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La prévision des tentatives de suicide chez les délinquants dans les pénitenciers fédéraux (R-91, 2000)

Cherami Wichmann, Ralph Serin et Larry Motiuk

ien qu’il faille certes examiner toutes les formes de suicide chez les délinquants, la présente étude ne porte que sur les Btentatives de suicide. Deux raisons ont milité en faveur de ce choix. Premièrement, le nombre de tentatives de suicide est beaucoup plus élevé que le nombre de suicide. Deuxièmement, les délinquants qui s’enlèvent la vie ont, dans une large proportion, tenté de le faire auparavant. Cette étude avait donc deux principaux buts. Le premier était de déterminer l’importance des diverses variables par rapport au risque de tentative de suicide. Le deuxièmeétait de déterminer si des éléments de l’Échelle d’évaluation du risque de suicide pouvaient être utilisés aux fins de prévision.

À l’automne 1994, dans le cadre de sa stratégie correctionnelle générale, le Service correctionnel du Canada a intégré au processus d’Évaluation initiale des délinquants (EID) une Échelle d’évaluation du risque de suicide. Cette Échelle consiste en neuf indicateurs qui sont cotés présents ou absent. Ces indicateurs, basés sur l’expérience clinique et les écrits sur le suicide en milieu carcéral, sont les suivants : le délinquant peut être suicidaire; a déjà tenté de se suicider; a récemment fait l’objet d’une intervention psychologique/psychiatrique; a perdu récemment un parent ou son conjoint; connaît actuellement des problèmes graves; est actuellement sous l’influence de l’alcool ou de drogues; manifeste des signes de dépression; a exprimé des idées de suicide; et a établi un plan pour se suicider. L’instrument d’évaluation du risque de suicide a été conçu comme un moyen de détection devant aider le personnel de correction à déterminer le niveau de risque de suicide qu’un délinquant peut présenter au moment de l’évaluation initiale.

Le rapport est structuré selon deux phases. La première phase reflète l’analyse des données démographiques et relatives à la peine intéressant tout délinquant de sexe masculin pour lequel un rapport d’incident de tentative de suicide avait été consigné dans le Système de gestion des détenus (n = 731). Cette analyse démontre bien que certains facteurs démographiques permettent de distinguer les délinquants en fonction de leur risque de suicide à long terme.

La seconde phase impliquait une analyse des délinquants pour lesquels il existait une information complète basée sur l’EID (ce processus n’a été mis en œuvre qu’à la fin de 1994). En conséquence, beaucoup moins de délinquants pouvaient être inclus dans cette phase. On a donc effectué des analyses sur 152 délinquants : 76 délinquants qui ont tenté de se suicider et pour lesquels on possédait une information complète basée sur l’EID et 76 délinquants qui n’avaient pas tenté de se suicider et qui correspondaient aux membres de l’autre groupe pour les variables de l’âge à l’admission, du type d’infraction et de la durée de la peine. Ces analyses incluaient divers aspects du fonctionnement psychologique évalués à l’admission. Les résultats semblent indiquer que les délinquants qui tentent de se suicider présentent un vaste éventail de difficultés personnelles et n’ont guère d’habiletés d’adaptation.

Ces constatations confirment le fait que la détermination actuelle du risque de suicide effectuée au moment de l’évaluation initiale est utile pour évaluer ce risque à court terme et recenser les délinquants qui risquent d’avoir des comportements suicidaires. Toutefois, il est possible de prévoir le risque à long terme de comportement suicidaire durant la peine en tenant compte de trois aspects non liés à la santé mentale qui sont déjà examinés au moment de l’évaluation initiale :

  1. Problèmes disciplinaires
  2. Incidents liés à la contrebande
  3. Condamnations antérieures à l’âge adulte

Les auteurs indiquent que leur recherche appuie la validité du processus de l’EID comme moyen de prévoir le comportement suicidaire, bien qu’il soit justifié de répéter les mesures. Toutefois les variables qui seraient importantes pour distinguer les délinquants qui tentent de se suicider de ceux qui ne le font pas et pour faire des prévisions statistiques des tentatives de suicide constituent un bon point de départ pour l’élaboration d’un outil d’évaluation du risque de suicide de la deuxième génération.