Délinquantes : Principales constatations de l’étude sur l’IDAFD-R

Faits saillants de la recherche: L’IDAFD-R est un outil valide et utile pour souligner les domaines de besoin associés à la révocation chez les délinquantes.

Publication

No R-395_W

Août 2017

Recherche en un coup d'oeil - PDF

Délinquantes : Principales constatations de l’étude sur l’IDAFD-R

Pourquoi nous avons effectué cette étude

L’Instrument de définition et d’analyse des facteurs dynamiques révisé (IDAFD-R) est une composante de l’évaluation initiale des délinquants (EID) utilisée par le Service correctionnel du Canada (SCC). Le présent numéro de Recherche en bref résume les principales constatations de deux projets de recherche à grande échelle permettant de valider l’outil révisé et d’examiner d’autres méthodes de calcul pour coter les besoins propres aux délinquantes.

Ce que nous avons fait

Les données sur les délinquants ayant fait l’objet d’au moins une évaluation au moyen de l’IDAFD-R ont été obtenues à partir du Système de gestion des délinquant(e)s chez 24 798 hommes (24 % d’Autochtones) et 1 368 femmes (37 % d’Autochtones). Du nombre, 16 743 hommes et 992 femmes avaient été mis en liberté, et l’on possédait des données de suivi à leur sujet permettant d’examiner le lien entre les cotes et les résultats dans la collectivité. Les analyses étaient axées sur la prévalence des cotes et des indicateurs, les cotes de domaine qui ont influencé la cote globale de besoin et la détermination des indicateurs et des domaines le plus étroitement liés aux résultats dans la collectivité.

De plus, le domaine calculé et les méthodes de cote globale de besoin ont été examinés afin de déterminer s’ils amélioraient l’outil. Toutes les analyses ont été ventilées en fonction du sexe et de l’origine autochtone lorsque cela était possible.

Ce que nous avons constaté

Le niveau de besoin dans tous les domaines était le plus élevé chez les délinquantes, en particulier chez les délinquantes autochtones. Chez les délinquantes, les deux domaines les plus élevés étaient les domaines de la vie personnelle et affective et de la toxicomanie (> 75 % cotés à besoin modéré ou élevé pour chaque besoin). La cotation par les agents de libération conditionnelle des domaines attitude, toxicomanie et emploi et études exerçait la plus forte influence sur la détermination d’une cote globale élevée pour les délinquantesNote de bas de page 1.

Les cotes de l’IDAFD-R étaient généralement plus dynamiques pour les délinquantes que pour les délinquants, ce qui signifie qu’un plus grand nombre de délinquantes étaient susceptibles de voir une réduction du besoin au fil du temps. Par exemple, 26,6 % de toutes les délinquantes qui ont subi une deuxième évaluation ont eu une évaluation inférieure pour les besoins dans le domaine de la toxicomanie et 34 % des délinquantes autochtones ont obtenu une réduction de la cote de besoin.

Des besoins plus élevés dans tous les domaines étaient significativement liés aux résultats dans la collectivité des délinquantes autochtones1. Par exemple, les femmes à qui l’on a attribué la cote de besoin élevé dans le domaine de la toxicomanie étaient cinq fois plus susceptibles d’être réincarcérées que celles à qui l’on a attribué une cote de besoin faible ou d’aucun besoin (voir le tableau 1, où l’on compare le risque de révocation chez les délinquants et les délinquantes qui ont une cote de besoin élevé dans chaque domaine à ceux qui ont reçu une cote atout ou aucun besoin). Les résultats étaient similaires quoique légèrement plus faible pour les délinquantes ayant des besoins modérés.

Table 1
Association entre les cotes des domaines de l’IDAFD R de besoin élevé et de réincarcération, peu importe la cause
Domaine Tous les hommes
(CR)
Toutes les femmes
(CR)
Emploi/études 3.77*** 4.66***
Relations matrimoniales
et familiales
1.36*** 1.42*
Fréquentations 2.18*** 2.94***
Toxicomanie 3.53*** 4.73**
Fonctionnement dans
la collectivité
2.75*** 1.86***
Vie personnelle et affective 2.04*** 1.94*
Attitude 2.19*** 1.59**
Remarque : CR = coefficient de risque; * <,05;** <,01; ***<,001

La majorité des indicateurs de l’IDAFD-R était liée aux résultats dans la collectivité pour les délinquantes1. Ceux qui sont les plus associés à la réincarcération étaient liés à la toxicomanie, aux fréquentations antisociales, à l’instabilité financière, aux problèmes liés aux études et aux relations intimes problématiques. Certains indicateurs particulièrement forts comprenaient :

  • La fréquentation de toxicomanes (celles pour qui cet indicateur est présent étaient quatre fois plus susceptibles d’être réincarcérées que celles pour qui il ne l’était pas).
  • La consommation d’alcool ou de drogues s’est traduite par des infractions à la loi (environ quatre fois plus susceptibles).
  • La consommation d’alcool ou de drogues fait partie du cycle de délinquance (> 3 fois plus susceptibles).
  • Excès de consommation de drogues (> 3 fois plus susceptibles).
  • Antécédents de travail instables (> 3 fois plus susceptibles).
  • A vécu de l’aide sociale (2,5 fois plus susceptibles).
  • Instabilité financière (> 2 fois plus susceptibles).
  • A moins qu’un diplôme d’études secondaires ou l’équivalent (> 2 fois plus susceptibles).
  • Les relations intimes sont problématiques (> 2 fois plus susceptibles).

L’examen des autres méthodes de cotation de l’outil a révélé que les cotes calculées en fonction du pourcentage des indicateurs présents pourraient améliorer la validité prédictive de l’outil par rapport à celle du jugement professionnel structuré des agents de libération conditionnelle1. Toutefois, comme un plus grand nombre d’indicateurs étaient présents pour les délinquantes, cette méthode calculée de cotation des besoins a produit une prévalence plus élevée de cotation élevée des besoins. Nous avons donc modifié les règles de classification pour les femmes, ce qui a permis qu’un moins grand nombre de femmes se trouvent dans la classification élevée et davantage dans les classifications faible et moyenne. L’application de cette formule modifiée a permis d’améliorer la prévision de l’outil pour les femmes.

Ce que cela signifie

Ces résultats soutiennent l’utilisation permanente de l’IDAFD-R pour les délinquantes. Les résultats laissent entendre que les interventions pourraient être efficaces chez les femmes si elles se concentraient sur les facteurs liés à la révocation, y compris : la réduction de la toxicomanie, la réduction des contacts avec des pairs antisociaux, l’augmentation de la stabilité de la situation financière et de l’emploi, la prise en compte des préoccupations sur le plan des études et le soutien aux femmes dans le développement de relations intimes saines et prosociales.

Même si l’on a constaté que l’évaluation des besoins des femmes faite par les agents de libération conditionnelle était fiable et valide, les cotes calculées ont amélioré la valeur de l’outil en ce qui a trait à la prévision des résultats pour les délinquantes. Presque tous les indicateurs de l’outil étaient liés aux résultats pour les femmes, mais d’autres recherches permettraient de déterminer s’il existe des facteurs non ciblés propres aux femmes qui permettraient d’améliorer encore l’outil.

Pour de plus amples renseignement

Stewart, L. A., Wardrop, K., Wilton, G., Thompson, J., Derkzen, D. et Motiuk, L. Fiabilité et validité de l’Instrument de définition et d’analyse des facteurs dynamiques, révisé, (Rapport de recherche R-395), Ottawa (Ontario), Service correctionnel du Canada, 2017.

Wilton, G., Stewart, L. A. et Motiuk, L. L. (R-400). La validité prédictive de l’Instrument de définition et d’analyse des facteurs dynamiques révisé peut-elle être améliorée au moyen de cotes calculées?  Ottawa (Ontario), Service correctionnel du Canada.

Pour obtenir le rapport complet en version PDF ou tout autre renseignement, veuillez en faire la demande par courriel à la Direction de la recherche, ou par téléphone au 613-995-3975.

Vous pouvez également visiter la page des Publications de recherche pour obtenir une liste complète des rapports et des sommaires de recherche.

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