Étude qualitative du comportement automutilatoire des délinquants de sexe masculin

Pour obtenir une version PDF du rapport intégral, veuillez écrire à l'adresse suivante : recherche@csc-scc.gc.ca

Mots clés

délinquants de sexe masculin, comportement automutilatoire, suicide, santé mentale

Pourquoi nous avons effectué cette étude

L'automutilation non suicidaire (ANS) peut être définie comme toute forme de blessure corporelle ou de défigurement qu'une personne s'inflige délibérément sans intention suicidaire et pour des motifs qui ne sont pas considérés acceptables par la société. L'ANS englobe des comportements tels que les coupures, l'utilisation de liens (strangulation), les brûlures, les coups sur le corps, le fait d'avaler des objets coupants ou non digestibles, de s'insérer des objets dans le corps et de les retirer, et le fait de se frapper la tête contre une surface rigide. L'ANS menace gravement la sécurité et le bien-être des délinquants et des employés du Service correctionnel du Canada (SCC). L'objet de la présente étude était de mieux comprendre les motivations, les émotions et les événements déclencheurs associés à l'ANS chez les délinquants de sexe masculin afin d'être en mesure de concevoir des interventions et des stratégies de gestion efficaces.

Ce que nous avons fait

Cent quatre délinquants purgeant une peine de ressort fédéral ont participé à des entrevues semi dirigées conçues pour évaluer en profondeur leurs antécédents d'ANS. Ces délinquants ont été recrutés dans un établissement à sécurité moyenne et un établissement à sécurité maximale de chacune des cinq régions du Canada.

Ce que nous avons trouvé

La raison le plus souvent citée pour expliquer les épisodes d'automutilation était l'adaptation. Près de 60 % des participants ont dit avoir eu recours à l'ANS pour se libérer d'émotions négatives ou pour modérer leur humeur d'une certaine façon. Le deuxième motif le plus souvent mentionné était l'exercice d'une influence sur l'établissement, c'est-à-dire utiliser l'ANS pendant l'incarcération pour exercer un contrôle ou obtenir une gratification externe. Parmi les participants qui s'étaient mutilés pour la première fois dans un établissement du SCC, l'exercice d'une influence sur l'établissement était la motivation le plus souvent mentionnée.

Les émotions le plus souvent ressenties par les délinquants (plus des deux tiers de l'échantillon) avant leurs épisodes d'automutilation étaient la colère ou la frustration, suivies de la dépression ou la tristesse. Quatre-vingt-douze délinquants ont décrit les émotions qu'ils avaient éprouvées après s'être mutilés. L'émotion le plus souvent ressentie était le soulagement, suivi du regret. Environ 14 % des délinquants ont dit s'être mutilés après avoir été placés en isolement, et près de 13 % l'avaient fait à la suite d'un conflit interpersonnel, comme un problème avec une partenaire intime ou un membre de la famille.

Un quart des participants ont dit avoir commencé à utiliser un moyen plus approprié que l'automutilation pour se libérer de leurs émotions négatives, comme parler à quelqu'un, écrire ou participer à des programmes. Environ 18 % des délinquants ont dit se concentrer sur des expériences positives et sur la pensée positive comme solution de rechange à l'ANS.

Ce que cela signifie

Cette étude confirme qu'il faut offrir aux délinquants qui se mutilent des évaluations et des traitements qui tiennent compte du moment où ils ont commencé à se mutiler et des motivations qui sont à l'origine de ce comportement, qui varient beaucoup selon les délinquants. Cette étude montre que certaines des motivations à l'origine de l'ANS diffèrent entre les hommes et les femmes. Comme la majorité des délinquants sous responsabilité fédérale ont dit avoir eu recours à l'ANS comme moyen d'adaptation, les interventions pourraient comprendre l'enseignement aux délinquants de stratégies d'adaptation appropriées. Lorsqu'on évalue les comportements d'ANS chez les délinquants, il faudrait examiner la possibilité qu'ils adoptent ce genre de comportement pour exercer une influence sur l'établissement, en particulier ceux qui commencent à se mutiler après avoir été admis dans un établissement du SCC.

Pour de plus amples renseignements

Power, J., Beaudette, J. et Usher, A. (2012). Étude qualitative du comportement automutilatoire des délinquants de sexe masculin. Rapport de recherche R-269, Ottawa (Ontario), Service correctionnel du Canada.

Pour obtenir une version PDF du rapport intégral, veuillez écrire à l'adresse suivante : recherche@csc-scc.gc.ca

Préparé par : Jenelle Power

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