Cette page Web a été archivée dans le Web.
L'utilisation des facteurs familiaux pour évaluer le risque et les besoins des délinquants
Comprendre la nature et le degré de gravité des facteurs de risque criminel peut faciliter la construction d'instruments pratiques et efficaces d'évaluation du risque et des besoins. On croit aussi généralement que, s'ils sont bien cernés, les facteurs de risque dynamiques (comme les relations familiales d'un délinquant) peuvent constituer des objectifs utiles pour l'intervention correctionnelle et ainsi permettre, si le traitement est efficace, une baisse de la récidive.Valeur prédictive des facteurs
familiax évalués au moyen de l'inventaire du supervision (510 délinquants) |
||||
Variable liée à la famille | Délinquants touchés |
Inconduite en prison (510) |
Réincarcération (510) |
Violation de libération cond0, (170) |
Insatisfaction face à la situation de famille |
480,8% |
0,10* |
0,10** |
0,24** |
Relation insatisfaisante avec le ou les parents |
500,8% |
0,21*** |
0,10* |
0,18* |
Relation insatisfaisante avec les autres |
440,1% |
0,14** |
0,09* |
0,18* |
Criminalité dans la famille ou chez le conjoint |
210,6% |
0,10* |
0,09* |
0,09 |
Remarque:*=p<0,05; **=p<0,01; ***=p<0,001. |
La relation entre chacune des variables prédictives liées à la famille et les
comportements futurs est relativement faible, mais on peut faire des prévisions plus justes en
agrégeant les variables.
Une étude du même genre(5), explorant les variations dans les facteurs
familiaux ainsi agrégés (par exemple, la somme des scores pour toutes les variables
familiales) par rapport au comportement au cours de la période postcarcérale, a
montré l'existence d'une relation significative avec l'échec du placement dans une maison
de transition (r 0,32; p < 0,01) et la réincarcération (r =0,46;
p <0,001). L'Échelle d'évaluation du risque et des besoins dans la
collectivité Selon ses normes relatives à la surveillance des détenus en
liberté sous condition, le Service correctionnel du Canada doit évaluer
systématiquement les besoins des délinquants, leur risque de récidive et tous les
autres facteurs susceptibles d'influer sur leur réinsertion dans la collectivité.
L'Échelle d'évaluation du risque et des besoins dans la collectivité a
été conçue à cette fin. Les agents de liberté conditionnelle
l'utilisent pour déterminer le niveau de risque, selon les antécédents criminels,
et les besoins des délinquants sous responsabilité fédérale mis en
liberté sous condition. Les relations conjugales ou familiales constituent une des 12
catégories de besoins examinées.
Tableau 2
Cotes pour les relations conjugales
ou familiales et échec de la mise en liberté sous condition |
|
Cotes pour les relations conjugales ou familiales |
Taux d'échec de la mise en liberté sous condition |
Facteur contribuant à l'intégration du déténu dans la collectivité |
8,0% |
Aucun besoins immédiat d'amélioration |
19,8% |
Un certain besoin d'améiloration |
35,9% |
Grand besoins d'améiloration |
40,9% |
Chaque catégorie de besoins est évaluée séparément en fonction de
lignes directrices précises. Si, pour les relations conjugales ou familiales, la cote
obtenue par le délinquant est «facteur contribuant à l'intégration du
détenu dans la collectivité», cela signifie que le détenu entretient des
relations très positives avec ses parents, les membres de sa famille ou sa conjointe, et qu'il en
reçoit beaucoup de soutien.
Si l'on juge qu'il n'y a «aucun besoin immédiat d'amélioration», cela veut
dire qu'il semble exister au sein du mariage ou de la famille une relation satisfaisante ne causant pas
de problèmes de surveillance immédiats; mais si l'on juge qu'il y a un «certain
besoin d'améli-oration», c'est que la relation conjugale ou familiale semble
caractérisée par un manque de bienveillance, de l'hostilité, des confrontations,
des disputes ou de l'indifférence, qui peuvent être des facteurs d'instabilité pour
le délinquant.
Enfin, on jugera qu'il existe un «grand besoin d'amélioration» si un des
problèmes énumérés a suscité une grande instabilité dans la
relation conjugale ou familiale.
Les recherches effectuées sur le terrain au sujet de l'Échelle d'évaluation du
risque et des besoins dans la collectivité ont montré que les agents de liberté
conditionnelle peuvent facilement cerner la nature et le degré de gravité du risque et des
besoins en ce qui a trait aux relations conjugales ou familiales d'un délinquant.
Il est apparu que 33,2 % de l'échantillon éprouvent des besoins sur ce plan, et il existe
une relation constante entre cette évaluation et la suspension de la mise en liberté sous
condition (r = 0,27; p < 0,001) et sa révocation (r = 0,23; p <
0,001)(6).
Un examen de la répartition en pourcentage des échecs de la mise en liberté sous
condition (suspensions) révèle d'ailleurs l'existence d'un schéma cohérent.
Plus les besoins du délinquant par rapport à cette variable sont grands, plus ce dernier
est susceptible d'échouer lorsqu'il est mis en liberté sous condition (voir le tableau 2).
Indicateurs familiaux et échec de la mise en liberté sous condition En 1992-1993, un
groupe de travail de la région de l'Ontario a conçu et mis en application une
méthode améliorée pour évaluer le niveau de risque et de besoins d'un
délinquant en liberté sous condition(7). Les données initiales de ce
processus d'évaluation du risque et des besoins dans la collectivité ont été
recueillies auprès d'un échantillon de 573 délinquants de sexe masculin
libérés d'établissements fédéraux de la région de l'Ontario au
cours d'une période de six mois.
On a constaté une variabilité parmi ces délinquants sur le plan des relations
conjugales ou familiales (43,5 % de l'échantillon étaient cotés comme
éprouvant des besoins sur ce plan), et l'on a de nouveau constaté l'existence d'une
relation entre cette évaluation et la suspension de la mise en liberté sous condition.
La répartition en pourcentage des échecs (suspensions) de la mise en liberté sous
condition pour chaque indicateur de la catégorie des relations conjugales ou familiales a
révélé une variation considérable parmi les facteurs familiaux et un certain
nombre de relations statistiquement significatives avec l'échec de la mise en liberté sous
condition (voir le tableau 3).
Tableau 3
Indicateurs familiaux et échec
de la mise en liberté sous condition |
|||
Indicateurs des relations conjugales ou familiales |
Délinquants touches |
Suspension de la mise en liberté sous condition des délinquants touchés |
r |
Violence physique/sexuelle dans l'enfance | 26,8% |
26,1% |
0,07 |
Problémes dans le marriage ou la relation de fait | 42,0% |
25,0% |
0,12* |
Auteur d'actes de violence conjugale | 13,6% |
33,9% |
0,13* |
Victime d'actes de violence conjugale | 4,4% |
27,3% |
0,04 |
Difficultés causées par la violence subie dans l'enfance | 7,9% |
10,5% |
-0,07 |
Manque d'efficacité comme parent | 11,9% |
21,7% |
0,04 |
Problémes de fonctionnement de la famille | 34,3% |
26,9% |
0,12* |
Remarque: r= coefficant de correlation
de Pearson; *=p<,01 |
Pour un meilleur placement Il a été établi, dans la Stratégie
correctionnelle du Service, que les programmes à l'intention des délinquants devaient
être basés sur les facteurs criminogènes et qu'une bonne réintégration
des délinquants dans la collectivité devait être l'objectif premier. C'est pourquoi
une méthode systématique a été mise au point pour évaluer les
délinquants au moment de leur admission dans le système correctionnel
fédéral. Il s'agissait ainsi de normaliser, à l'échelle du Service
correctionnel du Canada, un processus intégré d'évaluation initiale du risque et
des besoins des délinquants.
Ce processus consiste en une évaluation complète et intégrée à
laquelle on se livre au moment où le délinquant est admis dans le système
correctionnel fédéral. Les agents qui en sont chargés recueillent et analysent des
données sur les antécédents criminels du délinquant, sa santé
mentale, sa situation sociale, sa scolarité et d'autres facteurs qui permettent de cerner le
risque et les besoins que présente le délinquant. Les résultats de cette
évaluation permettent de déterminer le placement en établissement de la personne et
d'établir son plan correctionnel.
Le processus a été mis à l'essai dans toutes les régions en 1992-1993. Les
données obtenues ont constitué une source importante d'information sur les facteurs
familiaux. Au moment de leur admission, environ deux tiers de l'échantillon du projet pilote ont
été identifiés comme ayant des besoins dans la catégorie des relations
conjugales ou familiales. Tel que prévu, les indicateurs familiaux étaient associés
avec le niveau de besoin (r = .44, p <.0001). C'est ainsi qu'on a pu établir de
manière détaillée la répartition des variables liées aux
antécédents familiaux (les détenus étaient identifiés selon un
moyenne de 7,4 sur les 31 indicateurs possibles) pour 103 délinquants sous responsabilité
fédérale (voir le tableau 4).
Tableau 4
Répartition des indicateurs
familiaux cernés au moyen du processus de l'évaluation initale du délinquant (103) |
|
Indicateurs familiaux | Proportion des délinquants |
Manque de relations familiales durant l'enfance | 34,3% |
Absence de la mére durant l'enfance | 13,3% |
Relations négatives avec la mére durant l'enfance | 23,5% |
Absence du pére durant l'enfance | 36,3% |
Relations négatives avec le pére durant l'enfance | 44,4% |
Relations dysfonctionnelles des parents durant l'enfance | 55,6% |
Violence conjugale durant l'enfance | 36,9% |
Relations négatives avec les fréres et soeurs durant l'enfance | 15,5% |
Relations négatives avec d'autres membres de la famille durant l'enfance | 15,1% |
Criminalité de membres de la famille | 48,5% |
Actuellement célibataire | 64,1% |
A été marié ou a vécu dans une union de fait | 76,2% |
Insatisfait de la relation actuelle
|
32,9% 51,2% 10,3% 36,6% 14,3% 21,7% |
Absence responsibilitiés parentales
|
43,6% 26,6% 19,5% 2,6% 14,6% 11,9% 20,0% 42,9% 4,2% 3,1% |
Évaluation(s) conjugale(s) ou familiale(s) antérieure(s) | 16,9% |
Participation à des séances de thérapie conjugale ou familiale | 15,6% |
Achévement d'un programme d'intervention conjugale ou familiale | 11,6% |
Un autre pas dans la bonne voie En application de principes judicieux de gestion du risque, il faut
constamment évaluer les activités correctionnelles qui se rapportent à la
sécurité du public, du personnel et des délinquants. Entre autres méthodes
d'évaluation, le Service dispose, avec le Système de gestion des détenus, d'un
moyen informatisé de contrôler la nature et le degré de gravité des facteurs
familiaux pour l'ensemble de sa population carcérale et pour les délinquants en
liberté sous condition.
Ce système permet aux administrations centrale et régionales, aux établissements
et aux bureaux extérieurs d'avoir une vue d'ensemble des caractéristiques des
antécédents familiaux des délinquants au moment de l'admission ainsi qu'à
celui de la mise en liberté sous condition, ce qui fournit aux administrateurs et aux
responsables de la planification des services correctionnels une information précieuse pour
gérer le risque.
Le fait de pouvoir établir un profil des antécédents familiaux pour toute une
population de délinquants peut aider à faire mieux connaître la population
carcérale et les délinquants sous surveillance dans la collectivité, permettre
d'obtenir des statistiques de base sur le risque et les besoins et contribuer à l'estimation des
ressources nécessaires pour assurer les services dont ont besoin des groupes particuliers de
délinquants.
Cette capacité de déterminer le niveau de risque des délinquants au moment de leur
admission et à celui de leur mise en liberté sous condition a fait progresser le Service
sur la voie d'un programme efficace et bien intégré de gestion du risque.