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Le partage des obligations professionnelles et familiales

En 1951, moins d'un quart des Canadiennes avaient un emploi rémunéré hors du foyer. En 1987, c'était devenu le cas de plus de la moitié d'entre elles, et le Conference Board du Canada prévoit que d'ici 1993, presque les deux tiers des Canadiennes gagneront un salaire en travaillant à l'extérieur de leur foyer.

Cette entrée massive des femmes dans la main-d'oeuvre rémunérée a eu et continuera d'avoir une incidence sur la famille et sur les secteurs d'emploi pour les hommes et les femmes. Il y a trente ans, à une époque où la plupart des femmes travaillaient à la maison, les hommes s'en remettaient peut-être à leurs épouses pour veiller à tous les aspects de la vie familiale. Aujourd'hui, alors que le nombre de femmes qui travaillent hors du foyer ne cesse d'augmenter, il faut revoir le partage des obligations familiales et professionnelles entre les hommes et les femmes.

Un récent sondage mené auprès d'employés de la fonction publique étudiait l'influence du rapport changeant entre la famille et le milieu de travail sur les organisations, les familles et les travailleurs. Ce sondage examinait également dans quelle mesure les nouvelles formes d'organisation du travail (par exemple les horaires souples et le lieu de travail non fixe) aident les employés à se partager entre leurs responsabilités familiales et professionnelles.

Cinq mille neuf cent vingt et un fonctionnaires travaillant dans six ministères dans la région de la Capitale nationale ont été choisis au hasard pour prendre part au sondage mené sous les auspices conjointes du ministère de la Santé nationale et du Bien-être social, du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et du Centre national de recherche et de développement en administration. Le questionnaire de 19 pages et 57 questions s'est avéré un riche filon d'information sur la vie professionnelle et familiale de ces travailleurs. Malheureusement, on ne peut en présenter qu'une partie ici. L'échantillon Environ la moitié des travailleurs consultés étaient des femmes. Les participants étaient âgés en moyenne de 40 ans. Les hommes de l'échantillon étaient généralement plus âgés que les femmes (41,6 et 37,8 ans respectivement).

Soixante-quinze pour cent des participants étaient mariés ou habitaient avec un partenaire au moment du sondage. La proportion d'hommes mariés était nettement supérieure à celle de femmes mariées (80 p. 100 par rapport à 67 p. 100).

Les deux tiers des participants avaient des enfants habitant leur foyer. Le quart avait des enfants d'âge préscolaire (ayant moins de cinq ans). Par rapport aux femmes, les hommes avaient plus souvent des enfants qui habitaient la maison parentale (70 p. 100 comparativement à 62 p. 100), quoique le nombre (environ deux) et l'âge moyens (environ 13 ans) des enfants fussent comparables pour les deux sexes.

De façon prépondérante dans les familles (87 p. 100), le mari et la femme avaient tous deux un emploi rémunéré. Seulement 13 p. 100 des participants avaient une structure familiale dite traditionnelle, c'est-à-dire où l'homme est le soutien de famille et la femme s'occupe du foyer. Environ il p. 100 des personnes ayant rempli le questionnaire étaient chefs de familles monoparentales, à raison d'environ deux tiers de femmes et un tiers d'hommes. Le milieu de travail En moyenne, les fonctionnaires consultés travaillent huit heures et demie par jour. La plupart (55,6 p. 100) faisaient une journée de travail traditionnelle (du 9 à 5), quoique les femmes fussent nettement plus susceptibles que les hommes d'avoir un horaire de travail normal (60 p. 100 comparativement à 51 p. 100).

Les hommes autant que les femmes convenaient que la journée de travail de 9 heures à 17 heures leur plaisait moins que les heures souples, la semaine comprimée ou les structures de travail à domicile. Environ 42p. 100 des individus de l'échantillon bénéficiaient d'un quelconque régime permettant la flexibilité des horaires de travail - à peu près le quart d'entre eux travaillait des heures souples et environ 17 p. 100 faisaient une semaine comprimée.

Une proportion appréciable des travailleurs consacraient régulièrement assez de temps à leur travail pour que leur vie familiale s'en ressente - le quart des personnes consultées faisaient des heures supplémentaires à la maison. En fait, en moyenne, 22p. 100 travaillaient plus de 10 heures par jour ou environ 52 heures par semaine, sans compter le temps travaillé durant les fins de semaine. Ces chiffres dépassent la moyenne nationale. Quoique les hommes fissent plus souvent que les femmes des heures supplémentaires les jours ouvrables (25 p. 100 comparativement à 19 p. 100), les femmes qui travaillaient des heures supplémentaires en faisaient considérablement plus que les hommes. Cette constatation s'est avérée vraie pour les trois catégories d'heures supplémentaires présentées dans le sondage (heures travaillées à la maison les jours ouvrables, heures travaillées à la maison ou au bureau en dehors des jours ouvrables).

Les personnes ayant accès à un ordinateur portatif ou possédant un ordinateur personnel ou un modem consacraient environ une heure par jour de leur temps à la maison à leurs fonctions professionnelles. Elles déclaraient agir ainsi afin de concilier leurs obligations professionnelles et leur vie familiale, pour respecter des délais de travail et pour augmenter leur rendement. La vie de famille En moyenne, les personnes qui ont pris part au sondage consacraient légèrement plus de deux heures par jour ouvrable aux corvées et aux courses pour la maison. Malgré l'augmentation du nombre de femmes sur le marché du travail, le partage des responsabilités familiales a peu changé : c'est encore aux femmes qu'incombent la plupart des tâches ménagères et le soin des enfants. Par rapport aux hommes, les femmes qui ont participé au sondage passaient nettement plus de temps à faire marcher la maisonnée (2,6 heure par jour ouvrable par rapport a 2 heures). En outre, elles consacraient plus de temps à leurs enfants (1,9 heure par jour ouvrable comparativement à 1,7 heure).

L'examen de l'emploi du temps respectif des hommes et des femmes les jours où ils ne travaillaient pas au bureau a révélé que les femmes passaient plus de temps que les hommes à faire des corvées ménagères (4,8 heures et 4 heures respectivement par journée de congé) et davantage de temps en compagnie de leurs enfants (3,8 heures et 3,5 heures respectivement par jour de congé). Inversement, les femmes se réservent moins de temps pour elles, pour s'adonner par exemple à des divertissements : en moyenne, les hommes passaient 5,9 heures de leur journée de congé à poursuivre leur intérêts personnels, par rapport à 5,1 heures pour les femmes.

La plupart des femmes de l'échantillon semblaient avoir assumé le fardeau d'une occupation professionnelle sans réduction proportionnelle de leurs responsabilités familiales. Pratiquement 70 p. 100 des mères qui ont participé au sondage ont déclaré que c'était surtout à elles qu'il incombait de s'occuper des enfants tandis que pratiquement 60p. 100 des maris ont déclaré que leur épouse, la mère des enfants, était la personne qui s'occupait de ceux-ci. Autrement dit; seulement 6 p. 100 des femmes ont rapporté que leur époux, le père, était le principal responsable des enfants. De même, seulement 6 p. 100 des pères interrogés dans le cadre du sondage ont rapporté que c'est principalement sur eux que retombait la responsabilité de s'occuper des enfants. De plus, moins du tiers des individus de l'échantillon étaient d'avis que la responsabilité des enfants était également partagée entre les deux parents; en revanche, les hommes étaient nettement plus portés que les femmes à le croire (37 p. 100 comparativement à 25 p. 100).

La plupart des personnes consultées avaient pris des dispositions pour que leurs enfants reçoivent les soins nécessaires hors de leur foyer, et semblaient satisfaites de cette situation. L'équilibre entre le travail et la famille Il y a conflit entre la vie professionnelle et la vie familiale d'une personne lorsque celle-ci doit assumer les rôles de travailleur, de conjoint et, dans bien des cas, de parènt. Tous ces rôles entraînent des dépenses de temps, d'énergie et de volonté, lorsqu'il sont correctement assumés.

La moitié des fonctionnaires consultés (19 p. 100 des hommes et 26 p. 100 des femmes) étaient en proie à un conflit famille-travail plus grave que la moyenne (d'après les rapports consultés à ce sujet).

Ils étaient également tiraillés par le trop grand nombre de rôles qu'ils devaient assumer. La pression due aux rôles impartis était mesurée sur une échelle de cinq points; plus la cote était élevée, plus la pression était forte. Une cote moyenne indiquait que les personnes consultées avaient l'impression d'en avoir trop à faire (3,44), qu'elles se sentaient physiquement et psychologiquement épuisées en arrivant chez elles après le travail (3,44 et 3,28), qu'elles se sentaient bousculées et qu'elles n'avaient pas assez de temps pour elles (3,48). Les femmes ont systématiquement donné des cotes plus élevées que les hommes.

Les participants au sondage étaient aussi d'avis que leur travail empiétait sur leur vie familiale. A cet égard, trois types d'empiétement ont été étudiés. D'une part, les chercheurs ont mesuré jusqu'à quel point le travailleur avait l'impression que ses obligations professionnelles l'empêchaient de s'acquitter de ses responsabilités familiales. Le sondage a révélé que les employés auraient aimé avoir davantage de temps à consacrer à leurs familles (3,62) et à leurs enfants (cote moyenne de 2,89 sur une échelle où une cote basse reflétait une impression de manque de temps). Quoique les femmes consacrassent davantage de temps aux corvées ménagères et au soin des enfants que les hommes, elles étaient plus portées à penser que leur travail empiétait sur leur vie familiale.

D'autre part, les chercheurs mesurèrent jusqu'à quel point le travailleur avait l'impression que ses obligations familiales l'empêchaient de s'acquitter correctement de ses responsabilités professionnelles. Plus les cotes données sur cette échelle étaient basses (moyenne de 1,84), moins les personnes consultées étaient susceptibles de laisser leur vie familiale empiéter sur leur travail. Les chercheurs ont avancé deux explications à cet égard : primo, l'éthique de travail nord-américaine dicte que les obligations professionnelles l'emportent sur les obligations familiales et secundo, bon nombre de travailleurs pensent que les conséquences négatives éventuelles seront moindres s'ils consacrent plus de temps et d'énergie à leur travail au détriment de leur famille.

La dernière mesure de la perception d'empiétement du travail a révélé que les travailleurs, pour la plupart, n'avaient pas l'impression de bien équilibrer leurs obligations professionnelles et leurs devoirs de famille. La cote moyenne était de 2,73 sur une échelle de cinq points où une cote basse indiquait une difficulté à faire le partage équitable entre les obligations professionnelles et familiales. Les nouvelles formes d'organisation du travail Dans la mesure où l'organisation sociale est telle que certaines choses ne peuvent se produire qu'à certains moments, la répartition des heures de travail est une caractéristique importante d'une étude sur l'incidence des heures de travail. Lorsque l'horaire de travail d'une personne pose un problème, il arrive parfois que la famille ne puisse passer de temps ensemble, et tous les membres en souffrent. Il y a également conflit lorsque l'horaire de travail d'un employé l'empêche d'assister aux manifestations scolaires ou de se procurer les services de base.

Les heures et les emplacements de travail flexibles sont une solution qui pourrait améliorer la mesure dans laquelle le travailleur réussit à faire la part entre son travail et sa famille en autant qu'elle lui permettrait de mieux organiser sa vie, de planifier son emploi du temps et de se faire à ses nouvelles fonctions dans la famille et au travail. Si les employés peuvent choisir quand ils travaillent et à quel endroit, ils travailleront aux heures et à l'endroit qui leur conviennent le mieux d'après leur style de travail, leurs devoirs familiaux et l'emploi de leurs loisirs.

Pourtant, le sondage a révélé que la souplesse des horaires de travail ne semble permettre ni aux hommes ni aux femmes d'équilibrer leurs responsabilités professionnelles et personnelles. Les hommes et les femmes qui travaillent des heures souples ou une semaine comprimée étaient tout aussi susceptibles que les autres travailleurs d'éprouver de la difficulté à organiser leur temps et celui de leur famille. Il était tout aussi probable qu'il y ait conflit entre leurs vies familiale et professionnelle que chez les hommes et les femmes qui travaillent une semaine de travail traditionnelle.

Ce résultat indique qu'il ne suffit pas forcément d'offrir aux travailleurs des heures de travail souples pour résoudre le conflit entre les obligations professionnelles et familiales. Tentant d'expliquer ce phénomène, les chercheurs ont avancé que c'est peut-être parce que bon nombre de ministères n'offrent pas à leurs employés des horaires de travail réellement souples, c'est-à-dire qu'ils n'admettent pas que les employés arrivent au travail ou en partent à des heures changeantes, selon les besoins de ces derniers. En fait, ils permettent aux employés de choisir l'heure à laquelle ils se présentent au travail et en partent, mais ceux-ci doivent alors s'y tenir rigoureusement. Les employés qui se trouvent dans cette situation doivent donc composer avec les mêmes difficultés que leurs collègues qui travaillent une journée traditionnelle.

La flexibilité quant au lieu de travail a été évaluée selon que les employés pouvaient travailler à la maison ou disposaient des outils nécessaires pour travailler à la maison. Le sondage a révélé que la flexibilité quant au lieu de travail avait une incidence considérable sur l'emploi que les employés faisaient de leur temps. Ainsi, les employés qui avaient chez eux des outils de travail informatisés travaillaient nettement plus d'heures par semaine que les autres, à raison de 2,5 heures de plus par jour. En revanche, ces employés passaient nettement moins de temps à s'occuper des enfants, à faire des corvées ménagères ou à se consacrer à leurs loisirs que leurs collègues qui ne jouissaient pas du même accès à de tels outils.

Le sondage a permis de conclure que les organismes de la fonction publique ne peuvent ignorer la question de l'équilibre des responsabilités familiales et des obligations professionnelles. Parmi les recommandations formulées pour les guider à cet égard, on a proposé la restructuration du milieu de travail afin de rendre les heures et le lieu de travail plus souples, l'organisation de cours à l'intention des employés pour leur apprendre à concilier leurs obligations familiales et professionnelles et la restructuration des emplois.



L. Duxbury, C. Lee., C. Higgins et S. Mills. (Décembre 1991). « Balancing Work and Family: A Study of the Canadian Federal Public Sector ». Rapport non publié.