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Le module d'extension In-Reach du projet Life Line

Le prototype du projet Life Line, en oeuvre depuis maintenant un an, visait la mise sur pied et la réalisation d'un plan de libération individuel et structuré pour les détenus qui purgent une peine d'emprisonnement à perpétuité dans les pénitenciers fédéraux du Canada. Une des composantes de ce projet en deux étapes est aujourd'hui en place. La composanteIn-Reach, destinée aux établissements mêmes, vise principalement deux objectifs:
  • repérer les condamnés à perpétuité et les aider à gérer le déroulement de leur sentence durant l'incarcération;
  • aider les condamnés à perpétuité à se préparer à la révision judiciaire ou à la libération conditionnelle.
Même si la décision de libérer un condamné à perpétuité relève enfin de compte d'un tribunal externe, d'aucuns sont d'avis que les détenus peuvent se préparer activement en vue de ce processus et qu'ils sont capables de décider de ce dont ils ont besoin pour réussir à réintégrer la collectivité.

Le programme In-Reach est basé sur plusieurs faits attribuables à l'imposition de peines d'emprisonnement à perpétuité au lieu de la peine de mort. Depuis l'entrée en vigueur de cette disposition en 1976, le nombre de détenus purgeant des peines d'emprisonnement à perpétuité dans les établissements fédéraux ne cesse de croître. Ces détenus seront bientôt admissibles à la révision judiciaire (après avoir purgé 15 ans de leur sentence), avec le léger espoir d'obtenir la libération conditionnelle qu'elle apporte. Dans les établissements, les responsables des services s'intéressent généralement peu aux besoins de ces détenus à cause de la longueur de la peine que ceux-ci doivent purger. Souvent, ils sont complètement submergés par les exigences des détenus qui purgent une peine courte et dont le plan de libération exige leur attention immédiate.

Tant collectivement qu'individuellement, les détenus qui purgent une longue peine ont des besoins particuliers dont doivent s'occuper les agents correctionnels, les intervenants professionnels et les collectivités que ces détenus souhaitent réintégrer. Les personnes touchées par le programme Le détenu à perpétuité typique n'a rien du psychopathe ou du tueur en série dont cherchent à nous convaincre les médias, même si malheureusement il existe de tels spécimens dans notre société. D'après des chiffres compilés en 1988, trois condamnés à perpétuité sur quatre ont commis un meurtre au premier degré ou au deuxième degré. D'autres ont le statut de délinquant dangereux tandis que d'autres encore ont été condamnés pour homicide involontaire ou vol qualifié. Les trois quarts de ces délinquants n'ont jamais mis les pieds dans un pénitencier auparavant. Dans bon nombre de cas, l'inculpation d'homicide involontaire est la seule au casier judiciaire du délinquant.

Dans la plupart des cas d'homicide, la victime est le conjoint du délinquant ou est parent avec lui, ou il s'agit d'un amant délaissé ou d'une connaissance d'affaires. Dans 40 p. 100 des cas, le mobile apparent du crime est la vengeance, la jalousie, la colère ou une querelle ou un conflit. Dans près d'un tiers des cas, il y a consommation de drogue ou d'alcool.

Au moment où ils commettent l'infraction, la plupart des délinquants sont jeunes, peu instruits et au chômage. La majorité d'entre eux ont moins de 30 ans. Dans 97 p. 100 des cas, les délinquants sont de sexe masculin; dans 86 p. 100 des cas, sont des Blancs et dans 6 p. 100 des cas, ils sont d'origine autochtone. La plupart des condamnés à perpétuité disent regretter leur geste et ressentir le besoin de s'amender.

Dans les prisons, parmi les détenus, les condamnés à perpétuité sont généralement ceux qui montrent le plus de bonne volonté, qui fuient la violence et qui évitent de s'identifier de quelque façon que ce soit à la sous-culture de criminalité endurcie. L'existence de groupes de condamnés à perpétuité témoigne du fait que ces détenus perçoivent qu'ils possèdent une identité collective particulière et un système de valeurs commun qui se distingue de celui qui a cours en milieu carcéral. Qu'offre le programme? Les intervenants dans le cadre du programme In-Reach tentent de multiplier et d'augmenter les services assurés par l'équipe de gestion de cas et :
  • de prendre un contact initial et personnel avec tous les condamnés à perpétuité qui le désirent, afin de leur présenter le programme et les services connexes; d'aider les condamnés à perpétuité à participer à la gestion de leur propre sentence;
  • de participer aux conférences de cas pour fixer des plans à long et à court termes pour le détenu, compte tenu des objectifs que celui-ci souhaite atteindre;
  • d'aider les condamnés à perpétuité dans l'éventualité d'un transfert à un établissement ayant un niveau de sécurité moindre ou plus élevé; de collaborer avec l'équipe de gestion de cas au nom du détenu qui cherche à obtenir des permissions de sortir avec ou sans escorte, la libération conditionnelle de jour et, éventuellement, la libération conditionnelle totale;
  • assurer la liaison avec la collectivité et l'établissement en vue de la révision judiciaire et être prêt à intervenir en faveur du détenu au tribunal, s'il y a lieu;
  • participer à l'élaboration d'un plan de libération conditionnelle complet, y compris la description des services de soutien communautaires, pour les détenus qui sont prêts à comparaître devant la Commission nationale des libérations conditionnelles;
  • aider et guider la famille du détenu tout au long de ces processus;
  • assister aux réunions des groupes de condamnés à perpétuité pour se tenir au fait des questions qui les concernent globalement au sein de chaque établissement;
  • appuyer l'élaboration de projets spéciaux pour les condamnés à perpétuité, projets destinés à cultiver leurs sentiments d'accomplissement et d'estime personnelle.
Avenir du programme L'intention de ceux qui ont mis le programme sur pied est de l'introduire dans tous les établissements fédéraux de l'Ontario où sont incarcérés des condamnés à perpétuité. Les intervenants rendent visite aux équipes de gestion de cas, aux thérapeutes, aux agents de sécurité et aux directeurs d'établissement. Ils se rendent partout où il leur en vient l'idée, y compris dans les administrations régionales, pour être sûrs que tous sont au courant de l'existence du programme et des besoins urgents des condamnés à perpétuité à qui il est destiné.

Les responsables du programme espèrent en arriver à faire office d'intermédiaires fiables entre les condamnés à perpétuité et le système dans lequel ils évoluent, afin de faire progresser les choses et d'accélérer l'avènement des services et des soins spécialisés dont ceux-ci ont besoin.

Ceux qui s'occupent du programme veulent en arriver au point où tous les condamnés à perpétuité qui le méritent auront leur mot à dire sur leur séjour dans le système et la possibilité d'opérer un retour dans la collectivité mieux aptes à faire face aux problèmes qui les ont amenés à commettre un crime en premier lieu. Leur intention est d'aider le détenu à toutes les étapes du processus.

Pratiquement la moitié des 700 détenus à perpétuité qui sont incarcérés dans la région de l'Ontario ont été consultés pour recueillir de l'information de base. À l'heure actuelle, 300 détenus à perpétuité sont suivis régulièrement dans le cadre du programme. On sait qu'il en reste encore de nombreux à joindre. Il s'est avéré que certains condamnés à perpétuité n'ont pas eu de contact avec des professionnels depuis plusieurs années, et bon nombre d'entre eux se sont repliés sur eux-mêmes, menant une existence insulaire qui s'articule autour de leur routine quotidienne. Les intervenants espèrent trouver les détenus qui vivent dans ces circonstances et les inciter à reprendre une part active au processus de planification de leur libération. Exemples de besoin Jean a été condamné à l'emprisonnement à perpétuité en 1963. Il a pris cette sentence à la lettre et pensait qu'il devait réellement demeurer en prison le restant de ses jours. Personne ne lui a dit qu'en vertu de l'ancien système, il était admissible à la libération conditionnelle au bout de sept ans. Il ne parlait pas au personnel ni aux autres détenus. Jean est un illettré fonctionnel. Chaque fois qu'il était appelé à comparaître devant une commission ou un employé, il montrait des symptômes qui exigeaient son hospitalisation. Lorsqu'un intervenant du programme In-Reach a enfin réussi à le joindre, il est littéralement devenu la « bouée de sauvetage » de Jean. Aujourd'hui, Jean refuse de communiquer par quiconque, sauf par cet intervenant. On a désormais entrepris de mettre au point un plan de libération pour Jean.

Marc a purgé le délai d'admissibilité de 10 ans de sa peine d'emprisonnement à perpétuité. Quand l'intervenant du programme In-Reach lui a demandé quels étaient ses plans de libération, Marc a répondu qu'il ne pensait pas qu'on devrait le libérer tout de suite à cause de la conjoncture économique du Canada. À son avis, il valait mieux qu'il reste en prison tant que la récession n'était pas finie. L'intervenant l'a encouragé à prendre part aux services psychologiques.

On a conseillé à Pierre de suivre le programme; il s'est montré très emballé par les avantages que celui-ci pourrait peut-être lui apporter. En revanche, il a indiqué qu'il n'avait pas besoin d'aide puisqu'il avait été condamné à l'emprisonnement à perpétuité avec délai d'admissibilité de 10 ans. Vu qu'il est enfermé depuis 18 ans, a-t-il affirmé, il connaît le système suffisamment bien et n'a pas besoin d'aide. Or il est évident que Pierre a besoin d'aide puisqu'il n'a pas encore obtenu la libération conditionnelle, même s'il y est admissible depuis huit ans. Qui sont les intervenants? À l'heure actuelle, deux personnes exercent la fonction d'intervenants dans le cadre du programme In-Reach. Tous deux ont déjà été incarcérés dans un établissement fédéral. Tom French est un condamné à perpétuité bien connu dans le milieu correctionnel. Il a milité en faveur des droits des détenus pendant son incarcération et depuis sa remise en liberté.

Russ Elliott, qui a purgé 12 ans dans les établissements fédéraux, a récemment été recruté comme intervenant. Depuis qu'il a été relâché de prison, Russ s'est affairé à mettre sur pied des services pour les jeunes contrevenants dans la collectivité et a formé un vaste réseau de services pour ces jeunes dans les régions rurales de l'Est de l'Ontario.

Ensemble, Tom et Russ forment une équipe dynamique qui se consacre à venir en aide aux condamnés à perpétuité qui sont prêts à réintégrer la collectivité.

Pour plus amples renseignements ou pour formuler des critiques constructives ou des conseils, contacter Tom French et Russ Elliott à l'adresse suivante Life Line, Tom French -Russ Elliott, C.P. 246, succursale A, Kingston (Ontario) K7M 5E0. Tél. (613) 546-0047; télécopieur (613)542-1419.