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Programmes de formation dans les unités spéciales de détention

En dépit et à la lumière des risques de sécurité que posent les détenus dans les unités à sécurité maximale des établissements fédéraux du Canada, des efforts ont été entrepris afin d'accroître le nombre de programmes qui leur sont offerts. Les programmes de formation sont considérés comme un moyen essentiel d'une stratégie visant à réduire les risques que présentent ces détenus.

Les délinquants perçus comme dangereux pour eux-mêmes et pour les autres peuvent être envoyés à l'unité spéciale de détention du pénitencier de la Saskatchewan dans la région des Prairies ou au centre régional de réception, dans la région du Québec. Les détenus de ces unités sont tenus à l'écart jusqu'à ce qu'ils soient capables de se comporter de manière convenable dans un environnement moins structuré. En raison des mesures de sécurité en vigueur dans les unités spéciales de détention ainsi que des problèmes de comportement et de communication que connaissent les délinquants, il est difficile de leur offrir des programmes de formation axés sur les interactions sociales.

Le pénitencier de la Saskatchewan, région des Prairies

À l'unité spéciale de détention du pénitencier de la Saskatchewan, les programmes de formation sont un atout considérable pour les délinquants qui désirent en être transférés. Axés sur l'amélioration des capacités d'apprentissage et d'interaction sociale des délinquants, ces programmes visent à diminuer leur degré de violence.

La démarche pédagogique traditionnelle étant mal adaptée à un milieu où les contacts physiques sont interdits et les possibilités de rassemblement extrêmement restreintes, l'unité spéciale de détention a dû concevoir une autre méthode d'éducation, fondée sur l'enseignement individuel.

Dans l'unité spéciale de détention, « l'école » comprend un bureau pour l'enseignante et une classe divisée en cabines de métal individuelles, pouvant recevoir un maximum de cinq élèves. Le bureau de l'enseignante est séparé de la classe par un mur et des fenêtres blindés. L'enseignante et les élèves se parlent à travers un guichet. Sans en nier l'importance, il faut admettre que ce genre d'enseignement n'offre que des possibilités limitées d'apprentissage car il ne rejoint qu'un nombre restreint de détenus à la fois.

Pour enrichir le programme d'enseignement individuel et rendre les cours accessibles à un plus grand nombre de détenus, un programme de téléformation pour adultes (PAL-TV) a été mis au point et est offert à l'unité spéciale de détention depuis 1984. Grâce à ce programme, les détenus peuvent, de leur cellule, suivre les cours sur écran de télévision.

C'est l'enseignante de l'unité spéciale qui prépare les cours enregistrés sur vidéocassette, dont le contenu couvre les matières de la première à la douzième année et qui s'accompagne de matériel imprimé. Les élèves suivent les cours à la télévision, font leurs devoirs et se présentent en classe pour demander l'aide de l'enseignant, passer des examens, recevoir des conseils et des encouragements au besoin. Le programme d'études enseigné correspondant à celui de la formation de base des adultes établi par la province de Saskatchewan, les élèves peuvent par conséquent obtenir un diplôme provincial à la fin de leurs études.

Ce programme a fait l'objet d'une évaluation comportant des critères quantitatifs tels que le nombre d'inscriptions, le taux de réussite, le coût unitaire et le temps consacré au visionnement des cours, ainsi que des critères subjectifs tels que les capacités des détenus à communiquer et à prendre des décisions. L'évaluation comprenait en outre l'examen sur place du matériel pédagogique, de la méthode d'enseignement, du travail des élèves et des dossiers scolaires ainsi que des entrevues avec des détenus et des membres du personnel. De plus, un échantillon de détenus a répondu à un questionnaire.

Au moment de l'évaluation, en 1988, l'unité spéciale de détention accueillait 49 détenus. Trente-six d'entre eux avaient participé au programme télévisé de formation des adultes (PAL-TV) et la majorité, soit 28 détenus, étaient inscrits au programme de formation de base des adultes (de la première à la dixième année). Environ 60 % des élèves suivaient les cours de la cinquième et de la sixième années.

Le matériel utilisé a été jugé convenable, même si les cours enregistrés présentaient quelques petites lacunes sur les plans technique et pédagogique.

D'après les réponses au questionnaire, la vaste majorité des élèves accordaient beaucoup d'importance aux cours de formation télévisés. Les détenus estimaient que les interactions directes avec l'enseignante constituaient une composante essentielle du programme, et ils ont suggéré la formation de petits groupes de travail pour compléter cet élément du programme.

Le programme a également été jugé rentable. Le coût unitaire était de fait beaucoup moins élevé à l'unité spéciale de détention qu'il ne l'était en 1987-1988 pour les élèves inscrits aux cours de formation de base offerts dans les établissements du Service correctionnel du Canada, soit d'environ 4 700 $.

Depuis 1984, environ 90 élèves ont participé au programme de formation télévisé de l'unité spéciale de détention. La compilation des dossiers depuis 1987 révèle que cinq élèves ont obtenu un certificat de cinquième année, vingt-quatre un certificat de huitième année et cinq un certificat de dixième année.

Le taux d'abandon du programme de formation télévisé, qui se situe à 10 %, est demeuré bien en-deçà du taux d'abandon des programmes traditionnels de formation à distance (c'est-à-dire par correspondance), lequel s'élève à 50 %. De plus, le taux d'inscription des détenus aux cours de formation télévisés s'est maintenu entre 40 et 60%.

Les cours de formation télévisés sont maintenant offerts au principal établissement à sécurité maximale du pénitencier de la Saskatchewan, qui compte 435 détenus. Les deux centres d'apprentissage qu'on y trouve offrent un enseignement individuel assuré par cinq moniteurs-détenus, dont le travail est placé sous la supervision de l'enseignante de l'unité spéciale de détention.

La télévision éducative semble efficace dans cet établissement à sécurité maximale. Les contacts entre les détenus et l'enseignante demeurant toutefois d'une importance capitale, il est illusoire de croire que les cours de formation télévisés pourront remplacer l'interaction directe.

Le centre régional de réception, région du Québec

À l'unité spéciale de détention du centre régional de réception, situé à Sainte-Anne-des-Plaines, les programmes de formation scolaire ou professionnelle sont jugés si prioritaires que des efforts importants ont été consentis récemment pour accroître et faciliter l'accès des détenus à ces programmes.

L'aménagement de locaux adaptés aux besoins particuliers et aux conditions de détention de celle population permet maintenant à deux professeurs à temps plein d'offrir simultanément un programme de formation de base pour adultes et un programme de formation professionnelle de niveau secondaire en dessin technique du bâtiment.

Le programme de formation de base pour adultes utilise du matériel électronique spécialement adapté pour offrir un enseignement individualisé à l'aide de cassettes audio. L'enseignant peut y suivre simultanément les progrès de six détenus. Les cours offerts vont de l'alphabétisation jusqu'à la douzième année.

L'enseignement du dessin technique se fait à l'aide d'un ordinateur muni d'outils tels que la table traçante et le logiciel AUTOCAD, conformément aux exigences du ministère de l'Éducation du Québec. Offert au niveau préuniversitaire, ce programme comporte des prérequis en mathématiques que les détenus peuvent acquérir tout en poursuivant leur formation professionnelle. Ce programme est également disponible dans un établissement à sécurité maximale et dans un établissement à sécurité moyenne de la région du Québec, ce qui permet aux détenus transférés de l'unité spéciale de détention de poursuivre leur formation dans d'autres établissements.

Outre ces programmes, les détenus ont accès à une gamme de cours par correspondance particulièrement bien adaptés aux besoins de formation des niveaux collégial et universitaire.

D'autres programmes de formation personnelle et sociale sont également offerts à la clientèle de l'unité spéciale de détention. De nombreux spécialistes proposent des activités de formation : les psychologues, par exemple, offrent des programmes de thérapie alors que les aumôniers de diverses confessions organisent des rencontres à caractère éducatif. Enfin, un organisme communautaire - les Alcooliques Anonymes - invite les détenus à participer à des rencontres de groupes pour des discussions dirigées sur les problèmes reliés à l'alcool et aux drogues.



(Collins, M. (1990). Educational Television in a Canadian High-Maximum Security Unit, dans S. Duguid (éditeur), The Yearbook of Correctional Education, 295-304. Burnaby, Colombie-Britannique: Université Simon Fraser.)

Les personnes suivantes ont participé à la rédaction de l'article : Bea Fisher, enseignante à l'unité spéciale de détention du pénitencier de la Saskatchewan; Jacques Brouillard, chef de l'emploi, de la formation et du développement social au centre régional de réception de la région du Québec; Nick Wasyliw, directeur adjoint des programmes correctionnels au pénitencier de la Saskatchewan.