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PAR Bill Rankin, agent de communication, Secteur des communications et de l’engagement des citoyens
Photos : Bill Rankin
L’importance des cercles de soutien et de responsabilité (CSR), initiative lancée par des bénévoles il y a 12 ans qui a fait ses preuves comme méthode efficace pour traiter les délinquants sexuels présentant un risque et des besoins élevés qui sont mis en liberté dans les collectivités canadiennes à l’expiration de leur peine, a été soulignée lors d’une conférence nationale tenue récemment à Ottawa.
Au cours de l’allocution d’ouverture qu’il a prononcée à la Conférence sur les pratiques efficaces, le ministre de Sécurité publique Canada, Stockwell Day, a invité les participants à proposer des moyens de réduire le taux de récidive. Lawrence Greenspon, avocat de renom en matière de droits de la personne, Wil Tonowski et Wendy Leaver, enquêteurs à la police d’Edmonton et de Toronto, Vince Bevan, ancien chef du Service de police d’Ottawa, des membres du personnel du Service correctionnel du Canada (SCC) et d’autres personnes ont ainsi fait l’éloge des CSR, dontl’efficacité est reconnue depuis longtemps.
Vous vous demandez peut-être comment les CSR ont été créés et en quoi consiste leur fonctionnement? Mme Susan Love, directrice du programme des CSR d’Ottawa, explique.
« Le concept des CSR a vu le jour à Hamilton, en 1994, quand un pasteur mennonite, Harry Nigh, est venu en aide à un délinquant sexuel qui avait une déficience mentale et qui, en raison de ses multiples récidives, avait été incarcéré à de nombreuses reprises tout au long de sa vie. Le pasteur Nigh et quelques-uns de ses paroissiens ont formé un groupe de soutien et ont obtenu des fonds du Comité central mennonite de l’Ontario et du SCC pour maintenir les activités du groupe. L’expérience s’est révélée fructueuse, car l’homme en question n’a plus récidivé. »
Quelques mois plus tard, une situation semblable, survenait à Toronto. Cette situation allait ajouter un rôle important au chapitre du développement des CSR. Un autre délinquant sexuel avait été mis en liberté malgré le tollé que provoquait sa libération au sein de la population et un cercle a été établi pour lui apporter du soutien. Une fois encore, cette approche s’est avérée efficace. Ces deux cas, qui témoignent de l’hospitalité absolue prêchée dans l’Évangile, ont donné lieu à un projet aujourd’hui reconnu à l’échelle mondiale, tant par les groupes confessionnels que par les organismes non confessionnels.
Aujourd’hui, on trouve des CSR dans plusieurs villes canadiennes, de Terre-Neuve-et-Labrador à la Colombie-Britannique; chacun d’eux est investi de la même mission même si leur fonctionnement diffère. Les administrateurs des CSR aimeraient remédier à ce manque d’uniformité. Ils espèrent se réunir bientôt pour élaborer une approche plus stratégique et trouver des moyens de mieux se faire entendre à l’échelle nationale.
« Personne ne peut nier les bienfaits des CSR, affirme Mme Love. Nous accompagnons les hommes qui y participent, nous leur servons de famille de remplacement, nous leur offrons un soutien pratique et nous les écoutons. Tous les délinquants s’engagent par écrit à respecter les conditions du programme et, entre autres, à y participer pendant une période minimale d’un an. Ils doivent en outre être motivés par deux facteurs essentiels, soit le désir de ne pas retourner en prison et, plus important encore, le désir de ne plus jamais faire de tort à une autre personne.
L’un des très grands avantages des CSR est qu’ils sont économiques. Ils sont dirigés par des bénévoles et ils sont efficaces. Impossible de le nier. À ma connaissance, aucun des hommes que nous avons pris en charge par le passé ou qui participent actuellement au programme n’a commis une nouvelle infraction sexuelle. Par ailleurs, des études ont révélé que les CSR contribuent à réduire le taux de récidive d’environ soixante pour cent. »
Lorsqu’on a demandé à un des bénévoles membre d’un CSR ce qui l’avait amené à travailler auprès des délinquants sexuels, il a répondu : « Avant, j’étais comme tout le monde : je détestais ces gars. Puis, j’en ai rencontré un et je me suis vite rendu compte qu’au fond, c’était un être humain comme moi. Quand j’ai compris ça, j’ai senti que je ne pouvais plus lui tourner le dos. Même si ce qu’il avait fait était horrible, j’étais prêt à l’aider à condition qu’il soit prêt à faire des efforts. Je ne voulais pas qu’il y ait d’autres victimes. »
Qu’il n’y ait plus de victimes, tel est le but. Or, avec l’aide du SCC et d’autres appuis, les CSR continueront de faire des collectivités canadiennes des endroits où l’on peut vivre en sécurité.
Pour obtenir de plus amples renseignements, veuillez consulter le rapport d’évaluation du projet pilote des CSR. En voici un extrait : « Dans l’ensemble, les participants à un CSR étaient responsables de beaucoup moins d’infractions sexuelles violentes et générales en comparaison avec leurs compatriotes correspondants, ce qui a mené en définitive à des économies financières et, plus important encore, a contribué à réduire la souffrance humaine. » Robin J. Wilson, Janice E. Picheca et Michelle Prinzo, Service correctionnel du Canada. ♦