D'autres modes d'incarcération : une unité spéciale pour les délinquants
âgés et les délinquants ayant une déficience
Le Department of Corrections de la Caroline du Sud a également essayé de
s'attaquer aux problèmes particuliers des délinquants toujours plus nombreux qui ont des
besoins spéciaux en installant les délinquants âgés ou avec une
déficience dans une unité spécialisée. Les unités ou les
établissements spécialisés offrent une solution pour la prise en
considération des besoins spéciaux d'un nombre croissant de délinquants.
Le Department of Corrections a pris conscience de l'accroissement du nombre de
délinquants âgés et ayant des besoins spéciaux depuis 1970, lorsqu'il a
inauguré un établissement à sécurité minimale conçu pour
être un foyer de personnes âgées accueillant des détenus. Certains
détenus ayant une déficience ont fini par être logés dans cet
établissement. Devenue trop nombreuse pour les locaux, cette population a
déménagé dans le State Park Correctional Center en 1983, qui est un
établissement à sécurité minimale conçu pour accueillir quelque 400
détenus des deux sexes et de tout âge. Il gère une unité pour les
détenus âgés ou ayant une déficience. Délinquants ayant des
besoins spéciaux Le Department of Corrections de la Caroline du Sud a défini la
notion de déficience de façon à inclure les délinquants ayant une
déficience physique ou intellectuelle qui limite de façon appréciable leur aptitude
à fonctionner de manière autonome dans la population carcérale ordinaire. Selon la
définition, les détenus considérés comme ayant une déficience doivent
avoir au moins deux caractéristiques de la liste suivante:
-
incapacité de mener une existence indépendante;
-
incapacité d'autodétermination;
-
problèmes de la vue, perte auditive ou difficultés d'élocution;
-
capacité d'apprentissage limitée;
-
inadaptation sociale et affective;
-
mobilité réduite;
-
problèmes de santé chroniques;
-
problèmes de santé aigus;
-
nécessité d'une étroite surveillance médicale.
Toutefois, les détenus ayant une déficience continuent à être
intégrés à la population ordinaire tant qu'ils sont en mesure de fonctionner dans
ce cadre. Ils sont transférés à l'unité spéciale lorsqu'ils ne
peuvent plus supporter le milieu carcéral habituel.
De même, les détenus ayant une déficience qui présentent plus de risques
pour la sécurité peuvent être transférés dans une unité
spéciale d'établissement à sécurité moyenne ou maximale. Les
programmes Bien que le fait de loger sous le même toit des détenus des deux sexes et de
tout âge puisse présenter certaines difficultés, cela crée un milieu de vie
plus normal. Le personnel a le souci de la dignité des résidents et les traite avec
respect en utilisant la formule de politesse «monsieur» ou «madame» et les
détenus adoptent la même attitude.
L'atmosphère est simple et détendue, mais la vie quotidienne n'en est pas moins
structurée en fonction d'activités routinières. Les détenus sont tenus de se
lever et de demeurer habillés toute la journée, de tenir leur chambre en ordre, d'assister
aux repas et aux visites médicales ainsi que de participer aux activités.
L'établissement de programmes individualisés est indispensable étant donné
que les détenus ont divers intérêts et aptitudes. Le personnel administratif doit
être créatif dans l'affectation des tâches, et souvent ces tâches doivent
être adaptées en fonction de certaines limites des détenus.
Cependant, tous les détenus travaillent dans les limites imposées par leur état de
santé. Les détenus âgés de 65 ans ou plus peuvent prendre leur retraite, mais
les crédits du travail (une façon de réduire la peine du détenu) ne peuvent
être accumulés que par ceux qui occupent un emploi.
Au lieu des activités professionnelles traditionnelles des détenus, on met parfois
l'accent sur des activités de loisirs qui peuvent par la suite déboucher sur une industrie
artisanale, un travail à temps partiel ou un hobby. Les détenus s'adonnent au jardinage,
au travail du bois, à la vannerie et à d'autres activités manuelles. Les soins
médicaux Des soins médicaux assurés 24 heures sur 24 constituent un volet
extrêmement coûteux de l'unité spécialisée. Les détenus ont de
nombreux problèmes de santé qui nécessitent des rendez-vous chez le médecin,
l'hospitalisation, la prise de médicaments et des traitements.
Il faut affronter la mort et la perte quotidiennement. Le vieillissement et la
détérioration physique qu'il entraîne sont un rappel constant de la fragilité
de la vie et la perte de liberté des détenus rend particulièrement difficile le
face à face avec la mort et la maladie. La réintégration dans la
collectivité Il est pratiquement impossible d'établir un projet de sortie car de nombreux
délinquants sont incapables d'occuper un emploi à plein temps et c'est souvent là
une condition obligatoire de la libération conditionnelle ou de la probation. Le personnel a pour
mission d'aider les détenus ayant des besoins spéciaux à préparer leur
libération et il s'efforce d'en modifier les critères afin qu'il soit tenu compte des
limitations de ces personnes.
La réintégration dans la collectivité est encore compliquée par le fait que
les délinquants âgés sont souvent sans famille ou ont perdu le contact avec elle;
ils se retrouvent donc sans foyer. Souvent, ils n'ont qu'un petit revenu et parfois même aucun
puisqu'ils n'ont pas été en mesure de cotiser à un régime de
sécurité sociale ou de se constituer un fonds de retraite.
Adaptation de l'article de ANDERSON, J. et McGEHEE, R.D. «South Carolina Strives
to Treat Elderly and Disabled Offenders», Corrections Today, vol. 53, n° 5, 1991, p.
124-127.