Effets bénéfiques des médicaments psychotropes chez les délinquants sexuels qui présentent un risque ou des besoins élevés

Mots clés

délinquants sexuels, médicaments psychotropes, récidivisme, traitement, diagnostic psychiatrique

Contexte

Chez les délinquants sexuels, la présence d'un trouble mental est la norme plutôt que l'exception. Cependant, peu de recherches ont été réalisées sur la mesure dans laquelle la prise de médicaments psychotropes facilite le traitement de ces cas complexes et perturbés. Les résultats de la recherche confirment que les psychotropes contribuent à réduire la détresse psychologique de la personne et lui permettent de fonctionner suffisamment bien au quotidien pour qu'il lui soit possible de mener à bien un programme de traitement des délinquants sexuels. Il faut accroître les connaissances, plus particulièrement en ce qui concerne les délinquants sexuels qui présentent un risque ou des besoins élevés, sur la fréquence des troubles mentaux, les tendances en ce qui a trait aux médicaments prescrits et sur les effets bénéfiques mentionnés des psychotropes.

Ce que nous avons fait

Les données utilisées pour l'étude concernent des patients admis à l'unité de traitement Clearwater pour délinquants sexuels (à Saskatoon) entre 1995 et 2001. Ce programme de traitement de 48 places donné dans un établissement du Service correctionnel du Canada est conçu pour les délinquants qui présentent un risque et des besoins criminogènes élevés et dont la réceptivité est faible. Après un traitement de six à huit mois, le délinquant retournait à son établissement. Le programme suit une orientation « biopsychosociale », ce qui veut dire qu'il traite des troubles médicaux et psychiatriques et comporte des programmes de prévention des rechutes et de lutte contre la délinquance sexuelle fondés sur une approche cognitive. Pendant la période couverte par l'étude, 365 délinquants sexuels ont suivi le programme, ce qui représente 412 admissions. L'âge moyen était de 37,4 ans et 80 % des délinquants avaient entre 25 et 50 ans.

Ce que nous avons constaté

Les troubles les plus fréquents de l'AxeI (DSM-IV) étaient les troubles de toxicomanie (75 %), la paraphilie et les troubles paraphiliques (34%) ainsi que les troubles de l'humeur (18 %). Pour ce qui est de l'Axe II, les plus courants étaient le trouble de la personnalité antisociale (36 %) et le trouble de la personnalité non spécifié (29 %). On a constaté qu'il y avait un lien étroit entre le nombre de réadmissions et le nombre de troubles concomitants diagnostiqués chez les délinquants: ceux qui ont fait l'objet de trois diagnostics ont été réadmis au programme dans 31 % des cas. La moitié de tous les médicaments prescrits (49 %) étaient des antidépresseurs de divers types (inhibiteurs de la monoamine-oxydase, inhibiteurs sélectifs du recaptage de la sérotonine [ISRS], tricycliques, et autres) alors que les antipsychotiques de première et deuxième génération représentaient 23 % de tous les médicaments prescrits. Au cours de la période visée par l'étude, il y a eu une augmentation de la prescription d'ISRS, laquelle a plus que doublé. Une échelle de Likert a été utilisée pour évaluer l'avantage thérapeutique du recours aux médicaments. Lorsqu'on a demandé aux patients si les médicaments avaient des effets bénéfiques, ils se sont dits d'accord ou tout à fait d'accord, mais le degré de satisfaction variait d'un médicament à l'autre: pour les ISRS, 52 %, pour les antipsychotiques classiques, 44 %, pour les antidépresseurs tricycliques, 42 %, et pour les antipsychotiques atypiques, 40 %. Parmi un sous-groupe de 35délinquants auxquels desISRS ont été prescrits pour une déviance sexuelle particulière, 79 % ont affirmé que le médicament avait un effet bénéfique.

Ce que cela signifie

Il se peut qu'il soit possible d'améliorer les résultats du traitement des délinquants sexuels en tenant compte du rôle des psychotropes et en l'évaluant. Les symptômes des maladies mentales peuvent entraîner, exacerber, empêcher ou masquer la déviance sexuelle. Les médicaments peuvent aider à réduire ou à maîtriser les fantasmes déviants et ils peuvent aussi contribuer à réduire les préoccupations d'ordre sexuel, ce qui permet au patient d'être plus attentif au personnel qui le traite et de concentrer davantage sur la matière présentée.

Préparé par : Dr Mansfield Mela

Pour de plus amples renseignements

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