec une arme(X2 = 35,059, p < 0,005). Étant donné que les délinquants autochtones seretrouvent en majorité dans la catégorie des violeurs (se reporter au Tableau 24),ces résultats montrent pourquoi les délinquants sexuels autochtones ont plussouvent recours à la violence physique envers leurs victimes (se reporter auTableau 34).
Étant donné quil y a un certain nombre de besoins différents (sentimentdadéquation ou de compétence, déplacement de la colère, pouvoir et contrôle,revanche, etc.) qui sont satisfaits de façon dénaturée et dangereuse grâce à descomportements qui constituent des infractions sexuelles, il est importantdexaminer le rôle des intérêts sexuels et de lexcitation chez les délinquantssexuels. Le rôle que joue la gratification sexuelle comme élément contributif dansla perpétration dune infraction sexuelle nest pas toujours le même. Il arrive quela gratification sexuelle ne soit pas un facteur important, comme dans le cas dunvioleur qui agit surtout pour assouvir sa colère et son besoin de contrôler. Ellepeut aussi être de toute première importance, par exemple dans le cas dunpédophile dont la principale source de motivation et dintérêt est la satisfactionsexuelle. Comme le délinquant tente de répondre à ces différents besoins, quilssoient psychologiques ou sexuels, en commettant des infractions sexuelles, nousvoulions déterminer quels sont les intérêts sexuels et les sources dexcitationsexuelle de nos clients. Pour ce faire, nous avons examiné les aspects qui noussemblaient les plus importants et avons comparé les expériences vécues par lesAutochtones et les non-Autochtones. Nous avons procédé à une évaluation despréférences sexuelles qui a porté sur lutilisation de la pornographie et la réactionà celle-ci, lexistence de paraphilies ou dintérêts sexuels atypiques, lexpériencede fantasmes sexuels inappropriés associés à un comportement criminel etlexpérience de formes déviantes dexcitation sexuelle (par exemple suscitée parles enfants, la violence sexuelle).
Pornographie | Délinquants | |||
---|---|---|---|---|
Autochtones | Non-Autochtones | |||
n | % | n | % | |
Utilisation de matériel pornographique | 102 | 85,7 | 144 | 79,1 |
Excitation sexuelle à la vue de scènes de violence ou de viol à la télévision, au cinéma, sur Internet | 28 | 23,5 | 38 | 20,8 |
Excitation sexuelle à la vue d’enfants à la télévision, au cinéma, sur Internet | 12 | 10,1 | 35 | 19,2 |
Masturbation en regardant des photos d’enfants | 11 | 9,2 | 28 | 15,3 |
Un pourcentage élevé d’Autochtones et de non-Autochtones ont déclaré utiliser du matériel pornographique. Les analyses du khi carré révèlent toutefois une différence significative entre les groupes de délinquants (X2 = 4,622, p < 0,05), le pourcentage d’Autochtones étant plus élevé par rapport aux non-Autochtones (86 % contre 79 %). En ce qui concerne l’excitation sexuelle suscitée par des images susceptibles d’alimenter des pensées et des fantasmes sexuels déviants, des différences ont été observées. Alors que les Autochtones et les non- Autochtones n’affichent aucune différence significative quant à l’excitation sexuelle ressentie à la vue de scènes de violence ou de viol (Autochtones 24 %, non-Autochtones 21 %), une différence est observable lorsqu’il s’agit de photos d’enfants. Par rapport aux Autochtones, les non-Autochtones avaient plus tendance à ressentir une excitation sexuelle à la vue d’enfants à la télévision, au cinéma ou sur Internet (X2 = 4,569, p < 0,05; 19 % contre 10 %). En outre, une plus grande proportion de délinquants non autochtones ont déclaré s’être déjà masturbés en regardant des photos d’enfants (15 % contre 9 %). Cet intérêt et cette forme d’excitation sexuelle observables chez les délinquants non autochtones sont cohérents avec le fait que ces derniers sont proportionnellement plus nombreux à choisir des enfants comme victimes.
Paraphilie | Délinquants | |||
---|---|---|---|---|
Autochtones | Non-Autochtones | |||
n | % | n | % | |
Masturbation en regardant des photos d’enfants | 11 | 9,2 | 28 | 15,3 |
Excitation sexuelle à la vue de scènes de violence ou de viol à la télévision, au cinéma, sur Internet | 28 | 23,5 | 38 | 20,8 |
Excitation sexuelle à la vue d’enfants à la télévision, au cinéma, sur Internet | 12 | 10,1 | 35 | 19,2 |
Appels téléphoniques obscènes | 9 | 7,6 | 22 | 12,0 |
Exhibitionnisme | 5 | 4,2 | 22 | 12,1 |
Voyeurisme | 28 | 23,3 | 62 | 33,9 |
Bestialité | 4 | 3,4 | 12 | 6,6 |
Frotteurisme | 6 | 5,0 | 13 | 7,1 |
Fétichisme | 15 | 12,6 | 30 | 16,4 |
Travestisme | 3 | 2,5 | 14 | 7,7 |
Vol de vêtements ou de sous-vêtements de femmes ou d’enfants | 4 | 3,4 | 13 | 7,1 |
Ligotage | 7 | 5,9 | 34 | 18,7 |
Sadomasochisme | 12 | 10,1 | 22 | 12,0 |
Sadisme sexuel | 10 | 8,5 | 25 | 13,7 |
Prise de photos ou de vidéos de comportements criminels | 5 | 4,2 | 13 | 7,1 |
Masturbation en entretenant des idées d’homicide de nature sexuelle | 0 | 0,0 | 8 | 4,4 |
Nécrophilie | 0 | 0,0 | 1 | 0,5 |
Dans lensemble, le pourcentage de délinquants ayant déclaré une paraphilie estplus élevé chez les non-Autochtones que chez les Autochtones. Les non-Autochtones affichent des pourcentages plus élevés pour toutes les paraphilies,sauf pour ce qui est de lexcitation sexuelle ressentie à la vue de scènes deviolence ou de viol; les délinquants autochtones affichent alors un pourcentageun peu plus élevé, bien que non significatif (24 % contre 21 %). Les analyses dukhi carré montrent une différence significative entre les groupes de délinquantspour ce qui est de lexhibitionnisme (X2 = 5,480, p < 0,05), du ligotage
(X2 = 10,018, p < 0,005) et de la masturbation en entretenant des idéesdhomicide de nature sexuelle (X2 = 5,374, p < 0,05). En effet, les délinquantsnon autochtones étaient beaucoup plus susceptibles de se livrer àlexhibitionnisme (12 % contre 4 %) et à des paraphilies plus violentes, comme leligotage (19 % contre 6 %) et la masturbation en entretenant des idéesdhomicide de nature sexuelle (4 % contre 0 %).
Délinquants | Autochtones | Non-Autochtones | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Déni/Un peuth | Passablement/Beaucoup | Déni/Un peu | Passablement/Beaucoup | |||||
n | % | n | % | n | % | n | % | |
Pensées de nature sexuelle/Fantasmes à l’égard de la victime (avant) | 97 | 85,1 | 17 | 14,9 | 145 | 81,5 | 33 | 18,5 |
Pensées de nature sexuelle/Fantasmes à l’égard de la victime (après) | 58 | 50,9 | 56 | 49,1 | 59 | 33,3 | 118 | 66,7 |
Fantasmes à l’égard des enfants (avant) | 57 | 86.4 | 9 | 13.6 | 109 | 84.5 | 20 | 15.5 |
Fantasmes à l’égard des enfants (après) | 40 | 60,6 | 26 | 39,4 | 70 | 53,4 | 61 | 46,6 |
Fantasmes de violence sexuelle (avant) | 78 | 89,7 | 9 | 10,3 | 99 | 86,1 | 16 | 13,9 |
Fantasmes de violence sexuelle (après) | 64 | 73,6 | 23 | 26,4 | 66 | 57,4 | 49 | 42,6 |
Fantasmes de revanche/violence non sexuelle (avant) | 78 | 87,6 | 11 | 12,4 | 87 | 81,3 | 20 | 18,7 |
Fantasmes de revanche/violence non sexuelle (après) | 46 | 51,7 | 43 | 48,3 | 47 | 44,3 | 59 | 55,7 |
Avant et après le traitement, les délinquants ont été invités à décrire leursfantasmes sexuels déviants, notamment les fantasmes sexuels à légard de leursvictimes et des enfants, ainsi que les fantasmes de violence sexuelle et nonsexuelle. Alors quaucune différence significative na été observée entre les deux groupes de délinquants lorsquils ont répondu avant le traitement, ceux-ciaffichent certaines différences significatives après le traitement, alors quilssemblent avoir répondu avec plus de franchise. Comparativement auxAutochtones, les non-Autochtones ayant déclaré après le traitement avoirentretenu «passablement ou beaucoup» de pensées de nature sexuelle ou desfantasmes à légard de leurs victimes sont proportionnellement plus nombreux(X2 = 8,877, p < 0,005; 67 % contre 33 %). Cest aussi le cas pour la fréquencedes fantasmes de violence sexuelle (X2 = 5,647, p < 0,05; 43 % contre 26 %).Ces résultats sont intéressants du fait que même si les Autochtones sont plussusceptibles de commettre des viols (se reporter au Tableau 24) et dagresserphysiquement leur victime lorsquils commettent une infraction sexuelle (sereporter au Tableau 34), les non-Autochtones sont proportionnellement plusnombreux à entretenir des fantasmes de violence sexuelle.Aucune différence significative nest observable entre les groupes de délinquantsquant à la reconnaissance après le traitement de pensées de nature sexuelle oude fantasmes à légard des enfants ou de fantasmes de revanche ou de violencenon sexuelle. Il est toutefois intéressant de noter quun certain nombre dedélinquants ont reconnu avoir éprouvé ces fantasmes après le traitement(fantasmes à légard des enfants - Autochtones 39 %, non-Autochtones 47 %, etfantasmes de violence non sexuelle Autochtones 48 %, non-Autochtones56 %).Afin dexaminer les intérêts sexuels déviants et les formes déviantes dexcitationsexuelle chez les Autochtones et les non-Autochtones, nous avons classé lesdélinquants traités selon leur profil établi à la suite dun test de préférencessexuelles effectué au moyen de la pléthysmographie pénienne. Ce test consisteà mesurer le changement de circonférence de la tumescence pénienne lorsquele sujet est soumis à des stimuli visuels et auditifs normaux (adultes,consentement) et déviants (enfants, coercition).
Délinquants | Autochtones | Non-Autochtones | Total | |||
---|---|---|---|---|---|---|
n | % | n | % | n | % | |
Sujets n’ayant pas réagi | 23 | 19,0 | 37 | 20,3 | 60 | 19,8 |
Préférence pour les adultes | 6 | 5,0 | 17 | 9,3 | 23 | 76 |
Préférence pour les enfants et les adultes | 29 | 24,0 | 29 | 15,9 | 58 | 19,1 |
Préférence pour les enfants | 2 | 1,7 | 8 | 4,4 | 10 | 3,3 |
Préférence pour les agressions sexuelles violentes contre des enfants | 1 | 0,8 | 2 | 1,1 | 3 | 10 |
Préférence pour les rapports consensuels entre adultes et les viols d’adultes | 0 | 0,0 | 4 | 2,2 | 4 | 13 |
Préférence pour les viols d’adultes | 0 | 0,0 | 1 | 0,5 | 1 | 0,3 |
Préférence pour les agressions sexuelles violentes contre des enfants et des adultes | 2 | 1,7 | 5 | 2,7 | 7 | 23 |
Excitation sexuelle à tous les stimuli | 18 | 14,9 | 28 | 15,4 | 46 | 15,2 |
Sujets ayant refusé de subir le test | 0 | 0,0 | 3 | 1,6 | 3 | 10 |
Sujets n’ayant pas subi le test | 40 | 33,1 | 48 | 26,4 | 88 | 29 |
Un certain nombre de délinquants (Autochtones 33 %, non-Autochtones 26 %)nont pas subi le test de préférences sexuelles parce quen raison ducomportement déviant les ayant conduits à suivre un traitement et de leursantécédents criminels, ce type dévaluation intrusive nétait pas justifié ou nauraitpas donné des résultats éloquents. Parmi les délinquants ayant subi le test, 20 %sont des «sujets nayant pas réagi», ce qui signifie que leur degré dexcitationsexuelle aux divers stimuli présentés était trop faible pour être interprété defaçon adéquate (Autochtones 19 %, non-Autochtones 20 %). Les pourcentagesles plus élevés correspondent à la catégorie «Préférence pour les enfants et lesadultes», qui regroupe les délinquants ayant manifesté une excitation sexuelletant à légard des enfants que des adultes (Autochtones 24 %, non-Autochtones40 16 %), et la catégorie «Excitation sexuelle à tous les stimuli», qui comprend lesdélinquants ayant manifesté une excitation sexuelle généralisée à légard de tousles stimuli présentés (Autochtones 15 %, non-Autochtones 15 %). Les analysesdu khi carré ne révèlent aucune différence significative entre les deux groupes dedélinquants en ce qui touche les résultats de la pléthysmographie pénienne.
Pour ce qui est de la participation au programme de traitement, nous noussommes intéressés à plusieurs aspects. Dun point de vue pratique, nousvoulions déterminer les caractéristiques des clients traités (par exemple, le lieudu traitement, sa durée, le type de traitement et la participation antérieure à unprogramme de traitement des délinquants sexuels). Bien entendu, nous noussommes aussi intéressés à lefficacité du traitement; à cet égard, nous noussommes penchés sur des aspects tels que les améliorations observées avant etaprès le traitement, lissue du traitement (notamment les taux dachèvement dutraitement) et enfin la récidive.
Nous nous sommes intéressés à lendroit où le traitement était donné pour deuxraisons. Premièrement, nous voulions déterminer lorigine de la majorité desrenvois en traitement et lendroit où la plupart des délinquants étaient traités.Deuxièmement, nous voulions étudier le continuum de soins que la FBMC a misen place au fil des ans. En effet, nous avons eu la possibilité délaborer et doffrirdes services de traitement dans les deux établissements correctionnels fédérauxdu Manitoba, soit Stony Mountain (établissement à sécurité moyenne) etRockwood (établissement à sécurité minimale). En outre, la clinique offre depuislongtemps des services communautaires à Winnipeg, pour les bureaux delibération conditionnelle du Service correctionnel du Canada. Comme nousoffrons des services à chacun de ces endroits, nous avons eu une chanceunique dassurer une continuité dans les services de traitement et de guérisonofferts aux délinquants lorsquils étaient transférés dans un établissement àsécurité moindre ou quils réintégraient la collectivité une fois libérés (semiliberté,libération conditionnelle totale, libération doffice et expiration du mandat).
Lieu | Délinquants | Total | ||||
---|---|---|---|---|---|---|
Autochtones | Non-Autochtones | |||||
n | % | n | % | n | % | |
Établissement Stony Mountain seulement | 10 | 8,3 | 17 | 9,3 | 27 | 8,9 |
Établissement Stony Mountain et collectivité | 7 | 5,8 | 8 | 4,4 | 15 | 5,0 |
Établissement Stony Mountain et établissement Rockwood | 2 | 1,7 | 3 | 1,6 | 5 | 1,7 |
Établissement Stony Mountain, établissement Rockwood et collectivité | 3 | 2,5 | 1 | 0,5 | 4 | 1,3 |
Établissement Rockwood seulement | 1 | 0,8 | 4 | 2,2 | 5 | 1,7 |
Établissement Rockwood et collectivité | 43 | 35,5 | 47 | 25,8 | 90 | 29,7 |
Collectivité seulement | 55 | 45,5 | 102 | 56,0 | 157 | 51,8 |
Total | 121 | 100,0 | 182 | 100,0 | 303 | 100,0 |
La majorité des clients traités au cours de la période à létude ont été dirigés versla clinique pour suivre un programme de traitement au sein de la collectivité(52 %). Dautres clients (30 %) ont commencé par être traités à létablissementRockwood, avant de participer à un programme de traitement communautaire.Pour 17 % des clients, le traitement a débuté à létablissement Stony Mountain. Ilest probable que ces chiffres reflètent le fait que la FBMC na pas commencé àoffrir ses services à tous les endroits en même temps. Par exemple, la clinique acommencé en 1987 à offrir un programme de traitement communautaire et cenest quau début des années 1990 quelle a accepté dans son groupe desdétenus de létablissement Rockwood autorisés à sortir avec escorte; de plus,cest seulement au milieu des années 1990 quelle a commencé à offrir desservices dans létablissement Rockwood, ce qui a facilité encore davantage latransition vers le programme communautaire. Cest létablissement à sécurité moyenne Stony Mountain qui affiche les chiffres les moins élevés, car ce nestque vers la fin des années 1990 quon a commencé à y offrir un programme detraitement.Il est intéressant dexaminer le continuum des soins offerts par la FBMC et devoir comment il permet aux clients initialement admis dans létablissement àsécurité moyenne de passer à létablissement à sécurité minimale puis auprogramme communautaire, ou dentreprendre un programme de traitementdans un établissement et de le poursuivre dans la collectivité après leurlibération, tout en restant en contact avec la même équipe de traitement. Danslensemble, 38 % des délinquants traités par la FBMC ont pu profiter de cecontinuum de soins. Il sagit dun pourcentage considérable, si on tient comptedu fait quau cours de ses cinq premières années de fonctionnement (de 1987 à1991), la clinique a offert uniquement un programme de traitementcommunautaire (raison pour laquelle la catégorie «Collectivité seulement»affiche le pourcentage le plus élevé, soit 52 %). Aucune différence significativenest observable entre les groupes de délinquants en ce qui a trait à lendroit oùa été reçu le traitement offert par la FBMC (X2 = 7,138, ns).De plus, on ne remarque aucune différence significative entre les groupes dedélinquants quant à la durée totale moyenne (en mois) du traitement offert par laFBMC. Elle est de 14,6 mois pour les Autochtones et de 16,0 mois pour les non-Autochtones (t293 = -1,515, ns).
TDSA dans l’établissement | TDSA après la libération | Contact avec un Aîné autochtone dans l’établissement | Contact avec un Aîné autochtone après la libération | ||||
---|---|---|---|---|---|---|---|
n | % | n | % | n | % | n | % |
34 | 30,1 | 24 | 21,6 | 44 | 38,9 | 18 | 16,1 |
Avec les années, la FBMC a élaboré et offert un programme de traitement desdélinquants sexuels qui tient compte de la culture et des méthodes de guérisondes Autochtones. Ce programme, qui combine une approche de guérisontraditionnelle et un mode de traitement contemporain, a varié au fil des ans et esten constante évolution. Bien quil ait en grande partie évolué en fonction delexpérience acquise et de la formation des conseillers spirituels autochtonesdevant travailler avec des délinquants sexuels, il est en outre offert de façondifférente selon lendroit. En effet, le programme diffère selon quil est offert àlétablissement Stony Mountain, à létablissement Rockwood ou dans lacollectivité.
Les délinquants autochtones ne participent pas tous au programme mixtecombinant une approche de guérison traditionnelle et un mode de traitementcontemporain, auquel prennent part des conseillers spirituels (Aînés, gardiens ducalumet, thérapeutes autochtones, etc.) et qui comporte des enseignements, descérémonies et des procédés traditionnels. Il revient au délinquant de choisir entrece programme et le programme cognitivo-comportemental de prévention desrechutes. Au cours de la période à létude, 30 % des Autochtones ont choisi departiciper au programme mixte combinant une approche de guérisontraditionnelle et un mode de traitement contemporain offert dans lesétablissements correctionnels fédéraux, comparativement à 22 % dans lacollectivité. Lexamen des dossiers de traitement jusquà aujourdhui révéleraitprobablement une augmentation du pourcentage de délinquants participant auprogramme communautaire, car les délinquants autochtones y ont eu recours enplus grand nombre au cours des dernières années.
Dans les établissements correctionnels, que ce soit ou non dans le cadre duprogramme mixte combinant une approche de guérison traditionnelle et un modede traitement contemporain, les délinquants peuvent sadresser à des Aînés pourobtenir des conseils ou du soutien ou encore participer à des cérémonies. Faitintéressant à noter, mais toutefois malheureux, il semble que les Autochtonesaient moins recours aux services des Aînés lorsquils se retrouvent dans la collectivité. Parmi les Autochtones ayant été traités par la clinique, 39 % ont faitappel aux Aînés pendant leur incarcération, contre seulement 16 % après leurmise en liberté. Là encore, on peut supposer que ce pourcentage seraitaujourdhui plus élevé, puisque les Autochtones participent en plus grandnombre au programme mixte combinant une approche de guérison traditionnelleet un mode de traitement contemporain.
Délinquants | Participation antérieure à l’infraction à l’origine de la peine | |
---|---|---|
n | % | |
Autochtones | 9 | 7,4 |
Non-Autochtones | 18 | 9,8 |
Total | 27 | 8,9 |
Nous voulions savoir combien de délinquants ayant été traités par la FBMCavaient déjà participé à un programme de traitement des délinquants sexuels.Seulement 9 % des délinquants avaient déjà suivi un tel traitement, ce quisignifie que pour 91 % dentre eux, le traitement offert par la FBMC était lepremier quils aient jamais suivi. Les analyses du khi carré ne montrent aucunedifférence significative entre les groupes de délinquants en ce qui concerne laparticipation à un programme de traitement des délinquants sexuels avantlinfraction à lorigine de la peine (X2 = 0,518, ns).
Afin dévaluer les améliorations attribuables au traitement, nous avonscommencé par voir si des changements étaient observables chez lesdélinquants, avant et après le traitement, quant au degré de révélation de soi etde responsabilisation. Pour évaluer les changements survenus au cours dutraitement, nous avons utilisé les cotes données par les thérapeutes, établies à partir de lexamen des instruments autoévaluation avant et après le traitementainsi que dune observation et dune évaluation cliniques. Les aspectsconsidérés sont le degré de responsabilisation, le souvenir de détails concernantlinfraction, le degré de minimisation de certains aspects de linfraction commise(par exemple, caractère intrusif, fréquence et durée, violence exercée) et ledegré de remords et dempathie.
Délinquants | Avant le traitement | Après le traitement | ||
---|---|---|---|---|
Degré de responsabilisation élevé | Degré de responsabilisation élevé | |||
n | % | n | % | |
Autochtones | 14 | 15,7 | 70 | 78,7 |
Non-Autochtones | 28 | 19,7 | 127 | 80,9 |
Le pourcentage dAutochtones et de non-Autochtones qui assumaient laresponsabilité de leur comportement délinquant était peu élevé avant letraitement (16 % et 20 % respectivement). Les analyses du khi carré ne révèlentaucune différence significative entre les groupes de délinquants quant à laresponsabilité assumée après le traitement (X2 = 0,585, ns et X2 = 0,179, ns,respectivement). Dans les deux groupes, on observe une augmentationconsidérable du pourcentage de délinquants ayant déclaré un degré deresponsabilité élevé après le traitement, soit 79 % pour les Autochtones et 81 %pour les non-Autochtones.
Délinquants | Avant le traitement | Après le traitement | ||
---|---|---|---|---|
Beaucoup/Énormément | Beaucoup/Énormément | |||
n | % | n | % | |
Autochtones | 4 | 3,7 | 1 | 0,9 |
Non-Autochtones | 13 | 8,0 | 1 | 0,6 |
Il arrive que les délinquants invoquent des troubles de mémoire ou des difficultésà se souvenir des détails afin déviter déprouver de la culpabilité et de serévéler. Seulement un faible pourcentage de délinquants (4 % des Autochtones,8 % des non-Autochtones) ont indiqué quils avaient beaucoup ou énormémentde difficulté à se souvenir de linfraction en raison du temps écoulé depuis quilslavaient commise. Les analyses du khi carré ne montrent aucune différencesignificative entre les groupes de délinquants à cet égard, selon les cotesattribuées par les thérapeutes avant et après le traitement (X2 = 1,966, ns etX2 = 0,079, ns, respectivement). Pour les deux groupes, on observe que lesdélinquants ont déclaré après le traitement avoir plus de facilité à se souvenirdes événements.
Délinquants | Avant le traitement | Après le Délinquants traitement | ||
---|---|---|---|---|
Beaucoup/Énormément | Beaucoup/Énormément | |||
n | % | n | % | |
Autochtones | 48 | 51,1 | 13 | 12,7 |
Non-Autochtones | 22 | 13,6 | 4 | 2,3 |
Un pourcentage beaucoup plus élevé de délinquants ont déclaré avoir de ladifficulté à se souvenir de linfraction parce quils avaient consommé dessubstances intoxicantes; en effet, 51 % des Autochtones et 14 % des non-Autochtones ont dabord déclaré quils étaient incapables de se remémorer lesdétails de linfraction parce quils étaient sous linfluence de substancesintoxicantes. Les analyses du khi carré révèlent une différence significative entreles groupes de délinquants à cet égard, avant et après le traitement(X2 = 42,068, p < 0,001 et X2 = 12,043, p < 0,005, respectivement); selon lescotes données par les thérapeutes, le pourcentage dAutochtones ayant des troubles de mémoire liés à la consommation dalcool ou de drogue est beaucoupplus élevé. Fait des plus intéressants à noter, on observe pour les deux groupesque les délinquants, particulièrement les Autochtones, ont déclaré après letraitement avoir beaucoup plus de facilité à se souvenir des événements. Chezles Autochtones, le pourcentage de délinquants ayant des troubles de mémoireattribuables à labus de substances intoxicantes a chuté de 51 % à seulement13 % après le traitement. Dans le cas des non-Autochtones, ce pourcentage esttombé de 14 % à 2 %. Ce résultat semble indiquer que le fait dinvoquer despertes de mémoire attribuables à labus de substances intoxicantes a plussouvent à voir avec un mécanisme de défense quavec une véritable déficiencede la mémoire.
Délinquants | Avant le traitement | Après le Délinquants traitement | ||
---|---|---|---|---|
Faible/Très faible ou nul | Faible/Très faible ou nul | |||
n | % | n | % | |
Autochtones | 15 | 16,3 | 71 | 78,0 |
Non-Autochtones | 23 | 16,0 | 122 | 80,8 |
Avant le traitement, il est fréquent que les délinquants sexuels minimisent lecaractère intrusif de leur comportement délinquant afin de bien paraître, enatténuant la gravité de linfraction et en déformant la réalité de façon à réduireleur sentiment de culpabilité et de honte. Ce fut certainement le cas desdélinquants traités par la FBMC, puisque seulement 16 % dentre eux ont affichéavant le traitement un degré faible, très faible ou nul de minimisation ducaractère intrusif de leur comportement délinquant. Les analyses du khi carré nemontrent aucune différence significative entre les groupes de délinquants en cequi touche la minimisation du comportement délinquant avant et après le traitement (X2 = 0,005, ns et X2 = 0,270, ns, respectivement), selon les cotesdonnées par les thérapeutes. On observe pour les deux groupes que lesdélinquants ont affiché après le traitement un degré de minimisation beaucoupplus faible; en effet, selon lévaluation faite après le traitement, 78 % desAutochtones et 81 % des non-Autochtones affichaient un degré faible, très faibleou nul de minimisation du caractère intrusif de leur comportement délinquant.
Délinquants | Avant le traitement | Après le traitement | ||
---|---|---|---|---|
Faible/Très faible ou nul | Faible/Très faible ou nul | |||
n | % | n | % | |
Autochtones | 36 | 42,4 | 87 | 86,1 |
Non-Autochtones | 46 | 32,4 | 131 | 85,1 |
Un certain nombre de délinquants ont également minimisé la fréquence et ladurée de leur comportement sexuel délinquant avant le traitement (degré deminimisation faible, très faible ou nul chez 42 % des Autochtones et 32 % desnon-Autochtones). Les analyses du khi carré ne montrent aucune différencesignificative entre les groupes de délinquants à cet égard avant et après letraitement (X2 = 2,285, ns et X2 = 0,057, ns, respectivement), selon les cotesdonnées par les thérapeutes. On observe pour les deux groupes que lesdélinquants ont affiché après le traitement un degré de minimisation plus faible;selon lévaluation faite après le traitement, 86 % des Autochtones et 85 % desnon-Autochtones affichaient un degré faible, très faible ou nul de minimisation dela fréquence et de la durée de leur comportement délinquant.
Délinquants | Avant le traitement | Après le traitement | ||
---|---|---|---|---|
Faible/Très faible ou nul | Faible/Très faible ou nul | |||
n | % | n | % | |
Autochtones | 11 | 12,9 | 51 | 68,9 |
Non-Autochtones | 13 | 11,7 | 73 | 68,9 |
Un pourcentage élevé de délinquants ont minimisé avant le traitement la violencequils ont exercée au cours de linfraction; seulement 13 % des Autochtones et12 % des non-Autochtones ont affiché un degré de minimisation faible, très faibleou nul. Les analyses du khi carré ne montrent aucune différence significativeentre les groupes de délinquants à cet égard avant et après le traitement(X2 = 0,068, ns et X2 = 0,000, ns, respectivement), selon les cotes attribuées parles thérapeutes. On observe pour les deux groupes que les délinquants ontaffiché après le traitement un degré de minimisation plus faible; selon lévaluationfaite après le traitement, 69 % des Autochtones et des non-Autochtonesaffichaient un degré faible, très faible ou nul de minimisation de la violenceexercée.
Délinquants | Avant le traitement | Après le traitement | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Remords Beaucoup |
Empathy Shows Empathy |
Remorse Shows Remorse |
Empathy Shows Empathy |
|||||
n | % | n | % | n | % | n | % | |
Autochtones | 85 | 71,4 | 38 | 31,9 | 121 | 67,2 | 110 | 61,5 |
Non-Autochtones | 13 | 11,1 | 5 | 3,5 | 73 | 57,9 | 58 | 47,5 |
Selon les observations faites avant le traitement, un certain pourcentagedAutochtones et de non-Autochtones ont eu des remords après avoir commislinfraction (16 % et 11 %) et ont éprouvé de lempathie pour leurs victimes (2 %et 4 %). Les analyses du khi carré ne révèlent aucune différence significativeentre les groupes de délinquants quant aux remords (X2 = 1,148, ns etX2 = 0,003, ns, respectivement) et aux sentiments dempathie avant et après letraitement (X2 = 0,398, ns et X2 = 0,084, ns, respectivement), selon les cotesdonnées par les thérapeutes. On observe pour les deux groupes que lesdélinquants ont, après le traitement, affiché plus de remords (58 % desAutochtones et des non-Autochtones ont manifesté beaucoup de remords) etplus dempathie (45 % des Autochtones et 48 % des non-Autochtones ontéprouvé beaucoup dempathie).
En ce qui concerne lachèvement du traitement, nous avons voulu savoir quelpourcentage de délinquants ont suivi le traitement jusquà la fin, et dans le casdes autres clients, pour quelles raisons ils nont pas terminé leur traitement.Nous nous sommes aussi intéressés à lincidence de la mise en place dunprogramme destiné aux Autochtones sur les taux dachèvement ou depersévérance. Enfin, nous avons voulu savoir combien de délinquants ontcontinué à fréquenter la clinique après lexpiration du mandat (par exemple,après la libération conditionnelle ou la période de probation).
Délinquants | Achèvement | Interruption | Abandon | Suspension | ||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
n | % | n | % | n | % | n | % | |
Autochtones | 72 | 59,5 | 10 | 8,3 | 15 | 12,4 | 17 | 14,0 |
Non-Autochtones | 137 | 74,9 | 15 | 8,2 | 10 | 5,5 | 8 | 4,4 |
Il semble que la majorité des délinquants aient suivi le traitement jusquà la fin.On observe toutefois une différence significative entre les groupes dedélinquants (X2 = 17,101, p < 0,005); un plus grand pourcentage de non-Autochtones ont terminé le traitement (75 % contre 60 %), un plus grandpourcentage dAutochtones ont abandonné le traitement (12 % contre 6 %) et unplus grand pourcentage dAutochtones ont été suspendus (14 % contre 4 %).
Programme | Achèvement | Interruption | Abandon | Suspension | ||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
n | % | n | % | n | % | n | % | |
S’adressant aux Autochtones | 20 | 83.3 | 0 | 0.0 | 0 | 0.0 | 3 | 12.5 |
Général | 48 | 55,2 | 7 | 8,0 | 14 | 16,1 | 14 | 16,1 |
Cest en réponse aux résultats présentés au Tableau 50 que la clinique ademandé laide et la participation de chefs spirituels autochtones afin doffrir auxdélinquants autochtones un programme répondant mieux à leurs besoins. Encombinant des stratégies contemporaines de traitement des délinquants sexuelset des approches traditionnelles de guérison, on espérait réduire le nombre declients qui ne suivent pas leur traitement jusquà la fin. Bien que les analyses dukhi carré ne montrent aucune différence significative entre les taux dachèvementdes Autochtones ayant participé au programme mixte combinant une approchede guérison traditionnelle et un mode de traitement contemporain et de ceux quiont participé au programme de traitement cognitivo-comportemental (X2 = 9,506,ns), il y a des différences qui méritent dêtre soulignées. Les Autochtones ayantparticipé au programme mixte affichent des taux dachèvement beaucoup plusélevés que ceux des Autochtones ayant suivi le traitement cognitivocomportemental(83 % contre 55 %). En outre, les Autochtones ayant participéau programme mixte affichent de plus faibles taux dinterruption (0 % contre8 %), dabandon (0 % contre 16 %) et de suspension (13 % contre 16 %), ce qui laisse supposer que cette approche a réussi dans une certaine mesure àmaintenir les Autochtones dans le processus de traitement et de guérison.
Délinquants | Oui | Non | Total | |||
---|---|---|---|---|---|---|
n | % | n | % | n | % | |
Autochtones | 42 | 42,0 | 58 | 58,0 | 100 | 100,0 |
Non-Autochtones | 80 | 59,7 | 54 | 40,3 | 134 | 100 |
Total | 122 | 52,1 | 112 | 47,9 | 234 | 100 |
Si on considère lensemble des délinquants traités, une plus grande proportionde non-Autochtones que dAutochtones ont poursuivi le traitement (60 % contre42 %). Les analyses du khi carré révèlent une différence significative entre lesgroupes de délinquants à cet égard (X2 = 7,191, p < 0,05), un plus grandpourcentage de non-Autochtones ayant continué à suivre le traitement aprèslexpiration du mandat. Toutefois, ce pourcentage est plus élevé si on considèrele taux de persévérance des clients pour les programmes adaptés à la culture.
Programme | Oui | Non | Total | |||
---|---|---|---|---|---|---|
n | % | n | % | n | % | |
Aboriginal Specific | 13 | 59 | 9 | 41 | 22 | 100 |
Non-Aboriginal Specific | 30 | 39 | 47 | 61 | 77 | 100 |
Comparativement aux Autochtones ayant participé au programme de traitementcognitivo-comportemental, les Autochtones ayant participé au programmesadressant expressément aux délinquants autochtones étaient plus susceptiblesde poursuivre leur traitement après la date dexpiration du mandat (59 % contre39 %). Même si un plus grand pourcentage de participants au programmesadressant expressément aux Autochtones ont poursuivi le traitement après ladate dexpiration du mandat, les analyses du chi carré ne montrent aucunedifférence significative entre les programmes à cet égard (X2 = 4,288, ns).
Lorsquon examine les données sur la récidive, on nobserve aucune différencesignificative entre les taux de récidive des Autochtones (8,1 %) et des non-Autochtones (3,1 %) ayant été traités à la FBMC (z = -1,914, p = 0,06). Unedifférence significative est toutefois observable entre la clientèle de la FBMC(n = 282) et un groupe de comparaison formé de délinquants choisis daprèslâge au moment de la première condamnation, la date de linfraction à loriginede la peine, lâge au moment de linfraction à lorigine de la peine, le nombre decondamnations avant linfraction à lorigine de la peine et le nombre dinfractionssexuelles avant linfraction à lorigine de la peine (n = 196) pour ce qui est de larécidive sexuelle (z = 6,094, p < 0,0001); les clients de la FBMC affichent un tauxde récidive après le traitement qui est de beaucoup inférieur à celui du groupe decomparaison.
Ce projet de recherche avait pour objectif de dresser le profil des délinquantssexuels autochtones et non autochtones qui ont été traités à la FBMC entre 1987et 1999 et de cerner les différences entre ces deux groupes pour mieux lescomprendre et établir des protocoles dévaluation et de traitement mieuxadaptés. Bien que ces deux groupes de délinquants présentent de nombreusessimilitudes, nous avons relevé des différences intéressantes qui méritent dêtreexaminées de près.
Parmi les 303 délinquants sexuels dont le dossier a été examiné, 40 % étaientautochtones (Indiens de lAmérique du Nord, Métis et Inuits) et 60 % étaient nonautochtones. Les divers groupes autochtones ont été réunis dans une mêmecatégorie parce que le nombre de Métis (n = 21, 7 %) et dInuits (n = 1, 0,3 %)nétait pas assez élevé pour quon puisse former des catégories distinctes. Lamajorité des délinquants autochtones inclus dans notre échantillon avaientlanglais comme langue maternelle. Par ailleurs, la langue maternelle autochtonela plus courante était le cri. La majorité des délinquants autochtones ont étéélevés dans une réserve, mais la plupart dentre eux étaient venus habiter dansun centre urbain. Seulement un très faible pourcentage de délinquantsautochtones ont déclaré avoir été élevés dans la culture autochtonetraditionnelle, avec ses enseignements et ses cérémonies. Peu dAutochtonesinclus dans notre échantillon avaient séjourné dans un pensionnat, probablementparce que la majorité dentre eux étaient trop jeunes pour avoir vécu cetteexpérience. Un fort pourcentage de ceux qui lavaient vécue ont déclaré avoir étévictimes de violence physique, psychologique ou sexuelle.
Tant les Autochtones que les non-Autochtones de notre échantillon ont vécu desexpériences difficiles et traumatisantes pendant leur enfance. Bien que lamajorité des délinquants aient déclaré avoir été élevés par leurs père et mère,une plus grande proportion dAutochtones que de non-Autochtones ont étéélevés par un membre de leur famille élargie et ont été séparés de leurs parentsou abandonnés par eux. En outre, les délinquants autochtones ont plus souventperdu un membre de leur famille en raison dun suicide ou dun meurtre. Un plusgrand pourcentage dentre eux ont été témoins de comportements abusifs aucours de leur enfance et ont déclaré que des membres de leur famille avaientdes problèmes de toxicomanie ou des antécédents criminels. De plus, une plusgrande proportion dAutochtones ont été témoins de violence conjugale, ousavaient quune telle violence existait, et ont déclaré que les limites sexuelles ausein de leur famille étaient inappropriées. Bien quun fort pourcentage dedélinquants autochtones et non autochtones aient déclaré avoir été victimes deviolence physique ou psychologique pendant leur enfance, une plus grandeproportion dAutochtones ont déclaré avoir été victimes de négligence ou deviolence sexuelle.
En ce qui a trait aux mécanismes dadaptation sociale, on remarque que lesAutochtones étaient beaucoup plus susceptibles davoir déjà consommé dessubstances intoxicantes (alcool, drogues et solvants). En outre, les Autochtonesétaient désavantagés par rapport aux non-Autochtones pour ce qui est du niveaudinstruction et des antécédents professionnels.
Aucune différence significative nest observable entre les Autochtones et les non-Autochtones quant au nombre de condamnations, que ce soit avant lâge adulteou à lâge adulte. On remarque toutefois certaines différences pour lesinfractions nayant entraîné aucune condamnation que les délinquants ont avouéavoir commises. Par rapport aux non-Autochtones, les Autochtones ont avoué avoir commis un plus grand nombre dinfractions avec violence pour lesquellesils nont jamais été condamnés, que ce soit avant lâge adulte ou à lâge adulte.En revanche, les non-Autochtones ont déclaré avoir commis un plus grandnombre dinfractions sexuelles, à lâge adulte, pour lesquelles ils nont jamais étécondamnés.
Des différences intéressantes sont observables entre les deux quant auxcaractéristiques de leur comportement délinquant et leurs schémas criminels.Les Autochtones semblent plus susceptibles de commettre des viols que touteautre infraction sexuelle, alors que les non-Autochtones semblent avoir plustendance à commettre des infractions sexuelles contre des enfants (le plussouvent des enfants en bas âge, prépubères ou pubères), particulièrementlinceste. En outre, les Autochtones étaient plus susceptibles de choisir desvictimes de sexe féminin, alors que les non-Autochtones étaient plus portés àsen prendre à la fois à des personnes de sexe féminin et de sexe masculin, cequi est conforme à la constatation précédente. Le plus souvent, les délinquantssen sont pris à des victimes ayant la même appartenance ethnique queux; eneffet, les Autochtones ont choisi plus souvent des victimes autochtones et lesnon-Autochtones sen sont pris plus souvent à des victimes non autochtones.Cependant, les non-Autochtones étaient plus portés que les Autochtones à senprendre à des victimes dorigines ethniques diverses. Malgré le peu dedifférences observables entre les deux groupes en ce qui touche leur lien avecles victimes, on remarque que les non-Autochtones étaient plus portés à senprendre à des victimes vis-à-vis desquelles ils étaient en situation dautorité oude confiance (par exemple, à titre de médecin, de chef religieux, denseignant,dentraîneur). Une dernière différence observable entre les deux groupes quantau profil de leurs victimes est que par rapport aux victimes des délinquants nonautochtones, les victimes des délinquants autochtones avaient plus souventconsommé de lalcool ou à la fois de lalcool et de la drogue au moment oùlinfraction a été commise.
Avant le traitement, un fort pourcentage dAutochtones et de non-Autochtonesentretenaient des distorsions cognitives afin de minimiser la gravité de leurcomportement délinquant et leur degré de responsabilité. Il y a une seuledistorsion pour laquelle une différence est observable entre les Autochtones etles non-Autochtones : une plus forte proportion dAutochtones croyaient quilsnauraient pas commis linfraction sils navaient pas été sous linfluence dunesubstance intoxicante. Tant les Autochtones que les non-Autochtones sontparvenus au cours du traitement à modifier leurs distorsions cognitives et àassumer davantage la responsabilité de leurs actes.
Des différences ont été observées entre les Autochtones et les non-Autochtonesquant aux moyens utilisés pour sapprocher des victimes. Dans le cadre duprocessus de planification et de préparation de linfraction, les Autochtones ontplus souvent donné de lalcool ou de la drogue à leur victime. En revanche, lesnon-Autochtones étaient plus portés à donner des cadeaux ou à présenter dumatériel pornographique. Ils étaient en outre plus susceptibles davoir eu recoursà la ruse ou à la manipulation à légard de leur victime afin dobtenir un contactsexuel.
Alors quaucune différence nest observable entre les deux groupes pour ce quiest du recours aux menaces au cours de lagression sexuelle, les Autochtonesétaient plus susceptibles davoir agressé physiquement leur victime.Un plus grand pourcentage de non-Autochtones que dAutochtones ontmanifesté des intérêts sexuels déviants. Un plus grand nombre dentre eux ontdéclaré avoir eu des pensées de nature sexuelle ou des fantasmes à légard deleur victime ou des fantasmes de violence sexuelle, ou sêtre masturbés enregardant des photos denfants. Les non-Autochtones étaient en outre plussusceptibles de déclarer des paraphilies autres que leur comportement sexueldélinquant (par exemple, lexhibitionnisme, le ligotage ou le sadisme sexuel).Malgré ces différences, aucune différence significative na été observée quant aux préférences sexuelles des délinquants autochtones et non autochtones, quiont été déterminées au moyen dune évaluation phallométrique.
Les cotes données par les thérapeutes révèlent peu de différences entre lesAutochtones et les non-Autochtones quant à lissue du traitement. Pour les deuxgroupes, on a observé des améliorations considérables pour la révélation de soi,la responsabilisation et lintrospection.
Avant la mise en place du programme mixte combinant une approche deguérison traditionnelle et un mode de traitement contemporain à lintention desAutochtones, le taux dachèvement du traitement était plus élevé chez les non-Autochtones. Toutefois, lorsque les délinquants autochtones ont pu participer àun programme adapté à leur culture, la différence entre les taux dachèvementest disparue. Un pourcentage élevé dAutochtones et de non-Autochtones ontcontinué de suivre le traitement offert par la FBMC après la période obligatoire(par exemple, après la date dexpiration de leur peine). Après la mise en placedu programme mixte à lintention des délinquants autochtones, le nombredAutochtones qui ont continué de fréquenter la clinique après lexpiration dumandat sest encore accru. Enfin, aucune différence significative nestobservable entre les Autochtones et les non-Autochtones ayant participé auprogramme de la FBMC quant au taux de récidive sexuelle. Cependant, les deuxgroupes ont affiché un taux de récidive beaucoup plus faible que celui du groupede comparaison.
Grâce à ce projet de recherche, nous avons appris que pour évaluer lesdélinquants autochtones, il faut tenir compte davantage des caractéristiques quileur sont propres. Pour ce faire, il convient dintégrer dans le processusdévaluation des délinquants un examen plus approfondi daspects tels quelappartenance et les antécédents ethniques, lexposition à la langue et à la culture autochtones, le degré dassimilation et lincidence possible dun séjourdans un pensionnat, particulièrement pour les membres de la deuxièmegénération. De plus, il serait peut-être bon de tenir compte, dans lévaluation desdélinquants sexuels autochtones, des styles dattachement, de labus desubstances intoxicantes ainsi que de facteurs tels que la colère et lagressivité. Ilsera aussi important, si la taille de léchantillon le permet, dexaminer lesdifférences entre les groupes autochtones afin de déterminer les caractéristiquesqui peuvent être propres aux délinquants indiens, métis et Inuits.Il semble que ce projet de recherche ait fourni de linformation quil serait utile deprendre en considération au moment de fixer des objectifs de traitement pour lesdélinquants sexuels autochtones. Les données recueillies montrent combien ilest important de tenir compte de la famille dorigine et des expériences vécuespendant lenfance. Il peut être utile dexaminer des aspects tels que la perte,labandon, le deuil, labus et lattachement afin doffrir un soutien psychologiqueet dassurer une bonne gestion du risque. Il sera en outre impératif, dans lecadre des programmes offerts, daider les délinquants, particulièrement lesAutochtones, à trouver des façons dentretenir des relations saines avec lesmembres de leur famille. Sils nobtiennent pas laide nécessaire pour gérer cesrelations, dans le cas où la famille est toujours dysfonctionnelle, ils risquentdêtre ramenés dans un contexte de dysfonctionnement et de perdre les saineshabiletés dadaptation quils ont développées au cours du programme detraitement. Il semble également important, dans le cadre du programme detraitement, daider les délinquants autochtones à développer des réseaux desoutien sociaux (à lintérieur et à lextérieur de la famille).
Les données recueillies suggèrent aussi que le développement de mécanismessociaux constituerait un domaine dintervention pertinent pour de nombreuxdélinquants autochtones. Il semble essentiel doffrir des programmes visant àaméliorer la formation et lemployabilité. De plus, étant donné le nombre dedélinquants qui viennent habiter en milieu urbain, il serait pratique et utile que le programme de traitement soit aussi axé sur lacquisition des aptitudesnécessaires pour vivre de façon fonctionnelle dans un grand centre urbain.Il semble essentiel, dans le cadre dun programme de traitement des délinquantssexuels autochtones, de soccuper daspects tels que labus de substancesintoxicantes ainsi que de la colère et de la violence. Il sagit de facteurs clés et dedomaines dintervention qui exigent peut-être encore plus dattention que lesintérêts sexuels déviants. Comme on la déjà noté, il faudrait à cet égardaccorder une attention accrue aux questions dabus et à labandon. Les donnéessuggèrent aussi quil faudrait aborder dans le programme de traitement desdélinquants sexuels autochtones la question des limites sexuelles inappropriéeset expliquer en quoi consistent des limites appropriées.
Enfin, même si peu de délinquants autochtones ont été élevés dans la langue etla culture autochtones, avec ses enseignements et ses cérémonies, il sembleque ces aspects de lappartenance autochtone soient essentiels au processus deguérison. Il semble très important doffrir aux délinquants autochtones lapossibilité de participer à des programmes leur permettant de souvrir à la cultureautochtone ou de continuer dy prendre une part active. Il semble en outrequune approche adaptée à la culture aide davantage les délinquantsautochtones à acquérir les compétences nécessaires pour réduire les risques derécidive sexuelle, étant donné quelle semble plus engageante et quun plusgrand nombre de délinquants se rendent au terme du processus de traitement etde guérison.
Afin de calculer la cote pour les distorsions cognitives avant le traitement, comptez 1 pour «Un peu» et «Fermement», et 0 pour «Pas du tout».
Afin de calculer la cote pour les distorsions cognitives après le traitement, comptez 1 pour «Encore un peu» et «Encore fermement», et 0 pour «Pas du tout» et «Perception changée».
70A. Stimulus auditif | 70B. Diapositive | 70C. Film |
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A1. Aucune réaction | B1. Aucune réaction | C1. Aucune réaction |
A2. Adulte | B2. Adulte | C2. Adulte |
A3. Enfant et adulte | B3. Enfant et adulte | C3. Enfant et adulte |
A4. Enfant | B4. Enfant | C4. Enfant |
A5. Enfant et coercition envers des enfants | B5. Enfant et coercition envers des enfants | C5. Enfant et coercition envers des enfants |
A6. Rapport consensuel entre adultes et coercition envers des adultes | B6. Adulte consentant et coercition envers des adultes | C6. Adulte consentant et coercition envers des adultes |
A7. Coercition envers des adultes | B7. Coercition envers des adultes | C7. Coercition envers des adultes |
A8. Coercition envers des adultes et des enfants | B8. Coercition envers des adultes et des enfants | C8. Coercition envers des adultes et des enfants |
A9. Excitation sexuelle à tous les stimuli | B9. Excitation sexuelle à tous les stimuli | C9. Excitation sexuelle à tous les stimuli |
A10. Refus | B10. Refus | C10. Refus |
A11. Test non subi | B11. Test non subi | C11. Test non subi |