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La récidive chez les homicides

À quel point les délinquants coupables de meurtre ou d'homicide involontaire se tirent-ils d'affaire après avoir été relâchés des établissements fédéraux? Cet article contient des chiffres qui jetteront peutêtre un peu de lumière sur cette question.


Délinquants incarcérés pour meurtre, à l'origine

Dans le cadre d'une récente étude, des chercheurs ont suivi des meurtriers mis en libération conditionnelle totale entre 1975 et 1990 pour voir dans quelle mesure le temps que ceux-ci passent en libération conditionnelle dans la collectivité leur est bénéfique. La durée de la période de suivi variait, allant parfois de 15 ans pour les délinquants libérés en 1975 à quelques mois pour ceux qui ont recouvré leur liberté en 1990.

Entre le 1er janvier 1975 et le 31 mars 1990, 658 meurtriers ont bénéficié d'une libération conditionnelle totale. Certains ont été remis en liberté plus d'une fois, ce qui donne un total de 752 libérations conditionnelles totales. Comme l'indique la figure 1, plus des trois quarts des meurtriers relâchés (77,5 p. 100) n'ont pas dû réintégrer la prison après avoir été mis en libération conditionnelle. Parmi les délinquants qui sont retournés en prison, 13,3 p. 100 ont été repris pour infraction technique aux conditions de leur libération tandis que 9,2 p. 100 avaient commis une infraction criminelle.



Figure 1
Figure 1
Des 69 actes criminels commis par des meurtriers en liberté conditionnelle, il s'agissait, dans 30,4 p. 100 des cas (21), d'infractions contre la personne, dans 18,8 p. 100 (13) des cas, d'infractions liées aux drogues, dans 17,5 p. 100 (12) des cas, d'infractions contre les biens, dans 8,7 p. 100 (6) des cas, de vols qualifiés, et dans 24,6 p. 100 (17) des cas, d'autres infractions au Code criminel.

Cinq des meurtriers libérés (sur 658) ont commis un deuxième meurtre alors qu'ils étaient en libération conditionnelle totale. Trois d'entre eux ont été inculpés de meurtre au premier degré et deux, de meurtre au deuxième degré. Dans tous les cas, les délinquants avaient à l'origine été inculpés de meurtre non qualifié. Outre ces cinq cas, pas un des meurtriers libérés n'a été inculpé de tentative de meurtre ou de quelque autre infraction entraînant la mort.

La récidive chez les meurtriers peut être envisagée sous un autre jour: en divisant les groupes de meurtriers en catégories précises. La figure 2 retrace le sort des délinquants en libération conditionnelle totale ventilé, au 31 juillet 1990, selon qu'ils étaient coupables de meurtre qualifié, de meurtre non qualifié, de meurtre au premier degré ou de meurtre au deuxième degré.



Figure 2
Figure 2
La libération conditionnelle a été révoquée pour environ un délinquant sur dix coupables de meurtre au deuxième degré. Ce ne fut cependant le cas d'aucun des délinquants coupables de meurtre au premier degré, mais un délinquant sur trois coupables de meurtre qualifié et un sur quatre coupables de meurtre non qualifié ont également été repris par la justice. De même, 0,6 p. 100 des délinquants ayant commis un meurtre au deuxième degré, aucun de ceux coupables de meurtre au premier degré, 2,7 p. 100 de ceux coupables de meurtre qualifié et 3,5 p. 100 de ceux coupables de meurtre non qualifié ont commis une infraction contre autrui après avoir été mis en libération conditionnelle totale. Il faut toutefois éviter de comparer les groupes entre eux en fonction de ces données étant donné que certains groupes (p. ex. celui des délinquants ayant commis un meurtre au premier degré) sont très peu nombreux et que la période de suivi a parfois été très courte.


Délinquants inculpés d'homicide volontaire, à l'origine

Entre le 1er janvier 1975 et le 31 mars 1990, 2 242 délinquants inculpés d'homicide volontaire ont été libérés, soit en libération conditionnelle totale soit sous surveillance obligatoire. Certains de ces délinquants ont été libérés plus d'une fois, ce qui donne 3 172 libérations en tout. De ces délinquants, 222 (7 p. 100) ont été relâchés à expiration du mandat (c'est-à-dire à la fin de leur sentence) et ne faisaient donc pas l'objet d'une surveillance dans la collectivité.

Sur les 93 p. 100 de délinquants coupables d'homicide involontaire relâchés sous surveillance dans la collectivité, 47,7 p. 100 (1 407) ont bénéficié d'une libération conditionnelle totale et 52,3 p. 100 (1 543), d'une libération sous surveillance obligatoire. Ces délinquants ont fait l'objet d'un suivi jusqu'au 31 juillet 1990 pour vérifier si certains d'entre eux seraient incarcérés de nouveau après avoir été libérés.

Moins du quart (21,7 p. 100) des délinquants mis en libération conditionnelle totale ont dû retourner en prison: dans 14,6 p. 100 des cas, la libération conditionnelle a~été révoquée parce que les conditions de la libération avaient été enfreintes, dans 6,5 p. 100 des cas, parce que le délinquant avait commis un acte criminel, et dans 0,5 p. 100 des cas, parce qu'il avait commis une infraction sommaire. La fréquence de révocation de la libération conditionnelle était environ le double (41,5 p. 100) parmi les délinquants en liberté sous surveillance obligatoire: 30,6 p. 100 d'entre eux avaient enfreint les conditions de la libération, 10 p. 100 avaient commis un acte criminel et 0,9 p. 100 avaient commis une infraction sommaire (voir figure 3).



Figure 3
Figure 3
Sur les 92 (6,5 p. 100) délinquants coupables d'homicide involontaire mis en libération conditionnelle totale et dont la libération a été révoquée parce qu'ils avaient commis un acte criminel, il s'agissait, dans 2,1 p. 100 des cas, d'infractions contre la personne, dans 0,6 p. 100 des cas, de vols qualifiés, dans 1,7 p. 100 des cas, d'infractions contre les biens, dans 0,4 p. 100 des cas, d'infractions liées aux drogues, et dans 1,7 p. 100 des cas, d'autres infractions au Code criminel.

Parmi les délinquants libérés sous surveillance obligatoire, la libération a été révoquée dans 10 p. 100 des cas (154) parce que le délinquant avait perpétré un acte criminel, dans 3,2 p. 100 des cas, parce qu'une infraction contre la personne avait été commise, dans 1,2 p. 100 des cas, en raison d'un vol qualifié, dans 3,4 p. 100 des cas, à cause d'une infraction contre les biens, dans 0,1 p. 100 des cas, en raison d'une infraction liée aux drogues, et dans 2 p. 100 des cas, à cause d'autres infractions au Code criminel.

Certains délinquants coupables d'homicide involontaire mis en libération conditionnelle totale ou sous surveillance obligatoire ont été de nouveau inculpés d'homicide après avoir été libérés. Ainsi, un des délinquants mis en libération conditionnelle totale a commis un meurtre au deuxième degré et quatre autres ont commis un homicide involontaire. Deux délinquants coupables d'homicide involontaire et libérés sous surveillance obligatoire ont commis un meurtre au premier degré, deux autres ont commis un meurtre au deuxième degré, deux autres encore ont été trouvés coupables d'homicide involontaire et enfin deux autres, de tentative de meurtre.

De ces chiffres, on peut conclure que la libération conditionnelle totale est moins susceptible d'être révoquée dans le cas des délinquants coupables d'homicide involontaire et que la probabilité que ceux-ci commettent d'autres infractions une fois libérés est plus faible que dans le cas des délinquants qui sont libérés sous surveillance.



Ces données ont été recueillies par la Direction de la recherche et des statistiques, puis analysées et compilées par Greg Erwin, agent de liaisons statistiques de la Commission nationale des libérations conditionnelles.