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Caractéristiques démographiques des délinquants en semi-liberté
Dans le système correctionnel canadien, les programmes de mise en liberté sous condition (semi-liberté, libération conditionnelle totale et libération d'office(2)) permettent aux délinquants de sortir de prison pour purger une partie de leur peine dans la collectivité. Durant cette période de mise en liberté sous condition, le délinquant peut être réincarcéré s'il ne respecte pas certaines conditions imposées aux termes de lois relatives à la résidence et au comportement. À la date de la libération d'office ou à l'octroi de la libération conditionnelle totale, le détenu est mis en liberté dans la collectivité jusqu'à la fin de sa peine. Toutefois, la semi-liberté est exceptionnelle du fait qu'elle est accordée pour une période de temps relativement courte (généralement six mois) et que la date d'achèvement ne coïncide pas avec la date d'expiration de la peine.Tableau 1
Forums de semi-liberté
et caracteristiques de la peine des délinquants en semi-liberté |
|||
Hommes |
Femmes |
Autochones de sexe masculin |
|
Semi-liberté | |||
Réguilére | 87,3 % |
95,0 % |
97,2 % |
Projets spéciaux | 8,1 % |
2,5 % |
0 |
Autre | 2,6 % |
2,5 % |
2,8% |
Durée de la peine | |||
De 2 à 4 ans | 63,8 % |
65,9 % |
66,2 % |
De 5à 9ans | 24,8 % |
31,8 % |
28,6 % |
10 ans ou plus | 8,1 % |
0 |
2,6 % |
À perpétuite | 3,3 % |
2,3 % |
2,6 % |
Nombre * | 929 |
44 |
77 |
* En raison de valeurs manuantes, le nombre total des
diverses catégories ne correspond pas nécessairement à l'ensemble des échantillons. |
Environ les deux tiers du groupe purgeaient des peines de deux à
quatre ans. Comme on peut s'y attendre, le nombre de délinquants
de chaque catégorie chute à mesure que les peines s'allongent.
Vingt-cinq pour cent des hommes, 32 % des femmes et 29 % des Autochtones
purgeaient une peine d'une durée de cinq à neuf ans, et
quelque 3 % seulement de chaque catégorie étaient condamnés
à perpétuité. Caractéristiques démographiques
La majorité des délinquants en semi-liberté étaient
âgés de 26 à 40 ans. Quelque 60 % des hommes et des
Autochtones et un peu plus de la moitié des femmes appartenaient
à ce groupe d'âge. Les hommes et les Autochtones de l'échantillon
sont à peu près dans le même groupe d'âge alors
que la population féminine est légèrement plus jeune-près
d'un tiers ont entre 17 et 25 ans (voir Tableau 2).
Tableau 2
Caractéristiques démographiques
des délinquants en semi-liberté (au moment de leur infraction) |
|||
Hommes |
Femmes |
Autochones de sexe masculin |
|
Âge * | |||
De 17 à 25 ans | 22,0 % |
29,5 % |
25,0 % |
De 26 à 40 ans | 59,0 % |
52,3 % |
60,5% |
Plus de 40 ans | 19,0 % |
18,2 % |
14 ,5 % |
Situation de famille | |||
Célibataires | 35,7 % |
35,0 % |
29,6 % |
Mariés ou conjoints de fait | 49,6 % |
52,5 % |
56,3 % |
Séparés, divorcés ou veufs | 14,7 % |
12,5 % |
14,1 % |
Situation au regard de l'emploi | |||
Sans emploi | 50,3 % |
57,1 % |
60,0 % |
Employés | 45,8 % |
40,5 % |
29,2 % |
Étudiants, à la retraite ou incarcérés |
3,9 % |
2,4 % |
10,8 % |
Niveau d'instruction | |||
8e année ou moins | 30,8 % |
27,9 % |
56,8 % |
De la 9e à la 13e année | 59,1 % |
65,1 % |
41,9 % |
Études postsecondaires | 10,1 % |
7,0 % |
1,3 % |
Nombre ** | 929 |
44 |
77 |
* Il s'agit de la seule catégorie non évaluée
au moment de l'infraction; elle a été mesurée au moment de l'étude |
|||
** En raison de valeurs manuantes, le nombre total des diverses
catégories ne correspond pas nécessairement à l'ensemble des échantillons. |
On observe peu de variations quant à la situation de famille entre
les trois groupes. Environ la moitié des délinquants des
trois groupes étaient mariés ou conjoints de fait au moment
de leur infraction, alors qu'à peu près 14 % étaient
séparés, divorcés ou veufs. Toutefois, on compte
légèrement moins de célibataires chez les délinquants
autochtones en semi-liberté avec 30 %, comparativement à
36 % et près de 35 % respectivement chez les hommes et les femmes.
En ce qui concerne l'emploi, plus de la moitié des délinquants
étaient sans emploi au moment de l'infraction. C'est pour les hommes
que la proportion de sans emploi est la plus faible avec 50 %, comparativement
à 57 % pour les femmes et à 60 % pour les Autochtones.
Près des deux tiers (65 %) des délinquantes avaient fait
des études secondaires au moment de l'infraction et sur l'ensemble,
quelque 7 % avaient même poursuivi des études postsecondaires.
De même, 59 % des hommes avaient fait des études secondaires
et 10 % de l'ensemble avaient poursuivi des études postsecondaires.
Toutefois, seulement 42 % des Autochtones avaient fait des études
secondaires au moment de l'infraction et la majorité (57 %) n'avaient
pas atteint la neuvième année. Taux d'échec Aux fins
de cette étude, on a utilisé deux définitions du
taux d'échec. Le premier taux correspond au taux général
et englobe le manquement aux conditions spéciales de la semi-liberté,
la révocation de la semi-liberté sans nouvelle infraction
et la révocation en raison d'une nouvelle infraction. Le second
taux ne regroupe que les révocations de la semi-liberté
en raison d'une nouvelle infraction. Il a été calculé
dans le but de déterminer si l'échec de la semi-liberté
est attribuable à la récidive ou simplement à des
violations «techniques».
En raison du petit nombre de délinquantes de l'échantillon,
le taux d'échec n'a pas été examiné en détail.
Toutefois, le taux d'échec général de ce groupe était
de 30 %, dont 5 % pour cause de récidive. Quant aux délinquants
autochtones, ils ont été incorporés avec les délinquants
de l'échantillon général.
Le taux d'échec général chez les délinquants
s 'établit à 27 % (pour toutes les catégories de
semiliberté), dont près de 10 % est dû à la
récidive. Plus précisément, environ un quart (26
%) des délinquants en semi-liberté régulière
ont vu leur liberté révoquée, dont 10 % à
cause d'une nouvelle infraction (voir Tableau 3). Ces taux sont inférieurs
pour la semi-liberté «projets spéciaux» et pour
les autres formes de semi-liberté (le taux d'échec général
s'établissant à quelque 10 %, dont environ 4 % dû
à la récidive).
Tableau 3
Taux d'echec de la semi-liberté
selon la forme de semi-liberté et les caracteristiques de la peine |
||
Taux d'echec général (pour chaque groupe) |
Taux d'echec en raison d'une nouvelle infraction (pour chaque groupe) |
|
Semi-liberté | ||
Réguliére | 26,3 % |
9,7 % |
Projets spéciaux | 10,4 % |
3,0 % |
Autre | 8,3 % |
4,2 % |
Durée de la peine | ||
De 2 à 4 ans | 25,7 % |
9,3 % |
De 5 à 9 ans | 27,2% |
9,2% |
10 ans ou plus | 32,9 % |
11,8% |
À perpétuité | 12,1% |
3,0% |
Environ un quart des délinquants purgeant une peine de deux à
quatre ans ou de cinq à neuf ans ont eu leur libération
conditionnelle révoquée (26 % et 27 % respectivement). Ce
nombre atteint près d'un tiers (33 %) pour les délinquants
purgeant une peine de dix ans ou plus, mais est bien inférieur
pour les délinquants condamnés à perpétuité
(12 %).
La tendance est analogue en ce qui concerne le taux de révocation
pour cause de récidive, puisque le taux d'échec se situe
légèrement au-dessous de 10 % pour les deux groupes (peines
de deux à quatre ans et de cinq à neuf ans) de délinquants
purgeant une peine de moins de dix ans, mais est légèrement
supérieur (12 %) pour ceux qui purgent une peine de dix ans ou
plus, puis inférieur (3 %) pour ceux qui sont condamnés
à perpétuité. Taux d'échec et caractéristiques
démographiques En règle générale, les taux
d'échec des deux groupes sont inversement proportionnels à
l'âge.
Le taux d'échec global est de 41 % pour les délinquants
de moins de 25 ans, de 25 % pour les délinquants âgés
de 26 à 40 ans et de 14 % pour les délinquants de plus de
40 ans. De même, le taux d'échec pour cause de récidive
est de 15 % pour les délinquants les plus jeunes, de 9 % pour les
délinquants de l'âge intermédiaire et de 5 % pour
les plus âgés (voir Tableau 4).
Tableau 4
Caractéristiques démographiques
des délinquants et taux d'échec de la semi-liberté |
||
Taux d'echec général (pour chaque groupe) |
Taux d'echec en raison d'une nouvelle infraction (pour chaque groupe) |
|
Âge * | ||
De 17 à 25 ans | 40,6 % |
14,8 % |
De 26 à 40 ans | 24,8 % |
8,5 % |
Plus de 40 ans | 14,0 % |
5,4 % |
Situation de famille | ||
Célibataires | 28,5 % |
9,5 % |
Mariés ou conjoints de fait | 21,9 % |
7,6 % |
Séparés, divorcés ou veufs | 28,0 % |
7,0 % |
Situation au regard de l'emploi | ||
Sans emploi | 33,9 % |
9,5 % |
Employés | 16,8 % |
7,7 % |
Étudiants, à la retraite ou incarcérés |
31,0 % |
19,0 % |
Niveau d'instruction | ||
8e année ou moins | 28,9 % |
9,9 % |
De la 9e à la 13e année | 25,9 % |
8,0 % |
Études postsecondaires | 19,4 % |
12,9 % |
* Il s'agit de la seule catégorie non évaluée
au moment de l'infraction; elle a été mesurée au moment de l'étude |
En ce qui concerne la situation de famille, les délinquants mariés
ou ayant un conjoint de fait au moment de l'infraction sont ceux qui affichent
le taux d'échec général le plus faible avec 22 %.
Les délinquants célibataires et séparés, divorcés
ou veufs affichent des taux légèrement plus élevés
(29 % et 28 % respectivement). Ils ont toutefois le taux d'échec
le plus faible pour cause de récidive (7 %).
En outre, les délinquants qui occupaient un emploi au moment de
leur infraction étaient deux fois plus susceptibles d'accomplir
avec succès leur période de semi-liberté (taux d'échec
général de 17 %) que ceux qui étaient sans travail
(34 % et 31 % pour les deux autres groupes). En revanche, les délinquants
qui étaient étudiants, à la retraite ou incarcérés
au moment de leur infraction étaient deux fois plus nombreux à
avoir eu leur libération conditionnelle révoquée
pour cause de récidive que les deux autres groupes (19 % par rapport
à 10 % et 8 %). Ce résultat doit être analysé
avec prudence étant donné que les délinquants étudiants,
à la retraite ou incarcérés constituent un groupe
beaucoup moins nombreux que celui des délinquants sans emploi ou
employés.
Enfin, le taux d'échec général décroît
avec le niveau d'instruction des délinquants au moment de l'infraction,
passant de 29 % pour ceux qui ont moins d'une neuvième année
d'études à 26 % pour ceux qui ont fait des études
secondaires et à 19 % pour ceux qui ont poursuivi des études
postsecondaires. Néanmoins, l'instruction ne change guère
le taux d'échec dû à la récidive (13 % des
délinquants ayant achevé leurs études postsecondaires,
10 % des délinquants ayant un niveau d'études inférieur
à la neuvième année et 8 % des délinquants
ayant commencé des études postsecondaires). Délinquant
type en semi-liberté Le délinquant type en semi-liberté
peut donc être décrit comme étant de sexe masculin
et non autochtone, âgé de 26 à 40 ans et ayant commis
probablement un vol, une infraction contre les biens ou une infraction
en matière de drogues. Au moment de l'infraction, cette personne
était mariée ou vivait avec un conjoint de fait, était
sans emploi et avait entrepris mais non terminé ses études
secondaires.
Par contre, le profil type du délinquant qui voit sa semi-liberté
révoquée est légèrement différent.
Cette personne a moins de 25 ans, a commis le plus souvent une infraction
contre les biens ou s'est rendue coupable d'agression, de vol ou de tentative
de meurtre. Au moment de l'infraction, elle était célibataire,
sans emploi et avait un niveau d'instruction inférieur à
la neuvième année.
Cette esquisse ouvre de nouvelles voies d'exploration pour mettre en évidence
les facteurs de risque susceptibles de mener à l'échec de
la semi-liberté. Une recherche dans cette direction s'impose pour
améliorer la capacité du système correctionnel à
choisir, d'une part, les meilleurs éléments susceptibles
de bénéficier d'une forme particulière de libération
conditionnelle et, d'autre part, la forme de libération conditionnelle
correspondant le mieux au profil des délinquants.