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L'état de santé mentale des détenus fédéraux
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Une enquête importante sur la fréquence de troubles psychiques chez les délinquants
confiés au Service correctionnel du Canada a révélé que ce genre de
problèmes est en voie de devenir l'un des principaux défis auxquels doit aujourd'hui faire
face le secteur correctionnel fédéral. La Direction de la recherche a surveillé la réalisation d'une étude comportant des entrevues avec plus de 2 000 détenus fédéraux choisis au hasard. C'est la première fois que le Service correctionnel du Canada fait un effort de cette envergure pour évaluer la fréquence, la nature et la gravité des problèmes de santé mentale chez les détenus adultes de sexe masculin en se servant de critères diagnostiques objectifs semblables à ceux qu'utilisent habituellement les professionnels de la santé mentale. L'enquête se fonde sur l'administration du test Diagnostic Interview Schedule (DIS) (questionnaire d'entrevue diagnostique), un outil de travail élaboré par le National Institute of Mental Health et approuvé par l'Organisation mondiale de la santé. Ce test a été conçu pour des recherches sur des segments importants de la population, tant de sexe masculin que féminin, et a également été utilisé pour évaluer la fréquence des troubles psychiques et de comportement au sein des populations carcérales. Le test DIS établit l'existence de troubles psychiques à partir d'une série de critères rigoureux extrait du American Psychiatric Association Diagnostic and Statistical Manual III. Le test consiste en une entrevue extrêmement structurée comprenant une série de questions types au cours de laquelle les interventions de l'intervieweur sont réduites au strict minimum réduisant par le fait même les risques d'erreur dans l'attribution des cotes. Les résultats de cette enquête ont révélé des faits intéressants sur la fréquence des troubles psychiques au sein de la population carcérale du Service correctionnel du Canada. Cette fréquence se fonde sur le pourcentage de détenus ayant présenté des symptômes de troubles mentaux au moins une fois au cours de leur vie. Comme l'indique le tableau 1, le risque d'avoir vécu au moins un épisode de troubles psychotiques (schizophrénie, tendances schizophréniques, penchants morbides) est de 10,4 %. Le risque de troubles dépressifs (dépressions profondes, dysthymie, double personnalité) est de 29,8%; le risque de troubles d'anxiété (panique, angoisse générale, phobie, agoraphobie, somatisation) est de 55%; et le risque de troubles psychosexuels (dysfonction, transsexualisme, homosexualité incompatible avec le moi) est de 24,5%. Tableau 1
Pour que notre méthode d'examen de la santé mentale soit mieux adaptée aux réalités des détenus, nous avons retenu des facteurs pouvant influencer toute une vie tels que les traits de personnalité antisociale, la consommation abusive d'alcool et de drogues et la dépendance à l'égard de ces substances; nous avons cherché à déterminer dans quelle mesure chacun de ces facteurs, considéré isolément ou en conjonction avec les autres, était présent chez les détenus. Le tableau 2 nous indique comment nous avons réparti les délinquants en fonction des critères diagnostiques que nous avions retenus pour examen. Nous remarquons que 37,8% des détenus présentent des traits de personnalité antisociale et éprouvent une dépendance à l'égard de l'alcool et des drogues dont ils font d'ailleurs un usage abusif. En fait, près d'un délinquant sur cinq est aux prises avec des traits de personnalité antisociale alliés à une consommation abusive d'alcool avec dépendance. Tableau 2
Pour bien cerner l'état de santé mentale des criminels, nous sommes demandés si les délinquants avaient déjà eu auparavant des comportements antisociaux, s'ils avaient déjà abusé d'alcool et de drogues ou éprouvé une certaine dépendance à l'égard de ces substances et nous sommes servis de ces éléments comme critères. En fait, nous retrouvons ces facteurs chez 89% de la population carcérale. On peut donc parler d'un « profil criminel ». Les résultats présentés au tableau 3 nous indiquent que les délinquants répondant au profil criminel ont également beaucoup plus de troubles psychiques que ceux qui ne répondent pas au profil criminel; ils ont cinq fois plus de chances d'avoir vécu un épisode psychotique à une époque ou l'autre de leur vie. Tableau 3
Il est possible que les résultats de cette enquête reflètent également d'autres facteurs : différences entre les détenus incarcérés et ceux qui sont en liberté, degré de précision avec lequel les détenus se souviennent des différents épisodes qu'ils ont pu vivre il y a déjà longtemps et franchise avec laquelle les détenus signalent tous leurs symptômes. En fait, il est fort possible que les détenus de nos établissements aient connu beaucoup plus d'épisodes de troubles psychiques que nous ne l'avions d'abord cru. |
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