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2003 No R-129
Septembre 2003
Démarche commune menée par le Service correctionnel du Canada (SCC), le Ralliement national des Métis (RNM) et le Métis Provincial Council of British Columbia (MPCBC), ce projet visait à examiner les besoins des délinquants métis sous responsabilité fédérale durant leur incarcération et après leur mise en liberté. Il comporte trois éléments: des entrevues avec 64 délinquants métis incarcérés dans des établissements correctionnels fédéraux en Colombie-Britannique; des entrevues avec 17 membres de la famille de ces délinquants; des groupes de discussion auxquels ont participé des employés de huit établissements correctionnels fédéraux.
Compte tenu de leur surreprésentation au sein du système correctionnel (4 % de la population carcérale sous responsabilité fédérale contre 0,7 % de la population canadienne) et du fait que les programmes et services actuels ne répondent peut-être pas à leurs besoins, les délinquants métis auraient éventuellement besoin d'interventions différentes de celles qui sont offertes aux délinquants non autochtones et à ceux des Premières nations. Il est nécessaire d'examiner les programmes et services en place ainsi que les services dont les délinquants métis ont besoin pour retourner en toute sécurité dans la société. Pour ce faire, nous nous sommes penchés sur les questions suivantes:
L'étude a révélé que les délinquants métis sous responsabilité fédérale tendent à être jeunes, célibataires et peu scolarisés, à afficher un taux élevé de chômage et à avoir un grand besoin d'interventions sous forme de programmes dans un certain nombre de domaines, notamment en ce qui concerne l'orientation personnelle/affective, la toxicomanie, les fréquentations criminelles et l'attitude. Ce profil ressemble à celui des délinquants des Premières nations et de la population autochtone du Canada en général. De plus, les délinquants métis ont des antécédents criminels plus nombreux que les détenus non autochtones et des besoins criminogènes différents de ceux de ces derniers.
Même si le profil démographique et criminel des délinquants métis ressemble à celui des délinquants des Premières nations, des différences touchant d'autres caractéristiques peuvent révéler un besoin d'interventions différentes pour les Métis et les membres des Premières nations. Alors que les délinquants des Premières nations habitent dans une forte proportion des régions rurales ou des réserves, les délinquants métis tendent à vivre en milieu urbain. On retrouve en outre des différences entre les délinquants métis et les délinquants des Premières nations sur le plan culturel, que traduisent la langue, la participation à des activités autochtones et des sentiments d'identité. Par conséquent, même si les facteurs à l'origine de l'incarcération et les besoins criminogènes peuvent être semblables, des différences quant au milieu d'attache et aux besoins criminogènes semblent indiquer l'importance et les enjeux de l'histoire et de la culture des métis pour des programmes qui leurs sont appropriés. Ainsi, un pavillon de ressourcement en région éloignée risque de ne pas être efficace pour un grand nombre de délinquants métis. De même, le recours aux Aînés, aux sueries et aux cérémonies de foin d'odeur propres aux Premières nations risque de ne pas être utile pour les délinquants métis.
Presque tous les délinquants métis interviewés (98 %) ont dit avoir participé à des programmes correctionnels durant leur incarcération, tandis que le quart d'entre eux ont affirmé avoir participé à des programmes durant leur liberté sous condition. Ces délinquants ont participé surtout à des programmes de base liés à la toxicomanie, à la maîtrise de la colère et aux aptitudes cognitives ainsi qu'à des programmes de formation. Près des deux tiers des délinquants métis auraient participé à des programmes destinés aux Autochtones. Toutefois, seulement deux délinquants métis ont dit avoir participé à des programmes expressément destinés aux Métis, comme des programmes de counseling pour toxicomanes.
Un examen des besoins criminogènes des délinquants métis à l'admission et de leur participation aux programmes révèle que les programmes correctionnels visent en effet à satisfaire aux divers besoins criminogènes de ces délinquants. Par exemple, 80 % de ces derniers qui présentaient un certain besoin ou un besoin manifeste sur le plan de la toxicomanie ont participé à des programmes pour toxicomanes. De plus, un grand nombre de délinquants estiment que ces programmes ont été utiles. Il est toutefois difficile de dire si ceux-ci ont répondu aux besoins culturels ou spirituels des délinquants métis.
Même si la proportion des délinquants ayant un certain besoin ou un besoin manifeste d'intervention a diminué entre le moment de l'admission et celui de la mise en liberté pour certains domaines de besoins, on retrouvait une forte proportion de délinquants métis qui étaient encore considérés comme ayant besoin d'intervention. Bien que les programmes en place ciblent les besoins criminogènes cernés à l'admission, les délinquants n'y sont peut-être pas parfaitement réceptifs si ces programmes ne sont pas administrés dans un contexte culturel approprié et d'une manière qui a une résonance dans la vie des délinquants métis.
Durant les entrevues, les délinquants métis ont affirmé avoir des besoins en matière de programmes différents de ceux des délinquants non autochtones à cause de différences dans leurs convictions spirituelles et culturelles. Cependant, seulement près du quart d'entre eux ont dit avoir des besoins différents de ceux des délinquants des Premières nations. Ceux qui ont noté des différences ont expliqué que les délinquants métis et ceux des Premières nations venaient de cultures différentes, alors que ceux qui ne voyaient pas de différences ont signalé que les délinquants métis et ceux des Premières nations étaient traités de la même façon et étaient aux prises avec les mêmes problèmes d'identité.
Les délinquants métis présentent un vaste éventail de besoins, tant à leur entrée dans le système correctionnel fédéral que lorsqu'ils sont mis en liberté. Certains des programmes en place visent à remédier à leurs problèmes, et les délinquants interviewés les estiment utiles. Par contre, il est clair aussi qu'à leur avis, l'aspect culturel manque à ces programmes. Pour être vraiment efficaces, ces programmes devraient, selon les sujets, être propres aux Métis et être animés par des Métis. Un autre thème commun parmi ceux qui ont été interviewés était le besoin d'un soutien et de programmes communautaires pour les délinquants métis dans la collectivité.
Certains répondants ont affirmé qu'après leur mise en liberté, les délinquants métis nécessitaient des programmes et des services différents. Néanmoins, d'autres ont dit avoir besoin de services en apparence semblables à ceux que nécessitent les délinquants des Premières nations et les délinquants non autochtones, par exemple des programmes axés sur l'emploi, le logement, le soutien financier et le soutien communautaire. Ils croient toutefois que les services doivent être assurés par les organisations métisses.
Les résultats soulignent aussi les besoins des membres de la famille des délinquants métis. On estimait que, durant l'incarcération, les membres de la famille avaient besoin de contacts avec le délinquant et d'aide financière. Après la mise en liberté, ils peuvent également nécessiter un soutien communautaire et des services de counseling. Cela souligne l'importance d'avoir en place un réseau d'aide aux familles. Ces besoins ressemblent probablement à ceux des membres de la famille de tous les délinquants. Cependant, pour être vraiment efficaces, ces services doivent être assurés dans le contexte culturel approprié.
Des groupes de discussion auxquels ont participé des employés des établissements correctionnels fédéraux ont révélé que les membres du personnel ne connaissent guère la culture métisse ni ne suivent une formation à ce sujet. Tout en étant conscients de l'existence de différences entre la culture métisse et celle des Premières nations, beaucoup d'employés ont affirmé ne pas savoir exactement en quoi ces différences consistaient ni comment en tenir compte. Ils n'étaient pas certains non plus de la nécessité pour tous les employés d'avoir une compréhension approfondie de la culture métisse.
Cette étude a permis de mieux comprendre les délinquants métis sous responsabilité fédérale. Tout en ressemblant aux délinquants des Premières nations sur les plans des caractéristiques sociodémographiques, du profil des infractions et des besoins criminogènes, les délinquants métis se distinguent par leur milieu d'attache et leurs caractéristiques culturelles. De plus, même s'ils participent à des programmes ciblant leurs besoins criminogènes durant leur incarcération, on pourrait rendre ces programmes plus efficaces en les adaptant à leur mode de vie. Les délinquants métis croient clairement avoir besoin de programmes différents de ceux qui sont offerts aux délinquants non autochtones, et peut-être même différents de ceux des délinquants des Premières nations, c'est-à-dire des programmes qui éveillent une résonance dans leur vie. Il est fort probable que les connaissances de la culture et de l'histoire métis soient implicitement liées à des programmes qui leur sont propres.
Les membres de la famille des délinquants métis éprouvent aussi de nombreux besoins, sur lesquels on devrait se pencher davantage. La participation des collectivités métisses aux efforts visant à répondre à leurs besoins et à ceux des délinquants métis après leur mise en liberté pourrait favoriser la réinsertion sociale. L'amélioration de la formation donnée au personnel correctionnel au sujet de la culture métisse pourrait aussi aider ces délinquants à obtenir de meilleurs résultats. L'organisation de séances d'information à l'intention du personnel sur la culture métisse permettrait éventuellement de mieux comprendre les différences entre les délinquants métis et ceux des Premières nations.
Le présent projet a pu être réalisé grâce aux efforts concertés d'un groupe de travail formé de représentants de divers organismes. Le groupe était composé notamment de Tim Faible (Métis Provincial Council of British Columbia - MPCBC), Shelley Trevethan (Direction de la recherche, Service correctionnel du Canada), Frankie Berland (Ralliement national des Métis), Alvin Kube (région du Pacifique, Service correctionnel du Canada), Gloria Rendell, Wally Lavigne, John Sinclair et Rene Therrien (représentants régionaux du MPCBC). Les membres du groupe de travail ont aidé en ce qui a trait à l'orientation de la recherche et ont apporté une contribution précieuse en conseils et en expertise. Matt Thorpe (Karma and Associates) a été l'expert-conseil pour le projet.
Le projet a été financé en partie par la Direction des questions autochtones du SCC. Les auteurs tiennent à remercier Gina Wilson et Paul Sonnichsen de leur aide et de leur appui dans le démarrage de ce projet.
Nous remercions tout spécialement d'autres employés du SCC qui ont contribué à ce projet, y compris: Michael Jeffery, Collette Cousineau, et Vicky Charron-Bourdon.
Les auteurs sont également reconnaissants envers les membres des établissements correctionnels fédéraux de la Colombie-Britannique. Ce projet n'aurait pu être mené à bien sans l'aide des directeurs adjoints des Programmes correctionnels, des agents de liaison autochtones, des Aînés, des agents de libération conditionnelle, des psychologues et d'autres membres du personnel. Nous remercions aussi les employés qui ont participé aux groupes de discussion d'avoir fait part de leur expérience et d'observations perspicaces.
Enfin, nous nous devons de souligner la contribution des délinquants et des membres de leur famille qui ont pris le temps de participer aux entrevues. Ils ont discuté d'aspects délicats de leur vie. Nous apprécions leur franchise et leur honnêteté.
Le présent projet a pu être mené à bien grâce à une démarche commune du Service correctionnel du Canada (SCC), du Ralliement national des Métis (RNM) et du Métis Provincial Council of British Columbia (MPCBC). Le RNM est l'organisme qui représente à l'échelon national les Métis au Canada. De concert avec le SCC, il a pour but d'accroître le rôle des collectivités métisses afin qu'elles puissent contribuer activement à réduire la surreprésentation des délinquants métis au sein de la population carcérale. Toutefois, il importe d'abord de déterminer la nature des besoins des délinquants métis et des membres de leur famille. C'est dans ce contexte que ce projet de recherche a été entrepris.
Le projet a servi à examiner les besoins des délinquants métis sous responsabilité fédérale durant leur incarcération et après leur mise en liberté. Il comportait trois éléments: des entrevues avec les délinquants durant leur incarcération dans des établissements correctionnels fédéraux en Colombie-Britannique; des entrevues avec des membres de la famille; des groupes de discussion avec des membres du personnel des établissements correctionnels.
Il est évident que les Autochtones sont surreprésentés dans le système de justice pénale (p. ex. Commission royale sur les peuples autochtones, 1996; Saskatchewan Métis Justice Review Committee, 1992; Solliciteur général du Canada, 1988; Task Force on the Criminal Justice System and its Impact on the Indian and Métis People of Alberta, 1991; Trevethan, Tremblay et Carter, 2000). Comme l'a déclaré la Commission royale sur les peuples autochtones (1996), « rapports et enquêtes n'ont pas seulement confirmé l'existence de cette surreprésentation[,] ils ont démontré, ce qui est encore plus alarmant, que la situation s'aggrave au lieu de s'améliorer ».
Le discours du Trône de janvier 2001 souligne aussi l'importance de s'occuper des problèmes auxquels font face les Autochtones. Il y est dit:
c'est une réalité tragique, une trop forte proportion d'Autochtones ont des démêlés avec la justice. Le Canada doit s'employer à réduire sensiblement le pourcentage d'Autochtones aux prises avec l'appareil de justice pénale, de manière à niveler cette proportion avec la moyenne canadienne d'ici une génération. (Gouvernement du Canada, 2001)
À l'instar des autres groupes autochtones, les délinquants métis sont surreprésentés dans le système de justice pénale (Saskatchewan Métis Justice Review Committee, 1992; Task Force on the Criminal Justice System and its Impact on the Indian and Métis People of Alberta, 1991). Les délinquants métis correspondent à 4 % de la population carcérale sous responsabilité fédérale, alors que les Métis ne représentent que 0,7 % de la population canadienne. On dénombre environ 600 délinquants métis incarcérés dans des établissements correctionnels fédéraux et 300 autres qui sont en liberté sous condition dans la collectivité. Ce groupe représente un peu plus du quart (27 %) des délinquants autochtones sous responsabilité fédérale au Canada (SCC, 2002).
Bien que les différences n'aient pas fait l'objet d'examens approfondis, quelques études ont révélé que les délinquants métis différaient des délinquants inuits et des Premières nations (Moore, 2002; Motiuk et Nafekh, 2000). Ces différences se traduisent dans les infractions à l'origine des peines et dans les besoins criminogènes déterminés à l'admission dans les établissements correctionnels fédéraux. Motiuk et Nafekh (2000) ont noté l'existence de différences importantes entre les délinquants métis, inuits, des Premières nations et non autochtones relativement aux infractions à l'origine de l'incarcération et aux besoins à l'admission. Moore (2002) a constaté que, comme les délinquants des Premières nations, les délinquants métis possédaient beaucoup d'antécédents criminels. Néanmoins, en ce qui concerne les infractions, les délinquants métis ont été incarcérés pour vol qualifié, introduction par effraction et infractions en matière de drogues dans de plus fortes proportions que les autres délinquants autochtones et ceux non autochtones. De plus, ils étaient plus portés à avoir des problèmes liés à l'emploi et aux interactions sociales que les autres délinquants autochtones.
Outre le problème de la surreprésentation, l'expérience des délinquants métis durant leur incarcération pourrait indiquer un besoin de services ciblés. D'après un rapport de la Manitoba Métis Federation (2002), à leur admission dans des établissements correctionnels fédéraux, les délinquants métis sont considérés comme des Autochtones, ce qui signifie le plus souvent « Premières nations ». Étant donné qu'ils ne se considèrent pas comme membres des Premières nations, certains délinquants métis ne reçoivent aucun service ni soutien autochtones durant leur incarcération. Par ailleurs, ceux qui recherchent un élément autochtone reçoivent des programmes et services qui incluent des pratiques sans lien avec leur culture (p. ex. sueries et cérémonies du foin d'odeur). Ces interventions en établissement qui aiguillent les délinquants métis vers des programmes qui ne sont pas adaptés à leurs acquis culturels pourraient être moins efficaces qu'escompté comme moyen de favoriser la réinsertion sociale.
À leur mise en liberté, les délinquants métis doivent affronter un ensemble analogue de circonstances. Comme les délinquants membres des Premières nations, les délinquants métis et leur famille bénéficient dans le cadre du processus de réinsertion sociale d'un soutien et de services postlibératoires. Toutefois, ces services risquent de ne pas être appropriés pour les délinquants métis. Il existe plusieurs programmes et services à l'intention des délinquants autochtones, mais ils ne ciblent pas spécifiquement les personnes et les familles métisses.
Compte tenu de leur surreprésentation dans le système correctionnel et du fait que les programmes en place ne sont peut-être pas appropriés, les délinquants métis auraient éventuellement besoin d'interventions différentes de celles qui sont offertes aux délinquants des Premières nations et non autochtones. Il faut donc se pencher sur les raisons pour lesquelles les programmes et services actuels ne conviennent peut-être pas aux délinquants métis et voir à quoi devraient ressembler des services appropriés. Il s'agit en fait de l'objectif de la présente recherche.
La présente étude vise à examiner les besoins des délinquants métis. Voici les principales questions de recherche auxquelles elle tentera de répondre:
Cette information devrait aider le SCC et les organisations métisses à mieux comprendre la façon d'intervenir auprès des délinquants métis pour favoriser leur réinsertion sociale. Elle pourrait aussi constituer une source de renseignements sur les autres moyens d'intervenir auprès des délinquants métis durant leur incarcération, en plus d'aider à déterminer la meilleure façon de mettre en application les articles 81 et 84 de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition (LSCMLC) dans le cas des délinquants métis. Ces articles de la Loi visent à aider les délinquants autochtones à réussir leur retour dans la société au moyen de méthodes de guérison traditionnelles. L'information résultant de ce projet pourrait mener à une seconde phase ciblant des collectivités précises et indiquant les services qui existent pour appliquer l'article 81 ou 84.
Le présent projet consiste en un examen descriptif des délinquants autochtones dans les établissements correctionnels fédéraux de la Colombie-Britannique. Pour réunir l'information nécessaire, nous avons extrait les données des sources suivantes:
Nous avons examiné les dossiers de cas des délinquants, au moyen du Système de gestion des délinquants (SGD) du SCC, dans le but de dégager les caractéristiques sociodémographiques des délinquants, l'infraction à l'origine de la peine actuelle, les antécédents criminels et les facteurs statiques et dynamiques (l'Annexe B renferme une liste des variables examinées). Cette information a été rassemblée principalement à l'aide du processus de l'évaluation initiale des délinquants (EID). Le processus de l'EID du SCC sert à réunir et à conserver des renseignements sur les antécédents criminels et sur le plan de la santé mentale de chaque délinquant sous responsabilité fédérale, sa situation sociale et sa scolarité, les facteurs utiles pour déterminer le risque criminel (comme le nombre et la diversité des condamnations et le risque antérieur, la réaction au système correctionnel pour adolescents et pour adultes) et des facteurs importants pour déterminer les besoins dynamiques du délinquant (p. ex. antécédents de travail, antécédents familiaux, fréquentations criminelles, toxicomanie, attitudes). Les résultats contribuent, d'une part, à déterminer le placement en établissement et les plans correctionnels. D'autre part, une répartition de certaines variables liées aux antécédents criminels et aux besoins peut servir à produire un profil exhaustif de la population carcérale sous responsabilité fédérale.
Nous avons comparé les délinquants métis, ceux des Premières nations et les délinquants non autochtones afin d'examiner les différences entre les profils des délinquants métis et ceux des autres délinquants.
Les entrevues avec les délinquants métis sous responsabilité fédérale ont fourni de l'information plus approfondie que celle extraite des dossiers des délinquants. Ces entrevues ont notamment procuré des renseignements personnels qui ne se trouvaient pas dans les dossiers et permis d'avoir des discussions plus approfondies au sujet des besoins des délinquants. Un outil d'entrevue a été élaboré en consultation avec un comité directeur.
Les questions d'entrevue visaient à explorer six principaux domaines: les renseignements généraux au sujet du délinquant, les renseignements sur l'enfance, les problèmes familiaux, la relation actuelle du délinquant avec la famille, la participation aux programmes et les besoins. Les entrevues structurées incluaient des questions fermées et des questions ouvertes. On trouvera les questions d'entrevue à l'Annexe C. Chaque répondant a été interviewé par un expert-conseil autochtone engagé par le MPCBC.
L'échantillon formé pour cette étude consistait de détenus et détenues de certains établissements correctionnels fédéraux en Colombie-Britannique. Soixante-quatre répondants métis ont été choisis à partir d'un échantillon de commodité de détenus qui faisaient partie de la population carcérale dénombrée de chaque établissement au moment de l'étude.
Chaque entrevue a duré entre 30 minutes et deux heures, selon les renseignements que l'on y a véhiculés. La durée moyenne de l'entrevue était d'environ 45 minutes.
Durant les entrevues, quelques répondants qui, d'après les dossiers, n'étaient pas des Métis se sont déclarés Métis. On a décidé de les inclure dans l'échantillon s'ils se déclaraient eux-mêmes Métis. L'échantillon global comptait 62 délinquants métis de sexe masculin et de deux délinquantes métisses. Voici la ventilation des entrevues menées aux différents établissements:
Établissement | Sécurité | Sexe | Délinquants |
---|---|---|---|
Centre de santé régional | Max | M | 7 |
Établissement de Kent | Max | M | 9 |
Établissement William Head | Med | M | 10 |
Établissement Mountain | Med | M | 10 |
Établissement de Mission | Med | M | 10 |
Établissement de Matsqui | Med | M | 6 |
Kwikwèxwelhp | Min | M | 2 |
Établissement Ferndale | Min | M | 5 |
Centre de réception régional | Multi | M | 2 |
Centre correctionnel communautaire Sumas | CCC | M | 1 |
Centre correctionnel pour femmes de la Colombie - Britannique | Multi | F | 2 |
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TOTAL | 64 |
Nous avons demandé à chaque délinquant interviewé d'indiquer le nom d'un ou plusieurs membres de sa famille avec lesquels il avait gardé le contact et avec lesquels il nous autorisait à communiquer. Nous avons ainsi obtenu le nom de 35 personnes.
Une entrevue structurée a été élaborée pour les membres de la famille des délinquants métis interviewés. Les questions d'entrevue portaient sur quatre principaux aspects: les antécédents du membre de la famille, sa relation avec le délinquant, les besoins du délinquant et besoins familiaux. Les entrevues structurées incluaient des questions ouvertes et des questions fermées. On trouvera les questions d'entrevue à l'Annexe D.
Nous avons communiqué avec les membres de la famille par téléphone et leur avons demandé s'ils acceptaient d'être interviewés pour le projet. Quant à ceux qui ont accepté de participer, nous leur avons donné la possibilité de le faire en personne ou par téléphone. Dix-sept personnes ont été interviewées, toutes par téléphone.
Sur les 17 membres de la famille, 14 (82 %) étaient des femmes. On y dénombrait huit Métis, trois membres des Premières nations et six personnes non autochtones. Dans six cas, il s'agissait du frère ou de la sœur, dans cinq, de l'épouse ou de la conjointe de fait, dans quatre, de la mère, dans un, d'un autre membre de la famille et dans le dernier, d'un ami de la famille.
En plus d'interviewer des délinquants métis et des membres de la famille, nous avons organisé des groupes de discussion à l'intention d'employés de certains établissements fédéraux en Colombie-Britannique. Les questions gravitaient autour de la connaissance et de la compréhension par le personnel de la culture métisse, des besoins des délinquants et des membres de leur famille, et des programmes disponibles pour les délinquants métis. On trouvera à l'Annexe E les questions explorées dans les groupes de discussion.
Des groupes de discussion ont eu lieu dans l'établissement William Head, l'établissement Mountain, l'établissement de Kent, le Centre de réception régional, l'établissement de Matsqui, l'établissement de Mission, Kwikwèxwelhp et le centre de santé régional. Ont participé à ces groupes de discussion des agents de liaison autochtones, des agents de libération conditionnelle, des gestionnaires d'unité et des thérapeutes.
Le projet a commencé par la mise sur pied d'un comité directeur. Celui-ci était composé de représentants du MPCBC, du RNM et du SCC (administration centrale et région du Pacifique). Un entrepreneur autochtone a été engagé dans le but de mener les entrevues et d'animer les groupes de discussion. À l'issue d'une rencontre initiale avec le comité directeur, des questions ont été formulées pour les entrevues et les groupes de discussion et acceptées par le comité directeur.
Nous avons communiqué avec le directeur de chaque établissement afin de discuter de la recherche et lui demander de proposer des employés qui pourraient participer au groupe de discussion. Nous sommes également entrés en contact avec le directeur adjoint des Programmes correctionnels de chaque établissement pour fixer les dates des entrevues et organiser les séances d'information préalables aux entrevues qu'il jugeait nécessaires.
Les entrevues ont été menées avec des délinquants dans 11 établissements. Les groupes de discussion ont eu lieu au cours de la même période. Enfin, nous avons communiqué et mené des entrevues avec les membres de la famille.
Les résultats des entrevues ont été envoyés au SCC pour l'entrée des données. Les questions ouvertes ont été examinées en vue de dégager, au besoin, des thèmes et les coder aux fins d'analyse. Après établissement de l'ensemble de données, on a effectué des analyses dans le but de répondre aux questions de recherche.
Comme nous l'avons déjà signalé, l'échantillon formé pour la présente étude était composé de 64 délinquants métis incarcérés dans des établissements fédéraux en Colombie-Britannique. Les analyses préliminaires portaient sur l'existence éventuelle de différences entre les membres de l'échantillon et les délinquants métis recensés au moyen du SGD. Les 64 délinquants métis interviewés correspondaient à 65 % de tous les délinquants métis incarcérés dans des établissements correctionnels en Colombie-Britannique. Les quelques différences constatées entre les membres de l'échantillon et ces derniers n'étaient pas significatives. Les résultats peuvent donc être généralisés à l'ensemble des délinquants métis sous responsabilité fédérale dans cette province.
Voici les analyses qui ont été menées sur les cinq questions de recherche susmentionnées. On trouvera à l'Annexe A tous les tableaux auxquels on fait mention dans le présent rapport.
On a d'abord fait l'examen des profils des délinquants métis interviewés. Ces derniers ont ensuite été comparés aux délinquants des Premières nations et aux délinquants non autochtones incarcérés dans les établissements correctionnels fédéraux en Colombie-Britannique.
Les délinquants métis ressemblent passablement aux délinquants des Premières nations et aux délinquants non autochtones sur le plan des caractéristiques démographiques. Comme l'illustre le Graphique 1, la proportion de femmes était à peu près la même dans les trois groupes. En outre, la plupart des délinquants étaient célibataires au moment de leur admission dans un établissement fédéral (se reporter aussi au Tableau 1).
On a constaté une différence entre les groupes en ce qui concerne l'âge des délinquants. Les délinquants métis tendaient à être plus jeunes au moment de leur admission dans un pénitencier fédéral que les délinquants non autochtones. En effet, plus des deux tiers (69 %) d'entre eux étaient âgés de moins de 35 ans au moment de l'admission, contre seulement la moitié environ (55 %) des délinquants non autochtones. Par ailleurs, les délinquants métis ressemblaient à ceux des Premières nations sur le plan de l'âge. L'âge moyen des délinquants métis et de ceux appartenant aux Premières nations était respectivement de 31 ans et de 32 ans, contre 35 ans pour les délinquants non autochtones.
Même si la proportion de Métis qui n'avaient pas achevé leurs études secondaires au moment de l'admission dans l'établissement était plus élevée que celles des délinquants non autochtones (77 % contre 68 %), cette différence n'était pas significative. La différence entre les délinquants des Premières nations et les délinquants non autochtones était par contre significative (85 % contre 68 %), mais il n'y avait pas de différences significatives entre les délinquants métis et les délinquants des Premières nations.
Nous n'avons pas constaté de différences significatives entre les délinquants métis, des Premières nations et non autochtones pour ce qui est d'être sans travail au moment de l'admission. Environ sept délinquants sur 10 ne travaillaient pas au moment de leur arrestation.
Comme le démontre le Graphique 2, les délinquants métis et les délinquants des Premières nations et non autochtones se ressemblaient sur le plan de l'infraction la plus grave à l'origine de la peine actuelle. Les deux infractions les plus graves à l'origine de la peine actuelle pour les délinquants métis étaient l'homicide (35 %) et le vol qualifié (24 %). La proportion de délinquants métis actuellement incarcérés pour avoir commis des infractions sexuelles était inférieure à celle des délinquants des Premières nations (8 % contre 20 %) (voir également le Tableau 2). Quant aux différences entre les délinquants métis et les délinquants non autochtones, elles n'étaient pas significatives.
La peine globale moyenne pour les délinquants métis était de 6,6 ans. On n'a pas enregistré de différences significatives entre ces délinquants et ceux des Premières nations (7,1 ans) ou les délinquants non autochtones (7,0 ans).1
En ce qui concerne les antécédents criminels, les délinquants métis se distinguent de manière significative des délinquants non autochtones seulement, la différence entre les délinquants métis et ceux des Premières nations n'étant pas significative (se reporter au Tableau 3). Ils avaient, dans une plus forte proportion que les délinquants non autochtones, déjà été condamnés par un tribunal de la jeunesse (73 % contre 55 %), avaient été placés sous surveillance dans la collectivité (91 % contre 74 %) et avaient purgé des peines antérieures sous responsabilité provinciale (84 % contre 70 %). De plus, les délinquants métis étaient plus nombreux que les délinquants autochtones à avoir échoué durant une période antérieure de surveillance dans la collectivité (84 % contre 60 %) et été reclassés à un niveau de sécurité supérieur (41 % contre 25 %).2
Même si les délinquants métis avaient de plus lourds antécédents criminels que les délinquants des Premières nations, les différences entre les deux groupes n'étaient pas significatives.
Quoiqu'un nombre plus élevé de délinquants métis que de délinquants non autochtones aient été classés dans la catégorie de risque élevé de récidive (79 % contre 67 %), la différence entre les deux groupes ne s'est pas avérée significative (Tableau 4). On a toutefois enregistré une différence significative entre les délinquants des Premières nations et les délinquants non autochtones en ce qui concerne le risque élevé de récidive (81 % contre 67 %).
Comme l'illustre le Graphique 3, les délinquants métis incarcérés sous responsabilité fédérale en Colombie-Britannique présenteraient des besoins différents en matière de programmes que ceux des délinquants non autochtones (voir également le Tableau 4).
Les délinquants métis avaient, dans une plus forte proportion que les délinquants non autochtones, un certain besoin ou un besoin manifeste de programmes dans les domaines de la toxicomanie (95 % contre 76 %) et de l'emploi (77 % contre 62 %). Nous n'avons pas constaté de différences significatives entre les délinquants métis et les délinquants des Premières nations. Cependant, il existait davantage de différences entre ces derniers et les délinquants non autochtones.
On n'a pas enregistré de différences significatives entre les délinquants métis, des Premières nations et non autochtones sur le plan de la motivation à l'égard de l'intervention. Néanmoins, la proportion de délinquants métis et des Premières nations considérés comme ayant un potentiel élevé de réinsertion sociale était de manière significative plus faible que celle des délinquants non autochtones (7 % et 10 % contre 24 %).
Bref, les délinquants métis tendent à être jeunes, célibataires et peu scolarisés, et à afficher un taux élevé de chômage, caractéristiques qui ressemblent à celles des délinquants des Premières nations et de la population autochtone du Canada en général. En outre, les délinquants métis ont de plus lourds antécédents criminels que les détenus non autochtones et des besoins criminogènes qui diffèrent de ceux de ces derniers. Par contre, on retrouve moins de différences entre les délinquants métis et les délinquants non autochtones qu'entre ces derniers et les délinquants des Premières nations pour ce qui est des besoins criminogènes.
Nous avons recueilli des renseignements supplémentaires au moyen d'entrevues auprès de délinquants métis (Tableaux 5 et 6) et avons comparé cette information à celle provenant d'études antérieures. Sur le plan de la culture autochtone, les délinquants métis diffèrent des délinquants des Premières nations sous certains rapports, mais moins à certains égards qu'à d'autres. Ainsi, 23 % ont dit comprendre ou parler une langue autochtone, tandis que 62 % ont affirmé suivre une religion autochtone traditionnelle. Une étude antérieure a révélé que beaucoup plus de délinquants des Premières nations (67 %) comprenaient ou parlaient une langue autochtone (Trevethan, Auger, Moore, MacDonald et Sinclair, 2002).
Fait intéressant, 42 % des délinquants métis interviewés ont dit être attachés à la culture métisse. Cependant, les trois quarts (74 %) ont affirmé être attachés à une autre culture autochtone. De plus, 71 % ont dit prendre part à des activités autochtones traditionnelles, comme l'art et l'artisanat autochtones, la fabrication de tambours, la danse ou la musique de tambour traditionnelle, les pow-wows et les sueries. D'après Trevethan et coll., 78 % des délinquants des Premières nations sont en fait attachés à la culture autochtone.
La majorité des délinquants métis ont affirmé avoir grandi en milieu urbain, soit dans une petite ville (30 %) ou une grande ville (25 %). En outre, 37 % de ces délinquants ont grandi dans une collectivité rurale et 6 %, dans une réserve. Au moment de l'arrestation, la proportion de délinquants métis qui habitaient en milieu urbain (53 % dans une grande ville; 33 % dans une petite ville) était encore plus forte. À ce moment- là, environ le tiers (34 %) des délinquants se trouvaient à cet endroit depuis moins d'un an. Un quart (27 %) y étaient depuis un à cinq ans, 19 %, depuis six à 15 ans, et 20 %, depuis plus de 15 ans. Les délinquants métis étaient plus susceptibles que les délinquants des Premières nations de vivre en milieu urbain au moment de leur arrestation; en effet, environ 86 % des délinquants métis vivaient en milieu urbain au moment de leur arrestation, contre environ 75 % des délinquants des Premières nations (Trevethan et coll., 2002).
La majorité des délinquants métis ont affirmé se sentir plus à l'aise dans une ville (37 %, dans une grande ville et 31 %, dans une petite ville). De plus, le tiers d'entre eux (31 %) se sentaient plus à l'aise dans une collectivité rurale et seulement 2 %, dans une réserve. De même, ceux qui préféraient habiter la ville après leur mise en liberté formaient le groupe le plus nombreux (36 % dans une petite ville et 20 % dans une grande ville). Toutefois, environ le tiers (35 %) croyaient qu'il était préférable d'être mis en liberté dans une collectivité rurale. La plupart des répondants ont dit avoir l'intention d'habiter la ville après leur mise en liberté (38 % dans une petite ville et 31 % dans une grande ville). Les localités où les délinquants métis souhaitaient surtout être mis en liberté étaient Vancouver, Victoria, Kelowna, Prince George, Surrey, Edmonton et Abbotsford.
Le Tableau 6 fournit des renseignements sur les antécédents familiaux et les relations actuelles des délinquants. La plupart des répondants ont affirmé que leur père ou leur mère était leur principal pourvoyeur de soins durant leur enfance (67 %). Par contre, le cinquième des délinquants métis (20 %) ont été élevés par une personne qui ne faisait pas partie de leur famille, comme des parents de familles d'accueil ou des organismes d'aide à l'enfance. La plupart d'entre eux (84 %) se sont dit attachés à leur principal pourvoyeur de soins. Seulement la moitié environ ont affirmé avoir grandi dans des conditions économiques favorables (53 %), avoir eu une enfance stable (56 %) et avoir été heureux dans l'enfance (52 %). Un grand nombre d'entre eux ont vécu des difficultés durant l'enfance, telles que des problèmes de violence ou de consommation de drogues au foyer (83 % et 73 % respectivement), ainsi que des problèmes de violence dans leur collectivité (89 %). En outre, les deux tiers (66 %) ont dit que des membres de leur famille se livraient à des activités criminelles.
Quant aux relations actuelles, moins de la moitié des délinquants métis interviewés ont affirmé entretenir actuellement des rapports avec leur époux/épouse ou leur conjoint de fait (46 %) et leurs enfants (48 %). En fait, ils étaient plus nombreux à entretenir, au moment de l'entrevue, des rapports avec d'autres membres de leur famille, par exemple avec des frères ou soeurs, ou avec leur mère (88 %).
En gros, ces résultats révèlent que, même si les délinquants métis ressemblent aux délinquants des Premières nations sur les plans des caractéristiques sociodémographiques, des profils d'infractions et des besoins criminogènes, ils diffèrent de ces derniers pour ce qui est du lieu de résidence et des expériences culturelles. Les délinquants métis vivent ordinairement en milieu urbain. Ils tendent aussi à suivre les traditions autochtones, bien que certains suivent la culture métisse et d'autres, la culture des Premières nations. La plupart d'entre eux ne parlent pas une langue autochtone. À l'instar des autres délinquants sous responsabilité fédérale, un grand nombre d'entre eux ont connu des circonstances difficiles au foyer durant l'enfance, y compris la violence et la toxicomanie.
Malgré les ressemblances qu'il existe quant aux raisons à l'origine de l'incarcération et aux besoins criminogènes, les différences relatives au milieu familial et les caractéristiques culturelles semblent indiquer que les délinquants métis ont besoin de méthodes d'intervention différentes de celles employées pour les délinquants des Premières nations. Ainsi, un pavillon de ressourcement situé à un endroit éloigné ne serait peut-être pas efficace pour un grand nombre de délinquants métis. De même, le recours à des Aînés, à des sueries et à des cérémonies de foin odorant ne serait peut- être pas utile pour les délinquants métis.
La deuxième question étudiée dans ce rapport avait trait aux programmes auxquels les délinquants métis participent en établissement et après leur mise en liberté. Elle visait également à déterminer si les délinquants métis participaient à des programmes ciblant leurs domaines de besoins élevés. Il y a lieu de noter que le SCC offre des programmes de base et des programmes supplémentaires. Les premiers portent sur la toxicomanie, la formation, la violence familiale, les compétences psychosociales et les infractions sexuelles. Ils sont choisis en fonction des besoins criminogènes indiqués dans le plan correctionnel des délinquants. Les programmes supplémentaires sont ceux qui ne sont pas normalisés à l'échelle du SCC.
On a entrepris un examen des programmes auxquels les délinquants métis ont affirmé avoir participé. Presque tous les répondants (98 %) se sont dit au courant des programmes offerts dans l'établissement correctionnel. De même, 98 % ont affirmé avoir participé à des programmes en établissement durant leur peine. Comme l'indique le Graphique 4, la plupart d'entre eux ont pris part à des programmes pour toxicomanes (77 %) (se reporter également au Tableau 7). De plus, environ les deux tiers ont participé à des programmes de maîtrise de la colère, d'aptitudes cognitives et de formation (66 %, 66 % et 62 % respectivement). Cinquante-sept pour cent ont bénéficié de services psychologiques ou de counseling et 56 %, de programmes d'emploi. Environ la moitié (52 %) ont dit avoir participé à une forme quelconque de programmes culturels. Comme nous l'avons déjà signalé, le SCC offre des programmes de base. Il n'est donc pas étonnant que la plupart des répondants aient pris part à des programmes de base pour toxicomanes ou de maîtrise de la colère, d'acquisition d'aptitudes cognitives et de formation dans le cadre de leur plan correctionnel. Les programmes culturels sont actuellement considérés comme un élément facultatif du plan.
Le quart des répondants (25 %) ont affirmé avoir participé à des programmes après leur mise en liberté sous condition. Parmi ce groupe, la plupart avaient suivi un programme pour toxicomanes (94 %).
Près des deux tiers (61 %) ont dit avoir pris part à des programmes purement autochtones. Ceux-ci incluent notamment des programmes culturels et pour toxicomanes et des programmes de maîtrise de la colère (tels que le programme « En quête du guerrier en vous »). Toutefois, seulement deux délinquants ont affirmé avoir participé à des programmes destinés expressément aux Métis, comme des programmes de counseling pour toxicomanes.
À l'admission, les délinquants présentent souvent une multitude de besoins criminogènes, et ceux qui éprouvent un besoin élevé dans un domaine tendent aussi à avoir un besoin élevé dans d'autres domaines. En outre, durant l'incarcération, les délinquants participent souvent à un certain nombre de programmes. Il est donc difficile de déterminer si des programmes précis ciblent des besoins spécifiques. Le Tableau 8 nous permet de voir si les délinquants qui étaient considérés comme à besoins élevés au moment de l'admission ont pris part à différents types de programmes. Dans l'ensemble, la plupart des délinquants qui avaient un certain besoin ou un besoin manifeste de programmes dans un des sept domaines ont participé à des programmes pour toxicomanes.
On peut également examiner les domaines de besoins spécifiques afin de déterminer si ceux qui présentent un besoin élevé sur un certain plan tendent à participer à des programmes qui ciblent ce besoin. On constate que beaucoup de délinquants métis considérés comme ayant un certain besoin ou un besoin manifeste de programmes pour toxicomanes ont effectivement pris part à des programmes pour toxicomanes (80 %) et à des programmes axés sur les aptitudes cognitives ou les compétences psychosociales (66 %). De même, beaucoup de délinquants métis considérés comme ayant un certain besoin ou un besoin manifeste dans le domaine de l'emploi ont participé à des programmes d'emploi (58 %) et de formation (62 %). Environ six délinquants sur 10 qui éprouvaient un certain besoin ou un besoin manifeste de programmes dans le domaine de l'orientation personnelle ou affective ont bénéficié de programmes ciblant leurs besoins, soit des programmes de maîtrise de la colère (64 %), ou des services de counseling (57 %) ou psychologiques (57 %). Les délinquants présentant un certain besoin ou un besoin manifeste dans le domaine des relations matrimoniales ou familiales ont pris part dans une forte proportion à des programmes de maîtrise de la colère (65 %).
La plupart des répondants ayant participé à des programmes ont affirmé les avoir achevés (90 %). Comme l'indique le Tableau 7, parmi ces derniers, les taux d'achèvement les plus élevés ont été enregistrés dans les programmes pour toxicomanes (76 %), de maîtrise de la colère (76 %), d'aptitudes cognitives et de compétences psychosociales (70 %) et de formation (59 %), ainsi que pour les services psychologiques (56 %) et de counseling (52 %). Moins de la moitié des délinquants ont complété les programmes d'emploi (48 %), les programmes culturels (26 %), les programmes prélibératoires3 (24 %) et les programmes pour délinquants sexuels (13 %). Comme certains délinquants participaient peut-être encore aux programmes, ils ne pouvaient pas les considérer comme étant achevés. Douze répondants ont indiqué pourquoi ils n'avaient pas complété un programme. Quelques-uns ont affirmé que les programmes n'étaient pas destinés exclusivement aux Métis. D'autres ont mentionné le transfèrement à un autre établissement, un conflit d'intérêts et leur implication dans des incidents aboutissant à leur élimination du programme.
Comme on peut le constater au Tableau 7, la plupart des répondants estimaient que les programmes auxquels ils avaient pris part étaient utiles. Dans le cas des services psychologiques, 63 % les ont jugés utiles, tandis que tous les participants ont jugé utiles les programmes prélibératoires et pour délinquants sexuels.4 Parmi ceux qui ont jugé des programmes utiles, certains ont affirmé que ceux-ci avaient ciblé les facteurs à l'origine du problème, leur avaient permis d'acquérir des habiletés pour faire face à leurs problèmes et leur avaient assuré un soutien. Beaucoup de répondants ont signalé que c'était l'aspect culturel des programmes qui expliquait leur efficacité.
Une raison donnée par les répondants qui n'ont pas jugé les programmes très utiles était la difficulté à créer une dynamique de groupe. De plus, certains répondants ont dit que les programmes étaient trop simplistes et qu'ils ne ciblaient pas toujours les aspects les plus importants. Enfin, certains répondants ont fait remarquer que les animateurs manquaient d'expérience pratique.
Dans l'ensemble, les programmes ont ciblé les besoins criminogènes divers d'un nombre considérable de délinquants métis inclus dans le présent échantillon. En général, ces derniers estiment que les programmes ont été utiles. On ne sait toutefois pas clairement si les programmes répondent aux besoins culturels ou spirituels des délinquants métis. Bien que les programmes ciblent les besoins criminogènes cernés à l'admission, il se peut que les délinquants n'y soient pas pleinement réceptifs à moins que les programmes ne soient donnés dans un contexte culturel approprié et d'une manière qui a une résonance dans la vie des délinquants métis.
Comme nous l'avons déjà signalé, bon nombre de délinquants métis incarcérés sous responsabilité fédérale sont considérés comme ayant un certain besoin ou un besoin manifeste dans chacun des domaines de besoins dynamiques au moment de leur admission dans un établissement fédéral. Un examen des besoins à l'admission et avant la mise en liberté a été effectué pour ceux dont on avait évalué les besoins à ces deux moments précis. Comme le révèle le Graphique 5, les délinquants métis ont des besoins criminogènes considérables tant à l'admission qu'avant leur mise en liberté. On a cependant constaté une baisse de la proportion de ceux qui présentaient un certain besoin ou un besoin manifeste en ce qui concerne la toxicomanie (92 % contre 80 %), l'attitude (84 % contre 68 %) et l'emploi (80 % contre 68 %) au moment de la mise en liberté. Il est toutefois intéressant de noter un accroissement de la proportion de ceux qui avaient un certain besoin ou un besoin manifeste en ce qui concerne les relations matrimoniales et familiales (87 % contre 79 %) et les fréquentations (88 % contre 84 %) au moment de la mise en liberté. Cela pourrait être dû au fait qu'à la mise en liberté, ces aspects ressortent davantage que durant l'incarcération.
Une analyse supplémentaire a été menée dans le but d'examiner l'existence de différences significatives sur le plan des besoins criminogènes entre l'admission et la mise en liberté. On a constaté que les délinquants métis présentaient un besoin sensiblement plus faible au moment de leur mise en liberté pour ce qui est de la toxicomanie (moyenne de 3,6 contre 3,2),5 l'orientation personnelle et affective (moyenne de 3,8 contre 3,5) et l'attitude (moyenne de 3,4 contre 3,0). Cela semble indiquer que l'on remédie à certains besoins durant l'incarcération. Néanmoins, on note une forte proportion de délinquants qui ont des besoins importants au moment de leur mise en liberté. Les programmes pourraient éventuellement être plus efficaces s'ils étaient offerts dans un contexte culturel approprié pour les délinquants métis.
L'information provenant des entrevues confirme les constatations basées sur les évaluations des besoins. Beaucoup de Métis interviewés ont affirmé avoir des problèmes de toxicomanie et d'estime de soi (77 % pour chaque élément) au moment de l'incarcération (Tableau 9). En outre, plus des deux tiers (69 %) ont dit éprouver des difficultés liées à la colère. À peu près la moitié des délinquants ont affirmé avoir des problèmes financiers (56 %), de violence (53 %), d'emploi (50 %), de santé mentale (48 %) et de relations matrimoniales/familiales (45 %) à l'admission. Ils étaient moins nombreux à présenter des problèmes de logement (34 %), des problèmes de santé (30 %) ou des problèmes liés à un décès dans la famille (23 %).
Enfin, il est clair que les délinquants métis font face à une diversité de problèmes durant leur incarcération et au moment de leur mise en liberté.
On a demandé aux délinquants s'ils croyaient éprouver des besoins différents de ceux des délinquants non autochtones et des autres délinquants autochtones. Dans l'ensemble, 57 % des répondants ont affirmé avoir des besoins différents de ceux des délinquants non autochtones. Par contre, les différences ne semblent pas être liées aux besoins criminogènes, mais peut-être plutôt à ce qu'on pourrait appeler des besoins liés à la réceptivité. Plus des deux tiers (69 %) des répondants qui ont dit éprouver des besoins différents de ceux des délinquants non autochtones ont ajouté que les différences étaient liées aux aspects spirituels et culturels.
Environ le quart (27 %) des délinquants métis interviewés ont dit avoir des besoins différents de ceux des autres délinquants autochtones. Parmi ceux qui ont affirmé que leurs besoins et ceux des délinquants des Premières nations se ressemblaient, environ la moitié (42 %) ont précisé que cette similarité était attribuable au fait qu'ils étaient traités de la même façon ou que les deux groupes étaient aux prises avec des questions d'identité. Toutefois, certains ont souligné l'importance d'aborder les besoins différemment, tandis que d'autres estimaient que la culture métisse était très différente de la culture des Premières nations. Un des délinquants qui estimaient que les délinquants métis avaient des besoins différents a déclaré:
La culture métisse, cela fait partie de qui je suis. On me parle simplement de culture des Premières nations, mais cela n'est pas moi. Je suis allé une fois à un pow-wow, et je ne m'y sentais pas à l'aise.
On a aussi interrogé les délinquants sur leurs besoins en tant que Métis dans l'établissement et après leur mise en liberté. Les répondants ont souligné dans une forte proportion (54 %) la nécessité de bien connaître la culture métisse et d'y être sensibilisés. En outre, 28 % ont parlé du besoin de multiplier les programmes propres aux Métis et 28 % ont également dit que le SCC avait besoin d'animateurs et d'employés métis. Les répondants étaient peu nombreux (6 %) à parler d'un besoin d'accroître la participation de la collectivité métisse. Selon un répondant:
[J'ai besoin] qu'on reconnaisse qui je suis comme Métis. Quelqu'un devrait pouvoir nous instruire au sujet de nos convictions et de notre culture et de la différence qui existe avec celles des Premières nations.
Les répondants ont parlé du besoin, au moment de la mise en liberté, d'un soutien de la part de la collectivité métisse (40 %) et d'un soutien financier (22 %), culturel (15 %) et familial (9 %), ainsi qu'en matière d'emploi (16 %), de logement (15 %) et de formation (9 %). Selon un répondant :
J'ai besoin d'un soutien métis pour me trouver un logement et m'aider à m'établir dans la collectivité. J'ai besoin d'une organisation métisse qui m'appuiera à mon audience de libération conditionnelle.
On a interrogé les délinquants sur les programmes qu'ils souhaiteraient avoir en établissement ou dans la collectivité. Plusieurs d'entre eux ont mentionné un nombre accru de programmes culturels. Le tiers (33 %) des répondants ont parlé de programmes culturels en général et 22 %, de programmes propres aux Métis en particulier. Beaucoup ont dit avoir besoin de programmes dans la collectivité. Certains répondants ont mentionné notamment le besoin, dans la collectivité, de programmes de formation ou d'emploi, de programmes de mise en liberté ou de transition, ainsi que de programmes axés sur les aptitudes cognitives ou les compétences psychosociales. D'après un répondant:
On devrait offrir différentes sortes de programmes. L'accroissement du nombre de programmes procurera plus d'avantages aux détenus et à la collectivité. Les programmes aident à changer le mode de vie et, à long terme, nous sauvent tous des dommages que peuvent causer les drogues ou la violence. Les programmes brisent le cycle.
Bref, les délinquants métis présentent clairement un vaste éventail de besoins criminogènes à leur entrée dans le système correctionnel fédéral et à leur mise en liberté dans la collectivité. Certains des programmes en place visent à remédier à ces problèmes. Les délinquants interviewés ont tendance à croire que ces programmes ont été utiles. Néanmoins, ils signalent qu'il manque à ces derniers un aspect culturel. Un autre thème commun était celui du besoin de soutien et de programmes communautaires pour les délinquants métis dans la collectivité. Même si les programmes ciblent les besoins criminogènes, pour les rendre plus utiles pour les délinquants métis, il faut y incorporer les aspects culturels.
En plus d'examiner les besoins des délinquants métis durant leur incarcération et après leur mise en liberté dans la collectivité, l'étude portait aussi sur les besoins des membres de la famille de ces délinquants (Tableau 10).
Les délinquants interviewés qui estimaient que les membres de leur famille avaient besoin de plus de rapports avec eux formaient le groupe le plus important (48 %). Environ le cinquième (21 %) des délinquants croyaient que les membres de leur famille avaient besoin de mieux comprendre la situation qu'ils vivaient durant leur incarcération. Les autres domaines de besoins qui existaient durant l'incarcération du délinquant incluaient les finances, le logement et les besoins médicaux. Les délinquants estimaient qu‘après leur mise en liberté, les membres de leur famille avaient besoin d'un engagement de leur part (35 %), de rapports (29 %), d'un soutien (21 %), de counseling (19 %) et d'une meilleure compréhension du délinquant (15 %). Les autres aspects mentionnés incluaient une aide en matière de finances, de logement et de santé.
Parmi les 17 membres de la famille interviewés, 82 % ont affirmé avoir connu des difficultés durant leur vie, le plus souvent, la toxicomanie.
Bien que certains membres de la famille n'aient pas répondu à la question, sept des 12 qui y ont répondu (58 %) ont dit avoir accès à des services durant l'incarcération d'un des leurs. Ces programmes incluent des visites, du counseling, des services sociaux et des services d'Aînés. De plus, sept des 10 membres de la famille qui ont répondu (70 %) croient qu'ils auront accès aux services après la mise en liberté du délinquant.
Quarante-trois pour cent des membres de la famille estimaient qu'ils auraient besoin d'un soutien de leur famille et de la collectivité après la mise en liberté. D'autres ont mentionné le besoin d'avoir des rapports avec le délinquant (21 %) et quelques-uns ont affirmé qu'ils auraient besoin d'une forme de counseling ou d'un accès à des services psychologiques au moment de la mise en liberté. Ces résultats soulignent l'importance d'avoir un réseau en place pour assurer une assistance aux familles, selon les besoins.
Les besoins des membres de la famille des délinquants métis ressemblent fort probablement à ceux des membres de la famille de tout délinquant. Cependant, pour rendre les services particulièrement efficaces, il importe de les offrir dans le bon contexte culturel.
Comme dernier point de cette étude, les groupes de discussion entre employés se sont penchés sur l'information ou la formation que les membres du personnel correctionnel devaient avoir au sujet des délinquants métis et de la culture métisse.
Il ressort des discussions avec les employés des établissements que ces derniers ne connaissent guère la culture métisse. Ainsi, même si les employés ont dit savoir qu'il existait des différences entre la culture métisse et celle des Premières nations, bon nombre d'entre eux ont affirmé qu'ils ne savaient pas exactement en quoi elles consistaient ni comment les aborder. Certains ont ajouté que les Aînés et les agents de liaison autochtones comprenaient la culture métisse et qu'il n'était donc peut-être pas nécessaire que tous les employés aient suivi une formation dans ce domaine.
Il est important de noter que beaucoup d'employés ont dit n'avoir reçu guère de formation sur la culture métisse. Certains ont affirmé qu'ils avaient obtenu de l'information au sujet de celle-ci grâce à leurs cours universitaires, mais qu'ils n'avaient pas suivi de formation par l'entremise du SCC.
Il s'agit clairement là d'un domaine important dans lequel il faudrait intervenir. Des séances d'information à l'intention du personnel sur la culture métisse aideraient à mieux comprendre les différences entre les délinquants métis et les délinquants des Premières nations.
Le présent projet avait pour but d'examiner les besoins des délinquants métis sous responsabilité fédérale et des membres de leur famille durant l'incarcération et après la mise en liberté.
Une étude du profil des personnes interviewées révèle que les délinquants métis tendent à être jeunes, célibataires et peu scolarisés, ainsi qu'à avoir un taux élevé de chômage et un besoin considérable de programmes dans plusieurs domaines, surtout en ce qui concerne l'orientation personnelle et affective, la toxicomanie, les fréquentations criminelles et l'attitude. Ce profil ressemble à celui des délinquants des Premières nations et de la population autochtone au Canada en général. De plus, les délinquants métis ont des antécédents criminels plus lourds que les délinquants non autochtones et des besoins différents de ceux de ces derniers. Malgré les différences entre délinquants métis et délinquants non autochtones, on constate une assez grande ressemblance sur le plan du profil sociodémographique entre les délinquants métis et ceux des Premières nations.
Quant aux expériences durant l'enfance, les délinquants métis semblent ressembler à ceux des Premières nations, ce qui rejoint les constatations de Trevethan et coll. (2002). Les délinquants métis ont, dans une forte proportion, vécu une enfance instable et des rapports avec le système d'aide à l'enfance, connu la violence au foyer et dans la collectivité et été aux prises avec des problèmes d'alcool et de drogues dans la famille. Par contre, ils diffèrent des délinquants des Premières nations sous quelques rapports. Les délinquants métis sont en effet plus portés à vivre en milieu urbain et sont aussi moins susceptibles de comprendre ou de parler une langue autochtone. Toutefois, ils participent à diverses activités autochtones. Par conséquent, leurs caractéristiques distinctives signaleraient l'importance et les enjeux de l'histoire et de la culture des métis pour des programmes qui leurs sont appropriés.
La deuxième question que pose la présente étude avait trait aux programmes auxquels les délinquants métis participent durant leur incarcération et après leur mise en liberté. Nous nous sommes également employés à déterminer si les délinquants métis participaient à des programmes ciblant les domaines dans lesquels ils avaient un besoin élevé. Presque tous les délinquants métis (98 %) ont affirmé avoir participé à des programmes en établissement. Plus des trois quarts (77 %) ont dit avoir pris part à des programmes pour toxicomanes. Les autres programmes auxquels environ les deux tiers des répondants ont participé incluent les programmes de formation, d'acquisition d'aptitudes cognitives et de maîtrise de la colère. En outre, 57 % de ces délinquants ont bénéficié de services psychologiques ou de counseling, tandis que 56 % ont participé à des programmes d'emploi. Environ la moitié ont affirmé avoir participé à des programmes culturels. Le quart des délinquants métis ont dit avoir pris part à des programmes durant leur liberté conditionnelle. Il s'agissait dans ce cas de programmes culturels, d'emploi et pour toxicomanes.
Près des deux tiers des délinquants (61 %) ont affirmé avoir pris part à des programmes destinés aux Autochtones, y compris des programmes culturels, de maîtrise de la colère et pour toxicomanes. Seulement deux délinquants auraient participé à des programmes explicitement destinés aux Métis, tels que des programmes de counseling pour toxicomanes.
Un examen des besoins des délinquants à l'admission et de leur participation à des programmes révèle que ces derniers auraient permis de cibler divers besoins des délinquants métis inclus dans l'échantillon. De plus, beaucoup de délinquants estimaient ces programmes utiles. Néanmoins, on ne sait pas si ceux-ci ont répondu à leurs besoins culturels ou spirituels.
Nous avons également examiné les besoins des délinquants métis dans les établissements correctionnels et après leur mise en liberté. Il est clair que ces délinquants font face à divers problèmes durant leur incarcération et une fois relâchés dans la collectivité.
Durant les entrevues, la majorité des délinquants métis (57 %) ont dit éprouver des besoins différents de ceux des délinquants non autochtones. Ils ont souligné les différences dans les croyances culturelles et spirituelles. Toutefois, seulement le quart environ d'entre eux ont affirmé avoir des besoins différents de ceux des autres délinquants autochtones. Ceux qui ont signalé des différences ont mentionné que les Métis et les membres des Premières nations venaient de cultures différentes. Par ailleurs, ceux qui ne voyaient pas de différences tendaient à affirmer que les délinquants métis et des Premières nations étaient traités de la même façon et étaient aux prises avec des problèmes d'identité.
Il est clair que les délinquants métis ont un vaste éventail de besoins lorsqu'ils entrent dans le système correctionnel fédéral et lorsqu'ils sont mis en liberté. Certains des programmes en place visent à aborder ces problèmes, et les délinquants interviewés estiment que les programmes sont utiles. Par contre, ils estiment aussi indéniablement que l'aspect culturel manque à ceux-ci. À maintes reprises ont-ils répété que les programmes devaient être propres aux Métis et notamment cibler la culture métisse plutôt que celle des Premières nations, en plus d'être animés par des employés métis. Un autre thème commun était le besoin de soutien et de programmes communautaires à l'intention des délinquants métis dans la collectivité.
Certains répondants ont mentionné divers services et programmes à l'intention des délinquants métis. Cependant, d'autres ont signalé que ces derniers semblaient avoir besoin à peu près des mêmes services que les délinquants des Premières nations et les délinquants non autochtones, par exemple en matière d'emploi, de logement, de soutien financier, de soutien communautaire, etc. Ces mêmes délinquants sembleraient toutefois croire que ces services devraient être assurés par des organismes métis.
En plus d'examiner les besoins des délinquants métis durant l'incarcération et après la mise en liberté, nous nous sommes penchés sur les besoins des familles de ces délinquants. Ces derniers estimaient que les membres de leur famille avaient besoin d'une aide financière ainsi que de contacts et de visites durant leur incarcération. Après la mise en liberté, les délinquants estimaient que les membres de leur famille avaient besoin de counseling, de soutien et de meilleures communications. De même, les membres de la famille estimaient avoir besoin du soutien de leur famille et de leur collectivité, ainsi que de services de counseling après la mise en liberté du délinquant. Ces résultats soulignent l'importance d'avoir en place un réseau pouvant assurer au besoin une assistance aux familles.
Enfin, les groupes de discussion avec les membres du personnel visaient à déterminer la formation ou l'information qu'avait reçue le personnel correctionnel au sujet des délinquants métis et de la culture métisse. Or, le personnel ne semblait guère connaître cette dernière ni avoir reçu une formation dans ce domaine. Les groupes de discussion ont bien révélé que les membres du personnel ne recevaient aucune formation au sujet de la culture métisse. Tout en disant être conscients des différences entre la culture métisse et celle des Premières nations, beaucoup d'employés ont affirmé ne pas savoir en quoi ces différences consistaient ni comment en tenir compte.
Ce projet a permis aux délinquants métis et aux membres de leur famille d'exprimer leurs besoins. Les constatations ont confirmé l'existence d'une différence entre la culture métisse et les autres cultures autochtones. Tout en leur ressemblant à certains égards, les délinquants métis se distinguent des délinquants non autochtones et des Premières nations sous d'autres rapports. Dans l'ensemble, la plus grande différence signalée par les délinquants avait trait aux dimensions culturelles et spirituelles de la culture métisse par rapport à celle des autochtones appartenant aux Premières nations. On a fait observer que les délinquants métis avaient besoin de programmes et de services adaptés leur culture, tant durant leur incarcération qu'après leur mise en liberté. Par conséquent, même si les besoins des délinquants métis et des Premières nations en matière de programmes se ressemblent, la façon dont l'information est véhiculée et le choix de la personne chargée de le faire devraient sans doute être réexaminés. It est fort probable que les connaissances de la culture et de l'histoire métis soient implicitement liées à des programmes qui leurs sont propres.
Le SCC et les organisations métisses peuvent utiliser l'information provenant de cette étude pour mieux comprendre la manière d'appliquer les articles 81 et 84 de la LSCMLC aux délinquants métis. En plus de faire ressortir le besoin d'assurer la formation du personnel sur la culture métisse, les constatations du présent projet pourraient être utilisées afin de passer à la seconde phase de la recherche ciblant des collectivités particulières. On pourrait notamment chercher à déterminer les services métis qui existent en vue d'appliquer les articles 81 et 84. Le projet a par exemple révélé que les délinquants souhaitaient être mis en liberté dans certains centres urbains de la Colombie-Britannique comme Vancouver, Victoria, Kelowna, Prince George et Surrey. On pourrait donc évaluer les besoins en fonction de ces villes.
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MANITOBA MÉTIS FEDERATION - WINNIPEG REGION (2002). Évaluation des besoins dans la collectivité des délinquants Métis du Manitoba. Rapport de recherche R-111, Service correctionnel Canada.
MOORE, J. (2002). La surreprésentation des Autochtones dans les services correctionnels: un profil comparatif des délinquants des Premières nations, métis et inuits. Rapport de recherche (en cours de publication), Service correctionnel Canada.
MOTIUK, L. ET NAFEKH, M. (2000). « Profils des délinquants autochtones dans les services correctionnels fédéraux. » Forum - Recherche sur l'actualité correctionnelle, v. 12, noo1, p. 10-15.
SASKATCHEWAN MÉTIS JUSTICE REVIEW COMMITTEE (1992). Report of the Saskatchewan Métis Justice Review Committee.
SOLLICITEUR GÉNÉRAL CANADA (1988). Questions correctionnelles concernant les Autochtones. Révision du droit correctionnel, document de travail no7.
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TREVETHAN, S., AUGER, S., MOORE, J-P., MACDONALD, M. ET SINCLAIR, J. (2001). Les conséquences du démembrement de la famille sur les détenus autochtones et non autochtones. Rapport de recherche R-113, Service correctionnel Canada.
TREVETHAN, S., TREMBLAY, S. ET CARTER, J. (2000). La surreprésentation des autochtones dans le système de justice. Centre canadien de la statistique juridique, Statistique Canada.
Métis1 | Premières nations | Non-Autochtones | |||||
---|---|---|---|---|---|---|---|
# | % | # | % | # | % | ||
|
|||||||
Total | 64 | 281 | 1382 | ||||
|
|||||||
Établissement | 64 | 281 | 1382 | ||||
Centre de santé régional | 7 | 11% | 17 | 6% | 108 | 8% | |
Centre de réception régional | 2 | 3% | 36 | 13% | 186 | 13% | |
Kwikwèxwelhp | 2 | 3% | 18 | 6% | 14 | 1% | |
Centre correctionnel communautaire Sumas | 1 | 2% | 0 | 0% | 0 | 0% | |
Établissement Ferndale | 5 | 8% | 5 | 2% | 104 | 8% | |
Établissement William Head | 10 | 16% | 29 | 10% | 162 | 12% | |
Établissement Mountain | 10 | 16% | 78 | 28% | 300 | 22% | |
Établissement de Mission | 10 | 16% | 39 | 14% | 220 | 16% | |
Établissement de Matsqui | 6 | 9% | 6 | 2% | 59 | 4% | |
Établissement de Kent | 9 | 14% | 42 | 15% | 168 | 12% | |
Centre correctionnel pour femmes de la C.-B. | 2 | 3% | 5 | 2% | 21 | 2% | |
Autres | 0 | 0% | 6 | 2% | 40 | 3% | |
Sexe | 62 | 281 | 1382 | NS | |||
Hommes | 60 | 97% | 274 | 98% | 1361 | 98% | |
Femmes | 2 | 3% | 7 | 2% | 21 | 2% | |
Âge à l'admission | 62 | 277 | 1380 | * | |||
< 24 | 13 | 21% | 69 | 25% | 257 | 19% | |
25 - 34 | 30 | 48% | 102 | 37% | 497 | 36% | |
35 - 44 | 16 | 26% | 73 | 26% | 379 | 27% | |
45 - 54 | 3 | 5% | 22 | 8% | 179 | 13% | |
55 + | 0 | 0% | 11 | 4% | 68 | 5% | |
Âge moyen | 31.3 yrs | 32.1 yrs; | 34.6 yrs; | *** | |||
État civil à l'admission | 62 | 280 | 1380 | ||||
Célibataire | 29 | 47% | 155 | 55% | 682 | 49% | NS |
Marié/conjoint de fait | 28 | 45% | 107 | 38% | 493 | 36% | NS |
Séparé/divorcé | 4 | 6% | 15 | 5% | 178 | 13% | *** |
Veuf | 1 | 2% | 3 | 1% | 27 | 2% | NS |
Niveau de scolarité à l'admission | 47 | 216 | 999 | *** | |||
Aucun diplôme d'études secondaires | 36 | 77% | 183 | 85% | 681 | 68% | |
Diplôme d'études secondaires | 11 | 23% | 33 | 15% | 318 | 32% | |
Emploi à l'arrestation | 47 | 215 | 1001 | NS | |||
En emploi | 12 | 26% | 51 | 24% | 301 | 30% | |
Sans travail | 35 | 74% | 164 | 76% | 700 | 70% |
Infraction à l'origine de la peine actuelle | Métis (1) | Premières nations | Non-Autochtones | ||||
---|---|---|---|---|---|---|---|
# | % | # | % | # | % | ||
Infraction la plus grave | 62 | 281 | 1382 | ||||
Homicide | 22 | 35% | 106 | 38% | 462 | 33% | NS |
Tentative de meurtre | 2 | 3% | 6 | 2% | 38 | 3% | NS |
Agression sexuelle | 5 | 8% | 55 | 20% | 207 | 15% | * |
Voies de fait | 8 | 13% | 27 | 10% | 103 | 7% | NS |
Vol qualifié | 15 | 24% | 52 | 19% | 342 | 25% | NS |
Autre crime de violence | 0 | 0% | 0 | 0% | 18 | 1% | NS |
Infraction contre les biens | 7 | 11% | 14 | 5% | 104 | 8% | NS |
Conduite en état d'ébriété | 0 | 0% | 2 | 1% | 6 | 0% | NS |
Infractions en matières de drogues | 1 | 2% | 1 | 0% | 41 | 3% | * |
Autre infraction au Code criminel ou à des lois fédérales | 2 | 3% | 18 | 6% | 61 | 4% | NS |
Peine globale moyenne1 | 6.6 yrs | 7.1 yrs | 7.0 yrs | NS |
Métis | Premières nations | Non-Autochtones | |||||
---|---|---|---|---|---|---|---|
# | % | # | % | # | % | ||
Condamnations antérieures comme jeune contrevenant | 45 | 216 | 961 | *** | |||
Oui | 33 | 73% | 143 | 66% | 531 | 55% | |
Non | 12 | 27% | 73 | 34% | 430 | 45% | |
Condamnations antérieures comme adulte | 45 | 217 | 990 | NS | |||
Oui | 41 | 91% | 189 | 87% | 829 | 84% | |
Non | 4 | 9% | 28 | 13% | 161 | 16% | |
Surveillance communautaire antérieure | 45 | 217 | 989 | ** | |||
Oui | 41 | 91% | 172 | 79% | 731 | 74% | |
Non | 4 | 9% | 45 | 21% | 258 | 26% | |
Peine antérieure sous responsabilité provinciale | 45 | 217 | 990 | * | |||
Oui | 38 | 84% | 166 | 76% | 694 | 70% | |
Non | 7 | 16% | 51 | 24% | 296 | 30% | |
Peine antérieure sous respon. fédérale | 45 | 217 | 990 | *** | |||
Oui | 15 | 33% | 66 | 30% | 299 | 30% | |
Non | 30 | 67% | 151 | 70% | 691 | 70% | |
|
|||||||
Échec - Peine communautaire | 45 | 217 | 986 | *** | |||
Oui | 38 | 84% | 154 | 71% | 593 | 60% | |
Non | 7 | 16% | 63 | 29% | 393 | 40% | |
Échec - Mise en liberté sous condition | 45 | 217 | 987 | NS | |||
Oui | 25 | 56% | 97 | 45% | 411 | 42% | |
Non | 20 | 44% | 120 | 55% | 576 | 58% | |
Isolement pour infraction disciplinaire | 44 | 205 | 955 | NS | |||
Oui | 23 | 52% | 78 | 38% | 348 | 36% | |
Non | 21 | 48% | 127 | 62% | 607 | 64% | |
Évasion/tentative/illégalement en liberté | 45 | 216 | 988 | NS | |||
Oui | 18 | 40% | 64 | 30% | 289 | 29% | |
Non | 27 | 60% | 152 | 70% | 699 | 71% | |
Reclass. à un niveau de sécurité supérieur | 44 | 216 | 979 | * | |||
Oui | 18 | 41% | 58 | 27% | 240 | 25% | |
Non | 26 | 59% | 158 | 73% | 739 | 75% | |
< 6 mois depuis la dernière incarcération | 44 | 215 | 990 | NS | |||
Oui | 19 | 42% | 81 | 38% | 321 | 32% | |
Non | 26 | 58% | 134 | 62% | 669 | 68% |
Métis | Premières nations | Non-Autochtones | |||||
---|---|---|---|---|---|---|---|
# | % | # | % | # | % | ||
Niveau de sécurité à l'admission | 56 | 257 | 1189 | NS | |||
Minimale | 4 | 7% | 26 | 10% | 139 | 12% | |
Moyenne | 31 | 55% | 141 | 55% | 697 | 59% | |
Maximale | 21 | 38% | 90 | 35% | 353 | 30% | |
Risque de récidive | 61 | 277 | 1367 | *** | |||
Faible | 0 | 0% | 8 | 3% | 80 | 6% | |
Moyen | 13 | 21% | 45 | 16% | 367 | 27% | |
Élevé | 48 | 79% | 224 | 81% | 920 | 67% | |
Besoin général pour les facteurs dynamiques | 61 | 277 | 1367 | *** | |||
Faible | 0 | 0% | 2 | 1% | 39 | 3% | |
Moyen | 15 | 25% | 49 | 18% | 392 | 29% | |
Élevé | 46 | 75% | 226 | 82% | 936 | 68% | |
Facteurs dynamiques | 61 | 278 | 1353 | ||||
Emploi - un certain besoin/besoin manifeste | 47 | 77% | 202 | 73% | 842 | 62% | *** |
Relations matrimoniales/familiales - un certain besoin/besoin manifeste | 45 | 74% | 223 | 80% | 874 | 65% | *** |
Fréquentations - un certain besoin/besoin manifeste | 51 | 84% | 235 | 85% | 1027 | 76% | ** |
Toxicomanie - un certain besoin/besoin manifeste | 58 | 95% | 260 | 94% | 1034 | 76% | *** |
Collectivité - un certain besoin/besoin manifeste | 43 | 70% | 199 | 72% | 834 | 62% | ** |
Personnelle/affective - un certain besoin/besoin manifeste | 60 | 98% | 275 | 99% | 1322 | 98% | NS |
Attitude - un certain besoin/besoin manifeste | 51 | 84% | 246 | 88% | 1155 | 85% | NS |
Motivation à l'égard de l'intervention | 23 | 56 | 391 | NS | |||
Faible | 6 | 26% | 11 | 20% | 82 | 21% | |
Moyenne | 11 | 48% | 34 | 61% | 222 | 57% | |
Élevé | 6 | 26% | 11 | 20% | 87 | 22% | |
Potentiel de réinsertion sociale | 56 | 254 | 1170 | *** | |||
Faible | 39 | 70% | 194 | 76% | 507 | 43% | |
Moyenne | 13 | 23% | 35 | 14% | 383 | 33% | |
Élevée | 4 | 7% | 25 | 10% | 280 | 24% |
|
|
|
|
Établ. | Mise en lib. sous cond. | Programmes autochtones | Achèvement des prog. | |||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
# | % | # | % | # | % | # | % | |
Ensemble des programmes | 61 | 16 | 38 | 54 | ||||
Maîtrise de la colère | 40 | 66% | 2 | 13% | 20 | 53% | 41 | 76% |
Aptitudes cognitives / compétences psychosociales | 40 | 66% | 2 | 13% | 12 | 32% | 38 | 70% |
Formation | 38 | 62% | 2 | 13% | 5 | 13% | 32 | 59% |
Psychologique | 35 | 57% | 2 | 13% | 1 | 3% | 30 | 56% |
Counseling | 35 | 57% | 2 | 13% | 10 | 26% | 28 | 52% |
Emploi | 34 | 56% | 3 | 19% | 3 | 8% | 26 | 48% |
Culturel | 32 | 52% | 3 | 19% | 21 | 55% | 14 | 26% |
Prélibératoire | 11 | 18% | 1 | 6% | 4 | 11% | 13 | 24% |
Pour délinquants sexuels | 4 | 7% | 0 | 0% | 3 | 8% | 7 | 13% |
Autre | 15 | 25% | 3 | 19% | 4 | 11% | 9 | 17% |
Oui | Non | |||||||
# | % | # | % | |||||
Utilité des programmes | ||||||||
Toxicomanie | 32 | 78% | 9 | 22% | ||||
Maîtrise de la colère | 33 | 85% | 6 | 15% | ||||
Aptitudes cognitives / Compétences psychosociales | 26 | 84% | 5 | 16% | ||||
Formation | 24 | 96% | 1 | 4% | ||||
Psychologique | 5 | 63% | 3 | 38% | ||||
Counseling | 12 | 92% | 1 | 8% | ||||
Emploi | 14 | 93% | 1 | 7% | ||||
Culturel | 15 | 88% | 2 | 12% | ||||
Prélibératoire | 4 | 100% | 0 | 0% | ||||
Pour délinquants sexuels | 1 | 100% | 0 | 0% | ||||
Autre | 8 | 100% | 0 | 0% |
Un certain besoin ou un besoin manifeste | ||||||||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Programmes | Matri/famil. | Toxicomanie | Fonct. dans la collect | Personnelle / affective | Attitude | Fréquentations | Emploi | |||||||
n | % | n | % | n | % | n | % | n | % | n | % | n | % | |
Toxicomanie | 43 | *** | 56 | *** | 43 | *** | 58 | *** | 50 | *** | 49 | *** | 45 | *** |
Non | 11 | 26% | 11 | 20% | 11 | 26% | 13 | 22% | 12 | 24% | 12 | 24% | 9 | 20% |
Oui | 32 | 74% | 45 | 80% | 32 | 74% | 45 | 78% | 38 | 76% | 37 | 76% | 36 | 80% |
Apt. cog./comp.psychos. | * | * | NS | * | ** | ** | ** | |||||||
Non | 14 | 33% | 19 | 34% | 16 | 37% | 20 | 34% | 16 | 32% | 15 | 31% | 14 | 31% |
Oui | 29 | 67% | 37 | 66% | 27 | 63% | 38 | 66% | 34 | 68% | 34 | 69% | 31 | 69% |
Maîtrise de la colère | * | * | NS | * | NS | NS | NS | |||||||
Non | 15 | 35% | 20 | 36% | 16 | 37% | 21 | 36% | 19 | 38% | 18 | 37% | 17 | 38% |
Oui | 28 | 65% | 36 | 64% | 27 | 63% | 37 | 64% | 31 | 62% | 31 | 63% | 28 | 62% |
Formation | NS | NS | NS | NS | NS | NS | NS | |||||||
Non | 19 | 44% | 21 | 38% | 17 | 40% | 23 | 40% | 20 | 40% | 20 | 41% | 17 | 38% |
Oui | 24 | 56% | 35 | 63% | 26 | 60% | 35 | 60% | 30 | 60% | 29 | 59% | 28 | 62% |
Psychologique | NS | NS | NS | NS | NS | NS | NS | |||||||
Non | 16 | 37% | 23 | 41% | 21 | 49% | 24 | 41% | 23 | 46% | 22 | 45% | 18 | 40% |
Oui | 26 | 60% | 32 | 57% | 22 | 51% | 33 | 57% | 26 | 52% | 27 | 55% | 27 | 60% |
Counseling | NS | NS | NS | NS | NS | NS | NS | |||||||
Non | 18 | 42% | 25 | 45% | 20 | 47% | 25 | 43% | 23 | 46% | 23 | 47% | 17 | 38% |
Oui | 25 | 58% | 31 | 55% | 23 | 53% | 33 | 57% | 27 | 54% | 26 | 53% | 28 | 62% |
Emploi | NS | NS | NS | NS | NS | NS | NS | |||||||
Non | 18 | 42% | 26 | 46% | 20 | 47% | 27 | 47% | 22 | 44% | 21 | 43% | 19 | 42% |
Oui | 25 | 58% | 30 | 54% | 23 | 53% | 31 | 53% | 28 | 56% | 28 | 57% | 26 | 58% |
Culturel | NS | NS | NS | NS | NS | NS | NS | |||||||
Non | 22 | 51% | 27 | 48% | 21 | 49% | 28 | 48% | 25 | 50% | 25 | 51% | 22 | 49% |
Oui | 21 | 49% | 29 | 52% | 22 | 51% | 30 | 52% | 25 | 50% | 24 | 49% | 23 | 51% |
Prélibératoire | *** | *** | *** | *** | *** | *** | *** | |||||||
Non | 35 | 81% | 45 | 80% | 35 | 81% | 48 | 83% | 41 | 82% | 40 | 82% | 37 | 82% |
Oui | 24 | 56% | 35 | 63% | 26 | 60% | 35 | 60% | 30 | 60% | 29 | 59% | 28 | 62% |
Pour délinquants sexuels | *** | *** | *** | *** | *** | *** | *** | |||||||
Non | 40 | 93% | 52 | 93% | 40 | 93% | 53 | 91% | 46 | 92% | 47 | 96% | 43 | 96% |
Oui | 2 | 5% | 3 | 5% | 3 | 7% | 4 | 7% | 3 | 6% | 2 | 4% | 2 | 4% |
Autre | *** | *** | *** | *** | *** | *** | *** | |||||||
Non | 32 | 74% | 44 | 79% | 33 | 77% | 44 | 76% | 38 | 76% | 40 | 82% | 38 | 84% |
Oui | 11 | 26% | 12 | 21% | 10 | 23% | 14 | 24% | 12 | 24% | 9 | 18% | 7 | 16% |
|
|
|
|
Caractéristiques des délinquants:
Caractéristiques de l'infraction:
Antécédents criminels:
Facteurs de risque
Évaluation des facteurs dynamiques (à l'admission ET avant la mise en liberté):
Base de données sur les programmes:
Je me prénomme _____________. Je participe à une étude portant sur les besoins des délinquants métis incarcérés dans des établissements correctionnels fédéraux ou dans la collectivité. Vous êtes l'un des détenus que nous interviewerons au cours des prochaines semaines. L'entrevue a pour but d'examiner vos besoins en établissement et dans la collectivité. Ainsi, je vous poserai des questions sur vos antécédents, vos relations actuelles, votre participation aux programmes et vos besoins. S'ajouteront à cette entrevue des renseignements que je tirerai de votre dossier, notamment l'infraction à l'origine de votre peine actuelle, les programmes que vous avez suivis, etc. L'information recueillie servira à favoriser l'élaboration de programmes adaptés aux besoins des délinquants métis.
C'est à titre volontaire que vous participez à cette entrevue, qui est strictement confidentielle. Vous pouvez mettre fin à l'entrevue à tout moment, et si vous préférez ne pas répondre à certaines questions, veuillez me le faire savoir et nous passerons à la suivante. N'hésitez pas à me poser des questions durant l'entrevue si vous souhaitez obtenir des précisions sur certains points.
La durée de l'entrevue est de 60 minutes. Avez-vous des questions? Veuillez signer le présent document confirmant que vous acceptez de participer.
Je vais d'abord vous poser quelques questions générales sur vous, sur les endroits où vous avez vécu et sur vos premiers démêlés avec le système de justice pénale.
Je vais maintenant vous poser quelques questions sur vos premiers démêlés avec la justice.
Je vais maintenant vous poser quelques questions sur les conditions dans lesquelles vous avez grandi et sur votre enfance.
Dans cette section, je vais vous interroger sur les problèmes familiaux que vous avez vécus durant votre enfance.
Dans cette section, je vais vous poser quelques questions sur les rapports que vous entretenez présentement avec votre famille.
Dans cette section, je vais vous poser quelques questions sur les programmes que vous avez suivis pendant que vous étiez incarcéré dans un établissement correctionnel fédéral ou dans la collectivité.
Si le répondant n'a participé à aucun programme alors qu'il était incarcéré ou en liberté conditionnelle, veuillez passer à la question 8.
Dans cette section, je vais vous poser quelques questions sur vos besoins en établissement et dans la collectivité.
Avez-vous des questions? Merci beaucoup de nous avoir consacré de votre temps.
Je me prénomme _____________. Je participe à une étude portant sur les besoins des délinquants métis incarcérés dans des établissements correctionnels fédéraux ou dans la collectivité. Vous êtes l'un des membres de la famille que nous interviewerons au cours des prochaines semaines. L'entrevue a pour but d'examiner les besoins des délinquants métis et des membres de leur famille en établissement ou dans la collectivité. Ainsi, je vous poserai des questions sur les besoins des délinquants et de leur famille. L'information recueillie servira à favoriser l'élaboration des programmes adaptés aux besoins des délinquants métis.
C'est à titre volontaire que vous participez à cette entrevue, qui est strictement confidentielle. Vous pouvez mettre fin à l'entrevue à tout moment, et si vous préférez ne pas répondre à certaines questions, veuillez me le faire savoir et nous passerons à la suivante. N'hésitez pas à me poser des questions durant l'entrevue si vous souhaitez obtenir des précisions sur certains points.
La durée de l'entrevue est de 30 minutes. Avez-vous des questions? Veuillez signer le présent document confirmant que vous acceptez de participer.
Je vais d'abord vous poser quelques questions générales sur vous.
Dans cette section, je vais vous poser quelques questions sur les rapports que vous entretenez avec le délinquant.
Dans cette section, je vais vous poser certaines questions sur les besoins du délinquant en établissement et dans la collectivité.
Je vais maintenant vous poser quelques questions sur vos besoins.
Avez-vous des questions? Merci beaucoup de nous avoir consacré de votre temps.
Nota: Par personnel des établissements, on entend agent de liberté conditionnelle en établissement (ALCE), agent de correction (ACII), surveillant correctionnel, chef d'unité et coordonnateur de programmes.