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Lutilisation du test MCMI-III pour prévoir linconduite en établissement
par Brad Kelln1, David Dozois et Ian McKenzie2
Limportante pour prendre les décisions adéquates, évaluation psychologique des délinquants est prévoir linconduite en établissement, planifier le traitement et la liberté conditionnelle3. Cette évaluation sest améliorée avec lutilisation dinventaires de personnalité et de psychopathologie, tels que lInventaire clinique multiaxial de Millon Millon Clinic Multiaxial Inventory (MCMI-III)4.
Le MCMI a initialement été mis au point pour la prise de décision diagnostique et la planification du traitement à lintention des patients psychiatriques5. Jusquà maintenant, personne na étudié lutilité prédictive Lévaluation profils de personnalité établis grâce au psychologique MCMI au sein de la population carcérale générale. Lun des avantages à utiliser le MCMI-III pour la prévision de linconduite est importante en établissement est que cet instrument déjà largement utilisé dans le système judiciaire6 et quil naugmente pas de les décisions considérable la charge de travail du adéquates, personnel. De plus, les prévisions relatives aux formes graves dinconduite faites prévoir cliniciens et des gestionnaires des cas ne linconduite en ni fiables ni exactes puisque ceux-ci ne peuvent pas les fonder sur des données établissement, dévaluation objectives7. Les travaux planifier le consacrés à lévaluation générale8 montrent également la nécessité davoir recours instruments dévaluation existants.
Dans notre étude, le MCMI-III a été conditionnelle. auprès dune population de détenus pour prédiction de linconduite en établissement. La validité ajoutée de cet inventaire a ensuite été examinée pour tester Les son pouvoir prédictif au-delà de données immédiatement disponibles telles que des informations dordre de démographique.
Méthodologie
Les auteurs de létude ont évalué 142 délin-quants incarcérés dans un établissement fédéral à sécurité moyenne (établissement de Drumheller) dont lâge moyen était de 30,77 ans (écart-type = 8,99; gamme de 18 à 67 ans). La durée moyenne de la peine était de 60,68 mois (écart-type = 60,78). Dans léchantillon, on comptait 59 % dindividus de race blanche, 27 % dAutochtones, 5 % dAsiatiques, 4 % dHispaniques, 4 % de Noirs et 1 % de membres dautres groupes ethniques. Ces chiffres sont comparables aux statistiques démographiques des établissements de lOuest canadien9. Un peu plus dun tiers des personnes évaluées (35 %) avaient été déclarées coupables de crimes la personne (cest-à-dire dagression sexuelle, de violence physique ou de meurtre), tandis que 65 % avaient été reconnues coupables dautre types de crimes (p. ex., dinfractions contre les biens ou de crimes liés à lalcool ou à la drogue). Dans le processus dévaluation, on tenait compte de lâge du participant, de son origine ethnique, du type dinfraction et de la durée de la peine.
Le MCMI-III est un inventaire composé de 175 énoncés auxquels le sujet répond par « vrai » ou « faux ». Il a été conçu en conformité avec les indications du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux 4e édition (DSM-IV)10. Le MCMI-III consiste en 10 échelles cliniques, 11 échelles de personnalité de base et 3 échelles de troubles graves de la personnalité.
Les renseignements sur linconduite en établissement ont été extraits des dossiers détenus. Pour définir linconduite en établissement, on a pris en considération les cinq facteurs suivants :
Lévaluation a effectuée juste ladmission des sujets à létablissement Drumheller, vu la plupart des détenus y étaient envoyés par établissements létablissement sécurité maximale dEdmonton). Les données démographiques les renseignements sur linconduite établissement ont été recueillis dans des dossiers administratifs. Le temps moyen écoulé entre la date dadmission et la collecte des données relatives à linconduite comportementale était de 9,28 mois (écart-type = 4,24).
Résultats
Les réprimandes sont infligées aux détenus coupables dune infraction disciplinaire dimportance mineure11. Ce type de peine constitue également une conséquence non-comportementale dune inconduite, tandis que dautres peines entraînent un certain type de comportement (p.ex. le paiement dune amende, le placement en isolement). Cest pourquoi le dossier des réprimandes de chaque détenu a été analysé séparément des peines plus graves infligées à la suite dune infraction disciplinaire. Les résultats de létude sont présentés en deux parties : tout dabord, les individus nayant à leur compte que des réprimandes ont été comparés avec le reste de léchantillon (le groupe de contrôle 1); ensuite, les individus qui sétaient vu infliger des peines comportementales ont été comparés avec le reste de léchantillon (le groupe de contrôle 2).
En vue de la prédiction des réprimandes, les sujets ont été répartis en deux catégories : le groupe de réprimande (n = 21) et le groupe de contrôle 1 (n = 121). Au cours dune analyse discriminante (AD)12, les variables démographiques, telles lâge, la durée de la peine et le type dinfraction, ont permis dobtenir un taux de classification correct de 50 % quant à la prédiction des réprimandes en établissement (cest-à-dire, 50 % des détenus ont été correctement identifiés comme recevant ou non une réprimande en établissement). Lajout des échelles du MCMI-III aux variables démographiques a permis détablir correctement, grâce à lanalyse discriminante, la probabilité des réprimandes à lendroit de 80 % des détenus.
Tableau 1
Exactitude prédictive du test
MCMI-III pour lidentification des cas dinconduite en établissement
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||||
Réprimande
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Inconduite
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|||
Données démographiques |
Données démographiques + MCMI-III |
Demographics |
Demographics + MCMI-III |
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Classification correcte 50 % | 50%
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80%
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69%
|
76%
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Sensibilité 91 % | 91%
|
67%
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71%
|
76%
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Spécificité 43 % | 43%
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82%
|
68%
|
76%
|
Remarque : La sensibilité est définie comme
le pourcentage de cas présentant les caractéristiques visées
(c.-à-d. la |
Léchelle du syndrome clinique somatoforme, léchelle de la personnalité évitante et léchelle de la personnalité autodestructrice ont eu une grande valeur prédictive pour le groupe de réprimande (cest-à-dire que le score obtenu pour ce groupe grâce à lapplication des échelles en question a été meilleur que pour le groupe de contrôle).
Pour être inclus dans le groupe de détenus coupables dinconduite en établissement à qui on a infligé des peines comportementales, les sujets devaient avoir été soumis à une ou plusieurs des peines suivantes :isolement, isolement cellulaire en dehors des heures normales, amende ou suspension. Les sujets ont été répartis en deux catégories : le groupe dinconduite (n = 41) et le groupe de contrôle 2 (n = 101). Les variables démographiques permettaient, à elles seules, de prédire des peines comportementales pour 69 % des détenus. Lexactitude des prédictions a atteint 76 % après linclusion dans lanalyse des échelles du test MCMI-III. Les résultats sont présentés dans le Tableau 1.
Dans cette analyse, 11 variables se sont avérées dune grande valeur prédictive pour linconduite en établissement. Les détenus qui sétaient vu infliger des peines comportementales étaient plus jeunes et leur score était plus élevé sur les échelles de personnalité suivantes : narcissisme, agressivité-sadisme, schizoïdie, personnalité antisociale, agressivité, passivité-agressivité et personnalité limite. Les scores plus élevés sur léchelle de personnalité compulsive sont reliés à une plus grande maîtrise de soi; il nest donc pas étonnant que les détenus à qui on avait infligé des peines comportementales à la suite dinfractions disciplinaires aient obtenu des scores plus bas sur léchelle de personnalité compulsive.
Quant aux échelles cliniques, ce même groupe a obtenu des scores plus élevés que le groupe de contrôle sur les échelles de dépendance à légard de lalcool et de troubles de la pensée. Les détenus ayant des antécédents dinconduite ont également obtenu des scores plus élevés pour lindice de modification de la réponse (Disclosure Modifying Index), ce qui indique quils étaient plus ouverts et plus honnêtes dans leurs réponses au test. Une telle découverte inattendue peut constituer un artéfact statistique de pathologie dans dautres échelles cliniques ou de personnalité (cest dire que léchelle de divulgation du test MCMI-III étant entièrement composée dautres échelles, des scores beaucoup plus élevés obtenus dans un grand nombre déchelles particulières feraient augmenter le score total de lindice de divulgation) ou peut être attribuée à des réponses impulsives.
Conclusion
Les résultats de notre étude montrent que le test MCMI-III permet dobtenir des données plus objectives pouvant être utilisées par des psychologues judiciaires pour prévoir linconduite dans les établissements correctionnels. Cette information, à son tour, peut être utilisée pour repérer les individus qui devraient faire immédiatement lobjet dinterventions psychologiques appropriées (p.ex., la formation sur le contrôle des impulsions, sur laptitude à résoudre des problèmes) afin de réduire le nombre de cas dinconduite dans le système pénitentiaire. Une recherche plus poussée savère nécessaire pour établir les scores limites à utiliser au sein des établissements particuliers en tenant compte des besoins de létablissement et de la composition démographique de sa population.
1. Les auteurs remercient le personnel de létablissement de Drumheller pour leur aide dans la réalisation de cette étude. Ce travail de recherche est parrainé par le Conseil de recherches médicales du Canada, la Killam Foundation et lAlberta Heritage Foundation for Medical Research. Nous sommes très reconnaissants de leur appui. Vous pouvez communiquer avec les deux premiers auteurs de cet article en vous adressant à : Program in Clinical Psychology, EdB 292, Université de Calgary, 2500, promenade University, N.W., Calgary (Alberta) T2N 1N4.
2. Établissement de Drumheller, C.P. 3000, Drumheller (Alberta) T0J 0Y0
3. SERIN, R. « Lévaluation psychologique initiale et son rôle dans les méthodes modernes de classement », Forum recherche sur lactualité correctionnelle, vol. 9, no 1, 1997, p. 51-54.
4. MILLON, T., MILLION, C. et DAVIS, R. Millon Clinical Multiaxial Inventory III Manual, Minneapolis (MN), National Computer Services, 1994.
5. MILLON, T., Manual for the Millon Clinical Mutiaxial Inventory, Minneapolis (MN), National Computer Services, 1983; voir aussi S. Wetzler, « The Millon Clinical Multiaxial Inventory (MCMI): A review », Journal of Personality Assessment, vol. 55, 1990, p. 445-464.
6. WEEKES, J.R., MORISON, S. J., MILLSON, W. A. et FETTIG, D. H. « A comparison of native Metis and Caucasian offender profiles on the MCMI », Canadian Journal of Behavioral Science, vol. 27, 1995, p. 187198.
7. COOPER, R.P. et WERNER, P. D. « Predicting violence in newly admitted inmates: A lens model analysis of staff decision making », Criminal Justice and Behavior, vol. 17, 1990, p. 431-447.
8. GROTH-MARNAT, G. Handbook of Psychological Assessment, New York, Wiley, 1990. Voir aussi P. E. Meehl, «What can the clinician do well?» Problems in Human Assessment, Éd. D. N. Jackson et S. Messick, New York (NY), McGraw-Hill, 1967, p. 594-599.
9. SERVICE CORRECTIONNEL DU CANADA. Faits et chiffres sur les services correctionnels au Canada, Ottawa (Ontario), 1993.
10. AMERICAN PSYCHIATRIC ASSOCIATION. Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, 4e édition, Washington (DC), 1994.
11. LOVELL, D. et JEMELKA, R. «When inmates misbehave: The costs of discipline», The Prison Journal, vol. 76, 1996, p. 165-179.
12. Lanalyse discriminante vise à trouver le meilleur
ajustement pour les données obtenues
(cest-à-dire que les composés
linéaires des variables dépendantes sont
calculés de façon
à être successivement maximisés).
Lanalyse discriminante pas à pas supprime la
redondance (ou multicollinéarité) des variables,
ce qui fait quon obtient linformation sur
lunique variance constatée par les
prédicteurs. Voir PEDJAZIR, E. J.
Multiple Regression in Behavioral Research, 2e
éd., Fort Worth (TX), Harcourt Brace, 1982.