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Compendium 2000 des programmes correctionnels efficaces

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CHAPITRE 15

Les problèmes d'autocontrôle chez les délinquants adultes

LYNN STEWART1 and et ROB ROWE2


L'autocontrôle a été largement utilisé comme concept explicatif en psychologie, et tout particulièrement en psychologie médico-légale. Un certain nombre de chercheurs et de théoriciens ont établi une corrélation entre l'autocontrôle d'une part, souvent mesuré par l'impulsivité, le goût du risque, l'incapacité de retarder la gratification, l'égocentrisme, la colère et l'établissement d'objectifs limités, et la criminalité, d'autre part (Ross & Fabiano, 1985; McCord & McCord, 1959; Wilson & Hernstein, 1985; Gottfredson & Hirshi,1990). En dépit de l'usage répandu que l'on fait de l'autocontrôle, on ne trouve toujours pas de consensus dans la littérature sur la définition de ce concept ou sur les mécanismes d'autocontrôle. Souvent, on se sert plutôt de l'impulsivité, perçue comme le résultat d'une déficience dans le processus d'autocontrôle, comme concept passe-partout pour désigner une vaste gamme de tendances antisociales auxquelles on ne trouve pas d'autre explication satisfaisante. Selon Blackburn, le concept de l'impulsivité est devenu «une explication en quête d'un phénomène» (Blackburn, 1993, p. 196).

Barkley a récemment (1997a) a élaboré un modèle hybride d'autocontrôle fondé sur les nouvelles connaissances relatives à l'Hyperactivité avec déficit de l'attention (HDA) qui pourrait fournir le cadre théorique nécessaire pour faire avancer les recherches dans ce domaine. Le modèle est fidèle aux caractéristiques de l'évolution de l'HDA et il est conforme aux constatations empiriques établies pour les enfants, les adolescents et les adultes aux prises avec ce trouble. La théorie comprend une définition explicite et solide de l'autocontrôle; on y décrit également les problèmes cognitifs et comportementaux liés à l'autocontrôle auxquels on peut s'attendre. Le modèle est tout particulièrement utile parce qu'il met en lumière un certain nombre de problèmes potentiels sur lesquels on peut travailler dans les programmes de traitement.

Barkley définit l'autocontrôle comme « [traduction] toute réaction ou chaîne de réactions, de la part de l'individu, qui modifie la probabilité de ses réactions ultérieures à un événement et, de ce fait, modifie la probabilité d'une conséquence ultérieure liée à cet événement» (1997b, p. 68). Selon Barkley, la première action d'autocontrôle doit être l'inhibition de la réaction. Chez un individu ne souffrant pas de cette lacune, la période d'inhibition implique un délai de réaction au cours duquel il prend une décision réfléchie quant à sa réaction. L'autocontrôle permet à l'individu d'adopter un comportement dirigé et constant en vue d'atteindre des objectifs futurs et lui donne la capacité de revenir à ce comportement s'il a été interrompu. Son raisonnement est que ce type de comportement guidé par les buts peut faire en sorte de maximiser, pour l'individu, les conséquences lointaines par rapport aux conséquences immédiates. Le modèle de Barkley (voir le graphique 15.1) illustre que les fonctions exécutives d'ordre supérieur peuvent être perturbées par une lacune au niveau de l'inhibition.

Graphique 15.1 Schéma de Barkley (1997) liant les inhibitions comportementales à l'utilisation des fonctions executives

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Selon Barkley (1997a), l'HDA est un déficit d'inhibition du comportement qui influe sur le développement normal de quatre fonctions neurophysiologiques : la mémoire de travail, l'autocontrôle de l'affect, de la motivation et de l'activation, l'intériorisation du discours ainsi que le contrôle et l'ordonnancement moteurs et, enfin, l'analyse et la synthèse comportementales. L'exercice de ces quatre fonctions centrales implique des actions autodirigées; l'organisation des priorités comportementales dans le temps; l'utilisation d'un discours, de règles et de plans autodirigés; la capacité de reporter la gratification et les actions intentionnelles, axées sur un but et tournées vers l'avenir.

La mémoire opérationnelle

La mémoire opérationnelle permet à un individu d'avoir plusieurs événements à l'esprit. Cela permet une organisation temporelle du comportement, c'est-à-dire de faire un lien entre le passé (mémoire rétrospective) et le futur (mémoire prévisionnelle) et contribue à provoquer une réaction anticipée, l'expérience permettant de prévoir les conséquences. Certains chercheurs ont identifié des problèmes liés à la mémoire opérationnelle chez les délinquants :

  • Pensée moyens-fins, tendance à répondre rapidement sans penser;
  • Orientation de la présentation, augmente les chances qu'ils s'engagent dans des activités qui leur rapporteront à court terme, mais qui auront des conséquences négatives à long terme;
  • Rigidité conceptuelle, les rend enclins à tomber dans un cercle vicieux qui va à l'encontre de leurs buts;
  • Raisonnement critique pauvre, les rend vulnérables aux caractéristiques de la demande dans la situation immédiate. (Barratt, Stanford, Kent & Felthouse, 1997; Ross & Fabiano, 1985; Wilson & Herrnstein, 1985; Newman, Patterson & Kosson, 1987)

L'étude de Zamble et Quinsey (1997) sur la récidive criminelle chez les délinquants sous responsabilité fédérale illustre l'impulsivité selon laquelle beaucoup de récidivistes commettent une nouvelle infraction. Plus de la moitié des délinquants interviewés rapportent que l'infraction était commise dans l'heure suivant la décision de la commettre.

L'autocontrôle de l'affect, de la motivation et de l'activation

Cette forme d'autocontrôle permet de mettre l'autocontrôle émotionnel, l'objectivité, la perspective sociale et le contrôle de l'activation au service d'une action orientée vers un but. Les lacunes sont associées à une modulation déficiente de l'affect ainsi qu'à des défaillances de la motivation et à un manque de persévérance lorsque l'individu fait face à des récompenses éloignées ou incertaines.

L'intériorisation du discours

L'intériorisation du discours permet de décrire et de réfléchir, de développer un comportement soumis à des règles, de résoudre des problèmes et d'élaborer un raisonnement moral. Les réflexions d'autopersuasion ou de contrôle verbal sont un moyen de maintenir le comportement pendant des laps de temps et parmi d'autres éléments de comportement. Le langage permet à l'individu de comprendre les contingences (le lien entre un événement, une réaction et les conséquences) et, en formulant des règles, il peut construire des chaînes de comportement nouvelles et complexes. Cela lui permet de retarder la satisfaction immédiate et d'établir des plans à plus long terme pour atteindre des objectifs ultimes. L'incapacité de prévoir et de formuler des règles pour l'avenir signifie que les relations sociales sont altérées, ce qui laisse en retour prévoir des problèmes au niveau du partage, de la collaboration et des comportements d'adaptation comme les précautions en matière de santé fondées sur la valeur attachée aux conséquences sociales futures par rapport aux conséquences immédiates. Des lacunes au niveau de ces contingences peuvent mener à l'entêtement malgré les conséquences, à des difficultés à rester motivé lors de l'exécution de tâches répétitives et à l'affaiblissement du raisonnement moral. Parmi les délinquants qui présentaient un schéma répétitif de comportement criminel, Ross et Fabiano (1985) ont identifié des problèmes d'impulsivité associés avec un piètre autocontrôle verbal, une façon de penser concrète et égocentrique qui affecte leur capacité d'apprécier les pensées et les sentiments reflétant d'autres valeurs qui portaient sur l'incidence de leurs actions pour eux-mêmes au lieu de considérer leurs effets sur les autres et affaiblir les habiletés à résoudre les problèmes interpersonnels.

La reconstitution

La fonction de reconstitution permet de faire l'analyse et la synthèse du comportement. Les problèmes se manifestent dans les domaines de la fluidité verbale, de la création de séquences de réaction et de planification à long terme. Le fait que chez les délinquants, les résultats des sous-tests de performance sont plus élevés que ceux des sous-tests verbaux lorsque l'on mesure le QI à l'aide de tests d'intelligence composites est très significatif (Lynam, Moffitt & Stouthamer-Loeber, 1993). La fonction de reconstitution sous-tend la capacité d'apprentissage à partir d'ensembles antérieurs de contingences et la capacité de choisir de nouvelles lignes de conduite en se fondant sur les contingences observées. Cette fonction serait responsable de la diversité des comportements et de l'apparition de nouveaux comportements. Les problèmes relatifs à cette fonction exécutive ont trait à un défaut de création de solutions de rechange aux problèmes et au manque d'adaptabilité du répertoire de comportements. Les récidivistes et les délinquants psychopathes se caractérisent, entre autres, par la répétition de comportements antisociaux malgré les sanctions, c'est-à-dire l'incapacité d'apprendre par l'expérience ou de répondre à la rétroaction négative et aux punitions par une modification du comportement ou l'adoption de nouveaux comportements (Newman, Patterson & Kosson, 1987; Cleckley, 1964; Hare, 1991).

Ces lacunes au niveau de l'autocontrôle peuvent être adaptées pour offrir un outil puissant permettant d'expliquer les mécanismes qui prédisposent des individus à développer des tendances antisociales et qui font en sorte que le comportement criminel persiste durant toute une vie. L'échec du processus d'autocontrôle est une condition nécessaire, mais non suffisante, au développement du comportement antisocial chronique (Rowe, 1997). On avance que l'hyperactivité dans l'enfance et les problèmes d'autocontrôle qui s'ensuivent sont le fondement des problèmes comportementaux qui peuvent éventuellement mener à la délinquance chronique ou à la psychopathie. Par contre, ce parcours peut être modifié, ou mitigé, par les attaches à des institutions prosociales (famille, école) et à des pairs.

Étendue du problème chez les délinquants sous responsabilité fédérale

On s'attendrait à ce qu'une partie importante des délinquants ayant commis des infractions graves devrait présenter des problèmes d'autocontrôle. À son admission dans le système correctionnel fédéral, chaque délinquant subit une évaluation complète fondée sur l'examen de son dossier et sur une entrevue. Plusieurs des points pris en considération dans l'évaluation ont trait directement et indirectement à des problèmes d'autocontrôle. Les agents affectés à cette évaluation détectent chez plus de 80 % des délinquants sous responsabilité fédérale au moins un problème d'autocontrôle parmi ceux figurant au Tableau 15.1. La recherche indique une corrélation entre les problèmes d'autocontrôle et des résultats mitigés. Tel qu'illustré au Tableau 15.1, les délinquants qui récidivent moins d'un an après leur mise en liberté risquent plus de présenter des problèmes d'autocontrôle. À l'inverse, l'absence de tout problème d'autocontrôle réduit la probabilité de récidive. En effet, quelque 88 % des délinquants qui ne présentent aucun problème d'autocontrôle ne commettent aucune infraction dans l'année qui suit leur mise en liberté, comparativement à un taux escompté de 64,2 % (taux de survie général).

TABLEAU 15.1 Pourcentage des délinquants sous responsabilité fédérale chez lesquels on a repéré des problèmes liés à l'autocontrôle

.
Indicateurs d'évaluation initiale
Récidivistes*
Non recidivists
p
.
Manque d'orientation
75,2
59,9
0,001
Impulsif
80,5
67,2
0,001
Amateur de sensations fortes
37,5
27,3
0,001
Difficulté à résoudre des situations conflictuelles
75,6
67,4
0,001
Manque de consideration pour les autres
62,6
52,5
0,001
Tolérance limitée pour les frustrations
53,6
43,7
0,001
Se fixe des objectifs irréalistes
36,5
27,7
0,001
Irréfléchi
59,8
50,4
0,001
Difficultés à résoudre les problèmes
77,8
70,1
0,001
Incapable de se donner des choix
67,7
60,6
0,001
.
* Délinquants ayant récidivé moins d'un an après leur mise en liberté.

 

Instruments de mesure de l'impulsivité

Des tests ont été élaborés pour opérationnaliser l'impulsivité sans que l'on donne une explication des mécanismes qui la sous-tendent. L'impulsivité a donc été définie de facto en fonction des tâches qu'il a fallu exécuter pour l'opérationnaliser ou des tests qui ont servi à cette fin. Le fait que l'on se fie, en psychologie, sur les instruments qui mesurent l'impulsivité sans s'entendre sur une définition commune de ce concept et sans disposer d'une théorie dans le domaine constitue à l'évidence un problème.

Dans une étude sur la recherche relative au construct de l'impulsivité, Milich et Kramer (1984) ont cerné trois problèmes précis concernant l'approche axée sur les tests pour définir et comprendre l'impulsivité. Premièrement, jusqu'au moment de la publication de leur ouvrage, les auteurs ont constaté que la plupart des instruments de mesure n'offrent pas de résultats différentiels valides autres que l'âge et le QI pour comprendre l'impulsivité. Deuxièmement, ils ont observé un manque total de convergence empirique dans la littérature. Cette situation laisse entendre que beaucoup d'évaluations ont visé des constructs différents et que certaines, sinon toutes, n'ont pas touché au construct de l'impulsivité. Le troisième problème recensé par les deux auteurs tient à l'absence totale de recherche axée sur la théorie. Il semblerait que la nature athéorique du construct de l'impulsivité soit largement responsable du peu de progrès effectués dans ce domaine (Milich, Hartung, Martin & Haigler, 1994).

On trouve dans la documentation nombre d'inventaires conçus spécialement pour évaluer l'impulsivité. L'un des plus anciens est l'Échelle d'impulsivité de Barratt (Barratt Impulsiveness Scale (BIS); Barratt, 1994). La première échelle de Barratt, publiée en 1959, se fondait sur un modèle unidimensionnel d'impulsivité. Les premiers éléments semblent avoir été sélectionnés d'abord en fonction de leur validité apparente et, plus tard, pour être orthogonaux à diverses mesures de l'anxiété. Barratt a conceptualisé l'impulsivité comme étant une dimension de troisième ordre. Il a déclaré que l'impulsivité comportait des dimensions de premier et de second ordre de rapidité de la réaction, de témérité, d'agir sans réfléchir et d'incapacité de planifier. Par ailleurs, on a émis l'hypothèse que le concept fait partie d'un ensemble plus vaste de prédispositions de la personnalité axées sur l'action comprenant l'extraversion, la recherche de sensations fortes et l'absence de contrôles inhibiteurs du comportement (Barratt & Patton, 1983).

À mesure que sa recherche progressait, Barratt (1983) conclut qu'il existait, à priori, trois principales dimensions de l'impulsivité  : la pulsion (agir sans penser), la dimension cognitive (décisions rapides) et l'absence de planification (orientation vers l'instant présent). Les analyses initiales (Barratt, 1985) ont corroboré, de façon empirique, l'existence de ces trois facteurs, et Gerbing, Ahadi, et Patton (1987) ont aussi reconnu l'existence de chacun de ces trois facteurs dans les résultats de leurs analyses.

Malgré des découvertes prometteuses au départ, les résultats de l'analyse initiale n'étaient pas fiables. En particulier, le coefficient de cohérence alpha du sous-facteur cognitif était peu élevé et il a été impossible de confirmer l'existence de la sous-échelle cognitive (Barratt, 1994; Luengo, Carillo-de-las-Peña & Otero 1991). Barratt a supposé que ce trait secondaire était difficile à mesurer à l'aide de questionnaires auxquels on répondait soi-même parce que la cognition est toujours déductive et la mesure dans laquelle une personne impulsive peut évaluer ses propres fonctions cognitives peut être discutable.

Dans l'une des premières études visant à déterminer s'il était possible de faire la différence entre des échantillons de délinquants et de non délinquants en se fondant sur les mesures de l'impulsivité, on n'a pu obtenir de résultats significatifs dans les échelles d'évaluation, notamment dans BIS-1 (Saunders, Reppucci & Sarata, 1973). Utilisant BIS sur un échantillon de détenus, Barratt et ses collègues ont constaté que les sujets identifiés comme possédant une personnalité antisociale pouvaient être distingués des membres du groupe témoin en se fondant sur la cote obtenue aux tests d'impulsivité (Barratt, Stanford, Kent & Felthous, 1997) tandis qu'une étude menée en 1992 a révélé des niveaux d'impulsivité plus élevés chez les délinquants criminels plus versatiles (Stanford & Barratt, 1992). Il est intéressant de souligner qu'il n'était pas possible de différencier les détenus en se fondant sur leur type d'infractions avec violence (agression impulsive et agression non impulsive).

Dans une étude précédente, Presse (1984) avait déterminé que BIS (version 10) ne pouvait pas distinguer les détenus non psychopathes des détenus psychopathes, même s'il existait une corrélation significative entre les résultats des tests PCL et BIS-10. Hare et ses collègues ont utilisé une version antérieure de BIS et ont découvert que les résultats élevés étaient liés à une évaluation élevée en ce qui a trait à la psychopathie (Hare & Cox, 1978). Les résultats obtenus par Wardell et Yeudall (1980) permettent de tirer la même conclusion. Malgré certaines preuves que l'Échelle de Barratt révèle des différences entre les psychopathes et les non psychopathes, Hare ne croyait pas que l'impulsivité établissait une différence entre les détenus psychopathes et les détenus non psychopathes, mais plutôt entre les criminels et les non criminels (Hare, 1982).

Certains ont avancé que l'impulsivité mesurée sur l'Échelle de Eysenck permet de différencier les délinquants de sexe masculin des sujets du groupe témoin (Eysenck & Eysenck, 1977; Eysenck & McGurk, 1980; Putnins, 1982). Il a en outre été constaté que cette échelle révèle un corrélat avec la délinquance autodéclarée parmi des échantillons tant masculins que féminins d'adolescents délinquants (Silva, Martorell & Clemente, 1986). De plus, on a constaté un corrélat significatif entre le questionnaire Eysenck I7 et les mesures de comportements violents, notamment les condamnations précédentes (r = 0,50), la psychopathie étant mesurée par PCL-R (r = 0,52; Seager, 1995), et le comportement antisocial chez les adultes (Eysenck et al., 1985; Goma-i-Freixanet, 1995). Toutefois, les études de la relation entre la psychopathie et les mesures autodéclaratives d'impulsivité laissent croire que les résultats sont tributaires des outils de mesure utilisés (Presse, 1984).

Un ajout plus récent aux outils de mesure de l'autocontrôle est la mesure de l'autodéclaration élaborée par Grasmick et al. (1993). Cet outil est conçu comme un indice de faible autocontrôle tel que l'ont défini Gottfredson et Hirschi (1990). Une première analyse (Grasmick et al., 1993) à l'aide de cette échelle laisse penser qu'un faible autocontrôle est une caractéristique unidimensionnelle. Les auteurs signalent que l'autocontrôle est prédictif de fraudes et d'usage de force signalés par l'intéressé, mais uniquement lorsqu'il y a interaction avec l'occasion d'avoir ces comportements. C'està-dire que le manque d'autocontrôle n'a d'impact significatif que lorsque l'occasion est très présente. Par contre, les recherches ultérieures n'ont pas entièrement entériné l'utilisation de cet outil de mesure.

Longshore et al. (1996) ont tenté de valider l'utilisation de l'Échelle d'autocontrôle de Grasmick et al. (1993) dans une population composée de criminels. L'analyse des facteurs a fait ressortir cinq sous-échelles raisonnablement cohérentes avec les notions actuelles du concept d'autocontrôle. Remarquablement, l'impulsivité n'a pas été isolée comme facteur distinct. L'ensemble de l'échelle, ainsi que plusieurs sous-échelles, ont modestement été associés aux infractions de fraude et d'usage de force signalées par les intéressés. Globalement, l'Échelle d'autocontrôle n'était pas liée de plus près à la criminalité que les sous-échelles représentant les concepts plus spécifiques de témérité, de sautes d'humeur et d'impulsivité ou d'égocentrisme déjà établis dans la documentation. Il semble que les questions entourant la mesure de l'autocontrôle restent sans réponse.

La littérature révèle les problèmes suivants concernant les registres des personnes qui se sont déclarées elles-mêmes impulsives :

  • Absence de critères de mesure externes et de critères de mesure biologiques autres que les échelles des questionnaires (Barratt & Patton, 1983).
  • Intercorrélation à tout le moins importante entre les critères de mesure de l'impulsivité utilisés dans les questionnaires, mais ceux-ci ont une corrélation faible et souvent non significative avec les critères comportementaux ou cognitifs de mesure de l'impulsivité (Barratt, 1983).
  • On observe pour l'instant une insuffisance de travaux de recherche sur la nature dynamique de ces instruments.

À l'évidence, bon nombre de techniques qui sont censées mesurer l'impulsivité ne mesurent pas le même construct. Le débat ne cessera pas de tourner en rond tant que l'on n'utilisera pas de critères externes pour mesurer le concept. De plus, un résultat préliminaire indiquant des corrélations modérées à élevées (moyenne r = 0,48) entre les mesures de l'impulsivité et de l'autocontrôle et un inventaire des outils de gestion des impressions dans une population judiciaire portent à croire que l'utilisation de mesures d'autodéclaration d'impulsivité est discutable. Ce résultat fait en outre naître certaines réserves relativement à la validité de l'utilisation d'infractions déclarées par l'intéressé comme mesure de critère (Rowe, 2000). Malgré des succès mitigés pour différencier les échantillons judiciaires, il n'est toujours pas facile de savoir ce que les mesures de l'impulsivité autodéclarée mesurent exactement à part les corrélations avec d'autres mesures de l'impulsivité ou, peut-être, des aptitudes médiocres d'auto-évaluation et de gestion des impressions. Un coup d'œil rapide au contenu des éléments montre que les inventaires autodéclaratifs tentent de mesurer un trait stable. L'utilité de ces instruments dans l'évaluation des changements dans l'autocontrôle est vraisemblablement très limitée. Par conséquent, la validité de l'utilisation de ces mesures autodéclaratives comme réflexion de l'autocontôle reste douteuse.

MESURES COMPORTEMENTALES

Les méthodes comportementales d'évaluation du concept de l'impulsivité sont aussi nombreuses que diversifiées (voir Klindon et al., 1995). La plupart visent surtout le temps de réaction à des tâches typiques, l'évaluation de la capacité de retarder ou d'inhiber la réaction, les perspectives temporelles et le contrôle de l'interférence. Les plus récentes mesures comportementales ont conceptualisé l'impulsivité comme étant une forme de désinhibition.

Le Matching Familiar Figures Test (MFFT) (Test d'appariement de formes connues) a été élaboré en 1964 (Kagan, Rosman, Day, Albert & Phillips, 1964) pour mesurer les types conceptuels contrastants de l'impulsivité et de la réflexion, mais a, au mieux, réussi à établir des différences marginales dans les populations de délinquants. Les tests portant sur le temps de réaction à des tâches ont été utilisés pour tenter de mesurer le concept d'impulsivité. Le concept voulant que les individus chez lesquels l'autocontôle est insuffisant prennent des décisions rapidement ou agissent sans réfléchir a été le point central de beaucoup de définitions de l'impulsivité (Parker, Bagby & Webster, 1993). Il semble toutefois que la relation entre l'impulsivité et l'activité psychomotrice est fort complexe, les études menées sur des populations de délinquants ayant donné des résultats variés (Barratt, 1985).

L'un des paradigmes de l'étude de l'autocontrôle est l'évaluation de la capacité de différer une récompense imminente ou immédiate pour recevoir plus tard une récompense plus importante. Dans une étude prospective chez des délinquants masculins, on a découvert que les récidivistes étaient plus susceptibles que les non-récidivistes d'opter pour une récompense immédiate lorsqu'ils étaient évalués avant leur mise en liberté (Roberts et al., 1974). Une étude menée auprès de jeunes enfants et mesurant la capacité de reporter à plus tard la récompense immédiate a montré que ces mesures permettent de prévoir des modèles de compétence dans les domaines du soin apporté au travail et de la capacité de planifier pour l'avenir plus d'une décennie plus tard (Mischel, Shoda & Peake, 1988). De plus, les recherches exhaustives menées par Newman ont montré de façon constante que le report de la récompense est utile pour différencier les sujets des groupes témoins par rapport aux psychopathes adolescents et adultes (voir Patterson et Newman, 1993).

Dans le rapport de Gerbing et al. (1987), la corrélation moyenne entre les facteurs d'autodéclaration et comportementaux des mesures d'autocontrôle était de 0,03. L'étude de Helmers (Helmers, Young & Pihl, 1995) a aussi révélé des corrélations quasi nulles entre les mesures autodéclaratives de l'impulsivité, telles les échelles de Barratt et de Eysenck, et les mesures comportementales telles le MFFT et les tâches «tout ou rien». En fait, il a été démontré que le score du facteur composite d'impulsivité autodéclarative a une relation significative dans la direction opposée à celle à laquelle on s'attend de certaines mesures comportementales. Le fait qu'il ait été impossible de trouver des corrélations entre les diverses mesures de l'impulsivité reflète très probablement le manque de consensus dans la documentation, sur ce qui constitue l'impulsivité et les différences dans les approches théoriques du concept (Parker & Bagby, 1997).

Des analyses plus récentes des facteurs ont intégré une variété de nouvelles tâches et des tests conçus spécifiquement pour détecter l'extraversion, les troubles de conduite, la délinquance et la psychopathie. En 1995, Kindlon et al. ont tenté de mesurer les propriétés psychométriques de ces types de mesure de l'impulsivité à l'aide d'enfants normaux et d'enfants souffrant de troubles comportementaux. La plupart des mesures comportementales ont permis de différencier les enfants impulsifs du groupe témoin d'enfants normaux tout en prenant en compte les différences dues à l'âge et aux aptitudes intellectuelles. L'étude a fait ressortir deux caractéristiques de l'impulsivité : le contrôle inhibiteur cognitif (inhibe une forte réponse concurrente) par rapport à un composant de motivations (insensibilité à la punition ou à l'absence de récompense). Ce résultat a confirmé une analyse antérieure des facteurs faite à l'aide de multiples tests et mesures de l'impulsivité (White et al., 1994). Les deux études insistent sur l'utilité d'une variété d'instruments mis au point récemment et axés sur l'inhibition comportementale et le contrôle de l'interférence pour différencier les jeunes délinquants. Spécifique-ment, l'étude de Kindlon et al. (1995) a révélé qu'il existe un groupe de mesures de l'impulsivité qui possèdent les caractéristiques psychométriques nécessaires à une recherche longitudinale et promettent de révéler les antécédents développementaux de la délinquance juvénile et de la criminalité adulte.

Orientations futures de l'évaluation de l'impulsivité

La documentation nous a montré que les outils d'évaluation de l'autocontrôle doivent être :

  • basés sur des théories viables d'autocontrôle, d'inhibition comportementale ou de maîtrise de soi;
  • multidimensionnels;
  • validés à l'aide d'un critère externe observable;
  • démontrer une stabilité temporelle, mais être de nature potentiellement dynamique;
  • fondés sur le rendement ou sur des mesures comportementales;
  • indépendants de tout problème de gestion des impressions ou de lacunes dans l'autoévaluation.

L'absence de consensus dans la conceptualisation de l'impulsivité est indéniable. L'application non uniforme de ce concept a certainement eu des répercussions dans la façon dont le construct a été mesuré. Il faut donc une orientation théorique solide pour guider les efforts futurs de création d'échelles qui permettront d'exposer les corrélations existant entre l'impulsivité, ses manifestations diverses et le comportement antisocial. Nous nous sommes donc tournés vers la conceptualisation que fait Barkley (1997b) du processus d'autocontrôle. Dans son modèle, Barkley tente non seulement de cerner les mécanismes qui sous-tendent le système d'autocontrôle, mais aussi de consigner précisément la nature de ces systèmes et la structure dans laquelle ils fonctionnent.

Les options pour évaluer les processus d'autocontrôle des délinquants ne semblent pas nombreuses. Il faudrait donc essayer de concevoir des instruments qui permettraient d'évaluer dans quelle mesure une personne est capable de mettre à profit les renseignements qu'elle a intégrés pour réprimer les réactions non pertinentes, intervenir en fonction d'un objectif précis, exécuter des séquences motrices nouvelles ou complexes, conserver un comportement conforme à l'objectif poursuivi, réagir correctement à la rétroaction, faire montre de souplesse, reprendre une tâche après une interruption et maîtriser son comportement. Des innovations récentes de haute technologie en imagerie cérébrale fournissent des modèles précis du fonctionnement du cerveau en réponse à des stimuli. Ces avancées pourraient permettre un jour l'application du critère biologique aux composantes de l'autocontrôle pour mesurer les cas d'impulsivité signalés par les intéressés eux-mêmes et le comportement proprement dit.

Répercussions sur les traitements pour les délinquants adultes

Si nous acceptons l'idée que des déficits d'autocontrôle liés à un mauvais fonctionnement neurophysiologique sont présents chez les délinquants chroniques et que ces déficits sont en cause dans les comportements antisociaux à répétition de ces personnes, une médication semblable à celle qui est prescrite pour les enfants hyperactifs pourrait constituer une option de traitement logique pour ces adultes. Il existe toutefois peu de preuves qu'une médication puisse être utile pour traiter les problèmes d'autocontrôle chez les délinquants adultes. En effet, la plupart des rares études effectuées dans ce domaine souffrent de problèmes méthodologiques qui tiennent à la petite taille des échantillons utilisés, à l'absence de groupes témoins et aux taux élevés d'attrition. Deux études pharmacologiques contrôlées qui ont été publiées et qui ont servi à évaluer l'utilisation de stimulants sur des adultes souffrant de l'HDA ont révélé une réaction positive au traitement semblable à celle des enfants traités, bien qu'un certain nombre de sujets aient éprouvé des effets secondaires désagréables (Wender, Wood & Reimherr, 1991, Greenhill, 1992). Dans d'autres études, on a traité des adultes impulsifs avec des tranquillisants (Federoff & Federoff, 1992) et des anticonvulsivants (Barratt & Slaughter, 1998). Cocarro établit une corrélation entre les attaques impulsives chez les adultes et des niveaux peu élevés de sérotonine. Avec son équipe, Cocarro a rapporté de bons résultats avec le traitement d'adultes impulsifs au moyen d'inhibiteurs spécifiques du recaptage de la sérotonine et, pour ceux qui ne réagissent pas à ces médicaments, au moyen de médicaments antimaniaques (Cocarro & Kavoussi, 1997).

Une autre stratégie consiste à donner directement une formation aux individus pour leur permettre d'acquérir les compétences cognitives et les habiletés d'adaptation qui leur font défaut à cause de leurs problèmes d'inhibition. Ces programmes d'intervention comprennent des stratégies méta-cognitives pour ralentir le processus cognitif et favoriser l'acquisition des compétences dont se servent les personnes moins impulsives pour atteindre leurs objectifs (par l'autocontrôle). Le Tableau 15.2 illustrent les déficits à combler dans un programme conçu pour traiter des problèmes d'autocontrôle. Nous avons précisé de plus que les problèmes d'autoconrôle conduisent souvent à un comportement antisocial et à un renforcement de convictions personnelles et d'un style de vie criminogène, opposées aux conventions et aux valeurs prosociales. Il faut donc, pour cette raison, examiner le contenu de la pensée du délinquant, outre le processus de réflexion lui-même.

TABLEAU 15.2 Problèmes d'autocontrôle et options de traitement pour corriger les déficits

.
Problèmes de comportement de régulation (Barkley)

Options de traitement possibles

.
1. Déficiences de la mémoire de travail. Symptômes de problèmes dans la pensée moyens-fins et dans le locus de contrôle externe; comportement dicté par la situation immédiate
  • Formation pour prévoir les conséquences
  • Formation sur la résolution de problèmes pour permettre l'acquisition d'un sentiment d'autocontrôle au lieu de contrôle externe
  • Formation sur l'établissement d'objectifs plus modestes et réalistes pour éviter que le comportement soit dicté par le principe du «ici et maintenant»
.
2. Problèmes d'autocontrôle émotif; motivation et persévérance insuffisantes
  • Enseignement d'outils pour contrer la perte d'autocontrôle
  • Techniques d'autocontrôle et d'autres techniques de reduction de l'activation; utilisation de l'autocontrôle verbale pour «s'arrêter et réfléchir»
  • Élaborer des buts personnels pour accroître la motivation et mettre à profit les compétences acquises; gestion des distractions
  • Techniques d'autorenforcement et d'autopunition
.
3. Déficience d'intériorisation du discours conduisant à un mauvais autocontôle du comportement
  • Enseignement de compétences d'autocontrôle verbal pour aider à établir le lien événement→sentiment→comportement et pour acquérir et utiliser des compétences d'autopersuasion utiles
  • Élaboration de règles ou de stratégies comportementales permettant de s'attaquer aux problèmes interpersonnels.
  • Établissement de normes de conduite (production de règles)
.
4. Faible capacité d'analyse et de synthèse, incapacité de répondre correctement à la rétroaction ou de l'utiliser à bon escient
  • Établissement des «chaînes de comportement» de façon à clarifier la séquence de ce qui survient dans le comportement qui résulte (techniques de prévention de la rechute)
  • Évaluation des normes et des règles et leur adaptation aux objectifs à long terme.
  • Obtention et utilisation de la rétroaction.
  • Contrôle de l'environnement.
.

Barkley ne formule pas d'hypothèses sur les stratégies de traitement pour les adultes, mais l'extériorisation des mécanismes d'autocontrôle par des stratégies de sur-apprentissage telles l'autorégulation, l'autopersuasion et l'identification de contingences comportementales, c'est-à-dire le séquençage de comportements qui entraînent des résultats, serait une approche.

Les premiers travaux de Meichenbaum (1977) sur l'autoapprentissage ont ouvert la voie à ceux qui travaillent auprès de clients aux prises avec des problèmes d'autocontrôle. De l'avis du chercheur, l'auto-apprentissage, composé de formation sur les techniques d'autopersuasion guidée, aiderait les clients en leur permettant de mieux exécuter cinq fonctions : orienter leur attention vers des événements pertinents; interrompre une réaction automatique à des stimuli environnementaux; chercher et choisir de nouveaux plans d'action ; axer son comportement sur des règles et des principes (c.-à-d., critères d'auto-apprentissage pour la réussite, aide au rappel de certaines actions et concentration de la personne sur des valeurs pertinentes) et conserver une séquence d'activités dans la mémoire à court terme qui peut être réactivée.

Au cours des 15 dernières années, les traitements des délinquants faisant appel à des interventions cognitivo-comportementales axées sur l'acquisition d'habiletés d'autocontrôle ont le plus souvent été associés à des réductions de la récidive (Gendreau & Ross, 1979; Izzo & Ross, 1990; Sherman et al., 1997; Vennard, Sugg & Hedderman, 1997). Les études dans lesquelles on a appliqué les techniques méta-analytiques à l'évaluation d'un vaste corpus de rapports publiés, et dans un certain nombre de cas, non publiés (Andrews et al., 1990; Antonowicz & Ross, 1994; Izzo & Ross, 1990; Lipton, 1998; Lösel, 1995; McGuire, 1995) ont mis au jour une ampleur d'effet moyenne faible (0,08 à 0,15), mais significative pour le traitement correctionnel, les interventions cognitivocomportementales étant citées au nombre des approches associées de façon consistante à des résultats positifs. Même si environ 80 % des études portaient sur des méta-analyses visant des jeunes, un certain nombre d'études mettant en cause des sujets adultes concluent à une tendance positive semblable pour cette approche. Les interprètes les plus optimistes de la littérature estiment que, lorsque des interventions «appropriées» sont faites, on peut s'attendre à des ampleurs d'effet supérieures à 0,30 (Andrews & Bonta, 1994). Cette situation se traduit par des écarts dans les taux de récidive de 10 à 15 % entre les délinquants traités et ceux du groupe témoin qui n'ont pas suivi le traitement (par exemple, des taux de récidive de 40 % par opposition à 50 % ou 55 %) (tiré de McGuire, 1995).

Un certain nombre de programmes d'acquisition d'habiletés de réflexion sont maintenant offerts en milieu correctionnel. Toutefois, aucun n'est aussi répandu que le Programme d'apprentissage cognitif des compétences, connu également sous le nom de Programme de raisonnement et de réadaptation, qui a été élaboré par Ross et Fabiano. Le Programme d'apprentissage cognitif des compétences est devenu un programme de base du système correctionnel fédéral canadien et il a été également mis en œuvre ailleurs dans le monde, soit aux États-Unis, en Europe, en Australie et en Nouvelle-Zélande, et dans tout le système carcéral et le service de probation du Royaume-Uni. Le programme constitue le premier d'une série de six programmes d'acquisition de compétences psychosociales offerts aux délinquants sous responsabilité fédérale au Service correctionnel du Canada. Les autres programmes sont les suivants : Gestion de la colère et des autres émotions; Vivre sans violence dans la famile, Compétences parentales, Compétences liées à l'intégration communautaire et Initiation aux loisirs. Des programmes de maintien des acquis faisant suite au Programme d'apprentissage cognitif des compétences et au Programme de gestion de la colère et des autres émotions sont également donnés dans la collectivité.

Chaque domaine d'intervention du Programme d'apprentissage cognitif des compétences est traité en plusieurs séances, et le matériel utilisé se recoupe largement d'un domaine à l'autre pour donner aux participants la possibilité d'approfondir les compétences enseignées. Le programme consiste en 35 séances de deux heures chacune; il est dispensé à des groupes de quatre à dix délinquants, deux à quatre fois par semaine. Le manuel du formateur est très structuré et rédigé de façon à maximiser la normalisation du programme. Le succès du programme repose en partie sur le choix d'une gamme de techniques d'enseignement qui créent une atmosphère agréable dans la salle pour les participants. On évite l'approche didactique. Pour donner leurs cours, les formateurs -- ou les moniteurs, comme on les appelle -- mettent à profit les jeux de rôle, la rétroaction filmée sur bande vidéo, l'apprentissage par imitation, les discussions en groupe, les jeux et la revue des travaux pratiques exécutés en dehors des cours.

ORIENTATIONS FUTURES

Même si le Programme d'apprentissage cognitif des compétences est un programme d'intervention généralement efficace pour combler un grand nombre des lacunes inhérentes aux problèmes liés à l'autocontrôle cernés chez les délinquants chroniques ou à risque élevé de récidive, il ne les vise pas toutes (voir le Tableau 15.2).

Il est possible d'obtenir de meilleurs résultats avec les délinquants à risque élevé en leur fournissant un traitement intensif et un suivi plus long ou encore en établissant pour eux de meilleurs plans correctionnels. À cet égard, le Service correctionnel du Canada (SCC) a la chance d'avoir de nombreux programmes conçus pour répondre à un certain nombre de besoins, et la plupart des bureaux de libération conditionnelle disposent maintenant des fonds requis pour offrir un suivi adéquat dans la collectivité une fois que les délinquants ont été mis en liberté. Le SCC a élaboré récemment des programmes intensifs normalisés pour répondre aux besoins en traitement des délinquants qui présentent les risques les plus élevés. Même si ces programmes s'attaquent à des problèmes différents (Prévention de la violence, Prévention de la violence dans la famille, Prévention de la toxicomanie [en cours d'élaboration]), leurs composantes de base servent à former les délinquants à la plupart des techniques cognitivo-comportementales contenues dans le Programme d'apprentissage cognitif des compétences; plus de temps y est également prévu pour permettre aux délinquants d'approfondir les compétences et de discuter pour qu'ils puissent comprendre l'application de ces techniques à leur vie et aux circonstances qui les concernent. Comme le montre le Tableau 15.1, ces nouveaux programmes permettent d'enseigner aux délinquants les compétences et les stratégies qui, selon le modèle de Barkley, feraient défaut chez les personnes très impulsives. Les programmes intensifs servent à enseigner une gamme élargie de compétences dont bon nombre sont comprises dans le Programme d'apprentissage cognitif des compétences ainsi que les compétences suivantes :

  • L'enseignement des échecs de l'autocontrôle. Cela signifie enseigner aux délinquants à observer leur mode de réflexion avant un geste violent ou abusif et d'y parer pour que la réflexion désamorce la situation plutôt que de l'aggraver.
  • L'autosurveillance et d'autres techniques de réduction de l'activation. Cela implique l'extériorisation de la conscience des concomitants physiologiques et psychologiques de la fonction d'alerte qui mènent à la violence et à l'agression et l'apprentissage de techniques de gestion de l'activation.
  • Les techniques de renforcement de soi et d'autopunition. Cela implique également l'élaboration de techniques d'autopersuasion que les participants apprennent à utiliser lorsqu'ils réagissent bien dans des «situations à risque élevé» et lorsqu'ils y réagissent mal. L'objectif, toutefois, est de maximiser l'autoefficacité et, par conséquent, de faire ressortir les aspects positifs de la réaction d'adaptation.
  • L'enseignement d'aptitudes verbales d'autocontrôle pour aider le sujet à reconnaître le lien événement (A)→réflexion (B)→sentiment ou comportement (C), et à développer et à utiliser l'autopersuasion efficacement. C'est la base du modèle «ABC» de la Psychothérapie cognitive, adapté à des programmes visant la gestion de la colère, la modification des schémas ou des pensées hostiles et des attitudes qui augmentent le risque de comportements antisociaux.
  • L'établissement de normes de conduite (création de règles). Dans certains programmes, cela implique la modélisation d'attitudes et de conduites prosociales par les animateurs, tandis que dans d'autres, cela implique la création de principes moraux et éthiques découlant des discussions de groupe ainsi que l'acquisition et l'expérience de comportements orientés vers des objectifs correspondant à ces normes.
  • La définition des «chaînes comportementales» pour clarifier la séquence menant au comportement résultant. Cela implique le séquençage du processus menant aux infractions pour que les délinquants constatent que contrairement à ce qu'ils allèguent, il ne s'agit pas d'événements incontrôlables et inévitables. À chaque élément de la séquence, ils apprennent comment ils auraient pu intervenir pour diminuer le risque de «l'issue», c'est-à-dire les comportements agressifs ou illégaux.
  • L'évaluation des normes et des règles personnelles et sociétales et leur fusion avec les objectifs à long terme. Cela implique la définition d'objectifs à court et à long terme et l'évaluation des objectifs et des progrès réalisés à l'aide de critères déterminés.
  • Le contrôle de l'environnement. Pour les délinquants présentant le niveau de risque le plus élevé, l'intervention la plus adéquate sera l'imposition de contrôles externes tels une surveillance intensive, la maison de transition et l'implication de groupes de soutien communautaires et familiaux. Cela implique en outre l'apprentissage de moyens de gérer leur propre environnement. Cela peut se faire par le recours à des comportements d'autosurveillance et grâce à des aptitudes d'auto-observation, à des techniques de gestion des distractions, à la préparation à la réussite, à des stratégies d'automotivation ainsi qu'à des techniques de maîtrise des réactions, de renforcement de soi et d'autopunition.

Avec les progrès attendus dans la recherche pharmacologique, on pourrait mettre à profit des programmes intensifs de traitement cognitivo-comportemental et une médication appropriée pour aider les délinquants chroniques à risque élevé qui sont aux prises avec des problèmes diagnostiqués de contrôle de l'impulsivité à moduler leur réponse à l'environnement.


1 Service correctionnel du Canada

2 Carleton University


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