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La prévalence, la nature et la gravité des problèmes de santé mentale chez les détenus de sexe masculinsous responsabilité fédérale dans les pénitenciers du Canada

1992 n° R-24

Laurence L. Motiuk et Frank J. Porporino

Direction de la recherche et des statistiques Service correctionnel du Canada

Septembre 1991

TABLE DES MATIÈRES

REMERCIEMENTS

RÉSUMÉ

LISTE DES ANNEXES

LISTE DES TABLEAUX

I. INTRODUCTION

II. DESCRIPTION DU QUESTIONNAIRE UTILISÉ ( DIS)

III. DESCRIPTION DE L'ENQUÊTE SUR LA SANTÉ MENTALE

A. Échantillonnage et estimation

B. Détermination de la taille de l'échantillon

C. Méthode d'échantillonnage

D. Travail sur le terrain

E. Taille de l'échantillon et taux de réponse

F. Caractéristiques de l'échantillon

IV. CONSTATATIONS

CRITÈRES DE DIAGNOSTIC LARGES, PRÉVALENCE SUR TOUTE LA VIE D'APRÈS LE DIS ET MOMENT DE SURVENUE

A. Taux de prévalence nationaux

B. Taux de prévalence régionaux

C. Taux de prévalence dans les établissements pénitentiaires généraux, les centres de traitement et les unités à sécurité maximale élevée

CRITÈRES DE DIAGNOSTIC STRICTS, PRÉVALENCE SUR TOUTE LA VIE D'APRÈS LE DIS ET MOMENT DE SURVENUE

A. Taux de prévalence nationaux

B. Taux de prévalence régionaux

C. Taux de prévalence dans les établissements pénitentiaires généraux, les centres de traitement et les unités à sécurité maximale élevée

TAUX DE PRÉVALENCE SUR TOUTE LA VIE D'APRÈS LE DIS, EN FONCTION DES CARACTÉRISTIQUES DES DÉTENUS -CRITÈRES LARGES

A. Âge

B. État civil

C. Type d'infraction

D. Durée de la peine

E. Durée de l'incarcération

TAUX DE PRÉVALENCE SUR TOUTE LA VIE D'APRÈS LE DIS, EN FONCTION DES CARACTÉRISTIQUES DES DÉTENUS - CRITÈRES STRICTS

A. Âge

B. État civil

C. Type d'infraction

D. Durée de la peine

E. Durée de l'incarcération

INCIDENCE DE LA COMORBIDITÉ CHEZ LES DÉTENUS MASCULINS SOUS RESPONSABILITÉ FÉDÉRALE

V. ANALYSE

VI. BIBLIOGRAPHIE

LISTE DES ANNEXES

Annexe A : Description des troubles mentaux

Annexe B : Taux de réponse régionaux, par établissement

Annexe C : Taux de prévalence nationaux d'après le DIS(pondérés)

Annexe D : Taux de prévalence régionaux sur toute la vie - Critères diagnostiques larges

Annexe E : Taux de prévalence sur toute la vie chez les détenus des centres de traitement - Critères diagnostiques larges (pondérés)

Annexe F :Taux de prévalence régionaux sur toute la vie - Critères diagnostiques stricts

Annexe G : Taux de prévalence sur toute la vie chez les détenus des centres de traitement - Critères diagnostiques stricts

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Détermination de la taille de l'échantillon

Tableau 2 : Intervalles de sélection

Tableau 3 : Taux de réponse par région

Tableau 4 : Taux de réponse des établissements spécialisés

Tableau 5 : Taux de réponse selon le niveau de sécurité

Tableau 6 : Répartition des caractéristiques des détenus visés par l'enquête

Tableau 7 : Taux de prévalence nationaux selon le DIS - Critères larges (pondérés)

Tableau 8 : Taux de prévalence régionaux selon le DIS - Critères larges (pondérés)

Tableau 9 : Taux de prévalence selon le DIS: population carcérale générale, centres de traitement et unités à sécurité maximale - Critères larges (pondérés)

Tableau 10 : Taux de prévalence nationaux selon le DIS - Critères stricts (pondérés)

Tableau 11 : Taux de prévalence régionaux selon le DIS - Critères stricts (pondérés)

Tableau 12 : Taux de prévalence selon le DIS: population carcérale générale, centres de traitement et unités à sécurité maximale - Critères stricts (pondérés)

Tableau 13 : Taux de prévalence des troubles mentaux sur toute la vie d'après le DIS, selon l'âge - Critères larges

Tableau 14 : Taux de prévalence des troubles mentaux sur toute la vie d'après le DIS, selon l'état civil - Critères larges

Tableau 15 : Taux de prévalence des troubles mentaux sur toute la vie d'après le DIS, selon le type d'infraction - Critères larges

Tableau 16 : Taux de prévalence des troubles mentaux sur toute la vie d'après le DIS, selon la durée de la peine - Critères larges

Tableau 17 : Taux de prévalence des troubles mentaux sur toute la vie d'après le DIS, selon la durée de l'incarcération - Critères larges (en mois)

Tableau 18 : Taux de prévalence des troubles mentaux sur toute la vie d'après le DIS, selon l'âge - Critères stricts

Tableau 19 : Taux de prévalence des troubles mentaux sur toute la vie d'après le DIS, selon l'état civil - Critères stricts

Tableau 20 : Taux de prévalence des troubles mentaux sur toute la vie d'après le DIS, selon le type d'infractions - Critères stricts

Tableau 21 : Taux de prévalence des troubles mentaux sur toute la vie d'après le DIS, selon la durée de la peine - Critères stricts

Tableau 22 : Taux de prévalence des troubles mentaux sur toute la vie d'après le DIS, selon la durée de l'incarcération - Critères stricts (en mois)

Tableau 23 : Incidence de la comorbidité chez les détenus masculins sous responsabilité fédérale

REMERCIEMENTS

Nous tenons à remercier l'équipe de la Direction des services de santé, à l'Administration centrale, d'avoir appuyé sans réserve la réalisation de ce projet. Nous sommes aussi reconnaissants envers Mme Norah Brochu, qui a amorcé ce projet et y a contribué. Nous remercions également les nombreux employés des établissements du Service correctionnel du Canada qui nous ont aidés à recueillir les données sur lesquelles repose cette étude. Enfin, nous remercions les employés de la firme Price Waterhouse, Mme Sheila Hodgins et M. Gilles Côté de l'institut Philippe Pinel, pour leur excellent travail lors de la collecte des données.

RÉSUMÉ

Le rapport que voici décrit, en détail, le plan de l'Enquête sur la santé mentale commandée par le Service correctionnel du Canada (SCC) en septembre 1988. Cette enquête d'envergure nationale avait pour but d'évaluer la prévalence, la nature et la gravité des problèmes de santé mentale dans la population carcérale masculine. Elle visait à fournir une information précise sur les taux de prévalence des principales catégories de troubles mentaux à l'échelle nationale et régionale, de même que chez différentes catégories de détenus.

L'Enquête sur la santé mentale avait ceci de particulier qu'elle se fondait sur un questionnaire d'entrevue structurée - le Diagnostic Interview Schedule (DIS)- et sur les critères de diagnostic objectifs décrits dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-III)de l'American Psychiatric Association. Le plan de sondage comportait l'échantillonnage systématique (modification de l'échantillonnage simple au hasard) de tous les hommes détenus dans les établissements du SCC, à l'exception des unités à sécurité maximale élevée, des centres psychiatriques régionaux et des centres de traitement régionaux, où on a tenté d'interviewer tous les détenus. On a effectué une stratification par région du SCC (Atlantique, Québec, Ontario, Prairies, Pacifique), puis dressé, pour chaque établissement, la liste des répondants admissibles, qui ont été classés par âge. Pour chaque strate, la taille de l'échantillon a été choisie de manière à accorder une marge d'erreur de 5% pour un seuil de confiance de 99%. Ces chiffres indiquent la probabilité qu'une évaluation donnée de la prévalence soit un indicateur exact de la vraie prévalence d'un trouble chez les détenus.

Des 9 801 détenus visés par l'enquête, 2 812, (28,7%) ont été choisis dans les cinq régions du SCC pour faire partie de l'échantillon. Le taux global de réponse a été de 68,5% (n = 1 925), et très peu d'établissements ont accusé un taux de réponse inférieur à 50% (les taux de réponse par établissement, pour chaque région du SCC sont reproduits en annexe). Dans les établissements spécialisés, où on devait interviewer toute la population, 412 détenus étaient visés par l'enquête, le taux de réponse global s'est établi à 63% (n = 260). En tout, on a réalisé 2 185 interviews fondées sur le DIS auprès de détenus.

Les résultats de l'enquête s'articulent autour de huit catégories de diagnostics : les troubles d'origine organique (syndrome cérébral organique); les troubles psychotiques (schizophrénie, trouble schizophréniforme, épisode maniaque); les troubles dépressifs (épisodes dépressifs majeurs, troubles dysthymiques, trouble bipolaire); les troubles anxieux (trouble panique, anxiété généralisée, agoraphobie, phobie, somatisation); les troubles psychosexuels (trouble des fonctions psychosexuelles, transsexualisme, homosexualité ego-dystonique); les troubles liés à un comportement antisocial (personnalité antisociale); les troubles liés à l'utilisation de substances toxiques et la consommation d'alcool (abus ou dépendance).

Les taux de prévalence sont définis en fonction de deux paramètres : le premier correspond à la période de référence, et le second, à la largeur des critères diagnostiques appliqués. Les périodes de référence étaient les suivantes : toute la vie du sujet, la dernière année ou les deux dernières semaines. Les critères de diagnostic pouvaient être soit larges, soit stricts (c'est-à-dire, des critères de gravité et d'exclusion). L'application de critères de gravité permettait de ne retenir que les cas où tous les comportements identifiant le trouble étaient réunis. Quant aux critères d'exclusion, leur application avait pour effet d'exclure tous les cas où le diagnostic pouvait être attribuable à d'autres problèmes de santé mentale.

Si l'on applique des critères diagnostiques larges (en faisant abstraction des critères de gravité et d'exclusion) pour évaluer la prévalence d'un trouble décrit dans le DSM-III, on obtient une évaluation "maximale" de la prévalence de ce trouble chez les détenus masculins sous responsabilité fédérale. Ainsi, selon les résultats de l'Enquête sur la santé mentale, les taux de prévalence, pendant la vie entière, des grandes catégories suivantes de troubles mentaux (d'après les résultats du DIS) étaient les suivants : troubles organiques (4,3%); troubles psychotiques (10,4%); troubles dépressifs (25,8%); troubles anxieux (55,6%); troubles psychosexuels (29,5%); troubles de la personnalité antisociale (74,9%); troubles liés à la consommation de substances toxiques (52,9%) et d'alcool (69,8%).

Les taux de prévalence établis d'après le DIS, à l'aide des critères les plus stricts(c'est-à-dire en appliquant et les critères de gravité, et les critères d'exclusion) correspondent à une évaluation "minimale" de la prévalence des troubles mentaux. Il ressort des résultats de l'enquête que les taux de prévalence chutent sensiblement lorsqu'on applique des critères de gravité et d'exclusion. Ainsi, si on applique des critères diagnostiques stricts aux données obtenues dans le cadre des entrevues dirigées ( DIS), on obtient les taux de prévalence suivants pour la vie entière : troubles organiques (0,1%) troubles psychotiques (7,7%); troubles dépressifs (21,5%); troubles anxieux (44,1%) troubles psychosexuels (21,1%); troubles de la personnalité antisociale (56,9%); troubles liés à la consommation de substances toxiques (40,9%) et d'alcool (47,2%).

Les écarts constatés entre les taux de prévalence des troubles mentaux, sur toute la vie, obtenus à l'aide du DIS dans les cinq régions du SCC (Atlantique, Québec, Ontario, Prairies, Pacifique) ont été attribués davantage à des particularités de la collecte des données qu'à des différences intrinsèques entre les taux de prévalence des différentes régions. Si l'on tient compte de cette réserve, les taux de prévalence des troubles mentaux enregistrés dans les différentes régions étaient comparables, que des critères larges ou stricts soient appliqués.

Lorsqu'on a examiné la prévalence des troubles mentaux dans divers types d'établissements de détention, on a constaté que les taux de prévalence les plus élevés correspondaient à la population des unités à sécurité maximale élevée. Venaient ensuite les détenus des centres psychiatriques régionaux et des centres régionaux de traitement, et enfin les détenus de la population carcérale générale. Cependant, les données changeaient lorsqu'on appliquait des critères diagnostiques stricts; les taux de prévalence les plus élevés correspondaient alors à la clientèle des centres psychiatriques régionaux et des centres régionaux de traitement. Venaient ensuite les détenus des unités à sécurité maximale élevée et la population carcérale générale.

Les taux de prévalence pour la vie entière, établis d'après le DIS, ont été mis en relation avec certaines caractéristiques des détenus, notamment l'âge, l'état civil, le type d'infraction, la durée de la peine et la durée de l'incarcération.

D'après les résultats de l'Enquête sur la santé mentale, les détenus âgés (c'est-à-dire de 50 ans ou plus) étaient les plus susceptibles de répondre aux critères diagnostiques des "troubles organiques". Quant aux détenus plus jeunes, ils étaient plus susceptibles d'avoir déjà eu un épisode dépressif, ou présenté un trouble lié à la personnalité antisociale ou encore à l'abus de substances toxiques ou d'alcool. Les célibataires étaient proportionnellement plus nombreux que les détenus mariés à avoir éprouvé des troubles psychotiques ou psychosexuels.

Fait digne de mention, les auteurs de vols qualifiés avaient toujours, d'après le DIS le plus fort taux de prévalence pour la vie entière (88%) du trouble de la personnalité antisociale. C'est chez les délinquants sexuels qu'on a trouvé la plus forte prévalence de troubles dépressifs (43,6%), de troubles anxieux (62,1%) et de troubles psychosexuels (37,9%). Sauf en ce qui concerne les troubles associés à l'utilisation de substances toxiques, les auteurs d'infractions liées à la drogue avaient les plus faibles taux de prévalence de troubles mentaux sur toute la vie de toutes les catégories de délinquants.

L'examen de la longueur des peines et de la durée de l'incarcération a révélé que les détenus condamnés à de longues peines (à perpétuité ou à de 10 à 29 ans d'emprisonnement) étaient plus susceptibles d'avoir déjà eu un épisode dépressif (29,8%). En revanche, c'est chez les délinquants condamnés à moins de quatre années d'emprisonnement qu'on a constaté la plus forte prévalence, pour toute la vie, des troubles liés à la personnalité antisociale, à l'utilisation de substances toxiques et à la consommation d'alcool. Dans la même veine, les détenus qui avaient purgé une plus longue partie de leur peine (au moins quatre ans) étaient plus susceptibles d'avoir connu au moins un épisode d'un trouble dépressif.

On a évalué, à l'aide du DIS et en appliquant des critères larges, l'incidence de la comorbidité (c'est-à-dire la présence simultanée d'un ou de plusieurs autres troubles) chez les détenus masculins sous responsabilité fédérale qui avaient éprouvé des troubles psychotiques, dépressifs, anxieux ou psychosexuels. D'après les résultats de l'Enquête sur la santé mentale, la comorbidité est très fréquente dans cette population. Dans l'ensemble, le taux de prévalence pour toute la vie des troubles psychotiques (établi d'après le DIS en appliquant des critères larges) s'élevait à 10,4%. Cependant, il n'était plus que de 0,2% lorsqu'on excluait les cas où d'autres troubles mentaux déterminés à l'avance étaient présents. La proportion de détenus ayant déjà souffert de troubles psychotiques, dépressifs et anxieux, toujours d'après les critères diagnostiques du DIS, était de 4%, alors que 3,1% des détenus avaient déjà éprouvé des troubles psychotiques, dépressifs, anxieux et psychosexuels. Les détenus qui avaient déjà présenté des symptômes psychotiques avaient aussi éprouvé divers autres problèmes de santé mentale au cours de leur existence.

En résumé, l'Enquête sur la santé mentale a mis en relief certaines tendances notables en ce qui concerne la prévalence, la nature et la gravité des problèmes de santé mentale dans la population carcérale masculine sous responsabilité fédérale. Bien que les résultats de cette enquête puissent aussi être attribuables à d'autres facteurs (différences entre les détenus qui restent incarcérés et ceux qui sont libérés, aptitude à se rappeler les épisodes survenus il y a longtemps et volonté de faire état des symptômes, par exemple), il semble probable que les détenus des pénitenciers fédéraux aient éprouvé beaucoup plus de troubles mentaux qu'on ne le croyait auparavant. Néanmoins, cette enquête d'envergure sur les troubles mentaux chez les détenus des pénitenciers a révélé que la santé mentale est en voie de devenir l'un des principaux défis qui se posent aux autorités correctionnelles d'aujourd'hui.

I. INTRODUCTION

En septembre 1988, le Service correctionnel du Canada (SCC) a commandé la réalisation d'une enquête nationale pour évaluer la prévalence, la nature et la gravité des problèmes de santé mentale chez les détenus masculins sous responsabilité fédérale. D'autres chercheurs avaient déjà tenté d'évaluer le degré de perturbation mentale des détenus du SCC (Wormith et Borzecki, 1985), mais cette Enquête sur la santé mentale se distinguait des études antérieures par deux caractéristiques : a) l'utilisation d'un questionnaire d'entrevue objectif visant à éliminer toute subjectivité et à accroître la fiabilité des diagnostics posés, et b) l'application des critères diagnostiques objectifs couramment employés par les professionnels de la santé mentale à l'extérieur du système carcéral.

Le présent rapport sur l'Enquête sur la santé mentale décrit en détail la méthodologie utilisée et résume les plus importantes constatations relatives à la prévalence, à l'échelle nationale et régionale, de certaines catégories de troubles mentaux.

II. DESCRIPTION DU QUESTIONNAIRE UTILISÉ(DIAGNOSTIC INTERVIEW SCHEDULE)

L'Enquête sur la santé mentale a été réalisée à l'aide de la version III-A du questionnaire intitulé, en anglais, Diagnostic Interview Schedule (DIS)*. Il s'agit d'un instrument d'évaluation mis au point par le National Instituts of Mental Health (Robins et Helzer, 1985), aux États-Unis, et maintenant utilisé dans divers pays, notamment dans le cadre d'études épidémiologiques d'envergure en santé mentale. Jusqu'à maintenant, peu d'enquêtes d'envergure sur la santé mentale de détenus incarcérés ont été réalisées. Neighbors et ses collaborateurs (1987) ont utilisé le DIS pour effectuer une étude épidémiologique psychiatrique auprès des prisonniers du Michigan. Ils ont tiré un échantillon aléatoire de mille prisonniers incarcérés dans des établissements correctionnels et des camps agricoles à sécurité minimale. Les auteurs d'une autre vaste enquête réalisée à l'aide du Clinical Interview Schedule (CIS)ont examiné la prévalence des troubles psychiatriques chez les prisonniers du Royaume-Uni (Gunn, Maden et Swinton, 1991).

* Note de la traduction. Le titre de ce document n'est pas traduit.

Les divers diagnostics de troubles mentaux (voir la page suivante) posés à l'aide du DIS se fondent sur des critères objectifs et précis tirés du Manuel Diagnostique et Statistique des troubles mentaux - DSM III (American Psychiatric Association, 1980). Le DIS permet d'établir des diagnostics sur la base des antécédents du sujet (toute sa vie), mais il permet aussi d'autres approches diagnostiques dans le cas de certains troubles mentaux. Ainsi, on peut évaluer ces troubles en présence d'autres troubles simultanés ou écarter les cas où d'autres diagnostics sont possibles; on peut appliquer ou non des critères de gravité et considérer les formes bénignes de certains troubles, que la sujet éprouve ou non des symptômes au moment de l'enquête.

DIAGNOSTICS DU DSM-III ÉTABLIS À L'AIDE DU DIS

*Moment de survenue connu

SYNDROME CÉRÉBRAL ORGANIQUE
TROUBLE SCHIZOPHRÉNIQUE*
TROUBLE SCHIZOPHRÉNIFORME*
TROUBLES AFFECTIFS :

ÉPISODE MANIAQUE*
ÉPISODE DÉPRESSIF MAJEUR*
TROUBLE DYSTHYMIQUE
TROUBLE BIPOLAIRE*
DÉPRESSION MAJEURE (ÉPISODE ISOLÉ)*
DÉPRESSION MAJEURE (RÉCURRENTE)*
TROUBLE BIPOLAIRE ATYPIQUE (BIPOLAIRE II)*

TROUBLE OBSESSIONNEL-COMPULSIF*
TROUBLES PHOBIQUES:

TROUBLES PHOBIQUES (RÉSUMÉ)*
AGORAPHOBIE
PHOBIE SIMPLE
PHOBIE SOCIALE

TROUBLE - SOMATISATION*
TROUBLE PANIQUE*
AGORAPHOBIE AVEC ET SANS ATTAQUES DE PANIQUE
ANOREXIE MENTALE
ANXIÉTÉ GÉNÉRALISÉE*
ÉTAT DE STRESS POST-TRAUMATIQUE PAR TYPE D'ÉVÉNEMENT*
ÉTAT DE STRESS POST-TRAUMATIQUE - RÉSUMÉ*
BOULIMIE TROUBLES PSYCHOSEXUELS :

TROUBLES DES FONCTIONS PSYCHOSEXUELLES
TRANSSEXUALISME*
HOMOSEXUALITÉ EGO-DYSTONIQUE*

TROUBLE DE LA PERSONNALITÉ ANTISOCIALE*
ABUS D'ALCOOL ET DÉPENDANCE À L'ALCOOL*
ABUS DE DROGUES ET DÉPENDANCE:

BARBITURIQUES
OPIACÉS
COCAÏNE
AMPHÉTAMINES
HALLUCINOGÈNES
CANNABIS
TROUBLES LIÉS À L'ABUS DE
SUBSTANCES TOXIQUES*
DÉPENDANCE AU TABAC*

JEU PATHOLOGIQUE*

III. DESCRIPTION DE L'ENQUÊTE SUR LA SANTÉ MENTALE

A. Échantillonnage et estimation

Dans un pays aussi vaste que le Canada, caractérisé par une diversité linguistique et culturelle évidente, il importe toujours de tenir compte d'éventuelles différences régionales. Des différences au niveau des peines privilégiées par les juges, des types d'établissements et de la distribution des détenus dans des pénitenciers de divers niveaux de sécurité, de même que d'autres facteurs propres à chaque région, peuvent expliquer une certaine part des écarts constatés dans la prévalence des troubles mentaux chez les délinquants de différentes régions. Pour cette raison, nous avons cru bon de stratifier la population carcérale sous responsabilité fédérale par région. Cette stratification devait nous permettre d'effectuer des comparaisons et de tirer des conclusions distinctes pour chaque région du SCC (c'est-à-dire l'Atlantique, le Québec, l'Ontario, les Prairies et le Pacifique). Elle améliorerait également la représentativité nationale de l'enquête.

Avant de prélever l'échantillon, il fallait définir clairement la population cible, c'est-à-dire les détenus au sujet desquels nous voulions tirer des conclusions. Pour ce faire, nous avons tout d'abord précisé que l'enquête devait viser tous les détenus masculins sous responsabilité fédérale incarcérés dans des établissements du SCC. Ensuite, il fallait définir la population ou les sous-groupes régionaux qui seraient étudiés, dans ces limites.

La population visée par l'étude a été définie d'après la période qui nous intéressait. Compte tenu de l'ampleur de l'enquête et du temps qu'il faudrait pour réaliser les interviews, nous avons décidé de définir la population en fonction d'un moment précis. Ainsi, nous avons défini la population visée comme l'ensemble des détenus masculins sous responsabilité fédérale au 30 août 1988; nous avons choisi cette date parce qu'elle nous permettait de tirer l'échantillon immédiatement avant de commencer les interviews. Il convient de mentionner, cependant, que, dans la région du Québec, l'échantillon a été tiré à partir de la population des détenus admissibles au 15 avril 1988. Cela s'explique par le fait que la région du Québec était prête à procéder à la réalisation de sa partie de l'enquête avant le reste du pays.

Des sous-groupes régionaux ou strates ont été constitués à partir des listes des détenus masculins inscrits au registre. On a exclu systématiquement de ces listes les détenus qui étaient en semi-liberté, ceux qui étaient hébergés dans des centres correctionnels communautaires et ceux qui s'étaient évadés ou étaient en liberté illégale. Étaient également exclus les délinquants incarcérés dans des unités à sécurité maximale élevée (2), dans des centres psychiatriques régionaux (2) et au centre de traitement régional. Comme on s'attendait à ce que l'incidence de troubles psychiatriques et comportementaux soit sensiblement plus élevée chez les détenus de ces établissements spécialisés que dans le reste de la population carcérale, on a décidé de procéder à un recensement de la clientèle de ces établissements. Cette méthode permettrait d'interroger tous ces détenus et améliorerait la représentativité de l'enquête nationale sur la santé mentale.

Il y a plus de 10 000 détenus au Canada, répartis dans plus de 45 établissements de différentes régions du pays. Les listes régionales de détenus sous responsabilité fédérale constituaient les "populations de base" à partir desquelles on devait déterminer la taille des échantillons et procéder à l'échantillonnage.

B. Détermination de la taille de l'échantillon

La taille de l'échantillon dépend des facteurs suivants : 1° le plan d'enquête, 2° l'ampleur de la population visée, 3° sa diversité, 4° la précision désirée des estimations fondées sur l'échantillon, 5° la non-réponse et 6° les contraintes opérationnelles. Le tableau 1 présente les tailles d'échantillons calculées par Statistique Canada de manière à fournir des estimations de la prévalence chez les bases de population régionales avec une marge d'erreur de 5% et un seuil de confiance de 99% (c'est-à-dire la probabilité qu'une estimation donnée de la prévalence corresponde exactement à la vraie prévalence dans la population).

Tableau 1 - Détermination de la taille de l'échantillon
Strate régionale Population Taile de l'échantillon
Atlantique 845 438
Québec 2,910 636
Ontario 2,772 630
Prairies 1,865 576
Pacifique 1,409 531

 

C. Méthode d'échantillonnage

La sélection systématique, version modifiée de la méthode de l'échantillonnage simple au hasard, a été utilisée pour choisir les détenus à partir des listes régionales. Selon cette méthode, on choisit des individus dont le nom figure sur une liste en appliquant un intervalle de sélection; ainsi, le nième détenu qui suit une origine choisie au hasard fait partie de l'échantillon.

Pour déterminer l'intervalle de sélection, on a simplement divisé la population régionale par la taille souhaitée de l'échantillon. Le résultat obtenu est l'inverse de la fraction de sondée. Comme le tableau 2 l'indique, les intervalles de sélection ont été calculés en divisant la population de base régionale par la taille voulue de l'échantillon.

Tableau 2 - Intervalles de sélection
Strate régionale Intervalle de sélection
Atlantique 1,929
Québec 4,575
Ontario 4,400
Prairies 3,237
Pacifique 2,653

Des échantillons aléatoires systématiques ont été prélevés de la façon suivante à partir des listes régionales de détenus : les détenus ont d'abord été triés par établissement puis, à l'intérieur de chaque établissement, classés par ordre ascendant d'âge. On a procédé de cette façon pour assurer une représentation proportionnelle des sujets par établissement, et par âge, à l'intérieur des établissements. Une fois ce tri opéré, une origine a été choisie au hasard à l'intérieur de l'intervalle d'échantillonnage.

D. Travail sur le terrain

Pour garantir la qualité des données recueillies dans le cadre de l'Enquête sur la santé mentale, on a organisé et géré avec soin le travail sur le terrain : recrutement et sélection des intervieweurs, formation à l'utilisation du DIS, encadrement sur place et contrôle de la qualité.

Recrutement et sélection des intervieweurs. Bien que le recrutement d'intervieweurs qualifiés est essentiellement une affaire de jugement, diverses qualités personnelles ont été jugées indispensables pour réaliser les interviews : expérience de la réalisation d'interviews; capacité de créer un climat de confiance avec l'enquêté; capacité d'écouter et de bien comprendre les réponses; capacité de suivre les directives systématiquement; expérience de travail en milieu correctionnel; maturité; qualités personnelles et autorisation de sécurité. Après avoir opéré la présélection des candidats en fonction de ces critères, on a procédé à une entrevue téléphonique approfondie avec chaque candidat afin de choisir ceux qui seraient invités à suivre un cours sur l'utilisation du DIS. La sélection définitive des intervieweurs était conditionnelle à la réussite de ce cours et au rendement global du candidat pendant ces séances.

E. Taille de l'échantillon et taux de réponse

En tout, 3 224 détenus ont été choisis pour l'étude du SCC, mais certains d'entre eux n'étaient plus incarcérés au moment de l'enquête, ayant été libérés entre-temps. Ainsi, 2 812 détenus (87,2%) des cinq régions du SCC (Atlantique, Québec, Ontario, Prairies et Pacifique) ont effectivement fait partie de l'échantillon.

Le tableau 3 présente les taux globaux de réponse (interviews réalisées) et de non-réponse (détenus qui ont refusé de répondre, qui ne se sont pas présentés ou qui ne pouvaient le faire) pour chacun des échantillons régionaux. Bien que le taux de réponse national (pour toutes les régions ensemble) ait été de 68,5%, il y avait un écart considérable dans les taux de réponse des différentes régions. Le taux global de réponse enregistré dans les établissements spécialisés (c'est-à-dire les centres de traitement régionaux) était de 63,1% et sera décrit plus en détail plus loin.

Tableau 3 - Taux de réponse par région
Région Population
n
Échantillon
n
Non-réponse
n %
Réponse
n %
Atlantique 845 438 105 (24,0) 333 (76,0)
Québec 2,910 637 153 (24,0) 484 (76,0)
Ontario 2,772 629 201 (32,0) 428 (68,0)
Prairies 1,865 576 190 (33,0) 386 (67,0)
Pacifique 1,409 532 238 (44,7) 294 (55,3)
National 9,801 2,812 887 (31,5) 1925 (68,5)

L'enquête devait entre autres permettre d'obtenir, dans les divers établissements de chaque région, des taux de réponse qui donneraient une meilleure estimation de la prévalence des troubles mentaux. La ventilation, en pourcentage, des taux de non-réponse et de réponse enregistrés dans les différents établissements de chaque région figure à l'annexe C. Bien que ces taux varient, très peu d'établissements ont eu un taux de réponse inférieur à 50%.

Pour évaluer la prévalence des troubles mentaux dans les établissements spécialisés du SCC, nous avons décidé d'interviewer tous les détenus qui s'y trouvaient. Le tableau 4 présente, en pourcentage, les taux de réponse enregistrés. Parmi les établissements spécialisés visés par l'enquête, le Centre psychiatrique régional des Prairies avait le taux de réponse le plus élevé (79,3%), alors que l'Unité à sécurité maximale élevée de la même région accuse le plus faible taux de réponse (31,5 Le taux de réponse global de tous les établissements spécialisés s'établit à 63,1%.

Table 4 - Taux de réponse des établissements spécialisés
Centre spécialisé Échantillon
n
Non-réponse
n %
Réponse
n %
USME du Québec 62 22 (35,5) 40 (64,5)
UILT du Québec 36 11 (30,6) 25 (69,4)
CRT de l'Ontario 48 14 (29,2) 34 (70,8)
CPR des Prairies 87 18 (20,7) 69 (79,3)
USME des Prairies 54 37 (68,5) 17 (31,5)
CPR du Pacifique 125 50 (40,0) 75 (60,0)
Total 412 152 (36,9) 260 (63,1)

Remarque : USME = Unité à sécurité maximale élevée
UILT = Unité d'isolement à long terme
CRT = Centre régional de traitement
CTR = Centre psychiatrique régional

Le tableau 5 présente la ventilation des taux de réponse par niveau de sécurité. Fait à signaler, l'écart entre les taux de réponse des établissements des trois niveaux de sécurité est relativement faible. On remarque cependant que les établissements à sécurité minimale affichent le taux de réponse le plus élevé (72,7%) alors que ce taux est de 65,6% dans les établissements à sécurité maximale.

Tableau 5 - Taux de réponse selon le niveau de sécurité des établissements*
Sécurité Échantillon
n
Non-réponse
n %
Réponse
n %
Minimale 322 88 (27,3) 234 (72,7)
Moyenne 1,676 519 (31,0) 1,157 (69,0)
Maximale 814 280 (34,4) 534 (65,6)
Total 2,812 887 (31,5) 1,925 (68,5)

* Les centres spécialisés sont exclus.

F. Caractéristiques de l'échantillon

L'échantillon sur lequel se fonde l'Enquête sur la santé mentale comptait 2 185 détenus masculins adultes. La plupart des répondants était de race blanche (85%), ce qui correspond à la composition de l'ensemble de la population carcérale fédérale. Les autochtones, qui représentent 10,4% de la population carcérale sous responsabilité fédérale, comptaient cependant pour 14,4% des non-répondants et pour 9,8% des répondants.

Le tableau 6 présente la répartition, en pourcentage, des caractéristiques (âge, état civil, infraction principale, durée de la peine, durée de l'incarcération) des répondants et des non-répondants de l'enquête, de l'échantillon tiré et de l'ensemble des détenus masculins sous responsabilité fédérale. Comme il ressort de ce tableau, la répartition des caractéristiques des répondants se compare favorablement à celle des non-répondants, de l'échantillon et de l'ensemble de la population carcérale masculine.

Tableau 6 - Répartition des caractéristiques des détenus visés par l'enquête
Variable Répondants % Nonrépondants % Échantillon % Population %
Age < 19 1,8 0,4 1,5 1,3
20-24 22,6 17,4 20,9 20,2
25-29 26,7 24,2 25,9 25,8
30-39 31,4 33,5 32,1 32,7
40-49 12,7 16,6 14,0 13,6
50 + 5,0 7,2 5,9 5,9
État civil: Célibataires 62,2 65,4 63,3 61,0
Mariés 37,8 34,6 36,7 39,0
Infraction principale Homicide 15,4 14,3 15,1 12,9
Homicide involontaire 4,5 5,3 4,8 5,2
Vol qualifié 22,8 24,3 23,3 23,5
Infraction sexuelle 12,8 10,3 12,0 11,4
Stupéfiants 4,8 5,2 4,9 6,4
Autre 39,7 40,6 40,0 40,6
Durée de la peine <2 ans 6,9 8,3 7,4 4,6
2 - 4 37,9 40,3 38,7 44,3
5 - 9 23,2 21,5 22,6 23,7
10 + 13,6 11,9 13,0 12,6
Perpétuité 18,5 17,9 18,3 14,3
Durée de l'incarcération < 6 mois 22,9 18,6 21,5 19,1
6 - 11 15,6 17,1 16,1 18,8
12 - 23 20,7 24,5 21,9 21,2
24 - 35 10,5 11,4 11,4 11,4
36 - 47 6,4 4,4 6,2 6,2
48 - 59 4,9 4,6 4,3 4,3
60 + 15,9 19,4 16,1 16,1

IV. CONSTATATIONS

Dans cette partie, nous décrivons les résultats des analyses effectuées jusqu'ici dans le but d'établir la prévalence, la nature et la gravité des troubles mentaux chez les détenus masculins sous responsabilité fédérale au Canada.

Dans beaucoup d'études, on n'utilise que les critères les plus stricts (c'est-à-dire les critères de gravité et d'exclusion) pour évaluer les taux de prévalence de troubles mentaux dans une population donnée. Les critères d'exclusion écartent, des tableaux de prévalence, les diagnostics positifs qui peuvent être dus à d'autres problèmes mentaux (à la schizophrénie plutôt qu'au syndrôme cérébral organique, par exemple). On applique ces critères principalement pour s'assurer qu'un problème de santé mentale donné n'est pas imputable à un autre trouble décrit dans le DSM-III. Or, comme l'application des critères les plus stricts aboutit à une sous-estimation de l'ensemble des troubles mentaux diagnostiqués, il est peut-être plus utile de commencer par mesurer avec les critères les plus larges possibles l'étendue des problèmes de santé mentale chez les détenus masculins sous responsabilité fédérale, puis d'appliquer des critères de gravité et d'exclusion.

Nous avons choisi de procéder à l'analyse des données recueillies dans le cadre de l'Enquête sur la santé mentale de la façon suivante. Dans un premier temps, nous donnerons les taux de prévalence des troubles mentaux sur toute la vie des sujets, selon l'application la plus large possible des critères diagnostiques du DSM-III. Dans un deuxième temps, nous nous attacherons à la période pendant laquelle les symptômes se sont manifestés (la dernière année ou les deux dernières semaines) en appliquant toujours des critères diagnostiques larges. Dans un troisième temps, nous évaluerons les taux de prévalence sur toute la vie selon des critères stricts, c'est-à-dire en appliquant des critères de gravité et d'exclusion. Enfin, nous donnerons les estimations les plus rigoureuses des problèmes de santé mentale, selon la période visée. Ainsi, un détenu devrait avoir présenté les symptômes correspondant aux critères d'un diagnostic donné du DSM-III au cours de la dernière année ou des deux dernières semaines, périodes que nous avons choisies comme périodes de référence.

Les constatations sont présentées sous la forme de taux de prévalence correspondant au nombre de détenus, sur 10 045, chez qui on a diagnostiqué un trouble donné. On trouvera dans les pages qui suivent une série de tableaux qui résument l'essentiel de nos constatations et s'articulent autour des huit catégories de diagnostics suivantes :

  • Syndrôme cérébral organique
  • Trouble psychotique (notamment schizophrénie, trouble schizophréniforme, épisodes maniaques)
  • Troubles dépressifs (épisodes dépressifs majeurs, troubles dysthymiques, trouble bipolaire)
  • Troubles anxieux (trouble panique, anxiété généralisée, agoraphobie, phobie, somatisation)
  • Troubles psychosexuels (trouble des fonctions psychosexuelles, transsexualisme, homosexualité égo-dystonique)
  • Personnalité antisociale
  • Abus de substances toxiques/dépendance (barbituriques, opiacés, cocaïne, amphétamines, hallucinogènes et cannabis)
  • Abus d'alcool ou dépendance à l'alcool

CRITÈRES DE DIAGNOSTIC LARGES, PRÉVALENCE SUR TOUTE LA VIE D'APRÈS LE DIS ET MOMENT SURVENUE

Pour obtenir une évaluation "maximale" de la prévalence des problèmes de santé mentale chez les détenus sous responsabilité fédérale, nous avons décidé, premièrement, d'applique les critères les plus larges possibles correspondant à un diagnostic donné du DSM-III et, deuxièmement, d'examiner la prévalence pendant la vie entière et pendant des périodes de référence récentes. Autrement dit, faisant abstraction des critères de gravité et d'exclusion, nous avons signalé un diagnostic positif si le détenu avait déjà souffert des symptômes à un moment ou l'autre de sa vie. Quant à l'évaluation du caractère récent du trouble, nous avons examiné si les symptômes entraînent un diagnostic positif étaient survenus au cours de la dernière année ou des deux dernières semaines.

A. Taux de prévalence nationaux

Le tableau 7 présente les taux nationaux de prévalence établis d'après le DIS, en appliquant des critères larges et en pondérant les estimations pour chaque catégorie de trouble mental. Comme il ressort du tableau 12, les huit catégories de troubles mentaux que nous avons choisi d'examiner sont fréquentes dans la population carcérale. Fait digne de mention, les taux de prévalence pour toute la vie établis d'après le DIS étaient de 74,9% pour la personnalité antisociale, de 69,8% pour l'abus d'alcool ou la dépendance à l'alcool et de 55,6% pour les troubles anxieux.

Si l'on examine le tableau 7 de plus près, on constate l'écart considérable entre les taux de prévalence des troubles mentaux selon la période de référence. Par exemple, dans la catégorie des troubles psychotiques (qui inclut la schizophrénie, le trouble schizophréniforme et la manie), 10,4% des détenus interviewés avaient déjà eu de tels problèmes au cours de leur vie, alors que 6,9% les avaient éprouvés depuis un an et 4,6%, depuis deux semaines.

Tableau 7 - Taux de prévalence nationaux selon le DIS - critères larges (pondérés)
Trouble Vie Un an Deux semaines
Organique 4,3 n/a n/a
Psychotique 10,4 6,8 4,6
Dépressif 29,8 15,6 9,1
Anxieux 55,6 34,8 15,4
Psychosexuel 24,5 n/a n/a
Personnalité antisociale 74,9 n/a n/a
Toxicomanie 52,9 16,8 4,2
Alcoolisme 69,8 13,1 0,6

Remarque : n.d. = non disponible

B. Taux de prévalence régionaux

Pour pouvoir nous faire une idée plus claire de la répartition dés troubles mentaux au Canada, nous avons examiné les taux de prévalence des troubles mentaux sur toute la vie, dans chaque région. Les taux de prévalence régionaux ainsi établis, à l'aide des critères de diagnostic les plus larges possibles, figurent dans le tableau 8.

Dans l'ensemble, il y a peu d'écart entre les taux de prévalence des troubles mentaux sur toute la vie enregistrés dans les cinq régions du SCC (voir aussi l'annexe D). Il convient de signaler, cependant, que le plus faible taux de prévalence des troubles psychotiques dans la région du Pacifique (6,5%), comparativement aux quatre autres régions (Atlantique : 10,8%; Québec : 11,3%; Ontario : 11,8% et Prairies : 9,6%) est fort probablement imputable au fait que nous n'avons pu interviewer une proportion importante des détenus diagnostiqués comme psychotiques au Centre psychiatrique régional situé en Colombie-Britannique. Quant au taux de prévalence plus faible des troubles psychosexuels dans la région du Québec, il s'explique peut-être simplement par la formation en diagnostic qu'ont reçue les personnes chargées de faire passer les interviews du DIS.

Tableau 8 - Taux de prévalence régionaux selon le DIS - Critères larges (pondérés)
Trouble Atlantique Québec Ontario Prairies Pacifique
Organique 6,9 4,3 2,3 4,6 6,2
Psychotique 10,8 11,3 11,8 9,6 6,5
Dépressif 28,2 34,4 26,9 28,5 29,4
Anxieux 50,6 70,4 51,0 47,0 48,9
Psychosexuel 28,8 19,0 23,9 30,2 26,9
Personnalité antisociale 79,3 74,9 72,7 77,7 73,3
Toxicomanie 52,5 57,6 48,4 53,7 50,9
Alcoolisme 76,0 66,6 69,3 75,8 65,8

C. Taux de prévalence dans les établissements Pénitentiaires généraux, les centres de traitement et les unités à sécurité maximale élevée

Le tableau 9 permet de comparer la prévalence de chaque catégorie de troubles mentaux selon le type d'établissement correctionnel. Comme on peut le voir, la prévalence des troubles mentaux sur toute la vie varie considérablement d'un genre d'établissement à l'autre. Comme on pouvait s'y attendre, le taux de prévalence des troubles psychotiques était le plus élevé chez les détenus des unités à sécurité maximale (29,3%); venait ensuite la clientèle des centres de traitement (25,3%), puis ta population carcérale générale (9,9%). Les taux de prévalence les plus élevés ont également été trouvés dans les unités à sécurité maximale en ce qui concerne les troubles organiques, les troubles anxieux, la personnalité antisociale, la toxicomanie et l'alcoolisme. Ce n'est que dans le cas des troubles dépressifs et psychosexuels que le taux de prévalence sur toute la vie est plus élevé chez les détenus des centres de traitement que chez les autres.

Tableau 9 - Taux de prévalence selon le DIS: population carcérale générale, centres de traitement et unités à sécurité maximale - Critères larges (pondérés)
Trouble Population
générale
Centres de
traitement
Unités à
sécurité maximale
Organique 4,3 2,3 8,5
Psychotique 9,9 25,3 29,3
Dépressif 29,3 51,1 47,6
Anxieux 55,3 64,6 73,2
Psychosexuel 24,3 37,6 23,2
Personnalité antisociale 74,8 78,7 86,6
Toxicomanie 52,7 56,7 72,0
Alcoolisme 69,6 72,5 81,7

CRITÈRES DE DIAGNOSTIC STRICTS, PRÉVALENCE SUR TOUTE LA VIE D'APRÈS LE DIS ET MOMENT DE SURVENUE

En vue d'obtenir une évaluation "minimale" de la prévalence des problèmes de santé mentale chez les détenus masculins sous responsabilité fédérale, nous avons appliqué les critères les plus stricts possibles correspondant à un diagnostic donné du DSM-III, puis examiné la prévalence récente et sur toute la vie de ces problèmes. Pour appliquer des critères diagnostiques stricts, il s'agissait essentiellement de ne poser un diagnostic que lorsque tous les critères correspondant à ce trouble étaient présents et d'appliquer, en outre, des critères de gravité et d'exclusion. Encore une fois, nous avons posé un diagnostic positif lorsque les troubles mentaux s'étaient manifestés à n'importe quel moment de la vie du détenu, au cours de la dernière année ou au cours des deux dernières semaines.

A. Taux de prévalence nationaux

Le tableau 10 présente, pour chaque catégorie de troubles mentaux, les taux de prévalence nationaux établis à l'aide du DIS, en appliquant des critères diagnostiques stricts et en pondérant les estimations. Comme le tableau l'indique, toutes les catégories de troubles mentaux étaient présentes dans la population carcérale masculine sous responsabilité fédérale. Fait à signaler, le taux de prévalence diminue toujours quand on applique des critères de gravité et d'exclusion. Comme on l'a déjà noté, le taux de prévalence de la personnalité antisociale sur toute la vie, d'après le DIS et des critères diagnostiques larges, était de 74,9%, mais lorsqu'on applique des critères diagnostiques stricts, il tombe à 56,9%.

Si on examine attentivement le tableau 10, on constate que plus la période de référence est récente, plus les taux de prévalence obtenus d'après le DIS, en appliquant les critères stricts, diminuent. Ainsi, 7,7% des détenus interviewés avaient déjà éprouvé des troubles psychotiques, alors que 5% avaient présenté les symptômes correspondant aux critères de diagnostic d'un trouble psychotique au cours de la dernière année et 3,6%, au cours des deux dernières semaines.

Tableau 10 - Taux de prévalence nationaux d'après le DIS - Critères stricts (pondérés)
Trouble Vie Un an Deux semaines
Organique 0,1 n/a n/a
Psychotique 7,7 5,0 3,6
Dépressif 21,5 9,9 5,4
Anxieux 44,1 27,0 11,8
Psychosexuel 21,1 n/a n/a
Personnalité antisociale 56,9 n/a n/a
Toxicomanie 40,9 13,1 3,0
Alcoolisme 47,2 9,8 0,5

B. Taux de prévalence régionaux

Le tableau 11 résume les taux de prévalence régionaux obtenus en appliquant les critères stricts du DIS, pour chaque catégorie de trouble mental. Il en ressort que les taux de prévalence des troubles mentaux, sur toute la vie, enregistrés dans les cinq régions du SCC, varient peu (voir aussi l'annexe F). Rappelons encore une fois que le plus faible taux de prévalence des troubles psychotiques dans la région du Pacifique (4,1%), comparativement aux quatre autres régions (Atlantique : 6,9%; Québec : 8,6%; Ontario : 9,3% et Prairies : 7,2%), s'explique par le fait qu'un nombre appréciable de détenus diagnostiqués comme étant psychotiques au Centre psychiatrique régional situé en Colombie-Britannique n'ont pas été interviewés.

Tableau 11 - Taux de prévalence régionaux d'après de DIS - Critères stricts (pondérés)
Trouble Atlantique Québec Ontario Prairies Pacifique
Organique 0,3 0,2 0,0 0,0 0,3
Psychotique 6,9 8,6 9,3 7,2 4,1
Dépressif 20,4 23,3 17,7 22,4 24,2
Anxieux 41,7 57,5 39,5 34,6 40,1
Psychosexuel 24,0 16,0 20,9 25,7 24,0
Personnalité antisociale 61,9 56,7 52,1 61,1 58,1
Toxicomanie 40,5 48,6 36,2 39,3 36,8
Alcoolisme 51,4 45,8 46,0 51,6 43,8

C. Taux de prévalence dans les établissements pénitentiaires, généraux, les centres de traitement et les unités à sécurité maximale élevée

Le tableau 12 donne le taux de prévalence de chaque catégorie de troubles mentaux dans chaque type d'établissement correctionnel. On constate que les détenus incarcérés dans les établissements spécialisés du SCC présentent généralement un taux de prévalence plus élevé que les autres. Cela n'est guère surprenant, si l'on songe que ces établissements ont été créés justement pour offrir des services spécialisés à ce type de détenus (ceux qui souffrent de troubles mentaux). Fait également prévisible, la prévalence des troubles psychotiques sur la vie entière, établie d'après le DIS en appliquant des critères stricts, était la plus élevée chez les détenus des centres de traitement (22,5%); venaient ensuite les détenus des unités à sécurité maximale élevée (19,5%) et, enfin, la population carcérale générale (7,4%). Dans le cas des troubles dépressifs et psychosexuels également, les taux de prévalence sur toute la vie des détenus incarcérés dans les centres de traitement dépassaient ceux des autres catégories.

Tableau 12 - Taux de prévalence d'après le DIS chez la population carcérale générale et les détenus des centres de traitement et des unités à sécurité maximale - Critères stricts (pondérés)
Trouble Trouble Population générale Centres de traitement USME *
Organique 0,1 0,0 0,0
Psychotique 7,4 22,5 19,5
Dépressif 21,2 38,2 22,0
Anxieux 44,1 41,6 61,0
Psychosexuel 20,9 29,8 19,5
Personnalité antisociale 57,1 49,4 51,2
Toxicomanie 40,8 41,6 59,8
Alcoolisme 47,0 49,4 64,6

TAUX DE PRÉVALENCE SUR TOUTE LA VIE D'APRES LE DIS, EN FONCTION DES CARACTÉRISTIQUES DES DÉTENUS - CRITERES LARGES

A. Âge

Les tableaux de prévalence des troubles mentaux sur toute la vie, d'après le DIS, sont ventilés selon l'âge dans le tableau 13. Quand on appliquait des critères diagnostics larges, on constatait que les détenus plus âgés étaient sensiblement plus susceptibles de répondre aux critères diagnostiques du syndrome organique cérébral. En revanche, les détenus jeunes étaient plus susceptibles d'avoir déjà eu un ou plusieurs épisodes d'un trouble dépressif ou d'un trouble lié à la personnalité antisociale, à la toxicomanie ou à l'alcoolisme.

Tableau 13 - Taux de prévalence des troubles mentaux sur toute la vie d'après le DIS, selon l'âge (n), - critères larges
Trouble <19
(37)
20-24
(437)
25-29
(664)
30-39
(664)
40-49
(268)
50+
(105)
Organique 2,7 5,4 3,0 3,6 6,3 10,5
Psychotique 10,8 11,3 12,7 11,6 12,7 8,6
Dépressif 46,0 26,3 30,0 34,2 37,7 31,4
Anxieux 59,5 55,3 56,7 56,5 59,3 45,7
Psychosexuel 29,7 26,3 23,0 28,8 27,6 18,1
Personnalité antisociale 81,1 87,5 82,9 74,1 61,9 40,0
Toxicomanie 56,8 62,0 75,4 55,6 36,9 11,4
Alcoolisme 67,6 73,9 61,1 70,0 66,8 58,1

B. État civil

En ce qui concerne l'état civil (voir le tableau 14), nous avons constaté que les détenus célibataires étaient plus susceptibles que les détenus mariés (terme qui englobe aussi ceux qui vivent en union de fait) d'avoir déjà eu dans leur vie un épisode d'un trouble psychotique ou psychosexuel.

Tableau 14 - Taux de prévalence des troubles mentaux sur toute la vie, d'après le DIS selon l'état civil - Critères larges
Trouble Célibataires
(1,313)
Mariés
(797)
Organique 4,3 4,8
Psychotique 13,2 9,4
Dépressif 30,9 33,3
Anxieux 54,8 58,1
Psychosexuel 29,1 20,8
Personnalité antisociale 76,5 76,2
Toxicomanie 54,6 53,0
Alcoolisme 71,1 70,9

C. Type d'infraction

Le tableau 15 présente les taux de prévalence de certains troubles mentaux sur toute la vie, d'après le DIS. Ces taux de prévalence, établis à l'aide de critères larges, sont ventilés en fonction de l'infraction principale du détenu (c'est-à-dire celle qui lui a valu la plus longue peine). Il ressort du tableau 15 que les taux de prévalence sur toute la vie des troubles organiques, dépressifs et psychosexuels, de même que des troubles liés à la personnalité antisociale, à la toxicomanie et à l'alcoolisme, diffèrent sensiblement selon la nature de l'infraction commise. Les deux catégories de diagnostic où l'on n'a pas noté d'écart significatif sont celles des troubles psychotiques et des troubles anxieux. Il ressort également des résultats présentés que les auteurs de vois qualifiés étaient les plus susceptibles de répondre aux critères de la personnalité antisociale (88%). Fait intéressant, les taux de prévalence sur toute la vie de tous les troubles mentaux, à l'exception des troubles liés à la toxicomanie, étaient les plus faibles chez les auteurs de crimes liés à la drogue.

Tableau 15 - Taux de Prévalence des troubles mentaux sur toute la vie, d'agrès le DIS, selon le type d'infraction (n) - Critères larges
Trouble Homicide
(337)
Hom, invol,
(98)
Vol,qualifié
(498)
Infraction sexuelle
(103)
Infraction liée à la drogue
(105)
Autre
(1,044)
Organique 3,0 9,2 2,4 7,8 3,8 5,6
Psychotique 13,1 13,3 11,0 9,7 3,8 12,6
Dépressif 40,4 41,8 26,5 43,7 16,2 30,7
Anxieux 59,9 59,2 56,0 62,1 38,1 55,4
Psychosexuel 29,1 36,7 22,1 37,9 16,2 25,7
Personnalité antisociale 68,6 73,5 88,0 58,3 57,1 76,6
Toxicomanie 43,6 48,0 67,7 30,1 43,8 54,2
Alcoolisme 68,8 78,6 74,5 58,3 51,4 72,5

D. Durée de la peine

Le tableau 16 présente les taux de prévalence sur toute la vie des troubles mentaux, selon la durée de la peine. Ces taux ont été établis à l'aide du DIS, en appliquant des critères diagnostiques larges. Les taux de prévalence sur toute la vie de cinq grandes catégories de troubles mentaux variaient sensilement selon la durée de la peine. Il s'agissait des troubles organiques et dépressifs, et des troubles liés à la personnalité antisociale, à la toxicomanie et à l'alcoolisme. Comme on pouvait s'y attendre, les détenus condamnés à de longues peines (par exemple, à perpétuité ou à de 10 à 29 années d'emprisonnement) étaient proportionnellement les plus nombreux à avoir déjà eu au moins un épisode dépressif. Fait digne de mention, les détenus qui purgeaient des peines relativement courtes (de moins de 4 ans) étaient plus susceptibles de répondre aux critères de la personnalité antisociale, de la toxicomanie ou de l'alcoolisme.

Tableau 16 - Taux de prévalence des troubles mentaux sur toute la vie, d'après le DIS, selon la durée de la peine (n) - Critères larges
Trouble < 2 yrs,
(151)
2 - 4
(829)
5 - 9
(506)
10 - 29
(296)
Perpétuité
(403)
Organique 7,3 4,7 3,2 7,4 3,2
Psychotique 12,6 10,0 12,7 11,5 14,4
Dépressif 25,2 26,5 34,2 31,8 41,2
Anxieux 53,0 54,3 54,4 57,8 60,8
Psychosexuel 20,5 25,5 24,3 26,4 31,0
Personnalité antisociale 78,8 78,9 77,7 73,3 70,0
Toxicomanie 54,3 57,2 55,7 55,7 42,4
Alcoolisme 77,5 74,7 71,7 61,5 67,3

E. Durée de l'incarcération

Dans le tableau 17, on présente les taux de prévalence des troubles mentaux sur toute la vie - toujours établis d'après le DIS et en appliquant des critères larges - selon la durée de l'incarcération (partie de la peine déjà purgée). Comme on peut le constater, les tendances déjà notées dans le cas de la durée de la peine se profilent ici aussi. Ainsi, les détenus ayant passé le plus de temps en prison (plus de 4 ans) étaient les plus susceptibles d'avoir eu au moins un épisode dépressif. Comme dans les tableaux précédents, les taux de prévalence sur toute la vie des troubles organiques et dépressifs ainsi que des trouble liés à la personnalité antisociale, à la toxicomanie et à l'alcoolisme variaient de façon significative selon la durée de l'incarcération.

Tableau 17 - Taux de prévalence des troubles mentaux sur toute la vie, d'après le DIS, et selon la durée de la peine (n) - Critères diagnostiques larges
Trouble < 6 mos,
(401)
6-11
(382)
12 - 23
(485)
24 - 35
(241)
36 - 47
(150)
48 - 59
(102)
60+
(357)
Organique 4,5 4,7 4,7 2,9 3,3 6,9 5,0
Psychotique 10,7 10,7 10,5 12,9 16,0 13,7 12,9
Dépressif 25,9 33,0 29,5 32,8 35,3 38,2 36,4
Anxieux 50,9 57,1 57,7 55,6 60,7 61,8 55,7
Psychosexuel 24,9 20,7 27,8 25,3 28,0 26,5 30,0
Personnalité antisociale 76,3 73,0 77,5 78,4 80,7 78,4 74,5
Toxicomanie 50,9 56,5 57,7 53,5 64,7 48,0 47,1
Alcoolisme 72,1 71,1 72,0 71,0 80,0 70,6 63,9

TAUX DE PRÉVALENCE SUR TOUTE LA VIE D'APRÈS LE DIS EN FONCTION DES CARACTÉRISTIQUES DES DÉTENUS - CRITÈRES STRICTS

A. ÂGE

La ventilation selon l'âge des taux de prévalence de troubles mentaux sur toute la vie, établis d'après le DIS et en appliquant des critères diagnostiques stricts, figure dans le tableau 18. Il ressort de ces résultats que les détenus jeunes sont proportionnellement plus nombreux à avoir déjà éprouvé des troubles dépressifs ou des troubles liés à la personnalité antisociale ou à la toxicomanie.

Tableau 18 - Taux de prévalence des troubles mentaux sur toute la vie d'après le DIS - Critères stricts
Trouble < 19
(37)
20 - 24
(437)
25 - 29
(566)
30 - 39
(664)
40 - 49
(268)
50 +
(105)
Organique 0,0 0,2 0,0 0,2 0,0 1,0
Psychotique 8,1 7,3 9,0 9,0 10,5 8,6
Dépressif 37,8 17,8 20,5 25,9 28,0 22,9
Anxieux 43,2 46,1 44,9 41,3 48,1 36,2
Psychosexuel 18,9 23,6 20,1 24,0 21,6 15,2
Personnalité antisociale 56,8 68,7 64,3 55,0 40,3 21,0
Toxicomanie 46,0 47,4 47,4 44,7 24,6 10,5
Alcoolisme 37,8 46,1 50,0 49,7 48,5 41,0

B. État civil

Le tableau 19 présente les taux de prévalence sur toute la vie des troubles mentaux, selon l'état civil. En appliquant des critères diagnostiques stricts, nous avons constaté l'existence de différences significatives : les détenus célibataires étaient plus susceptibles que les détenus mariés d'avoir déjà connu au moins un épisode d'un trouble organique, psychotique, anxieux ou psychosexuel.

Tableau 19 - Taux de prévalence des troubles mentaux sur toute la vie d'après le DIS, selon l'état civil - Critères stricts
Trouble Célibataires
(1,313)
Mariés
(797)
Organique 0,2 0,0
Psychotique 10,2 6,5
Dépressif 22,5 23,6
Anxieux 46,7 42,3
Psychosexuel 25,2 16,8
Personnalité antisociale 55,6 59,4
Toxicomanie 41,6 42,0
Alcoolisme 48,7 47,3

C. Type d'infraction

Le tableau 20 permet de comparer les taux de prévalence des troubles mentaux sur toute la vie, établis à l'aide du DIS en appliquant des critères stricts, selon l'infraction principale. Comme on peut le voir, les taux de prévalence des troubles dépressifs, anxieux et psychosexuels, de même que des troubles liés à la personnalité antisociale, à la toxicomanie et à l'alcoolisme, sont sensiblement différents chez des détenus ayant commis des crimes différents. Fait digne de mention, les taux de prévalence des troubles organiques et psychotiques ne variaient pas d'une façon significative selon le type d'infraction. On remarque aussi que les délinquants sexuels ont les plus forts taux de prévalence de troubles dépressifs, anxieux et psychosexuels. C'est chez les auteurs de vols qualifiés qu'on trouve les taux de prévalence les plus élevés des troubles liés à la personnalité antisociale (71,5%) et à la toxicomanie (54,6%).

Tableau 20 - Taux de prévalence des troubles mentaux sur toute la vie, d'après le DIS, selon le type d'infraction (n) - Critères stricts
Trouble Homicide
(337)
Hom. invol.
(98)
Vol qualifié
(498)
Infraction sexuelle
(103)
Infraction liée à drogue
(105)
Autre
(1,044)
Organique 0,3 0,0 0,0 0,0 0,0 0,2
Psychotique 10,7 11,2 8,0 5,8 3,8 9,2
Dépressif 29,1 30,6 19,3 36,9 12,4 21,1
Anxieux 41,3 46,9 44,6 47,6 29,5 45,2
Psychosexuel 23,7 26,5 18,5 31,1 15,2 22,7
Personnalité antisociale 45,4 44,9 71,5 42,7 36,2 58,3
Toxicomanie 30,0 36,7 54,6 22,3 36,2 41,7
Alcoolisme 46,1 46,9 51,0 36,9 29,5 50,3

D. Durée de la Peine

Le tableau 21 présente les taux de prévalence sur toute la vie des différents troubles mentaux, selon la durée de la peine; ces taux ont été établis à l'aide du DIS en appliquant des critères diagnostiques stricts. On constate que le taux de prévalence des troubles dépressifs varie de façon significative selon la durée de la peine. Tout comme on l'a constaté d'après les statistiques établies en appliquant des critères diagnostiques larges, les détenus condamnés à de longues peines (à perpétuité, par exemple) étaient proportionnellement plus nombreux à avoir déjà eu un épisode dépressif.

Tableau 21 - Taux de prévalence des troubles mentaux sur toute la vie d'après le DIS, selon la durée de la peine (n) - Critères stricts
Trouble < 2 ans
(151)
2-4
(829)
5-9
(506)
10-29
(296)
Perpétuité
(403)
Organique 0,0 0,2 0,0 0,0 0,3
Psychotique 9,3 7,4 8,9 9,1 11,4
Dépressif 15,9 19,3 24,7 22,3 29,8
Anxieux 44,4 45,6 41,5 44,6 42,7
Psychosexuel 17,9 22,6 20,4 22,3 24,8
Personnalité antisociale 63,6 60,4 58,5 56,1 45,9
Toxicomanie 38,4 45,1 42,9 47,3 28,8
Alcoolisme 55,6 51,2 48,2 39,5 46,4

E. Durée de l'incarcération

Poursuivant notre examen des taux de prévalence des principaux troubles mentaux sur toute la vie (taux établis d'après le DIS en appliquant des critères diagnostiques stricts), nous présentons dans le tableau 22 des estimations d'après la durée de l'incarcération. Comme on peut le constater, les détenus ayant séjourné longtemps derrière les barreaux (c'est-à-dire plus de quatre ans) étaient plus susceptibles d'avoir eu au moins un épisode d'un trouble dépressif. Par ailleurs, le taux de prévalence des troubles liés à la toxicomanie variait de façon significative selon la durée de l'incarcération.

Tableau 22 - Taux de prévalence des troubles mentaux sur toute la vie, selon la durée de l'incarcération (n), d'après le DIS - Critères diagnostiques stricts
Trouble < 6 mos,
(401)
6-11
(382)
12-23
(485)
24-35
(241)
36-47
(150)
48-59
(102)
60 +
(357)
Organique 0,0 0,0 0,4 0,0 0,0 0,0 0,3
Psychotique 8,0 7,6 7,6 9,5 11,3 12,8 9,8
Dépressif 19,0 24,1 21,2 21,6 26,7 32,4 25,2
Anxieux 39,9 44,2 49,1 41,1 47,3 45,1 41,5
Psychosexuel 21,7 17,8 24,3 21,6 19,3 19,6 26,1
Personnalité antisociale 58,1 55,0 60,6 58,9 56,7 56,9 52,1
Toxicomanie 39,7 45,0 45,4 39,4 51,3 36,3 35,0
Alcoolisme 45,1 47,6 51,3 52,3 49,3 48,0 44,8

INCIDENCE DE LA COMORBIDITÉ CHEZ LES DÉTENUS MASCULINS SOUS RESPONSABILITÉ FÉDÉRALE

Pour estimer la comorbidité (par exemple, les doubles diagnostics) dans la population carcérale masculine sous responsabilité fédérale, nous avons appliqué les critères les plus larges possible correspondant à chaque grande catégorie de diagnostic, puis exploré la survenue simultanée de ces troubles sur toute la vie, d'après le DIS. Il y a comorbidité lorsque le détenu a déjà éprouvé au cours de sa vie des troubles psychotiques, dépressifs, anxieux ou psychosexuels, en même temps que les symptômes correspondant à au moins une des grandes catégories de diagnostics.

Le tableau 23 décrit l'incidence de chaque combinaison possible de troubles mentaux, d'après les estimations de prévalence sur toute la vie obtenues à l'aide du DIS, en appliquant des critères diagnostiques larges. Comme on peut le voir, nous avons trouvé chez les détenus masculins sous responsabilité fédérale toutes les combinaisons possibles de troubles mentaux. Il convient cependant de signaler que le taux de prévalence d'un trouble particulier diminuait lorsqu'on éliminait les cas où d'autres troubles mentaux étaient présents. Par exemple, nous avons établi, à l'aide du DIS et en appliquant des critères diagnostiques larges, que le taux de prévalence des troubles psychotiques sur toute la vie était de 10,4%. Ce taux correspond à l'estimation la plus large des symptômes psychotiques chez la population visée, mais il inclut les cas où d'autres troubles mentaux sont présents simultanément. Si on soustrait ces cas, le taux de prévalence des troubles psychotiques tombe à 0,2%. La même tendance se manifeste en ce qui concerne les troubles dépressifs (qui tombent de 29,8% à 3,7%), les troubles anxieux (de 55% à 22,3%) et les troubles psychosexuels (de 24,5% à 8,5%).

Tableau 23 - Incidence de la comorbidité chez les détenus masculins sous responsabilité fédérale
Types de troubles %
Psychotiques 0,2
Psychotiques + dépressifs 0,7
Psychotiques + anxieux 1,0
Psychotiques + psychosexuels 0,4
Psychotiques + dépressifs + anxieux 4,0
Psychotiques + dépressifs + psychosexuels 0,2
Psychotiques + anxieux + psychosexuels 0,7
Psychotiques + dépressifs + anxieux + psychosexuels 3,1
Total: troubles psychotiques 10,4
Dépressifs 3,7
Dépressifs + anxieux 12,9
Dépressifs + psychosexuels 0,6
Dépressifs + psychotiques 0,7
Dépressifs + anxieux + psychosexuels 4,7
Dépressifs + anxieux + psychotiques 4,0
Dépressifs + psychosexuels + psychotiques 0,2
Dépressifs + anxieux + psychosexuels + psychotiques 3,1
Total: troubles dépressifs 29,8
Anxieux 22,3
Anxieux + psychosexuels 6,4
Anxieux + psychotiques 1,0
Anxieux + dépressifs 12,9
Anxieux + psychosexuels + psychotiques 0,7
Anxieux + psychosexuels + dépressifs 4,7
Anxieux + Psychotiques + dépressifs 4,0
Anxieux + psychosexuels + psychotiques + dépressifs 3,1
Total: troubles anxieux 55,0
Psychosexuels 8,5
Psychosexuels + psychotiques 0,4
Psychosexuels + dépressifs 0,6
Psychosexuels + anxieux 6,4
Psychosexuels + psychotiques + dépressifs 0,2
Psychosexuels + psychotiques + anxieux 0,7
Psychosexuels + dépressifs + anxieux 4,7
Psychosexuels + psychotiques + dépressifs + anxieux 3,1
Total: troubles psychosexuels 24,5

V. ANALYSE

L'Enquête sur la santé mentale du SCC visait à évaluer la prévalence, la nature et la gravité des problèmes de santé mentale chez les détenus masculins. Elle a permis d'établir les taux de prévalence des principales catégories de troubles mentaux à l'échelle nationale et régionale, de même qu'en fonction de différentes caractéristiques des détenus.

L'Enquête sur la santé mentale avait ceci de particulier qu'elle se fondait sur un questionnaire d'entrevue structurée - le Diagnostic Interview Schedule (DIS)- et sur les critères de diagnostic objectifs décrits dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-III)de l' American Psychiatric Association. Le plan de sondage comportait l'échantillonnage systématique (modification de l'échantillonnage simple au hasard) de tous les hommes détenus dans les établissements du SCC, à l'exception des unités à sécurité maximale élevée, des centres psychiatriques régionaux et des centres de traitement régionaux, où on a tenté d'interviewer tous les détenus. On a effectué une stratification par région du SCC (Atlantique, Québec, Ontario, Prairies, Pacifique), puis dressé, pour chaque établissement, la liste des répondants admissibles, qui ont été classés par âge. Pour chaque strate, la taille de l'échantillon a été choisie de manière à accorder une marge d'erreur de 5% pour un seuil de confiance de 99%. Ces chiffres indiquent la probabilité qu'une évaluation donnée de la prévalence soit un indicateur exact de la vraie prévalence d'un trouble chez les détenus.

Des 9 801 détenus visés par l'enquête, 2 812 (28,7%) ont été choisis dans les cinq régions du SCC pour faire partie de l'échantillon. Le taux global de réponse a été de 68,5% (n = 1 925), et très peu d'établissements ont accusé un taux de réponse inférieur à 50% (les taux de réponse par établissement, pour chaque région du SCC, sont reproduits en annexe). Dans les établissements spécialisés, où on devait interviewer toute la population, 412 détenus étaient visés par l'enquête; le taux de réponse global s'est établi à 63% (n = 260). En tout, on a réalisé 2 185 interviews fondées sur le DIS auprès de détenus.

Les résultats de l'enquête s'articulent autour de huit catégories de diagnostics les troubles d'origine organique (syndrome cérébral organique); les troubles psychotiques (schizophrénie, trouble schizophréniforme, épisode maniaque); les troubles dépressifs (épisodes dépressifs majeurs, troubles dysthymiques, trouble bipolaire); les troubles anxieux (trouble panique, anxiété généralisée, agoraphobie, phobie, somatisation); les troubles psychosexuels (trouble des fonctions psychosexuelles, transsexualisme, homosexualité ego-dystonique); les troubles liés à un comportement antisocial (personnalité antisociale); les troubles liés à l'utilisation de substances toxiques et la consommation d'alcool (abus ou dépendance).

Les taux de prévalence sont définis en fonction de deux paramètres : le premier correspond à la période de référence, et le second, à la largeur des critères diagnostiques appliqués. Les périodes de référence étaient les suivantes : toute la vie du sujet, la dernière année ou les deux dernières semaines. Les critères de diagnostic pouvaient être soit larges, soit stricts (c'est-à-dire, des critères de gravité et d'exclusion). L'application de critères de gravité permettait de ne retenir que les cas où tous les comportements identifiant le trouble étaient réunis. Quant aux critères d'exclusion, leur application avait pour effet d'exclure tous les cas où le diagnostic pouvait être attribuable à d'autres problèmes de santé mentale.

Si l'on applique des critères diagnostiques larges (en faisant abstraction des critères de gravité et d'extrusion) pour évaluer la prévalence d'un trouble décrit dans le DSM-III, on obtient une évaluation "maximale" de la prévalence de ce trouble chez les détenus masculins sous responsabilité fédérale. Ainsi, selon les résultats de l'Enquête sur la santé mentale, les taux de prévalence, pendant la vie entière, des grandes catégories suivantes de troubles mentaux (d'après les résultats du DIS) étaient les suivants : troubles organiques (4,3%); troubles psychotiques (10,4%); troubles dépressifs (25,8%); troubles anxieux (55,6%); troubles psychosexuels (29,5%) troubles de la personnalité antisociale (74,9%) troubles liés à la consommation de substances toxiques (52,9%) et d'alcool (69,8%).

Les taux de prévalence établis d'après le DIS, à l'aide des critères les plus stricts(c'est-à-dire en appliquant et les critères de gravité, et les critères d'exclusion) correspondent à une évaluation "minimale" de la prévalence des troubles mentaux. Il ressort des résultats de l'enquête que les taux de prévalence chutent sensiblement lorsqu'on applique des critères de gravité et d'exclusion. Ainsi, si on applique des critères diagnostiques stricts aux données obtenues dans le cadre des entrevues dirigées ( DIS), on obtient les taux de prévalence suivants pour la vie entière : troubles organiques (0,1%); troubles psychotiques (7,7%); troubles dépressifs (21,5%); troubles anxieux (44,1%); troubles psychosexuels (21,1%); troubles de la personnalité antisociale (56,9%), troubles liés à la consommation de substances toxiques (40,9%) et d'alcool (47,2%).

Les écarts constatés entre les taux de prévalence des troubles mentaux, sur toute la vie, obtenus à l'aide du DIS dans les cinq régions du SCC (Atlantique, Québec, Ontario, Prairies, Pacifique) ont été attribués davantage à des particularités de la collecte des données qu'à des différences intrinsèques entre les taux de prévalence des différentes régions. Si l'on tient compte de cette réserve, les taux de prévalence des troubles mentaux enregistrés dans les différentes régions étaient comparables, que des critères larges ou stricts soient appliqués.

Lorsqu'on a examiné la prévalence des troubles mentaux dans divers types d'établissements de détention, on a constaté que les taux de prévalence les plus élevés correspondaient à la population des unités à sécurité maximale élevée. Venaient ensuite les détenus des centres psychiatriques régionaux et des centres régionaux de traitement, et enfin les détenus de la population carcérale générale. Cependant, les données changeaient lorsqu'on appliquait des critères diagnostiques stricts; les taux de prévalence les plus élevés correspondaient alors à la clientèle des centres psychiatriques régionaux et des centres régionaux de traitement. Venaient ensuite les détenus des unités à sécurité maximale élevée et la population carcérale générale.

Les taux de prévalence pour la vie entière, établis d'après le DIS, ont été mis en relation avec certaines caractéristiques des détenus, notamment l'âge, l'état civil, le type d'infraction, la durée de la peine et la durée de l'incarcération.

D'après les résultats de l'Enquête sur la santé mentale, les détenus âgés (c'est-à-dire de 50 ans ou plus) étaient les plus susceptibles de répondre aux critères diagnostiques des "troubles organiques". Quant aux détenus plus jeunes, ils étaient plus susceptibles d'avoir déjà eu un épisode dépressif ou présenté un trouble lié à la personnalité antisociale ou encore à l'abus de substances toxiques ou d'alcool. Les célibataires étaient proportionnellement plus nombreux que les détenus mariés à avoir éprouvé des troubles psychotiques ou psychosexuels.

Fait digne de mention, les auteurs de vols qualifiés avaient toujours, d'après le DIS le plus fort taux de prévalence pour la vie entière (88%) du trouble de la personnalité antisociale. C'est chez les délinquants sexuels qu'on a trouvé la plus forte prévalence de troubles dépressifs (43,6%), de troubles anxieux (62,1%) et de troubles psychosexuels (37,9%). Sauf en ce qui concerne les troubles associés à l'utilisation de substances toxiques, les auteurs d'infractions liées à la drogue avaient les plus faibles taux de prévalence de troubles mentaux sur toute la vie de toutes les catégories de délinquants.

L'examen de la longueur des peines et de la durée de l'incarcération a révélé que les détenus condamnés à de longues peines (à perpétuité ou à de 10 à 29 ans d'emprisonnement) étaient plus susceptibles d'avoir déjà eu un épisode dépressif (29,8%). En revanche, c'est chez les délinquants condamnés à moins de quatre années d'emprisonnement qu'on a constaté la plus forte prévalence, pour toute la vie, des troubles liés à la personnalité antisociale, à l'utilisation de substances toxiques et à la consommation d'alcool. Dans la même veine, les détenus qui avaient purgé une plus longue partie de leur peine (au moins quatre ans) étaient plus susceptibles d'avoir connu au moins un épisode d'un trouble dépressif.

On a évalué, à l'aide du DIS et en appliquant des critères larges, l'incidence de la comorbidité (c'est-à-dire la présence simultanée d'un ou de plusieurs autres troubles) chez les détenus masculins sous responsabilité fédérale qui avaient éprouvé des troubles psychotiques, dépressifs, anxieux ou psychosexuels. D'après les résultats de l'Enquête sur la santé mentale, la comorbidité est très fréquente dans cette population. Dans l'ensemble, le taux de prévalence pour toute la vie des troubles psychotiques (établi d'après le DIS en appliquant des critères larges) s'élevait à 10,4%. Cependant, il n'était plus que de 0,2% lorsqu'on excluait les cas où d'autres troubles mentaux déterminés à l'avance étaient présents. La proportion de détenus ayant déjà souffert de troubles psychotiques, dépressifs et anxieux, toujours d'après les critères diagnostiques du DIS, était de 4%, alors que 3,1% des détenus avaient déjà éprouvé des troubles psychotiques, dépressifs, anxieux et psychosexuels. Les détenus qui avaient déjà présenté des symptômes psychotiques avaient aussi éprouvé divers autres problèmes de santé mentale au cours de leur existence.

En résumé, l'Enquête sur la santé mentale a mis en relief certaines tendances notables en ce qui concerne la prévalence, la nature et la gravité des problèmes de santé mentale dans la population carcérale masculine sous responsabilité fédérale. Bien que les résultats de cette enquête puissent aussi être attribuables à d'autres facteurs (différences entre les détenus qui restent incarcérés et ceux qui sont libérés, aptitude à se rappeler les épisodes survenus il y a longtemps et volonté de faire état des symptômes, par exemple), il semble probable que les détenus des pénitenciers fédéraux aient éprouvé beaucoup plus de troubles mentaux qu'on ne le croyait auparavant. Néanmoins, cette enquête d'envergure sur les troubles mentaux chez les détenus des pénitenciers a révélé que la santé mentale est en voie de devenir l'un des principaux défis qui se posent aux autorités correctionnelles d'aujourd'hui.

VI. BIBLIOGRAPHIE

American Psychiatric Association (1980). DSM III: Diagnostic and statistical manual of mental disorders. New York, Masson.

Gunn, J., Maden, T., & Swinton, M. (1991) Mentally disordered prisoners. A report commissioned and published by the Home Office, United Kingdom.

Neighbors, H. W., Williams, D. H., Gunnings, T. S., Lipscomb, W. D., Broman, C., & Lepkowowski, J. (1987). The prevalence of mental disorder in Michigan prisons. Final report submitted to the Michigan Department of Corrections, MI.

Robins, L. N., & Helzer, J. E. (1985). Diagnostic Interview Schedule ( DIS) Version III-A. Department of Psychiatry, Washington University School of Medicine.

Robins, L. N., Helzer, J. E., Groughan, J. & Ratcliff, K. S. (1981). National Institute of Mental Health Diagnostic Interview Schedule. Its history, characteristics and validity. Archives of General Psychiatry, 38, 381-389.

Wormith, J. S., & Borzecki, M. (1985). Mental disorder in the criminal justice system.Programs Branch User Report, Ministry of the Solicitor General of Canada.

Annexe A - Description des troubles mentaux

(D'après le DSM-III, APA 1980)

TROUBLES ORGANIQUES

Syndrome cérébral organique. Le DIS permet de dépister la présence d'un syndrome cérébral organique. Il ne permet cependant pas de diagnostiquer un "trouble mental organique", car, dans ce cas, la cause du syndrome doit être connue ou présumée. Il existe plusieurs syndromes cérébraux organiques, mais le DIS est axé sur l'évaluation de la démence, qui est une perte sévère des capacités intellectuelles. Cependant, une personne intoxiquée ou atteinte de délirium pourrait aussi faire l'objet d'un diagnostic positif, car l'obnubilation associée à ces états pourrait aussi l'empêcher de répondre correctement aux questions utilisées pour éprouver la mémoire et les autres facultés intellectuelles.

Les caractéristiques essentielles de la démence sont : désorientation dans le temps et l'espace; altération de la mémoire, manifestée par l'incapacité de se rappeler les choses apprises récemment; détérioration d'autres fonctions intellectuelles, notamment la capacité de calculer, d'épeler, de suivre des directives, de copier un dessin et de nommer des objets courants.

TROUBLES PSYCHOTIQUES

Schizophrénie. Le diagnostic de la schizophrénie est posé en présence de symptômes psychotiques comme des idées délirantes ou des hallucinations et d'une détérioration par rapport à un niveau de fonctionnement antérieur, lorsque ces symptômes apparaissent avant l'âge de 45 ans et durent au moins six mois.

Troubles schizophréniformes. Les critères diagnostiques du trouble schizophréniformes sont les mêmes que pour la schizophrénie, mais le trouble schizophréniforme peut ne durer que deux semaines.

Épisode maniaque. La caractéristique essentielle d'un épisode maniaque est l'existence d'une période distincte où l'humeur prédominante est exaltée, gaie, expansive ou irritable, et au cours de laquelle il existe des symptômes associés : hyperactivité, achats inconsidérés, intérêt accru pour les activités sexuelles, logorrhée, sauts rapides d'une idée à l'autre au point où l'auditeur a du mal à suivre le fil du discours, augmentation de l'estime de soi, réduction du besoin de sommeil et distractibilité. Entre les épisodes maniaques, le sujet peut être tout à fait normal ou vivre des périodes de dépression. Il peut aussi présenter, de façon intermittente, une humeur déprimée au cours d'un épisode maniaque.

TROUBLES DÉPRESSIFS

Épisodes dépressifs majeurs. Les personnes qui traversent un épisode dépressif majeur se sentent tristes et déprimées pendant au moins deux semaines, tout en éprouvant d'autres symptômes comme la perte d'appétit, l'insomnie, le sentiment de dévalorisation ou de culpabilité, une diminution de l'énergie et des pensées de mort. Entre ces épisodes, elles peuvent se sentir tout à fait bien.

Trouble dysthymigue. Pour qu'on puisse poser ce diagnostic, le sujet doit se sentir déprimé la plupart du temps depuis au moins deux ans et présenter certains autres symptômes : ceux-ci sont toutefois moins nombreux que ceux qui caractérisent un épisode dépressif majeur.

Troubles bipolaires. Selon les critères du DSM-III, le diagnostic de trouble bipolaire requiert la présence d'un épisode maniaque. L'humeur exaltée peut être décrite comme euphorique, inhabituellement bonne, joyeuse ou gaie, mais reconnue comme excessive par ceux qui connaissent bien le sujet. Bien que l'exaltation euphorique de l'humeur soit considérée comme un symptôme typique, le trouble prédominant de l'humeur peut aussi consister en une irritabilité.

TROUBLES ANXIEUX

Trouble panique. La caractéristique essentielle est la récurrence d'attaques de panique (d'anxiété) survenant de façon imprévisible, bien que certaines situations telles que la conduite automobile puissent être associées à une attaque de panique. Le même tableau clinique n'est pas qualifié d'attaque quand il survient lors d'exercices importants ou dans une situation de risque vital.

Les attaques de panique se manifestent par l'apparition brutale d'une appréhension, d'une crainte ou d'une terreur intense, souvent associée à des sentiments de catastrophe imminente. Les symptômes le plus souvent ressentis au cours d'une attaque de panique sont les suivants : difficulté à respirer, palpitations, douleur ou gêne thoraciques, sensation d'étouffement ou d'étranglement, étourdissements, sensations d'irréalité, picotements dans les mains ou les pieds, bouffées de chaud et froid, transpiration, impression d'évanouissement, tremblements ou secousses musculaires, ainsi que la peur de mourir, de devenir fou ou de commettre un acte incontrôlable. Les attaques durent habituellement quelques minutes, plus rarement plusieurs heures.

Anxiété généralisée. Pour qu'on puisse poser le diagnostic d'anxiété généralisée, le sujet doit avoir souffert pendant au moins un mois d'une humeur anxieuse dénotée par la présence de trois ou quatre groupes de symptômes : tension motrice, troubles neurovégétatifs (transpiration, palpitations), atteinte craintive et exploration hypervigilante de l'environnement. D'après les résultats de l'enquête, l'anxiété généralisée est très répandue.

Agoraphobie. La caractéristique essentielle de l'agoraphobie est une peur importante d'être seul ou de se retrouver dans des endroits publics d'où il pourrait être difficile de s'échapper.

Phobie. La caractéristique essentielle du trouble phobique est une crainte persistante et irrationnelle d'un objet, d'une activité ou d'une situation spécifique qui débouche sur un désir contraignant d'éviter l'objet, l'activité ou la situation redoutée. Le sujet reconnaît que sa peur est excessive ou irrationnelle par rapport à la dangerosité réelle de l'objet, de l'activité ou de la situation en question.

L'évitement irrationnel d'objets, d'activités ou de situations n'ayant que des conséquences accessoires sur la vie du sujet, est fréquent. Par exemple, beaucoup d'individus éprouvent une peur irrationnelle modérée quand ils ne peuvent éviter le contact avec des araignées ou des insectes non dangereux, mais cela n'a pas de conséquences majeures sur leur vie. En revanche, lorsque la conduite d'évitement ou la peur devient une source importante de détresse pour le sujet, ou quand elle interfère avec son fonctionnement social ou professionnel, le diagnostic de trouble phobique s'impose.

Somatisation. Les caractéristiques essentielles sont des plaintes somatiques multiples et réitérées existant depuis plusieurs années et qui ne semblent relever d'aucun désordre physique. Le trouble survient avant l'âge de 30 ans.

Les plaintes sont souvent présentées d'une manière dramatique, floue ou exagérée, ou bien font partie d'une histoire médicale compliquée pour laquelle de nombreux diagnostics organiques ont été envisagés. Les patients reçoivent souvent des soins médicaux de plusieurs praticiens, quelquefois simultanément. Les antécédents médicaux font souvent état de nombreux actes chirurgicaux. Les plaintes concernent généralement les symptômes suivants :

Symptômes de conversion ou pseudoneurologiques (p. ex. paralysie ou cécité);
Symptômes gastro-intestinaux (p. ex. douleurs abdominales);
Symptômes gynécologiques (p. ex. règles douloureuses);
Symptômes psychosexuels (p. ex. indifférence);
Douleurs (p. ex. douleurs dans le dos);
Symptômes cardiorespiratoires (p. ex. étourdissements).

TROUBLES PSYCHOSEXUELS

Troubles des fonctions psychosexuelles. Ces troubles se caractérisent par une inhibition du désir ou de la fonction sexuelle, qui n'est pas entièrement attribuable à un trouble physique ni à l'utilisation de médicaments ou d'autres substances. Il peut y avoir inhibition persistante et généralisée du désir sexuel, de l'excitation sexuelle (frigidité ou impuissance) ou de l'orgasme. Ces troubles peuvent également se traduire par une éjaculation précoce ou par la présence de douleurs persistantes pendant le coït.

Transsexualisme. Les caractéristiques essentielles du transsexualisme sont un sentiment d'inadéquation quant à son sexe anatomique, un désir de vivre comme un sujet de l'autre sexe, si ces sentiments durent de façon continue depuis au moins deux ans chez des sujets non schizophrènes.

Homosexualité égo-dystonique. L'homosexualité égo-dystonique se caractérise par un mode constant d'excitation de type homosexuel que le sujet ne désire pas et qui est pour lui une source permanente de désarroi.

TROUBLE DE LA PERSONNALITÉ ANTISOCIALE

Les caractéristiques essentielles de la personnalité antisociale sont des antécédents de conduite antisociale chronique et continue avec violation des droits d'autrui, persistance à l'âge adulte d'un mode de conduite antisocial apparu avant l'âge de 15 ans, et incapacité à conserver une efficience professionnelle satisfaisante pendant plusieurs années.

Typiquement, mensonges, vols, bagarres, école buissonnière et opposition à l'autorité apparaissent précocement au cours de l'enfance. À l'adolescence, un comportement sexuel inhabituellement précoce ou agressif, des excès de boisson et l'usage de drogues illicites sont fréquents. À l'âge adulte, ce type de comportement se poursuit, compliqué d'une incapacité à garder une insertion professionnelle régulière, à assumer un rôle de parent responsable et à accepter les normes sociales telles qu'elles sont définies par la loi. Après l'âge de 30 ans, les plus importantes de ces manifestations peuvent diminuer, en particulier la sexualité désordonnée, les bagarres, la criminalité et le vagabondage.

TROUBLES LIÉS À L'UTILISATION DE DROGUES

Abus de substances toxiques et dépendance à ces substances. La partie du DIS qui porte sur les drogues traite des problèmes liés à la consommation de diverses drogues :

Cannabis (marijuana et hachisch);
Amphétamines ou stimulants d'action similaire;
Barbituriques ou sédatifs et hypnotiques d'action similaire, y compris les tranquillisants mineurs;
Cocaïne;
Opiacés, y compris l'héroïne;
Phencyclidine (PCP) et autres hallucinogènes.

D'après les critères diagnostiques du DSM-III, l'abus de ces substances suppose un mode de consommation pathologique et un handicap du fonctionnement social ou professionnel. Pour porter un diagnostic de dépendance, il faut que le sujet manifeste une tolérance à la substance ou un syndrome de sevrage. Dans le cas de la dépendance au cannabis, il doit également y avoir un handicap du fonctionnement social au professionnel ou un mode de consommation pathologique.

TROUBLES LIÉS À LA CONSOMMATION D'ALCOOL

Abus d'alcool ou dépendance à l'alcool. La caractéristique essentielle de l'abus d'alcool est un mode de consommation pathologique d'alcool qui dure pendant au moins un mois et qui handicape le fonctionnement social ou professionnel.

La dépendance à l'alcool se caractérise essentiellement soit par la tolérance, soit par un syndrome de sevrage; on constate aussi un mode de consommation pathologique d'alcool ou un fonctionnement social ou professionnel handicapé par la consommation d'alcool du sujet.

Annexe B - Taux de réponse régionaux, par établissement

Tableau A - Taux de réponse des établissements de la région de l'Atlantique
Établissement (NS) Échantillon
n
Non-réponse
n %
Réponse
n %
Springhill (Moy) 192 39 (20,3) 153 (79,7)
Dorchester (Max) 103 24 (23,3) 79 (76,7)
Westmorland (Mn) 73 8 (11,0) 65 (89,0)
Atlantique (Max) 70 34 (48,6) 36 (51,4)
Total 438 105 (24,0) 333 (76,0)

Remarque : NS = Niveau de sécurité Min. = minimale, Moy. = moyenne, Max. = maximale


Tableau B - Taux de réponse des établissements de la région du Québec
Établissement (NS) Échantillon
n
Non-réponse
n %
Réponse
n %
Montée st-François (Min.) 30 10 (33,3) 20 (66,7)
Laval (Max.) 45 10 (22,2) 35 (77,8)
Centre fédéral deformation (Moy.) 93 17 (18,3) 76 (81,7)
Donnacona (Max.) 56 18 (32,1) 38 (67,9)
Leclerc (Moy.) 92 25 (27,2) 67 (72,8)
Archambault (Max.) 71 26 (36,6) 45 (63,4)
Ste-Anne-des-Plaines(Min.) 28 4 (14,3) 24 (85,7)
Centre de réception régional (Max.) 21 4 (19,1) 17 (80,9)
Drummond (Moy.) 59 13 (22,0) 46 (78,0)
Cowansville (Moy) 96 14 (14,6) 82 (85,4)
La Macaza (Moy) 46 12 (26,1) 34 (73,9)
Total 637 153 (24,0) 484 (76,0)

Remarque : NS = Niveau de sécurité Min. = minimale, Moy. = moyenne, Max. = maximale


Tableau C - Taux de réponse des établissements de la région de l'Ontario
Établissement (NS) Échantillon
n
Non-réponse
n %
Réponse
n %
Pénitencier de Kingston (Mx) 106 33 (31,1) 73 (68,9)
Unitée de transfèrement de Millhaven (Mx) 14 4 (28,6) 10 (71,4)
Millhaven (Mx) 63 25 (39,7) 38 (60,3)
Bath (Mn) 23 5 (21,7) 18 (78,3)
Collins Bay (Moy) 106 41 (38,7) 65 (61,3)
Frontenac (Mn) 32 15 (46,9) 17 (53,1)
Beaver Creek (Mn) 17 4 (23,5) 13 (76,5)
Joyceville (Moy) 120 38 (31,7) 82 (68,3)
Pittsburgh (Mn) 19 2 (10,5) 17 (89,5)
Warkworth (Moy) 129 34 (26,4) 85 (73,6)
Total 629 (32,0) 428 (68,0)

Remarque : NS = Niveau de sécurité Min. = minimale, Moy. = moyenne, Max. = maximale


Tableau D - Taux de réponse des établissements de la région des Prairies
Établissement (NS) Échantillon
n
Non-réponse
n %
Réponse
n %
Stony Mountain (Moy) 119 30 (25,2) 89 (74,8)
Rockwood (Mn) 18 3 (16,7) 15 (83,3)
Saskatchewan (Mx) 107 40 (37,4) 67 (62,6)
Ferme de l'établissement de la Saskatchwan (Mn) 17 80 (47,1) 9 (52,9)
Drumheller (Moy) 116 35 (30,2) 81 (69,8)
Bowden (Moy) 130 46 (35,4) 84 (64,6)
Edmonton (Mx) 69 28 (40,6) 41 (59,4)
Total 576 190 (33,0) 386 (67,0)

Remarque : NS = Niveau de sécurité Min. = minimale, Moy. = moyenne, Max. = maximale


Tableau E - Taux de réponse des établissements de la région du Pacifique
Établissement (NS) Échantillon
n
Non-réponse
n %
Réponse
n %
William Head (Moy) 64 15 (23,4) 49 (76,6)
Matsqui (Mn) 129 90 (69,8) 39 (30,2)
Mountain (Moy) 98 37 (37,8) 61 (62,2)
Kent (Mx) 89 34 (38,2) 55 (61,8)
Elbow Lake (Mn) 26 13 (50,0) 13 (50,0)
Ferndale (Mn) 39 16 (41,0) 23 (59,0)
Mission (Moy) 87 33 (37,9) 54 (62,1)
Total 532 238 (44,7) 294 (55,3)

Remarque : NS = Niveau de sécurité Min. = minimale, Moy. = moyenne, Max. = maximale


Annexe C - Taux de prévalence nationaux d'après le DIS(pondérés)

Troubles Critères larges Critères stricts
Vie Un ans 2 sem. Vie Vie Un ans 2 sem. Vie
Organiques 4,3 n/a n/a 0,1 n/a n/a
Psychotic Schizophrénie 4,9 3,7 2,8 4,4 3,4 2,6
Schizophréniforme 0,8 0,6 0,4 0,5 0,4 0,4
Épisode maniaque 5,7 3,2 1,8 2,8 1,2 0,6
Dépressifs Épisode majeur 21,4 15,7 9,2 13,6 9,8 5,4
Trouble dysthymique 14,3 n/a n/a 7,9 n/a n/a
Trouble dipolaire 3,6 n/a n/a 1,6 n/a n/a
Anxieux Trouble panique 3,7 2,5 1,0 0,8 0,6 0,3
Anxiéte généralisée 46,7 26,5 7,6 31,9 17,9 4,9
Agoraphobie 13,8 n/a n/a 6,7 n/a n/a
Phobie 28,3 16,7 9,8 22,9 13,4 7,7
Somatisation 0,6 0,6 0,5 0,6 0,6 0,5
Psychosexuels Trouble des fonctions psychosexuelles 23,1 n/a n/a 19,6 n/a n/a
Transsexualisme 1,0 1,0 0,5 0,8 0,5 0,4
Homosexualité égo-dystonique 2,1 1,0 0,5 2,1 1,0 0,5
Personnalité antisociale 75,4 - - 57,2 - -
Toxicomanie 53,7 17,2 4,3 41,6 13,3 3,0
Barbituriques 20,8 - - 8,7 - -
Opiacés 19,2 - - 11,2 - -
Cocaïne 20,8 - - 20,8 - -
Amphétamines 19,5 - - 10,1 - -
Hallucinogènes 10,0 - - 10,0 - -
Cannabis 30,8 - - 10,4 - -
Alcool 70,1 13,5 0,6 47,4 - -

Remarque : N.D. = non disponible

Annexe D - Taux de prévalence régionaux sur toute la vie - Critères diagnostiques larges

Troubles Région
Atlantique Québec Ontario Prairies Pacifique
Organiques 6,9 4,3 2,3 4,6 6,2
Psychotic Schizophrénie 6,3 6,3 4,7 4,7 2,4
Schizophréniforme 0,3 1,4 0,9 0,3 0,8
Épisode maniaque 5,1 7,7 7,7 4,9 3,4
Dépressifs Épisode majeur 20,1 26,2 19,9 17,7 20,4
Trouble dysthymique 13,2 13,9 12,0 16,7 17,0
Trouble dipolaire 2,1 4,8 4,9 1,8 1,6
Anxieux Trouble panique 3,9 3,3 3,4 2,8 3,1
Anxiéte généralisée 39,3 68,0 41,8 37,7 39,5
Agoraphobie 14,4 14,8 13,2 13,8 11,5
Phobie 24,9 34,1 27,2 23,7 26,1
Somatisation 0,3 1,0 0,5 0,5 0,0
Psychosexuels Trouble des fonctions psychosexuelles 27,4 17,7 22,7 29,2 24,3
Transsexualisme 0,6 1,7 0,7 0,5 0,8
Homosexualité égo-dystonique 2,1 1,7 2,0 2,2 0,5
Personnalité antisociale 79,5 75,3 72,7 78,6 74,0
Toxicomanie 53,7 58,3 49,4 54,1 51,8
Barbituriques 25,2 23,0 16,5 22,3 19,6
Opiacés 15,6 18,3 16,8 20,0 26,3
Cocaïne 17,3 33,4 16,7 13,3 15,0
Amphétamines 22,7 14,3 23,0 20,8 20,2
Hallucinogènes 13,4 12,9 8,6 7,4 8,1
Cannabis 38,8 29,2 24,5 37,7 31,9
Alcool 76,2 66,7 69,4 76,1 66,9

Annexe E - Taux de prévalence sur toute la vie chez les détenus des centres de traitement - Critères diagnostiques larges (pondérés)

Troubles Centre de traitement
CRT de l'Ont, CPR des Prairies CPR du Pacifique
Organiques n/a n/a n/a
Psychotic Schizophrénie 20,6 17,7 9,3
Schizophréniforme 0,0 0,0 2,7
Épisode maniaque 8,8 20,6 9,4
Dépressifs Épisode majeur 35,3 46,4 42,6
Trouble dysthymique 20,6 26,1 26,6
Trouble dipolaire 8,8 20,6 9,3
Anxieux Trouble panique 11,7 5,7 9,4
Anxiéte généralisée 41,1 50,7 52,0
Agoraphobie 20,6 27,4 21,3
Phobie 35,3 43,5 42,7
Somatisation 0,0 0,0 0,0
Psychosexuels Trouble des fonctions psychosexuelles 20,5 42,7 29,3
Transsexualisme 0,0 0,0 2,7
Homosexualité égo-dystonique 9,1 6,0 6,7
Personnalité antisociale 73,5 77,9 82,7
Toxicomanie 50,0 49,3 68,0
Barbituriques 32,4 26,9 27,8
Opiacés 17,6 20,9 25,0
Cocaïne 11,8 11,9 21,9
Amphétamines 29,4 26,9 20,5
Hallucinogènes 11,8 13,4 15,3
Cannabis 32,4 37,3 49,3
Alcool 76,5 69,1 74,7

Annexe F - Taux de prévalence régionaux sur toute la vie - Critères diagnostiques stricte (pondérés)

Troubles Région
Atlantique Québec Ontario Prairies Pacifique
Organiques 0,3 0,2 0,0 0,0 0,3
Psychotic Schizophrénie 5,1 6,2 4,0 4,1 2,0
Schizophréniforme 0,3 0,6 0,7 0,3 0,8
Épisode maniaque 1,5 1,6 4,9 2,9 1,6
Dépressifs Épisode majeur 13,2 15,3 12,1 12,2 15,4
Trouble dysthymique 7,2 8,1 5,6 10,2 9,1
Trouble dipolaire 0,3 1,3 2,8 1,4 0,9
Anxieux Trouble panique 1,5 0,6 1,2 0,6 2,1
Anxiéte généralisée 26,9 43,8 27,7 23,4 27,1
Agoraphobie 7,5 7,3 6,3 6,9 6,0
Phobie 21,0 27,8 21,8 18,3 22,6
Somatisation 0,3 1,0 0,5 0,5 0,0
Psychosexuels Trouble des fonctions psychosexuelles 22,3 14,6 19,7 24,6 21,2
Transsexualisme 0,6 1,4 0,2 0,5 0,8
Homosexualité égo-dystonique 2,1 1,7 2,0 2,2 2,6
Personnalité antisociale 62,1 57,0 52,1 61,8 58,7
Toxicomanie 41,4 49,2 37,0 39,6 37,4
Barbituriques 9,7 10,1 6,9 8,5 9,0
Opiacés 7,3 11,2 10,2 10,2 16,7
Cocaïne 17,3 33,4 16,7 13,3 15,0
Amphétamines 11,8 7,7 12,8 7,6 12,3
Hallucinogènes 13,4 12,9 8,6 7,4 8,1
Cannabis 18,9 7,2 7,8 13,9 12,0
Alcool 51,5 45,9 46,2 51,8 44,6

Annexe G - Taux de prévalence sur toute la vie chez les détenus des centres de traitement - Critères diagnostiques stricts (pondérés)

Troubles Centre de traitement
CRT de l'Ont, CPR des Prairies CPR du Pacifique
Organiques n/a n/a n/a
Psychotic Schizophrénie 20.6 16.2 8
Schizophréniforme 0 0 2.7
Épisode maniaque 2.9 11.8 6.7
Dépressifs Épisode majeur 23.5 34.8 33.3
Trouble dysthymique 8.8 5.8 5.3
Trouble dipolaire 2.9 1.5 1.3
Anxieux Trouble panique 2.9 1.4 2.7
Anxiéte généralisée 17.6 18.8 26.7
Agoraphobie 2.9 7.2 9.3
Phobie 26.5 29 30.7
Somatisation 0 0 0
Psychosexuels Trouble des fonctions psychosexuelles 17.6 30.9 21.3
Transsexualisme 0 0 2.7
Homosexualité égo-dystonique 9.1 6 6.7
Personnalité antisociale 32.4 50 57.3
Toxicomanie 38.3 34.4 50.7
Barbituriques 11.8 14.9 13.9
Opiacés 8.8 13.4 18.1
Cocaïne 11.8 11.9 21.9
Amphétamines 20.6 13.4 13.7
Hallucinogènes 11.8 13.4 15.3
Cannabis 14.7 17.9 14.7
Alcool 47.1 51.5 49.3