La différence entre la tentative de suicide et l’automutilation non suicidaire

Mots clés

tentative de suicide, automutilation non suicidaire, suicide chez les délinquants

Ce que nous avons examiné

L’automutilation non suicidaire (AMNS) se définit comme une blessure physique ou un défigurement qu’un individu s’inflige délibérément sans intention de se suicider, et pour une raison qui n’est pas acceptée par la société. Dans le domaine de la recherche et dans la pratique, l’AMNS et la tentative de suicide sont souvent considérées comme un même type de comportement, mais il y a certains débats à savoir s’il s’agit ou non de comportements différents. Nous avons effectué une analyse documentaire afin de déterminer si l’AMNS et la tentative de suicide sont des types de comportement distincts.

Ce que nous avons constaté

Des données probantes appuient le fait que la tentative de suicide et l’AMNS sont des types de comportement distincts. Les délinquants qui font des tentatives de suicide présentent des symptômes et des antécédents cliniques différents de ceux qui commettent des actes d’AMNS.

Les raisons exprimées par les personnes qui commettent des tentatives de suicide et des actes d’AMNS ne sont pas les mêmes, bien qu’il y ait un certain recoupement. Comme le nom l’indique, la tentative de suicide est faite par quelqu’un qui a l’intention de s’enlever la vie, contrairement à l’AMNS. Selon une étude, les raisons menant à l’AMNS sont souvent d’exprimer de la colère, de se punir, de produire un sentiment d’état normal, ou de se distraire, alors que celles conduisant aux tentatives de suicide étaient souvent de ne plus importuner les autres. Les deux types de comportements visaient toutefois à fuir des émotions négatives ou à s’en libérer.

Certaines caractéristiques personnelles distinguent les personnes qui tentent de se suicider et celles qui commettent des actes d’AMNS. Celles qui tentent de se suicider présentent généralement plus de symptômes de dépression et expriment plus de colère et d’agressivité. Celles qui commettent principalement des actes d’AMNS tendent à faire preuve de plus d’instabilité émotionnelle et de versatilité. L’idéation suicidaire est un signe précurseur de tentatives de suicide, alors que ce n’est pas le cas de l’AMNS.

Il y a une corrélation entre la tentative de suicide et l’AMNS. Les personnes qui commettent des actes d’AMNS présentent un risque plus élevé de suicide que celles qui n’en commettent pas, mais ce risque demeure très faible (environ de 3 % à 7 % des personnes qui commettent des actes d’AMNS se suicident un jour). Le risque de décès par suicide est plus élevé pour les personnes qui ont déjà fait des tentatives de suicide. On a constaté qu’environ la moitié des délinquants qui se sont suicidés avaient fait au moins une tentative auparavant.

Ce que cela signifie

L’AMNS et la tentative de suicide sont des types de comportement distincts. Afin de traiter et de gérer efficacement ces deux types de comportement, ils ne devraient pas être placés dans le même groupe. Les différences de leurs caractéristiques ainsi que des motivations et des objectifs qui les sous-tendent semblent indiquer que des approches différentes pourraient être requises.

Bibliographie

BROWN, M. Z., K. A. Comtois et M. M. Linehan. « Reasons for Suicide Attempts and Nonsuicidal Self-Injury in Women With Borderline Personality Disorder », Journal of Abnormal Psychology, vol. 111, no 1 (2002), p. 198-202.

FULWILER, C., C. Forbes, S. L. Santangelo, et M. Folstein. « Self-mutilation and suicide attempt: distinguishing features in prisoners », Journal of the American Academy of Psychiatry and the Law, vol. 25, no 1 (1997), p. 69-77.

HAWTON, K., D. Zahl et R. Weatherall. « Suicide following deliberate self-harm: Long term follow-up of patients who presented to a general hospital », British Journal of Psychiatry, no 182 (2003), p. 537-542.

KLONSKY, E.D et J. J. Muehlenkamp. « Self-injury: A research review for the practitioner », Journal of Clinical Psychology: In Session, vol. 63, no 11 (2007), p. 1045-1056.

OWENS, D., J. Horrocks et A. House. « Fatal and non-fatal repetition of self-harm », British Journal of Psychiatry, no 181 (2002), p. 193-199.

Wichstrom, L. « Predictors of non-suicidal self-injury versus attempted suicide: Similar or different? », Archives of Suicide Research, no 13 (2009), p. 105-122.

Préparé par : Jenelle Power et Amelia Usher

Pour nous joindre

Direction de la recherche
613-996-3287
recherche@csc-scc.gc.ca