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Compendium 2000 des programmes correctionnels efficaces

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CHAPITRE 12

Ce que sera la politique de demain sur les jeunes contrevenants à la lumière des travaux de recherche actuels

ALAN W. LESCHIED1


On en sait beaucoup plus qu’avant sur la gestion et le traitement des jeunes contrevenants. Des progrès ont été faits sur les plans de la description des interventions efficaces et des méthodes de prestation des services, de même que de la définition des caractéristiques des délinquants chroniques ou persistants. Nous résumons ci-après les principaux facteurs de risque chez les adolescents.

Avant de pouvoir élaborer des stratégies générales d’évaluation du potentiel criminogène des adolescents, il faut avoir pris connaissance des travaux sur le risque. Suivant le principe du classement des cas selon le risque,2 la connaissance du risque et sa mesure peuvent contribuer à une meilleure planification des cas et au choix d’objectifs plus appropriés. D’après Hoge et Andrews (1996), l’évaluateur doit faire des hypothèses constructives concernant le niveau de risque général pour déterminer l’intensité de l’intervention, et bien délimiter les zones de risque afin de garantir la pertinence de la planification de cas et du choix des objectifs pour que le traitement soit approprié. À l’heure actuelle, il existe différents systèmes et mesures de classement dont il sera question dans ce chapitre.

DES PROGRAMMES PROMETTEURS

Ces dix dernières années, les méta-analyses des travaux sur le traitement des jeunes contrevenants ont largement contribué à faire comprendre que le débat concernant l’inefficacité des mesures correctionnelles à l’endroit des jeunes contrevenants est maintenant clos. On cherche maintenant à répondre aux questions suivantes : qu’est-ce qui donne des résultats et auprès de qui, et qu’est-ce qu’il faut faire pour que d’autres administrations puissent mettre à profit les connaissances existantes sur les programmes efficaces ?3

Les conclusions des méta-analyses

La méta-analyse consiste en une analyse comparative d’ordre statistique des types de traitement offerts, de la clientèle visée et des résultats atteints. La validité de la méta-analyse n’est limitée que par le nombre des études retenues et par leur qualité. Heureusement, on dispose aujourd’hui d’un assez grand nombre d’études de qualité sur les programmes de traitement des jeunes contrevenants pour qu’il soit possible d’en tirer des conclusions utiles, quoique Lösel (1995) soit d’avis qu’il faut se garder de trop généraliser en cette matière.

Dans deux analyses distinctes, Lipsey arrive à la conclusion que l’ampleur globale des effets, c’est-à-dire du rapport entre le traitement et la réduction de la récidive, se situe entre 20 et 40 % quand la comparaison est faite avec des groupes témoins n’ayant pas suivi de traitement, et est à peine plus faible quand celle-ci est faite avec des groupes bénéficiaires d’une catégorie quelconque de «service normal» (Lipsey, 1992; Lipsey & Wilson, 1997).Les travaux de Lipsey font état d’ampleurs d’effets plus fortes au regard des variables suivantes : cas présentant un risque plus élevé, traitement de plus longue durée et traitement pluridisciplinaire axé sur le comportement, la prestation des services ayant une orientation davantage «sociologique» que «psychologique».

Le traitement en établissement par opposition au traitement dans la collectivité

Dans leur analyse ultérieure, Lipsey et Wilson (1997) tiennent compte de l’endroit où le traitement est suivi, en établissement ou dans la collectivité, au moment de déterminer les caractéristiques des programmes efficaces. Il s’agit d’une distinction cruciale, le débat sur l’efficacité des politiques relatives à la justice applicable aux jeunes portant essentiellement sur l’importance de l’incarcération pour la sécurité de la collectivité. Lipsey et Wilson arrivent à la conclusion que les contributions de certaines composantes diffèrent selon l’endroit où le traitement est suivi. Les facteurs contribuant à l’efficacité des programmes en établissement et dans la collectivité sont présentés au Tableau 12.1.

TABLEAU 12.1 Facteurs contribuant à l’efficacité du traitement suivi par les jeunes contrevenants en établissement et dans la collectivité

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Traitement en établissement Traitement dans la collectivité
.
Formation en relations interpersonnelles Formation en relations interpersonnelles
Enseignement du modèle familial Counseling individual ou collectif
Services pluridisciplinaires Services pluridisciplinaires
Programmes axés sur le comportement Dédommagement/probation
Counseling individual ou collectif Programmes d’emploi/d’études
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À partir de l’ampleur des effets calculée pour l’ensemble des programmes dispensés tant en établissement que dans la collectivité, on peut dire que les trois facteurs les mieux notés sont la formation en relations interpersonnelles, le counseling individuel et les programmes de traitement axés sur le comporte-ment. Les services pluridisciplinaires et le dédommagement que doivent offrir les jeunes en probation font partie d’un deuxième groupe de facteurs dont la contribution, tout en étant moindre, demeure importante.

Andrews et al. (1990; 1992) arrivent sensiblement aux mêmes conclusions que Lipsey. Leur analyse est néanmoins plus spécifique quant au bon ciblage des interventions (selon le risque), et au perfectionnement croissant des modes et des genres d’intervention, soulignant l’importance de privilégier des interventions cognitivocomportementales. Dans une perspective plus générale, Andrews et al. sont d’avis qu’un programme prometteur doit présenter les caractéristiques suivantes :

  • Recours à une évaluation systématique faisant ressortir les facteurs relatifs à la criminalité;
  • Intégrité des thérapies;
  • Contribution à la prévention de la rechute;
  • Bon ciblage;
  • Recours à des modes de traitement appropriés.

Dans leur Répertoire d’évaluation des programmes correctionnels (REPC), Andrews et Gendreau (1998) établissent la mesure dans laquelle les principes de l’efficacité s’appliquent pour un programme donné en se fondant sur les résultats empiriques des méta-analyses.

Malgré des résultats encourageants, Lösel (1995) juge opportun de faire une mise en garde. Tout en reprenant bon nombre des principales constatations de Lipsey et Andrews, ses conclusions, à caractère un peu plus préliminaire, méritent que l’on s’y arrête. D’après Lösel, si les liens établis avec l’efficacité des interventions sont clairement positifs, ceux-ci demeurent faibles par rapport au pourcentage de variation attribuable à des erreurs ou à des facteurs dont les évaluations ne tiennent pas compte. Selon lui, le besoin s’impose de faire des recherches sur :

  • Les effets différentiels des caractéristiques des contrevenants;
  • Les variables à deux dimensions telles que la psychopathie, qui semblent influer sur l’importance des conséquences favorables;
  • La non-reprise de programmes dont l’efficacité est démontrée.

LES TRAVAUX SUR L’INTERVENTION PRÉCOCE ET LA PRÉVENTION

Dans son analyse de programmes prometteurs, Greenwood (1999) note que des interventions précoces bien ciblées auprès des enfants peuvent donner des résultats mesurables qui, dans certains cas, demeurent pendant quelque temps après la fin du programme. Par ailleurs, si les travaux portant sur les résultats cliniques et sur le rapport coût-efficacité continuent de favoriser l’intervention précoce et la prévention, des sondages d’opinion récents semblent confirmer l’importance d’agir tôt. D’après Cullen et al. (1998), le public est plus en faveur de l’intervention précoce que de l’incarcération, un résultat plutôt étonnant. Le gouvernement canadien est sensibilisé à la question au point de s’être doté d’un Conseil national de prévention du crime et de s’être engagé à affecter d’importantes sommes à l’élaboration de stratégies de prévention de la criminalité. Le Conseil canadien de développement social a créé un comité consultatif chargé de faciliter l’établissement d’objectifs prioritaires en matière de prévention de la criminalité.

DES PROGRAMMES ADAPTÉS AUX BESOINS DE LA CLIENTÈLE

Les travaux sur les interventions précoces se divisent en deux grandes catégories. D’un côté, il y a ceux qui mettent l’accent sur l’âge au moment de l’intervention. De l’autre, il y a ceux qui portent sur la nature ou l’importance de l’intervention, dont les auteurs se demandent s’il vaut mieux opter pour des programmes adaptés aux besoins de groupes particuliers, ou pour des programmes destinés à une catégorie générale de personnes.

L’âge considéré comme un prédicteur de risque

Les travaux sur la prédiction traitent de l’âge auquel il convient d’intervenir. Les conclusions de Bronfrenbrenner (1979), Farrington (1995) et Patterson (1992) sont utiles parce qu’elles fournissent des contextes de développement permettant de comprendre l’importance de certains facteurs liés aux troubles de conduite. Par exemple, les difficultés d’apprentissage chez les jeunes enfants peuvent se manifester sous forme d’absentéisme dans les années intermédiaires du cycle élémentaire, ce qui pourrait faire ressortir le besoin d’évaluations précoces de l’apprentissage ou de programmes généraux de dépistage en milieu scolaire. Dans son étude intitulée Prévenir le crime en investissant dans les familes : Promouvoir des apports positifs pour les enfants de six à douze ans, le Conseil national de prévention du crime (1996) propose un modèle de prévention de la délinquance en fonction de l’âge pouvant faciliter l’établissement d’objectifs de prévention. Ce modèle est présenté au Tableau 12.2.

TABLEAU 12.2 Modèle de prévention du crime : de la période prénatale à l’âge de six ans

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Niveau Objectifs Moyens
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Période prénatale Promouvoir la santé des bébés Préparation des parents, soutien aux parents
À la naissance Favoriser la création de liens d’affection et prévenir les mauvais traitements à l’égard des enfants Visites et soutien à domicile, dépistage précoce des difficultés
Dans la famille Augmenter la cohésion des familles et aider les parents à mieux jouer leur rôle Diverses formes de soutien aux parents et aux familles
Petite enfance/période préscolaire Favoriser le développement cognitif et social et réduire le comportement agressif Services de garde et d’éducation, avec la participation de la famille, pour les enfants dont les parents ont besoin d’aide, actions sociétales et communautaires pour prévenir la violence
À l’école Améliorer le rendement scolaire Initiatives en milieu scolaire
.
Source : Conseil national de prévention du crime, Prévenir le crime en investissant dans les familes, mai 1997.

Outre le modèle d’intervention précoce du Conseil national de prévention du crime, on trouve dans la littérature de nombreux autres modèles tenant compte du stade de développement. Ces modèles posent tous en principe que l’âge est une variable importante pouvant faciliter l’établissement d’objectifs selon la nature et le genre d’intervention préconisée. Une autre façon de conceptualiser la prévention et l’intervention précoce consiste à déterminer si les objectifs d’intervention sont d’importance primaire ou tertiaire. La prévention primaire répond au besoin de «traiter» toutes les personnes faisant partie d’une catégorie générale, la prévention/intervention tertiaire laissant présumer que seul un groupe désigné à l’intérieur d’une certaine catégorie de personnes bénéficierait de l’intervention proposée. Cette distinction s’est révélée avoir une réelle importance. Les publications Pour un Ca nada plus sûr : guide de prévention communautaire du crime et Étape par étape : évaluation des eforts de prévention du crime au sein de votre collectivité, du Ministère canadien de la Justice, fournissent des renseignements utiles sur les efforts de prévention dans le contexte du développement communautaire.

Tremblay et West (1995) résument bien la situation. Dans leur excellente analyse intitulée Developmental crime prevention (p. 224-225), ces auteurs arrivent à la conclusion suivante : «[traduction]…il est plus profita ble d’investir dans des programmes de prévention au stade de la petite enfance (à la période préscolaire) dans les familes à risque que d’investir dans des programmes de prévention à un stade ultérieur (par exemple à l’adolescence) dans ces mêmes familes… La stratégie de prévention est censée réduire les ressources que doivent affecter nos systèmes d’éducation, de santé et de justice aux services correctifs.»

INTERVENTIONS PARTICULIÈRES ET QUESTIONS RELATIVES À LA PRESTATION DE SERVICES

Interventions dans la collectivité

Dans les méta-analyses dont font état aussi bien Andrews et Bonta (1998) que Lipsey et Wilson (1997), les ampleurs d’effets liées à des résultats plus efficaces sont caractéristiques des programmes offerts dans la collectivité par opposition aux programmes offerts en établissement. Selon Henggeler (1989), cet état de choses s’explique en partie par la nature et la qualité des interactions que vivent les adolescents à cause des influences sociales qui s’exercent sur eux. Un programme est efficace dans la mesure où il influe sur les facteurs sociaux susceptibles d’entrer en interaction avec les aptitudes (aptitude à résoudre des problèmes, croyances et attitudes) d’un adolescent donné. On accorde donc maintenant une attention particulière aux interventions qui influent sur les milieux où se retrouvent les grands prédicteurs de risque de délinquance, c’est-à-dire sur la famille, les pairs et l’école.

La Thérapie multi-systémique

La Thérapie multi -systémique (TMS) correspond à l’application uniforme de principes correspondant aux connaissances dont font état les études sur les jeunes contrevenants. Si certains chercheurs estiment que la TMS n’offre rien de neuf, c’est dans la façon dont cette thérapie est dispensée que s’est révélée son efficacité auprès des jeunes à risque élevé. Conformément au principe du classement des cas selon le risque, la TMS vise à influer sur les principaux facteurs de risque criminogènes par l’application de stratégies appropriées d’intervention pluridisciplinaire.

En plus de se fonder sur les connaissances exposées dans les études sur les jeunes contrevenants, la TMS a fait l’objet d’une série d’essais cliniques aléatoires comportant des périodes de suivi.4

Si la TMS correspond à des interventions dont l’efficacité est démontrée, c’est par la façon dont elle est appliquée dans le cadre d’un ensemble donné de principes que cette thérapie se distingue des autres. Voici les neuf principes servant à mesurer l’adhésion au modèle de la TMS :

  • L’évaluation vise essentiellement à établir la correspondance entre les problèmes et le contexte général dans lequel ceux-ci se manifestent.
  • Les contacts thérapeutiques doivent mettre l’accent sur les éléments positifs et tirer parti des forces systémiques en faveur du changement.
  • Les interventions doivent encourager les comportements responsables et décourager les comportements irresponsables des membres de la famille.
  • Adaptées à la situation du moment, les interventions doivent viser activement la recherche de solutions à des problèmes précis et bien définis.
  • Les interventions doivent s’appliquer à des comportements à l’intérieur des systèmes où les problèmes perdurent, ou entre ces systèmes.
  • Les interventions doivent être adaptées au stade de développement de la clientèle et répondre aux besoins des jeunes.
  • Les interventions doivent prévoir un apport quotidien ou hebdomadaire des membres de la famille.
  • L’efficacité des interventions est évaluée de façon continue selon différents points de vue, les dispensateurs de services devant rendre compte des mesures prises pour surmonter les obstacles à l’atteinte des résultats escomptés.
  • Les interventions doivent favoriser la généralisation des traitements et la permanence des changements thérapeutiques en donnant aux dispensateurs de services les moyens de répondre aux besoins des membres de la famille dans des contextes systémiques différents.

Finalement, le modèle de la TMS pourrait être utile aux systèmes de justice applicable aux jeunes et de santé mentale des enfants grâce à l’élaboration de manuels et de programmes de formation qui en faciliteraient l’application. Parmi les programmes visant à faire connaître le modèle, signalons un essai clinique aléatoire d’une durée de quatre ans, en cours en Ontario depuis plus d’un an. Cet essai est réalisé en quatre endroits, dans des milieux différents. Les thérapeutes et les surveillants qui y prennent part ont suivi des séances intensives de formation et de consultation propres à l’application du modèle de la TMS. Cet essai qui ressemble aux essais cliniques réalisés aux États-Unis fait l’objet d’une évaluation rigoureuse (voir Leschied & Cunningham, 1998a; 1998b).

Les interventions axées sur le processus cognitivo-comportemental

Le Traitement cognitivo-comportemental (TCC) des jeunes contrevenants a suscité énormément d’intérêt au moins pour trois raisons : les études à caractère général sur les interventions efficaces auprès des enfants et des adolescents sont favorables à ce mode de traitement; les facteurs de risque relatifs aux attitudes, aux croyances et aux valeurs se sont révélés être très fortement liés au comportement anti-social; et des méta-analyses récentes ont prouvé que le TCC s’impose comme le meilleur traitement sur le plan de l’efficacité, par rapport aux influences habituelles des interventions psychodynamiques, médicales et comportementales.

Le TCC s’entend des interventions qui font le lien entre la pensée et le comportement. Voici ce qu’en dit Hollin (1990) : «[Traduction] La position cognitivo-comportementale reconnaît l’importance des influences du milieu tout en cherchant à intégrer le rôle des connaissances dans la compréhension du comportement. Les connaissances jouent un rôle de médiation entre le monde extérieur et le comportement manifeste; elles sont vues comme déterminant queles influences du milieu sont prises en compte, comment celles-ci sont perçues, et dans quele mesure elles pourraient influer sur le comportement.»

L’intérêt qu’a suscité le TCC s’explique non seulement par les résultats décevants des interventions médicales (manque général d’appuis empiriques) et comportementales (manque d’appuis au regard de la permanence des résultats et de la généralisation), mais aussi par les hypothèses théoriques générales concernant la compréhension socio-psychologique de la recherche étiologique sur le développement de la délinquance. Selon ces analyses théoriques, l’interaction de la personne avec les systèmes susceptibles d’influer sur les attitudes et, ultérieurement, sur le comportement pourrait accroître la valeur explicative des études sur la prévision et l’évaluation. Le fait de comprendre comment les enfants et les adolescents assimilent leur expérience peut non seulement aider à expliquer le comportement mais aussi contribuer à savoir comment modifier les conséquences sur le plan du comportement. Ces conséquences peuvent encourager les jeunes à remplacer progressivement leurs attitudes caractéristiques d’un comportement antisocial par des raisonnements et des attitudes caractéristiques d’un comportement prosocial. Selon Finch, Nelson et Ott (1993), l’intérêt croissant que suscite généralement le TCC dans les études portant sur les interventions auprès des enfants et des adolescents peut être attribué entre autres aux facteurs suivants :

  • Les preuves de plus en plus nombreuses que le processus de pensée influe sur le comportement.
  • Le fait que les explications habituelles sur la théorie stimulus-réponse ne peuvent expliquer tous les comportements.
  • Le fait que les processus de pensée peuvent expliquer les modifications de comportement.
  • Le fait que les méthodes opérantes n’ont pas prouvé de façon convaincante que les théories de stimulus-réponse peuvent expliquer la généralisation et le maintien.

Andrews et al. traitent de l’aspect de la pertinence clinique d’importantes décisions touchant la gestion de cas. On parle de décisions pertinentes sur le plan clinique quand la décision de bien cibler ou prioriser certains comportements/systèmes à modifier est liée au profil de risque de l’intéressé. Compte tenu de l’importance accordée aux attitudes dans les analyses sur la prédiction appliquée aux jeunes contrevenants, il semble tout à fait logique que les dispensateurs de services s’attachent prioritairement à cibler les connaissances.

Parallèlement aux progrès du TCC sur le plan des interventions efficaces auprès des enfants et des adolescents en général, il existe maintenant de nombreux programmes de formation des intervenants correctionnels auprès des jeunes tant en établissement que dans la collectivité (voir par exemple le matériel de formation produit par la London Family Court Clinic, Baker & Leschied, 1997; Baker, 1998). Parmi les programmes de TCC visant certaines catégories de contrevenants ou d’infractions, mentionnons : le programme Choices mis au point par Ross et Fabiano (1985), qui vise des infractions à caractère général; le programme de formation sur le remplace-ment de l’agressivité élaboré par Goldstein et al. (1987), qui conjugue l’intervention psychoéducative, le groupement par aptitudes et l’éducation morale pour réduire l’agressivité chez les jeunes à risque élevé; et le traitement des délinquants sexuels visant le contrôle de l’excitation sexuelle par la restructuration cognitive, un programme décrit dans l’étude de Ryan et Lane (1991). Les interventions privilégiant le TCC s’inscrivent normalement dans une stratégie globale qui mise aussi fréquemment sur la participation des systèmes dans le cadre d’une thérapie familiale et peut être mise en application dans la collectivité ou en établissement.

INTERVENTIONS DIRIGÉES AUPRÈS DES JEUNES VIOLENTS, DES TOXICOMANES ET DES DÉLINQUANTS SEXUELS

Programmes d’intervention auprès des jeunes violents

La violence ou l’agressivité chez les jeunes est un phénomène jugé plus complexe et variable que ne l’est le comportement anti-social, dont la base est stable. L’idée fausse selon laquelle l’agressivité chez l’enfant/l’adolescent serait constituée d’éléments indissociables pourrait bien expliquer en bonne partie pourquoi il est difficile de trouver de bonnes solutions. Parmi les nombreuses variables susceptibles d’influer sur l’analyse de la violence chez les jeunes figurent des facteurs tels que : l’âge, le contexte, la nature des multiples germes de la violence et les différences entre les sexes (Loeber & Stouthamer — Loeber, 1998). Si les recherches publiées jusqu’ici traitent souvent des origines génétiques et biologiques de la violence chez les jeunes, la recherche actuelle met l’accent sur l’importance de la violence en tant que comportement acquis ou appris. Cet apprentissage peut se faire quand un enfant ou un adolescent se sent désemparé et en perte de contrôle, l’agressivité pouvant alors lui permettre de reprendre le contrôle ou de rétablir son auto-efficacité, un terme employé par Bandura (1997). L’apprentissage de la violence se fait aussi indirectement par la perception que l’exercice d’un certain pouvoir sur l’autre procure des récompenses. Strauss, Geller et Steinmetz (1980), par exemple, ont constaté que les garçons risquent plus d’être violents dans leurs relations intimes s’ils ont connu des hommes pour qui la violence était un moyen de dominer l’autre.

Les programmes d’acquisition d’habiletés sociales et de traitement de l’agressivité sont aussi devenus populaires, surtout à la lumière des constatations encourageantes d’Olweus et ses collègues. Selon Olweus (1987), les stratégies visant les enfants agressifs peuvent réduire l’agressivité non seulement chez les enfants à qui le programme s’adresse mais également, de façon générale, dans les écoles qui adoptent les programmes en question.

On a également mis au point des programmes privilégiant le recours à des pratiques sécuritaires à l’intérieur du système de justice applicable aux jeunes. Par exemple, Leschied, Cunningham et Mazaheri (1997) ont résumé les conclusions des études sur les programmes, pratiques et lignes de conduite pouvant réduire la violence en milieu de garde de longue ou de courte durée. Parmi les mesures destinées à accroître la sécurité en milieu de garde, mentionnons les programmes d’acquisition d’habiletés sociales, les interventions du matin au soir, la formation du personnel axée sur le perfectionnement des compétences en matière de résolution de conflits et les méthodes de classement pouvant faciliter l’identification des agresseurs en puissance et des éventuelles victimes de violence. Goldstein et son équipe de recherche (Goldstein, Glick, Irwin, Pask-McCartney & Rubama, 1989) ont aussi décrit en détail l’élaboration de leurs stratégies de formation sur le remplacement de l’agressivité dans le but de réduire la violence chez les adolescents. Ce programme met l’accent sur l’apprentissage par imitation, les jeux de rôles, la rétroaction et le transfert dans le contexte d’autres interventions systémiques à l’intérieur de la famille et de la collectivité.

Programmes d’intervention auprès des jeunes toxicomanes

La consommation de drogue représente à elle seule un important facteur de risque chez les jeunes contrevenants chroniques/persistants. Elle est étroitement liée à l’association avec des jeunes ayant des valeurs antisociales par opposition aux valeurs prosociales (Andrews et al., 1992; Henggeler, 1989). Elliott, Huizinga et Ageton (1985) font également valoir que si elle est parfois l’indice de problèmes dans le choix des amis, la consommation de drogue ou la consommation abusive d’alcool peut aussi être un signe de maladie mentale grave comme la dépression. Il convient donc d’évaluer l’importance et la nature de l’abus de substances toxiques en envisageant la possibilité que le jeune souffre d’un trouble mental.

Pour que l’intervention soit efficace, il est essentiel d’après Gresswell et Hollin (1992) de reconnaître l’importance de la consommation de drogue sur le plan du développement personnel. Selon leur modèle de traitement de l’alcoolisme, ce qui pourrait avoir constitué en début d’adolescence un comportement dicté par le besoin de socialiser (c’est-à-dire d’imiter les autres) peut se révéler être vers la fin de l’adolescence caractéristique d’une distorsion cognitive (p. ex., «Quand je plane, je me sens courageux», «Je me sens moins coupable quand je fais quelque chose de mal»). Pour qu’ils soient efficaces, les programmes doivent donc tenir compte de l’importance du comportement sur le plan du développement personnel. Il faut par ailleurs que les programmes de traitement de la toxicomanie soient intensifs et fassent notamment appel à des stratégies prévoyant un suivi, mises en application dans le milieu de vie (la famille ou le groupe d’amis) et comportant un volet de prévention des rechutes conçu de façon à tirer parti des changements qui surviennent à l’intérieur du cadre de l’intervention.

Programmes d’intervention auprès des jeunes délinquants sexuels

Les chercheurs n’ont pas beaucoup porté intérêt jusqu’ici à la délinquance sexuelle chez les adolescents, qui mériterait pourtant que l’on s’y arrête longuement aux fins d’en améliorer l’évaluation et le traitement. Ce que l’on sait pour l’instant, c’est que les délinquants sexuels adolescents ne forment pas un groupe homogène, différents facteurs les différenciant les uns des autres : la nature de la relation (familiale ou extra-familiale) existant entre l’agresseur et sa victime; l’âge et le niveau de maturité au moment de la première infraction; la nature de la délinquance (limitée à des infractions sexuelles ou faisant partie d’un ensemble d’agissements antisociaux); la nature et la gravité de l’infraction sexuelle, allant de la victimisation indirecte (appels obscènes) au viol et à l’agression sexuelle grave.

L’information sur la nature et la durée de la délinquance facilite la sélection d’un traitement efficace. Epps (1996) ainsi que Ryan et Lane (1991) ont parlé de certaines stratégies de traitement adaptées aux besoins particuliers du délinquant. Ces stratégies comportent habituellement des interventions cognitives, un programme de gestion de la colère, l’acquisition d’habiletés sociales, des programmes de traitement de l’alcoolisme et de la toxicomanie, l’apprentissage de l’empathie avec la victime et l’acquisition d’un comportement sexuel acceptable selon l’âge du délinquant.

LES PROGRAMMES DE JUSTICE RÉPARATRICE

Les modifications apportées aux lois en matière de justice applicable aux jeunes favorisent nettement la recherche de solutions de rechange au recours habituel aux tribunaux. Cette tendance relevée au Canada correspond sensiblement à ce qui se fait en Europe de l’Ouest, en Australie et en Nouvelle-Zélande (Beyond Prisons Conference, 1998). En explorant ainsi des voies nouvelles, on reconnaît que, pour les jeunes présentant un faible risque et, dans certains cas, un risque modéré, le choix d’une autre solution que le recours aux tribunaux pour réapprendre aux jeunes les valeurs de leur milieu pourrait se révéler profitable à long terme tout en permettant à la collectivité de faire des économies.

Le mouvement en faveur de la justice réparatrice dont traitent Cunningham, Leschied et Currie (1999) se fonde sur les prémisses suivantes :

  • l’acte criminel «appartient» à une personne et non à l’État
  • le but visé consiste à rétablir l’harmonie entre la victime, le délinquant et leur milieu
  • les tribunaux sont jugés inefficaces étant donné qu’ils sont capables de victimiser à la fois les victimes et les délinquants
  • il faut faire en sorte de ne pas isoler encore plus la victime de l’acte criminel et du délinquant
  • les solutions viennent de la collectivité.

Le principe de la justice réparatrice en tant que démarche de guérison communautaire s’inspire des traditions des aborigènes de Nouvelle-Zélande. Le juge Barry Stuart des Territoires du Nord-Ouest estime qu’une collectivité dont les membres participent à la résolution des conflits voit sa santé s’améliorer. Il ajoute qu’il est naturel pour une collectivité de prévenir la criminalité et de rebâtir les vies et les relations brisées par la criminalité (Conseil des Églises pour la justice et la criminologie, 1996).

En général, les programmes de justice réparatrice comportent la participation d’un groupe communautaire de justice qui rencontre le jeune délinquant et sa famille. La victime ou son représentant  (par exemple, le gérant du magasin où a eu lieu un vol à l’étalage) assiste souvent à cette rencontre qui symbolise la responsabilité de la collectivité. Dans certains programmes, une forme d’humiliation publique sert à amener le délinquant à s’excuser, alors que dans d’autres, on exige du délinquant non seulement qu’il reconnaisse sa faute ou sa responsabilité, mais aussi qu’il indemnise concrètement la victime ou la collectivité, par exemple en se pliant à une ordonnance de dédommagement financier ou de travaux compensatoires.

ORIENTATIONS FUTURES

Nous disposons aujourd’hui d’une importante somme de connaissances pouvant faciliter le travail non seulement des intervenants mais aussi des décideurs et des législateurs. Une bonne partie de la recherche sur les programmes d’intervention auprès des jeunes contrevenants traite du rôle des tribunaux, de certains aspects pertinents des systèmes de santé mentale et de bien-être des enfants, ainsi que des lois régissant la pratique aux échelons tant fédéral que provincial. Il apparaît maintenant indispensable de tirer profit des connaissances actuelles pour créer un système intégré de prestation de services aux enfants qui tiendra compte des conclusions les plus récentes des recherches et des évaluations de programme. En ce qui concerne l’amélioration des interventions auprès des jeunes contrevenants, certains points revêtent plus d’importance que d’autres. Nous proposons entre autres l’adoption des mesures suivantes :

  • Établir des protocoles destinés à renforcer le recours aux programmes dont l’efficacité est déjà établie. Pour tirer profit des conclusions exposées dans les études sur l’efficacité des interventions, le besoin s’impose clairement de mettre en application avec intégrité des mesures dictées par l’adhésion à des modèles éprouvés, en procédant à ce qu’il est convenu d’appeler dans certains milieux un transfert de technologie.
  • Mettre l’accent sur certains groupes dont on a fort peu parlé dans les études parues jusqu’ici, notamment sur les jeunes filles et les adolescentes qui commencent à apparaître dans les données publiées tant au Canada qu’aux États-Unis comme constituant un sous-groupe de plus en plus important au sein de la population des jeunes contrevenants (Statistique Canada, 1998; U.S. Department of Justice, 1998; Matthews, 1998). Les très jeunes contrevenants, ainsi que les appelle Loeber (1999), représentent un autre groupe auquel il conviendrait de s’intéresser. Il s’agit des enfants qui, dès l’âge de 4 à 6 ans, commencent à avoir des comportements risquant de se transformer plus tard en délinquance. Ce genre d’études s’impose pour les besoins de l’élaboration ou de l’amélioration des programmes de prévention et d’intervention précoce destinés à éviter à ces enfants et adolescents d’avoir un jour affaire au système de justice applicable aux jeunes.
  • Dans sa méta-analyse, Lösel déplore l’absence de nouvelles études susceptibles de confirmer l’intérêt des interventions qui contribuent effectivement à réduire la délinquance. En répétant ces expériences et en y apportant des améliorations, la généralisation des stratégies efficaces pourrait permettre d’enrichir la base de connaissances à partir desquelles serait élaborée la prochaine génération de programmes efficaces.

1 Faculty of Education, University of Western Ontario et Clinique d’aide juridique familiale

2 Voir Andrews, Bonta et Hoge, 1990, pour une analyse détaillée de ce principe.

3 Voir le chapitre 7 de ce Compendium.

4Pour une analyse détaillée de cette thérapie, voir Henggeler et al., Multisystemic Therapy of Antisocial Behavior in Children and Adolescents, 1998.


BIBLIOGRAPHIE

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