Étude qualitative de l’automutilation chez les femmes incarcérées

Mots clés

automutilation; détenues; adaptation

Pourquoi avons nous réalisé cette étude?

L’automutilation non suicidaire (ANS) peut être définie comme la destruction délibérée de tissus de l’organisme sans intention de suicide et pour des motifs que la société juge inacceptables; elle englobe les comportements suivants : coupures, ligatures, brûlures, coups, le fait d’avaler des objets pointus ou non digestibles, l’insertion d’objets dans le corps et leur retrait, et le fait de se frapper la tête contre une surface rigide. L’ANS menace gravement la sécurité et le bien-être tant des détenus que des employés du Service correctionnel du Canada. Notre étude avait pour but de faire mieux comprendre les motivations à l’origine de l’ANS chez les femmes incarcérées et les émotions qui y sont associées afin d’orienter les interventions et les stratégies de gestion.

Ce que nous avons fait

Cinquante-six femmes purgeant une peine de ressort fédéral, incarcérées dans sept établissements, ont participé à des entrevues semi-dirigées conçues tout spécialement pour évaluer leurs antécédents d’automutilation.

Ce que nous avons constaté

Cinquante-quatre femmes ont donné au moins une raison pour expliquer leur comportement. La raison la plus souvent mentionnée était de composer avec des émotions négatives. La deuxième raison était de faire connaître leurs problèmes aux autres et d’exprimer leur besoin d’aide.

Cinquante-deux femmes ont fourni de l’information sur les émotions qu’elles avaient ressenties avant et après l’automutilation. Les émotions qui précèdent le plus souvent un acte d’ANS sont la colère, la dépression et l’anxiété. Après s’être mutilées, elles sont le plus souvent envahies par des sentiments de soulagement ou, dans une moindre mesure, par des sentiments de regret.

Dix-sept participantes ont établi un rapport entre l’ANS et la consommation d’alcool ou d’autres drogues, même si la toxicomanie ne faisait pas partie du protocole d’entrevue initial. Dix des 17 participantes ont indiqué que leur consommation de drogues ou d’alcool était en cause dans un acte d’ANS ou en augmentait la fréquence, tandis que sept ont dit que la consommation abusive d’alcool ou d’autres drogues réduisait la fréquence de leurs actes d’automutilation non suicidaire ou servait de substitut à ces actes.

Dans de nombreux cas, les participantes ont abordé spontanément la question des stratégies d’adaptation ou de substitution à l’ANS et, au fil du temps, les intervieweuses se sont mises à poser des questions sur ce sujet. Vingt-quatre femmes ont dit avoir commencé à utiliser des stratégies d’adaptation autres que l’ANS pour composer avec le stress ou les émotions négatives. L’expression adéquate des émotions, les techniques de relaxation et les distractions telles que la lecture, l’exercice physique et les travaux artistiques, figurent parmi les stratégies d’adaptation les plus souvent mentionnées.

Ce que cela signifie

L’étude permet de mieux comprendre le phénomène de l’ANS chez les détenues sous responsabilité fédérale. Bon nombre de ces femmes ont pu acquérir des stratégies alternatives d’adaptation, souvent dans le cadre de programmes offerts en établissement, comme la thérapie comportementale dialectique (TCD). Les résultats donnent à penser que celles qui risquent de se mutiler auraient intérêt à être initiées aux stratégies de remplacement. Ces stratégies sont compatibles avec le contenu actuel des programmes correctionnels et pourraient donc être intégrées dans les interventions de base existantes.

Pour de plus amples renseignements

Power, J. et Usher, A. Étude qualitative de l’automutilation chez les femmes incarcérées, Ottawa (Ontario), Service correctionnel du Canada.

Pour vous procurer une version PDF du rapport intégral, veuillez en faire la demande à l’adresse suivante : recherche@csc-scc.gc.ca

Préparé par : Jenelle Power

Pour nous joindre

Direction de la recherche

613-996-3287