Utilisation approuvée et hors indication des médicaments psychotropes prescrits aux délinquants sous responsabilité fédérale

Faits saillants de la recherche: 36% des ordonnances de médicaments psychotropes délivrées au SCC sont hors indication – taux comparable à ce que révèlent les études menées dans la collectivité.

Pourquoi nous avons effectué cette étude

Le terme « hors indication » désigne l’utilisation légitime et courante d’une grande variété de médicaments psychotropes d’ordonnance par les professionnels de la santé et de la santé mentale à des fins autres que celles pour lesquelles ils ont été initialement conçus et officiellement approuvés. Cela dit, des études révèlent que la prévalence d’utilisation de médicaments psychotropes prescrits est de deux à six fois plus élevée chez les délinquants incarcérés que dans la population générale, et que c’est parmi les femmes incarcérées qu’elle est la plus élevée. Une étude menée par le Service correctionnel du Canada (SCC) a révélé des taux d’utilisation de 30 % par rapport à des estimations de 8 % au sein du grand public (Farrell Macdonald et coll., 2015). Des rapports isolés portant sur l’utilisation de médicaments hors indication pour contrôler d’une certaine manière le comportement des détenus ont suscité des préoccupations au Bureau de l’enquêteur correctionnel du Canada. La présente étude visait à examiner l’utilisation hors indication de médicaments prescrits grâce à l’examen des pratiques de prescription d’un échantillon d’établissements du SCC.

Ce que nous avons fait

Nous avons choisi à dessein un échantillon de treize établissements fédéraux du Canada représentant les cinq régions, les différents niveaux de sécurité et les hommes et les femmes. À partir d’un échantillon de 468 dossiers de détenus, nous avons récupéré l’information relative aux noms de tous les médicaments psychotropes prescrits, aux indications d’utilisation, au dosage, à la fréquence et aux voies d’administration, et nous les avons codés comme étant approuvés ou hors indication (quand l’indication, le dosage ou la méthode d’administration n’a pas été approuvée, et n’est pas décrite sur l’étiquette du médicament). Nous avons établi la désignation de l’utilisation approuvée ou hors indication des médicaments en consultant trois sources principales : 1) la Base de données sur les produits pharmaceutiques de Santé Canada (2016); 2) le Compendium des produits et spécialités pharmaceutiques 2016; 3) l’information sur les médicaments compilée en 2016 par l’American Hospital Formulary Service.

Ce que nous avons constaté

La fiabilité interévaluateurs était satisfaisante (63 %). Les résultats de l’étude indiquent que 36,2 % des prescriptions de médicaments psychotropes au SCC sont rédigées hors indication. La majorité de ces médicaments (98,6 %) sont fréquemment prescrits hors indication par des cliniciens dans la collectivité.

Il n’y a aucune différence entre la prévalence des ordonnances approuvées ou hors indication selon l’ascendance autochtone (Autochtones = 34,1 %; non-Autochtones = 37,2 %) ou le sexe (femmes = 37,7 %; hommes = 35,2 %). Ce sont les médicaments traitant l’insomnie que l’on utilise le plus souvent hors indication.

Rien n’indique que l’on prescrit des médicaments hors indication pour gérer les délinquants coupables d’inconduite en établissement ou qui purgent une peine pour les infractions avec violence les plus graves. Une autre analyse a révélé que l’on a prescrit au moins un médicament psychotrope hors indication à un peu moins de 50 % des délinquants de l’échantillon – ce pourcentage est comparable à ceux qu’a révélés un examen des études publiées relatives aux patients psychiatriques adultes (Royal College of Psychiatrists, 2007).

Ce que cela signifie

Le taux de 36,2 % d’ordonnances de médicaments psychotropes hors indication, révélé par la présente étude, est comparable à ce qu’une étude québécoise a révélé (les médicaments psychotropes sont prescrits hors indication par les médecins dans la collectivité dans 26 % à 67 % des cas). Le pourcentage d’ordonnances de médicaments psychotropes hors indication au sein du SCC n’est donc pas plus élevé et pourrait même être légèrement inférieur à celui que l’on observe dans de nombreuses collectivités.

Pour de plus amples renseignements

Brown, G., T. Rabinowitz, H. Boudreau et A. Wright (2017). Utilisation approuvée et hors indication des médicaments psychotropes prescrits aux délinquants sous responsabilité fédérale. (Rapport de recherche R‑387),Ottawa (Ontario), Service correctionnel du Canada.

Pour obtenir le rapport complet en version PDF, veuillez en faire la demande par courriel à la Direction de la recherche ou, par téléphone, au 613-995-3975.

Vous pouvez aussi visiter la page des Publications de recherche pour une liste complète des rapports et sommaires de recherche.

Date de modification :