Comparaison entre les délinquantes qui consomment des opioïdes et celles qui consomment d’autres types de substance

Faits saillants de la recherche: Les délinquantes qui consomment des opioïdes étaient plus susceptibles d’avoir un problème de toxicomanie qualifié d’important à grave.

Pourquoi nous avons effectué cette étude

Les problèmes de consommation d’alcool et de drogues sont répandus chez les délinquantes sous responsabilité fédérale.Note de bas de page 1 Compte tenu de la crise des opioïdes au Canada et de ses effets néfastes connexes, la présente étude se penche sur les différences entre les délinquantes qui ont déclaré avoir consommé des opioïdes et celles qui ont déclaré avoir consommé d’autres substances dans les douze mois précédant leur arrestation.

Ce que nous avons fait

Le Questionnaire informatisé sur la toxicomanie pour les femmes (QITF) permet d’évaluer les délinquantes condamnées à purger une peine de ressort fédéral à leur admission. Au total, 908 délinquantes ont rempli le QITF entre novembre 2016 et janvier 2019. Parmi les délinquantes évaluées, 81 % (n = 735, 40% Autochtones) ont déclaré avoir consommé de l’alcool ou des drogues dans les douze mois précédant leur arrestation, et elles ont été regroupées selon la substance consommée le plus fréquemment : opioïdes, cocaïne/crack, marijuana, alcool, stimulants du système nerveux central (SNC), inhibiteurs du SNC, autres drogues.Note de bas de page 2

Ce que nous avons constaté

Les délinquantes étaient plus susceptibles d’indiquer que l’alcool (26 %), les stimulants du SNC (22 %) et les opioïdes (20 %) étaient leur substance de prédilection. Les délinquantes du groupe des opioïdes étaient plus susceptibles de déclarer que leur consommation de drogue a influé sur leur comportement criminel que les délinquantes des groupes de la marijuana ou de l’alcool (83% comparativement à 55% et à 38 %), mais ce taux était comparable à celui des consommatrices d’autres drogues. Toutefois, les délinquantes du groupe des opioïdes étaient plus susceptibles d’avoir un problème de toxicomanie qualifié d’important à grave (84 %) que celles consommant d’autres types de substance (se reporter à la figure).

Gravité de la toxicomanie selon les substances les plus consommées dans les douze mois précédant l’arrestation
Gravité de la toxicomanie Opioïdes Cocaïne/Crack Stimulants du SNC Inhibiteurs du SNC Autres drogues Marijuana Alcool
Aucun/Faible 4 8 12 6 25 40 69
Modéré 12 12 20 29 12 30 13
Important/Grave 84 80 68 65 63 30 18
Remarque : SNC = Stimulants du système nerveux.

Deux tiers (66 %) des délinquantes ayant déclaré avoir consommé des opioïdes ont indiqué l’utilisation de drogues injectables (UDI) comparativement à environ la moitié des délinquantes qui consommaient de la cocaïne/du crack (50 %), des stimulants du SNC (45 %) ou des inhibiteurs du SNC (45 %). Les délinquantes des groupes de la marijuana ou de l’alcool étaient beaucoup moins susceptibles d’indiquer une UDI (19% et 14 %, respectivement). Les délinquantes des groupes des opioïdes et de la cocaïne/du crack étaient aussi plus susceptibles d’indiquer qu’elles partageaient des seringues (26 % et 28 %, respectivement, comparativement à de 6 % à 19 % dans les autres groupes).

En général, les délinquantes du groupe des opioïdes étaient plus susceptibles que les délinquantes des catégories de consommation d’autres substances de déclarer la consommation de substances multiples pendant une même journée (83 % comparativement à de 23 % à 80 %) ou le mauvais usage de médicaments d’ordonnance (41 % comparativement à de 5 % à 25 %). Les consommatrices d’opioïdes, de même que les délinquantes des groupes de la cocaïne/du crack et des stimulants du SNC, étaient plus susceptibles de déclarer avoir consommé des drogues pendant leur grossesse (de 30 % à 33 % comparativement à de 15 % à 27 %).

Ce que cela signifie

Les délinquantes qui consommaient des opioïdes avaient de plus graves problèmes de toxicomanie que celles des groupes de consommation d’autres substances, comme le montrent la gravité, l’UDI, la polytoxicomanie et le mauvais usage de médicaments d’ordonnance. Leur consommation a aussi eu un impact sur leur comportement criminel ainsi que sur leur santé et celle de leurs enfants à naître. Compte tenu du lien avec l’UDI, la consommation d’opioïdes entraîne des problèmes de santé, notamment des maladies transmissibles par le sang, des infections cutanées et le risque d’une surdose. Il est donc important de veiller à ce que les délinquantes aient accès à des services de santé et des programmes de réduction des méfaits appropriés pendant leur incarcération, notamment le traitement par agonistes opioïdes, le dépistage des maladies infectieuses et le traitement du VIH et du VHC.Note de bas de page 3 Au moment de la mise en liberté, on doit effectuer la planification de la continuité des soins et des aiguillages vers des programmes de réduction des méfaits dans la collectivité afin d’appuyer la réintégration de ces délinquantes.

Pour de plus amples renseignements

Vous pouvez joindre la Direction de la recherche par courriel ou par téléphone au 613-995-3975.

Vous pouvez également visiter la page des Publications de recherche pour une liste complète des rapports et des sommaires de recherche.

Préparé par : Sarah Cram et Shanna Farrell-MacDonald

Date de modification :