Division de la formation et du perfectionnement professionnel, Secteur du personnel et de la formation
et Bob Fisher Administration régionale de l'Ontario Service correctionnel du Canada
L'avancement professionnel au sein du Service correctionnel du Canada, E aussi mystérieux
qu'il puisse sembler, n'est pas le résultat d'une intervention divine mais plutôt de
plusieurs variables sur lesquelles il est possible d'influer. La scolarité, l'expérience,
l'engagement personnel et la dynamique d'ensemble du Service sont le fondement de la philosophie des
employés qui envisagent une carrière au sein du Service.
En mars 1991, les cadres opérationnels supérieurs (directeurs, directeurs de bureaux de
libération conditionnelle de district, anciens directeurs et directeurs de district maintenant
affectés aux administrations centrale et régionales) ont été invités
à participer à un sondage sur leur développement professionneL Sur 70 cadres
supérieurs invités à participer, 40 ont accepté. Ils ont rempli un
questionnaire sur leurs antécédents et leurs opinions de divers aspects de l'avancement
professionnel au sein du Se#vice. Plusieurs participants ont également été
consultés en personne ou par téléphone, afin d'approfondir leurs points de vue. Les
conclusions tirées de ce sondage sont résumées ci-après.
Scolarité et compétences
Le niveau de scolarité était étroitement lié à la mobilité
professionnelle. D'après la figure, la plupart des cadres supérieurs avaient fait des
études postsecondaires. En fait, près des deux tiers (65 p. 100) avaient une
maîtrise ou un doctorat, alors que tout juste moins du tiers (30 p. 100) étaient
bacheliers. Deux cadres supérieurs de l'échantillon avaient un diplôme
d'études secondaires.
Les cadres de l'échantillon détenaient 89 diplômes entre eux; la plupart en
avait au moins deux. Certains avaient même accumulé jusqu'à quatre diplômes
durant leur carrière. Les domaines d'études relevaient d'un éventail de
disciplines artistiques et scientifiques. Les arts, la psychologie, la criminologie et
l'éducation dominaient la liste des disciplines choisies par les bacheliers. Les
maîtrises étaient surtout en criminologie, (12 sur un total de 36), puis en travail
social, en administration publique et en éducation.
Quoique les études pèsent considérablement dans la balance de l'avancement
professionnel, la formation scolaire n'en est qu'un aspect. Pour un cadre supérieur du
Service, l'acquisition de connaissances dans des circonstances et au moyen de ressources diverses est
un élément essentiel d'une bonne gestion. Contrairement à ce qui se produisait
par le passé, alors que les cadres supérieurs étaient surtout vus et entendus,
ils doivent aujourd'hui ouvrir l'oeil et tendre l'oreille. Les décisions qu'ils prennent
doivent montrer qu'ils ont connaissance des groupes internes et externes qui influent sur le
système et qu'ils y sont sensibles.
Lorsque les chercheurs ont demandé aux cadres quelles aptitudes leur étaient les plus
utiles dans leur carrière, un peu plus des deux tiers (67 p. 100) ont déclaré
que la capacité de communiquer était l'aptitude la plus utile, mais que d'autres
aptitudes à la gestion l'étaient également, dont les aptitudes à
l'analyse, les compétences gestionnaires et les qualités de chef.
Antécédents professionnels
Quels emplois occupaient ces cadres supérieurs avant d'entrer au Service? La plupart d'entre
eux poursuivaient des études universitaires (16); d'autres enseignaient au niveau
secondaire (7), travaillaient dans le secteur privé (5) ou
étaient fonctionnaires (3), travailleurs sociaux (3), agents de
probation (3), bénévole (1), psychologue (1) et
militaire (1).
Niveaux de scolarité des cadres
Pourquoi ont-ils choisi une carrière dans le secteur correctionnel?
Environ la moitié des cadres ont déclaré qu'ils s'intéressaient
au domaine avant même de se joindre au Service; 22 p. 100 travaillaient
bénévolement dans le milieu, y suivaient un stage pratique
ou y avaient un emploi d'été. Regroupées, ces deux
dernières catégories - celle de l'intérêt antérieur
et du bénévolat et celle de l'emploi d'étudiant -
recoupaient près des trois quarts (72 p. 100) des réponses.
Six des cadres supérieurs (17 p. 100) ont choisi le secteur correctionnel
parce qu'un poste y était disponible ou qu'ils attendaient qu'une
occasion d'opérer un changement de carrière se présente.
Quatre (11 p. 100) des cadres ont choisi le secteur correctionnel pour
des raisons liées au traitement ou a la stabilité d'emploi.
Le lien commun entre les cadres supérieurs était que, pour
la plupart, ils s'intéressaient au domaine et s'y étaient
consacrés tôt dans leurs carrières.
Graphique 1
Amorcer une carrière dans le domaine correctionnel
Comment ces cadres supérieurs ont-ils débuté leur carrière au sein du
Service correctionnel du Canada? Vingt-quatre (60 p. 100) d'entre eux sont entrés au service
comme gestionnaires de cas: 15 (37 p. 100) en milieu communautaire et 9 (23 p. 100) en
établissement. Cinq cadres occupaient des postes de professeurs en établissement, deux
étaient psychologues et deux étaient agents correctionnels à leur entrée
dans le Service. Les autres cadres ont débuté dans leur carrière à l'un
des postes suivants: superviseur de gestion des cas (1), agent de développement
social (1), agent des services alimentaires (1), secrétaire
(1), agent financier (1), chef du développement social (1),
coordonnateur des services communautaires régionaux (1) et directeur adjoint
(1).
La moitié des cadres (50 p. 100) ont occupé leur premier poste entre six mois et deux
ans alors qu'environ le tiers (32 p. 100) l'ont conservé pendant deux à quatre ans. Une
minorité de cadres (18 p. 100) ont occupé leur premier poste durant plus de quatre
ans.
Pour plus de la moitié de ces cadres (22 ou 55 p. 100), l'affectation à un
deuxième poste a résulté d'une mutation latérale et non d'une
promotion.
Souvent, le cheminement des cadres ne suivait pas le cours de promotions directes d'échelon
en échelon.
Le développement professionnel de ces cadres supérieurs s'est réellement
amorcé après la deuxième promotion. Bon nombre d'entre eux ont occupé un
poste de supervision ou de gestion tôt dans leur carrière: 22 p. 100 sont passés
cadres régionaux (libération conditionnelle) et 18 p. 100 ont été
affectés à des postes de directeur adjoint (par exemple, directeur adjoint à la
socialisation, à l'éducation et à la formation ou aux services techniques).
D'autres cadres ont d'abord accédé à des postes de gestion dans les programmes
correctionnels (par exemple chef du développement social) ou les opérations
correctionnelles (par exemple, chef d'une unité résidentielle) ou à diverses
capacités au sein des administrations centrale ou régionales.
La durée moyenne (valeur moyenne) de la deuxième affectation des cadres était
inférieure à deux ans (20 mois), alors que la durée la plus fréquente
(valeur modale) était d'un an.
Développement professionnel
Souvent, le cheminement des cadres ne suivait pas le cours de promotions directes d'échelon en
échelon. De tous les cadres supérieurs qui éventuellement occupèrent des
postes de directeur de district, la plupart (15 sur 22) ont commencé par accepter de
nombreuses mutations latérales ou promotions au sein des établissements ou des
administrations. De nombreux cadres supérieurs qui ont débuté leur
carrière en tant que gestionnaires de cas en milieu communautaire (agents de libération
conditionnelle par exemple) ont ensuite été affectés à des postes de
gestion en établissement, puis à des postes de cadre intermédiaire
(généralement directeur adjoint à la socialisation), puis à des postes au
sein des administrations centrale ou régionales avant de revenir à un bureau
communautaire en qualité de directeur de district.
La variation considérable de la durée de la première et de la deuxième
affectations ainsi que la diversité des postes occupés illustrent qu'il n'existe pas de
tracé de carrière précis que devraient suivre les personnes qui entament une
carrière au sein du Service correctionnel du Canada. Par contre, il est manifeste que tous les
types de postes et toutes les durées d'affectation enrichissent une carrière,
renforçant ces facteurs clés que sont la flexibilité et la mobilité. Le
sondage a révélé que les mouvements fréquents entre les
établissements, la collectivité et les administrations sont monnaie courante.
Cependant, les cadres consultés ont occupé des postes clés. La majorité
d'entre eux ont entamé leur carrière en qualité de gestionnaire de cas; de
même, à mi-carrière, la plupart d'entre eux étaient directeurs adjoints
à la socialisation. Un peu plus de la moitié des cadres supérieurs
consultés (21) ont occupé ce poste à un moment donné. Les
autres postes fréquemment occupés à mi-carrière étaient ceux de
directeur adjoint de la sécurité (5) et de directeur adjoint à
l'éducation et à la formation (5).
Ces résultats contrent nettement l'existence supposée d'une évolution verticale
directe aboutissant aux postes de direction. A fortiori, les chercheurs ont constaté que les
cadres supérieurs consultés avaient occupé en moyenne sept postes
différents sur une période moyenne de 13 ans - ce qui se résume à un
changement de poste pratiquement tous les deux ans - avant d'obtenir un poste de directeur ou de
directeur de district. En moyenne, sur les six postes occupés par les cadres après leur
premier poste, trois venaient d'une mutation latérale et trois d'une promotion. Cette
égalité des mutations et des promotions indique que l'enrichissement de
l'expérience grâce aux mutations latérales est aussi valable au titre de
l'avancement professionnel que les promotions.
Souvent, les mutations latérales entraînent un déménagement, d'où
l'importance de la mobilité. En moyenne, chacun des cadres supérieurs consultés
a déménagé cinq fois avant de passer directeur de district ou directeur. Ces
déménagements ont enrichi le bagage d'expérience et de compétences des
cadres. En fait, 23 des 40 cadres consultés (58 p. 100) avaient travaillé à la
fois au sein des établissements et des administrations (régionales ou centrale). Sur
ces 23 cadres supérieurs, 4 (17 p. 100) avaient déménagé une fois, 13 (56
p. 100), deux fois, et 6 (26 p. 100), entre trois et cinq fois, avant d'être affectés
pour la première fois à un poste de directeur ou de directeur de district. Bon nombre
d'entre eux (13 ou 34p. 100) avaient travaillé dans des établissements, des bureaux
communautaires et des administrations. De même, 14 des cadres (37 p. 100) avaient de
l'expérience en établissement et en milieu communautaire. Parmi les cadres participant
à l'étude, rares étaient ceux qui n'avaient occupé qu'un seul poste en
établissement ou en milieu communautaire.
Les détachements aux administrations centrale ou régionales étaient le plus
souvent considérés comme l'expérience de travail la plus valable. Un autre
facteur s'est également avéré important pour bon nombre de cadres: le mentorat.
Plusieurs cadres ont mentionné qu'un directeur ou un cadre supérieur s'était
intéressé à leur épanouissement à un moment de leur
carrière.
L'étude du cheminement professionnel des cadres consultés révèle que
ceux-ci souscrivent à une philosophie d'apprentissage continu. Au moment du sondage, 27 des
cadres avaient dépassé l'échelon de directeur ou de directeur de district et
étaient titulaires de nouveaux postes leur apportant une nouvelle expérience
professionnelle.
En moyenne, ces 27 cadres avaient effectué trois mutations latérales et
été promus une fois après leur première affectation comme directeur ou
directeur de district (sur une période moyenne de cinq ans).
Donc, pour la plupart des cadres supérieurs avancés dans leur carrière, le
nombre de mutations latérales excédait celui des promotions dans une proportion de
trois à un. Par exemple, 27 p. 100 des cadres supérieurs sont passés à un
second poste de directeur ou de directeur de district, et 16 p. 100 ont occupé de trois
à cinq différents postes de directeur ou de directeur de district. Les autres cadres
ont été mutés à des postes au sein des administrations centrale ou
régionales.
Il n'en demeure pas moins que peu importe les précautions prises, les occasions fortuites (la
chance, en somme) demeurent un élément important de l'avancement professionnel, et qui
plus est, un facteur intimidant. De prime abord, elles semblent réduire l'importance de
facteurs comme la scolarité, l'expérience et l'engagement personnel. En revanche,
autant que le fait d'être au bon endroit au bon moment constitue la clé du succès
selon un cadre supérieur, un autre affirme que la chance est en fait le moment où
l'occasion rencontre la préparation. Il suffit donc d'être prêt pour saisir
l'occasion.
Conclusion
Il n'y a pas de cheminement de carrière type que devraient suivre ceux qui aspirent à
des postes de cadre opérationnel supérieur au sein du Service correctionnel du Canada.
En fait, le sondage a révélé que les mutations latérales et les
promotions sont tout aussi fréquentes et qu'elles couvrent l'éventail des postes
offerts dans le secteur correctionnel.
Alors que la plupart des cadres consultés insistaient sur l'importance des études, ils
ont aussi souligné un autre aspect: l'apprentissage. La volonté d'apprendre
était sans aucun doute le facteur qui a le plus influencé le développement
professionnel de ces cadres. La mobilité était également très importante,
et le sondage montre qu'elle était étroitement liée à l'apprentissage.
Pourtant, l'apprentissage seul ne suffisait pas; les cadres devaient aussi accepter de
déménager pour profiter des occasions offertes, prendre de nouveaux postes et enrichir
leurs compétences.
Enfin, la confiance en soi et des valeurs personnelles solides se sont dégagées des
réponses données par les cadres : ceux-ci sont décidés à faire du
bon travail, ils veulent aider les délinquants et les employés et mener une vie stable
à l'extérieur du secteur correctionnel.
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